Promulguée le 16 août 2022 par le président américain Joe Biden, la loi sur la réduction de l'inflation (en anglais : Inflation Reduction Act, IRA) comporte une disposition qui a créé un contentieux avec la République de Corée (Corée du Sud) : en instaurant un crédit d'impôt (jusqu'à 7 500 dollars) pour tout achat d'un véhicule électrique assemblé en Amérique du Nord, la loi IRA exclut les véhicules assemblés en Corée du Sud, notamment ceux des marques Hyundai et Kia. Protestant contre une mesure jugée discriminatoire par les constructeurs sud-coréens, Lee Do-hoon, vice-ministre des Affaires étrangères de la République de Corée, a annoncé qu'il se rendrait aux Etats-Unis du 19 au 23 septembre pour s'entretenir à ce sujet avec des responsables américains au Gouvernement et au Congrès, notamment Jose W. Fernandez, sous-secrétaire d'Etat à la croissance économique, à l'énergie et au développement.
C'est dans des négociations difficiles que s'est engagée la République de Corée : en tentant de faire revenir les Etats-Unis sur le champ d'application d'un crédit d'impôt pour l'achat par les ménages américains d'une voiture électrique, dont sont exclus les véhicules assemblés à l'étranger, elle cherche à remettre en cause une mesure de protectionnisme économique (et de relocalisation industrielle) populaire dans l'opinion publique américaine - qui plus est avant les élections de mi-mandat aux Etats-Unis.
Pour y parvenir, Séoul devra s'employer à mobiliser tous ses relais aux Etats-Unis. Le président Yoon Suk-yeol a ainsi rencontré le 16 septembre Larry Hogan, gouverneur du Maryland, et son épouse d'origine coréenne, Yumi Hogan, en déplacement dans la péninsule coréenne, pour qu'ils puissent obtenir des avantages équivalents à ceux des véhicules assemblés aux Etats-Unis pour les constructeurs coréens.
Quelques jours plus tôt, Ahn Duk-geun, ministre du commerce, s'était rendu aux Etats-Unis pendant une semaine et avait obtenu que s'engagent des discussions de haut niveau, en vue de réduire l'impact de la mesure de la loi IRA sur les entreprises sud-coréennes :
Il n'est pas facile d'un point de vue pratique de modifier la loi avant les élections de mi-mandat aux Etats-Unis en novembre. Mais nous restons ouverts à toutes les possibilités et recherchons diverses mesures pour trouver des solutions avec le Congrès américain et son gouvernement
C'est dans ce contexte que Lee Do-hoon, vice-ministre des Affaires étrangères, a annoncé le 15 septembre qu'il se rendrait à son tour aux Etats-Unis pour discuter de la loi IRA. Lee Do-hoon est un diplomate expérimenté, qui connaît bien ses interlocuteurs américains après avoir été un des principaux négociateurs pour Séoul dans les pourparlers multilatéraux sur le nucléaire nord-coréen pendant la présidence de Moon Jae-in.
Alors que l'opinion sud-coréenne reste prompte à renouer avec l'anti-américanisme, les gestes de bonne volonté qu'apporteront les Etats-Unis seront aussi de nature à montrer leur volonté de renouer véritablement avec une approche davantage multilatérale des relations internationales, qui plus est à l'égard d'un de leurs principaux alliés en Asie de l'est.
Sources :
commenter cet article …