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20 mars 2014 4 20 /03 /mars /2014 16:45

C'est devant un public de 200 personnes, principalement composé d'étudiants en coréen, que Benoît Quennedey, vice-président de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) chargé des actions de coopération, a présenté à l'INALCO, le 19 mars 2014, l'économie de la Corée du Nord, à l'invitation du professeur Patrick Maurus. La conférence s'est basée sur son ouvrage publié l'an dernier aux Indes Savantes, après une première présentation sur ce même thème le 7 février 2014 au Centre d'études Corée de l'Ecole des hautes études en science sociales (EHESS). Après un exposé liminaire, Benoît Quennedey et Patrick Kuentzmann, secrétaire général de l'AAFC, ont répondu aux questions de la salle, en se fondant notamment sur l'expérience de leurs voyages en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) et de leurs échanges avec des responsables nord-coréens en charge des questions économiques.

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Evaluer la situation de l'économie nord-coréenne et dresser des perspectives peut sembler a priori malaisé, compte tenu du petit nombre d'études occidentales sur le sujet, du manque de statistiques nord-coréennes et des biais que peuvent présenter les sources sud-coréennes.

Dans ce ce contexte, l'exposé de Benoît Quennedey à l'INALCO sur l'économie nord-coréenne, le 19 mars 2014, a cherché à répondre à trois questions fondamentales. Quelle est l'organisation économique actuelle ? Quel est le niveau de développement économique et social ? Quelles sont les perspectives d'évolution, tant en ce qui concerne la croissance du PIB que l'organisation économique ?

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S'agissant de son organisation économique, la RPD de Corée correspond aujourd'hui à une économie planifiée sur laquelle se sont ajoutés des éléments de marché "de fait". Plusieurs "strates" économiques se sont en effet superposées :

- une économie planifiée traditionnelle, caractérisée par la propriété collective des moyens de production, et marquée par les mesures économiques du 1er juillet 2002 ayant accru l'autonomie de gestion des entreprises ;
- les marchés généraux de biens et de services, légalisés en juin 2003 et officialisés en janvier 2004 ;
- les zones économiques spéciales, dont la plus développée est celle de Kaesong.

Par ailleurs, l'ouverture économique se caractérise par une place prépondérante de la Chine pour les investissements étrangers et le commerce extérieur, l'ouverture internationale étant entravée par les sanctions internationales.

Le niveau de développement est aujourd'hui celui d'un pays à revenus intermédiaires. Le PIB/habitant en parité de pouvoir d'achat, estimée entre 1 200 et 2 500 dollars, apparaît sous-évalué au regard d'autres indicateurs, comme la production d'électricité. La structure économique est celle d'un pays industrialisée (l'agriculture ne représente que 23 % du PIB), et le potentiel minier offre d'importantes perspectives de croissance. Enfin, les autres indicateurs de développement placent la Corée du Nord à un niveau plus élevé que le seul PIB/habitant : l'espérance de vie à la naissance (69 ans) est supérieure à la moyenne mondiale (67 ans) et le taux d'alphabétisation (supérieure à 99 %) de la population est comparable à celle de la Corée du Sud et des pays occidentaux.

Les perspectives d'évolution sont marquées par un retour à la croissance depuis 1999, après le très fort recul pendant la "dure marche" des années 1990. Les taux de croissance évalués par la Banque de Corée (du Sud) depuis 2007 apparaissent sous-évalués au regard des observations de terrain recueillis par des observateurs indépendants : bien que marquée par d'importantes disparités régionales, la croissance est réelle (de l'ordre de 3 % à 4 % par an ?). La situation alimentaire s'est améliorée, la production céréalière de 2013 (estimée à 5 millions de tonnes) se rapprochant de l'autosuffisance alimentaire (5,5 millions de tonnes).

Enfin, un nouveau train de "mesures économiques", depuis 2012, laisse une place plus importante aux autres acteurs économiques que l'Etat. Une des priorités actuelles des autorités nord-coréennes est d'accueillir davantage d'investissements étrangers, notamment pour moderniser des infrastructures souvent vétustes, en diversifiant les partenariats économiques avec d'autres pays que la Chine.


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Photos :
 
Alain Noguès  
 

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25 février 2014 2 25 /02 /février /2014 22:54

Le 25 février 1964, dans le cadre de la 8e session plénière du 4e Comité central du Parti du travail de Corée (PTC), le Président Kim Il-sung de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a présenté les Thèses sur la question rurale dans le cadre du socialisme dans notre pays. Alors que la RPD de Corée lutte toujours pour l'autosuffisance alimentaire, Kim Jong-un, Premier Secrétaire du PTC, a mis en exergue, dans son discours de nouvel an, que l'année 2014 marquait le 50 anniversaire de la publication des Thèses sur la question rurale. Cette référence n'est pas seulement la traduction de l'importance que revêt l'agriculture dans la priorité accordée à l'économie et à l'élévation du niveau de vie : elle signale également la recherche d'une continuité entre les mesures économiques prises aujourd'hui pour augmenter la production agricole et les orientations définies un demi-siècle plus tôt.

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En 1964, la RPD de Corée a entamé une nouvelle phase de son industrialisation, après avoir reconstruit son économie détruite par la guerre de Corée. C'est dans ce contexte que s'inscrit la publication des Thèses sur la question rurale dans le cadre du socialisme : l'objectif est d'assurer un développement concomitant ("harmonieux", pourrait-on aussi dire, suivant une formule usitée dans les pays de tradition confucéenne) des forces productives dans les domaines industriel et agricole, alors que l'industrialisation rapide s'est traduite par des transferts de main-d'oeuvre du secteur primaire vers le secteur secondaire.

L'augmentation de la production agricole doit être indissociable d'une élévation du niveau de vie dans les campagnes, comme l'affirment les Thèses sur la question rurale :

"Les questions paysanne et agricole sous le socialisme consistent, sur la base de la consolidation constante du système socialiste établi dans les campagnes, à porter les forces productives de l'agriculture à un niveau élevé, à rendre aisée la vie des paysans, à liquider le retard laissé dans les campagnes par la société de l'exploitation de l'homme par l'homme et à éliminer graduellement les différences entre la ville et la campagne".

Eviter la création de nouveaux clivages sociaux entre citadins et ruraux conduit à la généralisation de la couverture électrique du pays, ainsi qu'à la création de grandes unités agricoles (à l'échelle de l'arrondissement), suivant les recommandations des Thèses, dans ce qui pourrait être qualifié d' "agrovilles" (et qu'on retrouvait aussi en Union Soviétique). Comme l'a constaté l'AAFC lors de ses visites en RPD de Corée, les fermes collectives regroupent l'ensemble des services publics (éducation, santé, loisirs - comme les salles de cinéma), dans une même unité administrative, rendant la différence entre les villes et les campagnes relativement moins visible qu'en Occident - si l'on excepte cependant les cas particuliers de Pyongyang et des zones économiques spéciales.

La priorité alors accordée à l'essor de la production - dans le contexte des trois révolutions, technique, culturelle et idéologique - a conduit à une exploitation intensive des sols, pour pallier le manque de terres arables. Si ce choix a permis une mise en application des innovations technologiques et, aujourd'hui, une diversification de la production pour réduire les effets des aléas climatiques sur la production céréalière, les orientations des années 1960 et 1970 ont dû faire l'objet d'ajustements : s'il a été possible d'atteindre - et, dans les années 1980, de dépasser - l'autosuffisance alimentaire, à plus long terme il en a résulté une surexploitation et un appauvrissement des sols. Conscientes de ces lacunes après la sévère pénurie alimentaire de la "dure marche" dans les années 1990, les autorités nord-coréennes privilégient à présent une moindre utilisation des engrais chimiques dans le cadre d'une agriculture qui se veut biologique.

Par ailleurs, les choix d'organisation agricole ont toujours été empreints de pragmatisme. Depuis la guerre de Corée, les marchés paysans ont constamment permis d'échanger les surplus par rapport aux objectifs du plan, et ont ainsi été la matrice des actuels marchés généraux de biens et de services, encadrés, et qui ne sont plus limités aux produits agricoles. Enfin, en 2013, la diminution de la taille des exploitations agricoles - à l'échelle quasiment de la famille - rend compte d'une volonté d'accroissement de la production, alors que les lopins individuels, très visibles dans le paysage urbain (y compris à Pyongyang), présentent des rendements supérieurs à la moyenne, comme naguère en Union soviétique. 

Sources : AAFC, Kim Chang-ho et Kang Kun-jo (sous la direction de), Histoire générale de la Corée. Tome III, éditions en langues étrangères, Pyongyang, 1996, pp. 227-229. Image : source (le Président Kim Il-sung à Kangso, en 1945).
 

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26 novembre 2013 2 26 /11 /novembre /2013 23:04

Les sanctions économiques à l'encontre de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) prises par le gouvernement de Séoul le 24 mai 2010 suite au naufrage, deux mois plus tôt, d'un navire de la marine sud-coréenne, le Cheonan, vont-elles être levées? Dès le 20 mai 2010, un groupe d'enquête « international » - en fait largement dominé par des experts civils et militaires sud-coréens et américains - avait imputé le naufrage à la RPDC, laquelle n'a eu de cesse de nier toute responsabilité et de dénoncer les « sanctions du 24 mai ». Si les autorités sud-coréennes ne vont pas juqu'à remettre en question la thèse - controversée - d'une responsabilité de la Corée du Nord dans la perte du Cheonan, elles semblent prêtes à faire preuve de souplesse dans l'application des sanctions découlant de cette thèse. La motivation de Séoul est double : ne pas compromettre des projets économiques importants pour plusieurs pays de la région ; et les graves répercussions de ces sanctions... sur l'économie sud-coréenne.

le 26 mars 2010, le Cheonan, corvette de la marine sud-coréenne, sombrait au large de l'île de Baegnyeong, à l'ouest de la péninsule coréenne, entraînant la mort de 46 marins. Pour élucider les causes de ce naufrage, le gouvernement sud-coréen mit en place un groupe d'enquête composé d'experts civils et militaires de Corée du Sud (47), des Etats-Unis (15), de Suède (5), d'Australie (4) et du Royaume-Uni (3). Le 20 mai 2010, le rapport intermédiaire du groupe d'enquête, confirmé le 13 septembre suivant, imputait le naufrage du 26 mars à une torpille nord-coréenne, des accusations aussitôt rejetées par la RPD de Corée. Puis le 24 mai, le gouvernement sud-coréen annonçait des mesures de rétorsion contre la RPDC : reprise de la diffusion de messages de propagande par tracts et par haut-parleurs à la frontière avec le Nord, manœuvres sous-marines conjointes avec les Etats-Unis en mer de l'Ouest, fermeture du détroit de Jeju (extrême sud de la péninsule coréenne) aux navires nord-coréens, suspension des relations commerciales avec la RPDC, arrêt de tout investissement en RPDC, et restriction des contacts entre Coréens du Sud et du Nord.

Par ailleurs, pour obtenir des sanctions internationales supplémentaires contre la RPDC, le gouvernement sud-coréen saisit le Conseil de sécurité des Nations Unies, saisine à la suite de laquelle le Conseil fit une simple déclaration le 9 juillet 2010, n'imputant pas le naufrage du 26 mars à la Corée du Nord et adressant un message de paix et de dialogue aux différentes parties, bien loin des attentes des autorités de Séoul.

Les sanctions dites du 24 mai ont contribué à tendre un peu plus les relations entre les deux Corée et n'ont jamais été remises en question par les autorités de Séoul, malgré les doutes croissants sur la version américano-sud-coréenne d'une implication de la Corée du Nord dans le naufrage du Cheonan, doutes exprimés, entre autres, par les experts de la marine russe qui ont eu accès aux « preuves » avancées pour accuser la RPDC, par des scientifiques indépendants et par un ancien membre du groupe officiel d'enquête.

La visite effectuée en Corée du Sud le 13 novembre 2013 par le président de la Fédération de Russie Vladimir Poutine a porté un coup supplémentaire aux sanctions économiques adoptées le 24 mai 2010. En effet, s'exprimant lors la sixième session du dialogue économique Russie-Corée du Sud, le président Poutine a insisté sur la réalisation de gros projets d'infrastructure aux niveaux mondial et régional, notamment en Extrême-Orient russe. Or, de tels projets impliquent obligatoirement des investissements, y compris par la Corée du Sud, en République populaire démocratique de Corée. « La participation à l'exploitation conjointe du corridor de transport reliant l'Asie-Pacifique, l'Asie centrale et l'Europe pourrait intéresser les investisseurs coréens », a ainsi estimé le président russe.

Déjà, la ligne ferroviaire reliant le port nord-coréen de Rajin à la ville russe de Khasan a été ouverte le 22 septembre 2013 après cinq ans de travaux menés par la coentreprise RasonKonTrans, créée par la compagnie des chemins de fer russes RZD et le ministère nord-coréen des Chemins de fer. Au total, 54 kilomètres de voies ont été restaurés, ainsi que 18 ponts, 12 ponceaux et trois tunnels, et des moyens modernes de signalisation et de communication ont été installés. Le port nord-coréen de Rajin étant désormais relié au chemin de fer transsibérien, 100 000 conteneurs pourront être transportés chaque année par rail sur plus de 10 000 kilomètres jusqu'en Europe occidentale.

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Inauguration de la ligne Rajin-Khasan le 22 septembre 2013 (photo : RIA Novosti)

Dans le cadre d'un protocole d'accord signé le 13 novembre entre la présidente sud-coréenne Park Geun-hye et son homologue russe Vladimir Poutine, des entreprises sud-coréennes telles que POSCO, Hyundai Merchant Marine et Korea Railroad (KORAIL) participeront bien au projet de développement de la ligne ferroviaire Rajin-Khasan et du port de Rajin. Mais cet accord fait l'objet d'un débat intense en Corée du Sud pour savoir s'il va à l'encontre ou non des sanctions prises par le gouvernement sud-coréen le 24 mai 2010 contre la RPDC.

Le 20 novembre, répondant à une question d'un député du parti Saenuri (conservateur) au pouvoir, le ministre sud-coréen de l'Unification Ryoo Kihl-jae a décrit comme « très important pour l’intérêt national » le projet de liaison ferroviaire entre Rajin et Khasan, en prenant soin de ne pas rattacher le sujet aux sanctions du 24 mai 2010.

D'autre part, à propos d'éventuels conflits entre les sanctions du 24 mai 2010 et le projet d'ouverture à des investisseurs non coréens du complexe industriel intercoréen de Kaesong, dont l'activité a repris le 16 septembre, le ministre sud-coréen a noté que ces sanctions n'entravaient pas particulièrement les efforts visant à améliorer la compétitivité du site industriel au plan international au stade actuel. Il a toutefois ajouté qu'une partie des sanctions pourrait être remise en cause au fur et à mesure que le projet d'internationalisation avancera.

Alors que des voix continuent à s'élever en Corée du Sud pour dénoncer les insuffisances de l'enquête américano-sud-coréenne ayant conclu à la responsabilité de la Corée du Nord dans le naufrage du Cheonan, le gouvernement sud-coréen semble gêné aux entournures par les sanctions prises contre la RPDC sur la base de ces conclusions.

La gêne est d'autant plus grande que ces sanctions ont d'abord eu un impact sur la Corée du Sud elle-même! L'Institut de recherche Hyundai estime ainsi à 9 400 milliards de wons (environ 6,8 milliards d'euros) les pertes enregistrées par le Sud depuis l’interdiction générale des échanges entre les deux Corée en 2010, à l’exception de ceux effectués dans le cadre du complexe de Kaesong, des pertes quatre fois plus importantes que celles subies par le Nord, lequel accuse « seulement » un manque à gagner de 2 400 milliards de wons (1,7 milliard d'euros).

L'économie sud-coréenne aurait perdu 4 590 milliards de wons à cause de la suspension des échanges et 3 440 milliards de wons par l'instauration de limites à l'expansion du complexe industriel de Kaesong. La suspension des programmes touristiques dans les monts Kumgang et dans la ville de Kaesong ont aussi contribué à la dégradation de l’économie sud-coréenne, avec des pertes respectives de 1 250 milliards et 100 milliards de wons. Il faut ajouter les 100 milliards de wons nécessaires au contournement de l’espace aérien du Nord, en raison de l’interdiction faite aux avions sud-coréens de le survoler.

Le résultat de l’addition de toutes les pertes économiques, directes et indirectes, s’élèverait à 27 200 milliards de wons (18,9 milliards d’euros) et un tiers des sociétés qui entretenaient des échanges commerciaux avec le Nord jusqu'en 2010 auraient dû réduire ou cesser leurs activités.

Le gouvernement de la présidente Park Geun-hye et le parti Saenuri au pouvoir se refusent toutefois à lever les sanctions économiques, sous le prétexte que la Corée du Nord ne veut pas reconnaître sa responsabilité dans le naufrage du Cheonan.

Cet empressement du gouvernement sud-coréen à prendre des sanctions pénalisant d'abord l'économie sud-coréenne, en tournant le dos aux déclarations intercoréennes du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007, rappelle l'épisode de 2010 au cours duquel les Etats-Unis demandèrent à la Corée du Sud de se joindre aux sanctions américaines mises en place contre l’Iran en échange du soutien apporté face à la Corée du Nord dans l'affaire du Cheonan. Or, la République islamique d'Iran est le premier partenaire commercial de la Corée du Sud au Moyen-Orient.

Dès lors, les sanctions adoptées à l'instigation des Etats-Unis par le gouvernement sud-coréen à l'encontre de la RPDC apparaissent comme ce qu'elles sont : destinées à accroître les tensions dans la péninsule coréenne pour justifier un renforcement des moyens militaires des Etats-Unis dans la région dans le cadre d'un vaste plan d'encerclement de la Chine identifiée au moins depuis le début des années 2000 comme un adversaire stratégique. Injustes et coûteuses, ces sanctions ne servent ni les intérêts de la Corée du Sud ni la paix et la sécurité du monde.

Sources :

''Rajin-Khasan Railway Section Opens for Service'', KCNA, 23 septembre 2013

« Les sanctions économiques imposées au Nord ont de graves répercussions sur l'économie du Sud », Yonhap, 1er novembre 2013

« Russie-Corée du Sud: priorité à la coopération économique (Poutine) », RIA Novosti, 13 novembre 2013

« Ministre de l'Unification : le projet Rajin-Khasan est 'important pour l'intérêt national' », Yonhap, 20 novembre 2013

Japan Focus

RZD

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20 octobre 2013 7 20 /10 /octobre /2013 23:07

Si les mesures économiques du 1er juillet 2002 ont mis en place un cadre incitatif aux investissements étrangers, notamment dans les zones économiques spéciales (ZES), après la première ouverture au capital de sociétés étrangères dans le cadre de la loi de 1984 sur les joint ventures, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) apparaît engagée dans une nouvelle étape pour favoriser les investissements directs étrangers. Après que l'accord intercoréen sur la réouverture de Kaesong eut prévu l'internationalisation de la zone (qui s'est d'ores et déjà manifestée par la venue d'un investisseur allemand, dans un possible partenariat avec la Corée du Sud), deux dépêches de l'agence KCNA de la RPD de Corée, en date du 17 octobre 2013, attestent de cette volonté, avec l'annonce de l'investissement d'un consortium étranger dans un centre high tech à Kaesong et le compte rendu d'une conférence sur le développement des ZES.

Changjon passants
Selon l'agence KCNA, un consortium constitué des entreprises singapouriennes Jurong Consultants et OKP Holdings, de l'agence de Hong Kong P&T Architects & Engineers Ltd. et d'autres entreprises d'Asie et de l'Est et du Moyen Orient (non nommées) ont conclu des accords pour la construction d'un parc industriel high tech à Kaesong, ainsi que pour la construction d'une autoroute entre l'aéroport de Pyongyang et la capitale de la RPD de Corée. OKP Holdings a confirmé avoir des contacts au "stade préliminaire" avec la Corée du Nord.

Par ailleurs, une conférence internationale sur les zones économiques spéciales a été organisée à l'hôtel Yanggakdo, à Pyongyang, les 16 et 17 octobre 2013, sous les auspices de l'Association pour le développement économique de la Corée, en présence de professeurs de l'Université Kim Il-sung, de l'Université nationale d'économie, de l'Académie des sciences sociales de la RPD de Corée, ainsi que d'experts de différents pays, dont le Professeur Park Kyong-ae de l'Université de Colombie britannique, au Canada, et des représentants de l'Université chinoise de Hong Kong, de l'Université de Delhi, du Centre de recherche économique et de planification de Malaisie et de l'Université du Wisconsin, aux Etats-Unis. Les discussions ont porté notamment sur les méthodes de gestion et de développement des ZES, suivant une approche internationale comparative, et de possibles coopérations pour l'essor des ZES en Corée du Nord.

L'ouverture de la RPD de Corée aux investissements étrangers n'est pas nouvelle, mais elle a été jusqu'à présent entravée par un contexte international marqué par des tensions récurrentes et un renforcement des sanctions internationales, impliquant un isolement de la RPDC - contre son gré - des circuits de financement internationaux. L'actuelle accalmie sur le front diplomatique devrait permettre que s'engage une nouvelle étape dans l'ouverture aux échanges internationaux, alors que le redémarrage de l'économie permet de relancer des projets d'investissement structurants, notamment dans le domaine des infrastructures ou de l'accueil d'entreprises étrangères, dont quelques illustrations sont apportées par les projets évoqués avec le consortium international.

Les Occidentaux ayant récemment visité la RPD de Corée - dont deux délégations de l'AAFC - ont témoigné du boom de la construction et de l'essor des nouvelles technologies. En outre, le retour aux fonctions de Premier ministre de Pak Pong-ju, réputé ouvert à de nouvelles mesures économiques, le 1er avril 2013, témoigne du rôle joué par des équipes dirigeantes pragmatiques, soucieuses d'accorder la priorité au développement économique, alors que l'accent est mis par les autorités nord-coréennes sur l'entrée dans une société de loisirs et de consommation.

Sources : - dépêches KCNA en date du 17 octobre 2013
"Consortium to invest in DPRK" ;
"International conference on SEZ developmen held in DPRK" ;
- "La Corée du Nord annonce la construction d'un pôle high tech près du site de Kaesong", in Le Monde.
  
Photo : Alain Noguès
 

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20 septembre 2013 5 20 /09 /septembre /2013 07:59

Dans un rapport du service de recherches de l'Assemblée nationale de la République de Corée (Corée du Sud), rendu public le 19 septembre 2013, les ressources minières de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) ont été estimées à 6 986 000 milliards de won sud-coréens (soit 6 400 milliards de dollars). Ce potentiel minier exceptionnel est un atout pour l'économie de l'ensemble de la péninsule coréenne, alors que les ressources minières de la Corée du Sud sont 22 fois moins importantes.

 

Suivant le rapport rendu public par Kim Eul-dong, député du parti sud-coréen Saenuri (conservateur, majoritaire), les réserves de plus de 20 ressources minières de la Corée du Nord s'élèvent en valeur à 6 986 000 milliards de won sud-coréens (soit 6 400 milliards de dollars), représentant 22 fois la valeur des ressources minières de la Corée du Sud (estimées à 319 000 milliards de won).

musan-dprk.jpgSi actuellement les principales production minières de la Corée du Nord sont, en valeur, le charbon, le fer et le cuivre (à gauche, la mine de cuivre de Musan, la plus grande d'Asie), la RPD de Corée dispose des deuxièmes réserves mondiales de magnésite et des troisièmes en graphite, estimées respectivement à 4 milliards de tonnes et 2 millions de tonnes. Par ailleurs, les terres rares, encore mal connues, représenteraient plus de 10 % des réserves au monde.

Ce considérable potentiel minier offre d'importantes possibilités de développement à l'économie nord-coréenne, pouvant drainer les devises nécessaires notamment à la modernisation de ses infrastructures. Cependant, plusieurs conditions doivent être remplies pour permettre sa pleine exploitation (le secteur minier représentant d'ores et déjà, bon an mal an, 10 % du PIB nord-coréen) : investissements initiaux, débouchés de transport, levée des sanctions économiques internationales et meilleure insertion de la RPDC dans le système financier mondial. 

Selon le rapport de l'Assemblée nationale sud-coréenne, les ressources minières de la Corée du Nord donnent déjà lieu à des investissements d'au moins six pays, au premier rang desquels la Chine, la Corée du Sud et le Japon. De fait, une concurrence s'est mise en place entre la Chine et la Corée du Sud, mais les sanctions économiques mises en place unilatéralement par le gouvernement sud-coréen en 2009 ont considérablement freiné les investissements sud-coréens, aujourd'hui supplantés par ceux des entreprises chinoises qui bénéficient, de surcroît, de la garantie de leur gouvernement. Plus que dans d'autres domaines, le secteur minier témoigne d'une imbrication croissante des économies chinoise et nord-coréenne, que beaucoup de progressistes sud-coréens voient comme un obstacle à la future réunification du pays.

Par ailleurs, la Corée du Sud est entièrement dépendante des importations pour sa consommation de magnésite et de zinc. Un rapprochement intercoréen permettrait également de valoriser les complémentarités des deux économies. Le rapport parlementaire sud-coréen plaide ainsi pour un approfondissement des échanges Nord-Sud dans le domaine minier, ce qui suppose la levée, au moins partielle, des sanctions économiques imposées par le Gouvernement du Président Lee Myung-bak en 2009.

Sources : AAFC, Yonhap.

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12 juillet 2013 5 12 /07 /juillet /2013 22:08

banqueRPDCSelon les données publiées le 12 juillet 2013 par la Banque centrale de Corée (du Sud), et traduisant les estimations (partiales) de l'agence de renseignement sud-coréenne, l'économie de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) aurait progressé de 1,3 % en 2012. A l'exception de l'année 2008, il s'agit de la meilleure performance économique enregistrée par la Corée du Nord sous un gouvernement conservateur à Séoul, ce qui témoigne de l'accélération du développement économique de la RPDC malgré le maintien de l'embargo et le durcissement des sanctions internationales.

 

En l'absence de données officielles nord-coréennes, les statistiques sur l'économie de la RPD de Corée publiées par la Banque centrale sud-coréenne sont souvent utilisées comme références par les experts de ce pays, avec un manque désarmant de sens critique. Basées sur des rapports d'experts confidentiels, celles-ci sont en effet revisitées par les services de renseignement sud-coréens et donc largement dépendantes de la politique nord-coréenne du gouvernement sud-coréen et de ses objectifs. Sous les présidences démocrates à Séoul (1998-2008) l'économie nord-coréenne avait enregistré une croissance quasi-continue assez proche du consensus des experts étrangers ayant pu visiter le pays (environ 3 % de croissance en moyenne par an, d'autres estimations tendant à réhausser encore ce taux), alors que a contrario les taux de croissance économique se seraient subitement effondrés - jusqu'à devenir négatifs pendant plusieurs années consécutives - après le retour au pouvoir des conservateurs à Séoul. Soucieuse d'accréditer sa thèse d'un effondrement de l'économie nord-coréenne, qui sert son objectif de désengagement vis-à-vis du Nord (pourquoi favoriser les échanges intercoréens si la pérennité de la RPD de Corée est en cause ?), la droite sud-coréenne et son appareil de renseignement cherchent en effet à donner une image économique de la RPD de Corée conforme à leurs souhaits, en s'évertuant ainsi à influencer - souvent avec succès - les médias étrangers.

 

Dans ce contexte, il est intéressant d'observer que, selon les statistiques publiées le 12 juillet 2013 par la Banque centrale de Corée (du Sud), l'économie nord-coréenne aurait enregistré en 2012 sa plus forte croissance économique (+ 1,3 %) depuis 2008 et le retour au pouvoir des conservateurs à Séoul, en hausse par rapport à l'estimation des mêmes sources gouvernementales sud-coréennes pour 2011 (+ 0,8 %). Par ailleurs, ces estimations ont été publiées mi-juillet, soit seulement un mois plus tard que lorsque les démocrates gouvernaient à Séoul. Ce changement de calendrier pourrait être le signe de redressements moins importants que les années passées des données brutes - toujours confidentielles - par les services secrets sud-coréens, alors que la nouvelle présidente conservatrice Park Geun-hye entend infléchir la ligne d'intransigeance à l'égard du Nord de son prédécesseur Lee Myung-bak.

 

En tout état de cause, ces estimations témoignent d'une accélération de la reprise économique en RPDC, après l'effondrement des années 1990, et des limites de la politique économique de sanctions à l'encontre de la Corée du Nord, ce que l'agence Bloomberg a résumé dans le titre de sa dépêche : "la Corée du Nord défie son isolement avec la croissance économique la plus rapide depuis 2008".

 

Si l'on fait l'hypothèse que les services secrets sud-coréens révisent à la baisse de manière uniforme la croissance économique nord-coréenne, les données sectorielles publiées par la Banque de Corée permettent d'établir une hiérarchie des secteurs économiques à l'expansion la plus rapide. L'agriculture et la pêche auraient enregistré une progression nettement supérieure à la moyenne (+ 3,9 %), imputée à une utilisation accrue des engrais pour la production de céréales. L'élevage porcin et de volailles aurait crû de 12,3 % sur un an. Favorisée par la croissance des industries agro-alimentaires et de cigarettes, la hausse est aussi très supérieure à la moyenne pour l'industrie légère (4,7 %), dont le développement est l'une des priorités affichées des autorités nord-coréennes depuis plusieurs années. Pour l'ensemble de la production minière, le taux de croissance aurait été inférieur à la moyenne nationale (0,8 %), mais la production de charbon aurait crû au même rythme que le reste de l'économie (1,2 %). La construction aurait reculé de 0,8 %, enregistrant le contre-coup logique du boom de la construction en 2011, dans la préparation du centenaire de la naissance du Président Kim Il-sung, célébré en avril 2012 : les étudiants et les fonctionnaires avaient notamment été mobilisés pour l'effort de construction, avant que les premiers ne rejoignent à nouveau les universités à la rentrée scolaire 2012 (laquelle, au Nord de la péninsule, a lieu au printemps).

 

Plus fiables que les taux de croissance économique, car se fondant sur des statistiques douanières pouvant être plus aisément vérifiées et recoupées par des sources accessibles aux chercheurs, les données relatives au commerce extérieur en 2012 montrent une progression de 9 % sur un an, pour s'établir à 8,8 milliards de dollars (y compris 1,97 milliard de dollars de commerce intercoréen, en hausse de 15 % sur un an). Pour l'année 2013, le commerce intercoréen devrait toutefois nettement baisser suite à la suspension depuis avril des activités de la zone industrielle de Kaesong, qui représente aujourd'hui la quasi-totalité des échanges intercoréens - sans que la réunion Nord-Sud du 10 juillet dernier n'ait permis la reprise attendue de la production, avant une nouvelle réunion à ce sujet programmée le 15 juillet.

 

Ces données commerciales ne correspondent cependant qu'à des estimations, le commerce extérieur nord-coréen étant traditionnellement sous-évalué par les sources publiques sud-coréennes par rapport à d'autres sources occidentales et chinoises.

 

Sources : AAFC, Bloomberg.

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25 avril 2013 4 25 /04 /avril /2013 23:37

AirKoryoDans un article du Monde en date du 24 avril 2013, la journaliste Rafaele Rivais pose la question de manière ouverte : « faut-il revoir la liste noire européenne des compagnies aériennes ? » En effet, selon les sources qu’elle cite, il apparaîtrait que la fameuse « blacklist » soit dévoyée par des intérêts « économico-diplomatiques »… S'il n'a pas vocation à livrer des nouvelles inédites, cet article a le mérite de mettre en lumière un phénomène qui touche de près la péninsule coréenne : les sanctions économiques et diplomatiques prises contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). L’Association d'amitié franco-coréenne est en pointe dans le combat contre les sanctions économiques, essentiellement occidentales, qui étranglent l’économie nord-coréenne et qui touchent d'abord, sinon exclusivement, les populations. Si cette thématique n’est, hélas ! pas nouvelle, il est intéressant de se pencher sur un aspect « indirect » de ces pressions économiques : la mise au ban par les institutions européennes compétentes de la compagnie nationale nord-coréenne, Air Koryo.

Théoriquement uniquement basée sur des critères de sécurité, cette liste relève évidemment avant tout, comme l'observe le pilote Gérard Arnoux, d'un tri politique : à cet égard, il est significatif qu'y figurent la plupart des compagnies aériennes nationales enregistrées dans des pays traditionnellement réticents aux pressions occidentales. Certains de ces pays, comme la République démocratique du Congo, voient l’intégralité de leurs compagnies placées sur la liste. D’autres, comme le Venezuela, l’Iran ou la RPD de Corée, sont théoriquement autorisés à certifier leurs compagnies aériennes mais certains de leurs aéronefs sont interdits de vol. Ces précautions sont bien entendu compréhensibles dans la mesure où elles peuvent être justifiées pour des raisons de sécurité, mais force est de constater que jamais au cours de son histoire Air Koryo n’a connu d’incident mortel, alors que d’autres compagnies (dont Air France) ont a leur passif plusieurs drames et atterrissent chaque jour sur les aéroports européens. Par ailleurs, il s’avère que la flotte de la compagnie aérienne nord-coréenne partage plusieurs modèles d’avions (essentiellement des aéronefs russes) avec des compagnies allemandes et même américaines (c’est le cas respectivement de l’Iliouchine II-76 et du Tupolev Tu-204). Enfin, pour couronner le tout, il s’avère que la maîtrise du transport aérien en Corée du Nord n’a rien à envier aux pays européens : sur un territoire deux fois plus petit que celui de la France, la RPDC compte la plus grande concentration d’aéroports au monde, notamment pour des usages militaires.

Il fait peu de doutes que la mise au ban d’Air Koryo en Europe est motivée avant tout par des raisons idéologiques, certains pays – occidentaux, mais pas seulement - voyant d’un mauvais œil l’existence même de la RPDC et souhaitant se disparition via un étranglement économique, beaucoup moins médiatique qu’une déclaration de guerre ouverte mais redoutablement efficace. La question du transport aérien est une question fondamentale pour le développement économique. Dans ce contexte, il est incohérent de reprocher à la RPDC un isolement voulu, alors que les mesures d'embargo de la communauté internationale l'ostracisent ouvertement. L’AAFC ne peut ainsi qu'abonder dans le sens de Raphaele Rivais, mais tout en estimant indispensable de tirer les conclusions qui s'imposent : il est urgent que la liste noire européenne devienne une liste ayant pour principal critère la sécurité, et non le parrainage politique des puissances européennes.

 

Sources : Air Journal, Le Monde, Wikipédia

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9 janvier 2013 3 09 /01 /janvier /2013 23:11

L_economie_de_la_Coree_du_Nord_Benoit_Quennedey.jpgVice-président de l'Association d'amitié franco-coréenne chargé des actions de coopération, Benoît Quennedey a publié aux éditions Les Indes Savantes L'Economie de la Corée du Nord en 2012. Naissance d'un nouveau dragon asiatique ?, disponible dans les librairies relevant du réseau de la Sodis (groupe Gallimard) à partir du 10 janvier 2013 (132 pages, 19 euros). Seul ouvrage en français traitant de l'économie de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), il comprend trois parties, sur l'histoire économique de la Corée du Nord, la situation actuelle et les principales productions par secteur d'activité, et enfin l'insertion de la RPDC dans l'économie internationale. En annexes figurent notamment des conseils pratiques et une liste d'entreprises occidentales présentes en Corée du Nord. Nous reproduisons ci-après des extraits de L'Economie de la Corée du Nord concernant le cadre réglementaire des mesures incitatives aux investissements étrangers.

 

 

"Un organisme de réflexion placé auprès du gouvernement, l’Institut économique, a été un des principaux artisans des mesures économiques. La composition du gouvernement fait également apparaître que les principaux secteurs productifs comptent un membre du gouvernement à leur tête, responsable de la gestion et fréquemment remplacé en cas de résultats insuffisants.

 

 

 En 1984, la Corée du Nord a promulgué une loi pour encourager les investissements dans les entreprises à capitaux mixtes (joint ventures) coréens et étrangers. Ce dispositif a été utilisé principalement par les Nord-Coréens du Japon, impliqués dans 131 des 148 projets mis en place entre 1984 et 1994, pour un montant cumulé d’investissements estimés à 200 millions de dollars.

 

 En 1991, la RPD de Corée a publié une loi sur les investissements étrangers, parallèlement à la mise en place de la zone de libre-échange de Rajin-Sonbong.

 

Adoptée le 5 octobre 1992, la loi sur les investissements étrangers, modifiée à plusieurs reprises (notamment le 26 février 1999 et le 30 novembre 2004), prévoyait notamment, dans sa version publiée par la RPDC en 2006 :

 

- un encouragement à investir prioritairement dans les secteurs à haute valeur technologique, la construction de produits internationalement compétitifs, l’exploitation des ressources naturelles, la construction d’infrastructures, la recherche scientifique et le développement technologique (article 7) ;

 

- un traitement préférentiel en matière fiscale (exemption totale ou partielle d’impôts), de location des terres et de prêts bancaires (article 8) ;

 

-  l’exclusion, notamment, des investissements dans les secteurs touchant à la défense nationale (article 11) ;

 

- des baux d’une durée maximale de 50 ans (article 15) ;

 

- le recours à la main-d’œuvre de la RPDC, mais avec la possibilité que l’encadrement et les techniciens soient étrangers (article 16) ;

 

- la garantie que les entreprises à investissements étrangers ne seront pas nationalisées ni expropriées, sauf circonstances inévitables et dans ce cas sous couvert d’une juste indemnisation (article 19).

 

 Les lois nord-coréennes relatives aux investissements étrangers montrent que les autorités de la RPDC ont de larges compétences pour mettre en place des dispositifs incitatifs, requérant en tout état de cause des discussions projet par projet".    

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15 août 2012 3 15 /08 /août /2012 23:05

Le 14 août 2012 s'est tenue, à Pékin, la troisième session du Comité d'orientation conjoint Chine - République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) pour le développement et la gestion de la zone commerciale de Rason et des zones économiques de Hwanggumphyong et Wihwado, deux zones économiques spéciales (ZES) nord-coréennes situées à proximité de la frontière avec la Chine. La réunion a permis de dresser un constat partagé sur le développement de ces deux ZES, alors que le niveau du commerce extérieur entre la Chine et la RPD de Corée a atteint un nouveau record au premier semestre 2012, selon les données douanières chinoises.

 

La troisième réunion du Comité d'orientation conjoint Chine-RPDC pour le développement des zones économiques spéciales (ZES) de Rason et Hwanggumphyong et Wihwado s'est tenue à Pékin le 14 août 2012, en présence des présidents de la partie coréenne, Jang Song-thaek, par ailleurs directeur de département du Comité central du Parti du travail de Corée, et de la partie chinoise, Chen Deming, également ministre du Commerce.

 

comite_conjoint_chine_RPDC_14_aout_2012.jpg

 

En ce qui concerne la zone économique et commerciale de Rason, le plan de développement de la zone a été établi. La reconstruction des facilités portuaires et des lignes ferroviaires est en cours, tandis que l'autoroute entre Rajin et Wonbong est pratiquement achevée. Le repérage et les prises de mesure sont terminés pour l'approvisionnement en électricité depuis la Chine. Il a été rappelé que la coopération économique dans cette zone vise également le tourisme et l'agriculture.

 

Les travaux de délimitation de la zone de Hwanggumphyong, préalables à son développement, sont aussi achevés. En revanche, la mise en place effective de la ZES de Wihwado reste encore au stade de projet.

 

Selon l'agence nord-coréenne KCNA, les deux parties ont apprécié les progrès réalisés, notamment, dans la définition du cadre juridique des deux ZES, leur gestion, la formation des personnels et la promotion des projets. 

 

Jang Song-thaek et Chen Deming ont cosigné (photo ci-dessous) le compte rendu de la réunion, la prochaine session du Comité d'orientation conjoint étant prévue à Pyongyang au premier semestre 2013, ainsi qu'un accord intergouvernemental de coopération économique et technologique.

 

 

jang_song_thaek_cheng_demin.jpg

 

Ce renforcement des échanges, spécialement dans les deux ZES de Rason et Hwanggumphyong et Wihwado, s'inscrit dans le cadre d'un soutien du gouvernement chinois aux investissements en RPD de Corée. Comme l'a écrit le vice-ministre du Commerce Chen Jian dans le Quotidien du peuple : "Nous soutiendrons les grandes entreprises chinoises qui souhaitent investir en Corée du Nord pour élargir la coopération commerciale et économique". Toujours selon Chen Jian, les échanges entre la Chine et la RPD de Corée ont atteint 3,1 milliards de dollars au premier semestre de l'année 2012, en progression de 24,7 % par rapport au premier semestre de l'année 2011 (2,5 milliards de dollars).

 

Selon Chen Deming, les deux ZES sont "entrées dans une phase substantielle de développement (...) qui envoie un message important en matière de consolidation et de développement de relations diplomatiques cordiales et (...) de promotion de la prospérité et de la paix régionale".

 

Ces projets s'inscrivent dans le cadre plus global du développement du Nord de la RPDC et des provinces du Nord-Est de la Chine, la deuxième foire du commerce internationale de Rason étant prévue du 20 au 23 août.

 

Sources : AAFC, KCNA (dont photos, dépêche du 14 août 2012) ; Reuters (dépêche utilisée par Le Nouvel Observateur).

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24 juillet 2012 2 24 /07 /juillet /2012 22:07

220px-RareEarthOreUSGOVLa République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) détiendrait plus de 10 % des réserves mondiales de terres rares, qui sont utilisées notamment pour la fabrication des smartphones, des ordinateurs portables et des voitures hybrides. Des contacts ont été pris avec plusieurs pays, dont la Chine et la Corée du Sud, pour l'exploitation des gisements.

 

Le 23 juillet 2012, la Korea Resources Corporation (KORES) sud-coréenne a indiqué que des contacts ont été pris l'an dernier pour l'exploitation conjointe avec la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) des importants gisements de terres rares situés au Nord de la péninsule.

 

Toujours selon la KORES, une rencontre a eu lieu en septembre 2011 dans la zone industrielle de Kaesong, et le groupe sud-coréen a reçu quatre échantillons de terres rares de la Corée du Nord en novembre pour analyser la rentabilité de l'exploitation des gisements. Les échanges ont cependant été suspendus après la disparition du dirigeant nord-coréen Kim Jong-il le 17 décembre 2011, alors que la prise de position du gouvernement sud-coréen - interdisant aux citoyens du Sud de se rendre au Nord pour présenter leurs condoléances, à l'exception de deux délégations privées - avait suscité de très vives réactions de la RPD de Corée.

 

L'intérêt de la KORES confirme la rentabilité de l'exploitation des terres rares nord-coréennes. Mais d'autres pays sont également intéressés, au premier rang desquels la Chine.

 

Une autre information intéressante du communiqué de la KORES concerne l'évaluation des réserves de terres rares en Corée du Nord : celles-ci sont estimées à 20 millions de tonnes, soit plus de 10 % des réserves mondiales. Avec des réserves estimées à 55 millions de tonnes (soit plus du tiers du total mondial), la Chine occupe le premier rang mondial, mais elle cherche à diversifier ses approvisionnements.


Principale source : Yonhap (dépêche du 23 juillet 2012).

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