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20 septembre 2013 5 20 /09 /septembre /2013 07:59

Dans un rapport du service de recherches de l'Assemblée nationale de la République de Corée (Corée du Sud), rendu public le 19 septembre 2013, les ressources minières de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) ont été estimées à 6 986 000 milliards de won sud-coréens (soit 6 400 milliards de dollars). Ce potentiel minier exceptionnel est un atout pour l'économie de l'ensemble de la péninsule coréenne, alors que les ressources minières de la Corée du Sud sont 22 fois moins importantes.

 

Suivant le rapport rendu public par Kim Eul-dong, député du parti sud-coréen Saenuri (conservateur, majoritaire), les réserves de plus de 20 ressources minières de la Corée du Nord s'élèvent en valeur à 6 986 000 milliards de won sud-coréens (soit 6 400 milliards de dollars), représentant 22 fois la valeur des ressources minières de la Corée du Sud (estimées à 319 000 milliards de won).

musan-dprk.jpgSi actuellement les principales production minières de la Corée du Nord sont, en valeur, le charbon, le fer et le cuivre (à gauche, la mine de cuivre de Musan, la plus grande d'Asie), la RPD de Corée dispose des deuxièmes réserves mondiales de magnésite et des troisièmes en graphite, estimées respectivement à 4 milliards de tonnes et 2 millions de tonnes. Par ailleurs, les terres rares, encore mal connues, représenteraient plus de 10 % des réserves au monde.

Ce considérable potentiel minier offre d'importantes possibilités de développement à l'économie nord-coréenne, pouvant drainer les devises nécessaires notamment à la modernisation de ses infrastructures. Cependant, plusieurs conditions doivent être remplies pour permettre sa pleine exploitation (le secteur minier représentant d'ores et déjà, bon an mal an, 10 % du PIB nord-coréen) : investissements initiaux, débouchés de transport, levée des sanctions économiques internationales et meilleure insertion de la RPDC dans le système financier mondial. 

Selon le rapport de l'Assemblée nationale sud-coréenne, les ressources minières de la Corée du Nord donnent déjà lieu à des investissements d'au moins six pays, au premier rang desquels la Chine, la Corée du Sud et le Japon. De fait, une concurrence s'est mise en place entre la Chine et la Corée du Sud, mais les sanctions économiques mises en place unilatéralement par le gouvernement sud-coréen en 2009 ont considérablement freiné les investissements sud-coréens, aujourd'hui supplantés par ceux des entreprises chinoises qui bénéficient, de surcroît, de la garantie de leur gouvernement. Plus que dans d'autres domaines, le secteur minier témoigne d'une imbrication croissante des économies chinoise et nord-coréenne, que beaucoup de progressistes sud-coréens voient comme un obstacle à la future réunification du pays.

Par ailleurs, la Corée du Sud est entièrement dépendante des importations pour sa consommation de magnésite et de zinc. Un rapprochement intercoréen permettrait également de valoriser les complémentarités des deux économies. Le rapport parlementaire sud-coréen plaide ainsi pour un approfondissement des échanges Nord-Sud dans le domaine minier, ce qui suppose la levée, au moins partielle, des sanctions économiques imposées par le Gouvernement du Président Lee Myung-bak en 2009.

Sources : AAFC, Yonhap.

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12 juillet 2013 5 12 /07 /juillet /2013 22:08

banqueRPDCSelon les données publiées le 12 juillet 2013 par la Banque centrale de Corée (du Sud), et traduisant les estimations (partiales) de l'agence de renseignement sud-coréenne, l'économie de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) aurait progressé de 1,3 % en 2012. A l'exception de l'année 2008, il s'agit de la meilleure performance économique enregistrée par la Corée du Nord sous un gouvernement conservateur à Séoul, ce qui témoigne de l'accélération du développement économique de la RPDC malgré le maintien de l'embargo et le durcissement des sanctions internationales.

 

En l'absence de données officielles nord-coréennes, les statistiques sur l'économie de la RPD de Corée publiées par la Banque centrale sud-coréenne sont souvent utilisées comme références par les experts de ce pays, avec un manque désarmant de sens critique. Basées sur des rapports d'experts confidentiels, celles-ci sont en effet revisitées par les services de renseignement sud-coréens et donc largement dépendantes de la politique nord-coréenne du gouvernement sud-coréen et de ses objectifs. Sous les présidences démocrates à Séoul (1998-2008) l'économie nord-coréenne avait enregistré une croissance quasi-continue assez proche du consensus des experts étrangers ayant pu visiter le pays (environ 3 % de croissance en moyenne par an, d'autres estimations tendant à réhausser encore ce taux), alors que a contrario les taux de croissance économique se seraient subitement effondrés - jusqu'à devenir négatifs pendant plusieurs années consécutives - après le retour au pouvoir des conservateurs à Séoul. Soucieuse d'accréditer sa thèse d'un effondrement de l'économie nord-coréenne, qui sert son objectif de désengagement vis-à-vis du Nord (pourquoi favoriser les échanges intercoréens si la pérennité de la RPD de Corée est en cause ?), la droite sud-coréenne et son appareil de renseignement cherchent en effet à donner une image économique de la RPD de Corée conforme à leurs souhaits, en s'évertuant ainsi à influencer - souvent avec succès - les médias étrangers.

 

Dans ce contexte, il est intéressant d'observer que, selon les statistiques publiées le 12 juillet 2013 par la Banque centrale de Corée (du Sud), l'économie nord-coréenne aurait enregistré en 2012 sa plus forte croissance économique (+ 1,3 %) depuis 2008 et le retour au pouvoir des conservateurs à Séoul, en hausse par rapport à l'estimation des mêmes sources gouvernementales sud-coréennes pour 2011 (+ 0,8 %). Par ailleurs, ces estimations ont été publiées mi-juillet, soit seulement un mois plus tard que lorsque les démocrates gouvernaient à Séoul. Ce changement de calendrier pourrait être le signe de redressements moins importants que les années passées des données brutes - toujours confidentielles - par les services secrets sud-coréens, alors que la nouvelle présidente conservatrice Park Geun-hye entend infléchir la ligne d'intransigeance à l'égard du Nord de son prédécesseur Lee Myung-bak.

 

En tout état de cause, ces estimations témoignent d'une accélération de la reprise économique en RPDC, après l'effondrement des années 1990, et des limites de la politique économique de sanctions à l'encontre de la Corée du Nord, ce que l'agence Bloomberg a résumé dans le titre de sa dépêche : "la Corée du Nord défie son isolement avec la croissance économique la plus rapide depuis 2008".

 

Si l'on fait l'hypothèse que les services secrets sud-coréens révisent à la baisse de manière uniforme la croissance économique nord-coréenne, les données sectorielles publiées par la Banque de Corée permettent d'établir une hiérarchie des secteurs économiques à l'expansion la plus rapide. L'agriculture et la pêche auraient enregistré une progression nettement supérieure à la moyenne (+ 3,9 %), imputée à une utilisation accrue des engrais pour la production de céréales. L'élevage porcin et de volailles aurait crû de 12,3 % sur un an. Favorisée par la croissance des industries agro-alimentaires et de cigarettes, la hausse est aussi très supérieure à la moyenne pour l'industrie légère (4,7 %), dont le développement est l'une des priorités affichées des autorités nord-coréennes depuis plusieurs années. Pour l'ensemble de la production minière, le taux de croissance aurait été inférieur à la moyenne nationale (0,8 %), mais la production de charbon aurait crû au même rythme que le reste de l'économie (1,2 %). La construction aurait reculé de 0,8 %, enregistrant le contre-coup logique du boom de la construction en 2011, dans la préparation du centenaire de la naissance du Président Kim Il-sung, célébré en avril 2012 : les étudiants et les fonctionnaires avaient notamment été mobilisés pour l'effort de construction, avant que les premiers ne rejoignent à nouveau les universités à la rentrée scolaire 2012 (laquelle, au Nord de la péninsule, a lieu au printemps).

 

Plus fiables que les taux de croissance économique, car se fondant sur des statistiques douanières pouvant être plus aisément vérifiées et recoupées par des sources accessibles aux chercheurs, les données relatives au commerce extérieur en 2012 montrent une progression de 9 % sur un an, pour s'établir à 8,8 milliards de dollars (y compris 1,97 milliard de dollars de commerce intercoréen, en hausse de 15 % sur un an). Pour l'année 2013, le commerce intercoréen devrait toutefois nettement baisser suite à la suspension depuis avril des activités de la zone industrielle de Kaesong, qui représente aujourd'hui la quasi-totalité des échanges intercoréens - sans que la réunion Nord-Sud du 10 juillet dernier n'ait permis la reprise attendue de la production, avant une nouvelle réunion à ce sujet programmée le 15 juillet.

 

Ces données commerciales ne correspondent cependant qu'à des estimations, le commerce extérieur nord-coréen étant traditionnellement sous-évalué par les sources publiques sud-coréennes par rapport à d'autres sources occidentales et chinoises.

 

Sources : AAFC, Bloomberg.

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25 avril 2013 4 25 /04 /avril /2013 23:37

AirKoryoDans un article du Monde en date du 24 avril 2013, la journaliste Rafaele Rivais pose la question de manière ouverte : « faut-il revoir la liste noire européenne des compagnies aériennes ? » En effet, selon les sources qu’elle cite, il apparaîtrait que la fameuse « blacklist » soit dévoyée par des intérêts « économico-diplomatiques »… S'il n'a pas vocation à livrer des nouvelles inédites, cet article a le mérite de mettre en lumière un phénomène qui touche de près la péninsule coréenne : les sanctions économiques et diplomatiques prises contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). L’Association d'amitié franco-coréenne est en pointe dans le combat contre les sanctions économiques, essentiellement occidentales, qui étranglent l’économie nord-coréenne et qui touchent d'abord, sinon exclusivement, les populations. Si cette thématique n’est, hélas ! pas nouvelle, il est intéressant de se pencher sur un aspect « indirect » de ces pressions économiques : la mise au ban par les institutions européennes compétentes de la compagnie nationale nord-coréenne, Air Koryo.

Théoriquement uniquement basée sur des critères de sécurité, cette liste relève évidemment avant tout, comme l'observe le pilote Gérard Arnoux, d'un tri politique : à cet égard, il est significatif qu'y figurent la plupart des compagnies aériennes nationales enregistrées dans des pays traditionnellement réticents aux pressions occidentales. Certains de ces pays, comme la République démocratique du Congo, voient l’intégralité de leurs compagnies placées sur la liste. D’autres, comme le Venezuela, l’Iran ou la RPD de Corée, sont théoriquement autorisés à certifier leurs compagnies aériennes mais certains de leurs aéronefs sont interdits de vol. Ces précautions sont bien entendu compréhensibles dans la mesure où elles peuvent être justifiées pour des raisons de sécurité, mais force est de constater que jamais au cours de son histoire Air Koryo n’a connu d’incident mortel, alors que d’autres compagnies (dont Air France) ont a leur passif plusieurs drames et atterrissent chaque jour sur les aéroports européens. Par ailleurs, il s’avère que la flotte de la compagnie aérienne nord-coréenne partage plusieurs modèles d’avions (essentiellement des aéronefs russes) avec des compagnies allemandes et même américaines (c’est le cas respectivement de l’Iliouchine II-76 et du Tupolev Tu-204). Enfin, pour couronner le tout, il s’avère que la maîtrise du transport aérien en Corée du Nord n’a rien à envier aux pays européens : sur un territoire deux fois plus petit que celui de la France, la RPDC compte la plus grande concentration d’aéroports au monde, notamment pour des usages militaires.

Il fait peu de doutes que la mise au ban d’Air Koryo en Europe est motivée avant tout par des raisons idéologiques, certains pays – occidentaux, mais pas seulement - voyant d’un mauvais œil l’existence même de la RPDC et souhaitant se disparition via un étranglement économique, beaucoup moins médiatique qu’une déclaration de guerre ouverte mais redoutablement efficace. La question du transport aérien est une question fondamentale pour le développement économique. Dans ce contexte, il est incohérent de reprocher à la RPDC un isolement voulu, alors que les mesures d'embargo de la communauté internationale l'ostracisent ouvertement. L’AAFC ne peut ainsi qu'abonder dans le sens de Raphaele Rivais, mais tout en estimant indispensable de tirer les conclusions qui s'imposent : il est urgent que la liste noire européenne devienne une liste ayant pour principal critère la sécurité, et non le parrainage politique des puissances européennes.

 

Sources : Air Journal, Le Monde, Wikipédia

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9 janvier 2013 3 09 /01 /janvier /2013 23:11

L_economie_de_la_Coree_du_Nord_Benoit_Quennedey.jpgVice-président de l'Association d'amitié franco-coréenne chargé des actions de coopération, Benoît Quennedey a publié aux éditions Les Indes Savantes L'Economie de la Corée du Nord en 2012. Naissance d'un nouveau dragon asiatique ?, disponible dans les librairies relevant du réseau de la Sodis (groupe Gallimard) à partir du 10 janvier 2013 (132 pages, 19 euros). Seul ouvrage en français traitant de l'économie de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), il comprend trois parties, sur l'histoire économique de la Corée du Nord, la situation actuelle et les principales productions par secteur d'activité, et enfin l'insertion de la RPDC dans l'économie internationale. En annexes figurent notamment des conseils pratiques et une liste d'entreprises occidentales présentes en Corée du Nord. Nous reproduisons ci-après des extraits de L'Economie de la Corée du Nord concernant le cadre réglementaire des mesures incitatives aux investissements étrangers.

 

 

"Un organisme de réflexion placé auprès du gouvernement, l’Institut économique, a été un des principaux artisans des mesures économiques. La composition du gouvernement fait également apparaître que les principaux secteurs productifs comptent un membre du gouvernement à leur tête, responsable de la gestion et fréquemment remplacé en cas de résultats insuffisants.

 

 

 En 1984, la Corée du Nord a promulgué une loi pour encourager les investissements dans les entreprises à capitaux mixtes (joint ventures) coréens et étrangers. Ce dispositif a été utilisé principalement par les Nord-Coréens du Japon, impliqués dans 131 des 148 projets mis en place entre 1984 et 1994, pour un montant cumulé d’investissements estimés à 200 millions de dollars.

 

 En 1991, la RPD de Corée a publié une loi sur les investissements étrangers, parallèlement à la mise en place de la zone de libre-échange de Rajin-Sonbong.

 

Adoptée le 5 octobre 1992, la loi sur les investissements étrangers, modifiée à plusieurs reprises (notamment le 26 février 1999 et le 30 novembre 2004), prévoyait notamment, dans sa version publiée par la RPDC en 2006 :

 

- un encouragement à investir prioritairement dans les secteurs à haute valeur technologique, la construction de produits internationalement compétitifs, l’exploitation des ressources naturelles, la construction d’infrastructures, la recherche scientifique et le développement technologique (article 7) ;

 

- un traitement préférentiel en matière fiscale (exemption totale ou partielle d’impôts), de location des terres et de prêts bancaires (article 8) ;

 

-  l’exclusion, notamment, des investissements dans les secteurs touchant à la défense nationale (article 11) ;

 

- des baux d’une durée maximale de 50 ans (article 15) ;

 

- le recours à la main-d’œuvre de la RPDC, mais avec la possibilité que l’encadrement et les techniciens soient étrangers (article 16) ;

 

- la garantie que les entreprises à investissements étrangers ne seront pas nationalisées ni expropriées, sauf circonstances inévitables et dans ce cas sous couvert d’une juste indemnisation (article 19).

 

 Les lois nord-coréennes relatives aux investissements étrangers montrent que les autorités de la RPDC ont de larges compétences pour mettre en place des dispositifs incitatifs, requérant en tout état de cause des discussions projet par projet".    

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15 août 2012 3 15 /08 /août /2012 23:05

Le 14 août 2012 s'est tenue, à Pékin, la troisième session du Comité d'orientation conjoint Chine - République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) pour le développement et la gestion de la zone commerciale de Rason et des zones économiques de Hwanggumphyong et Wihwado, deux zones économiques spéciales (ZES) nord-coréennes situées à proximité de la frontière avec la Chine. La réunion a permis de dresser un constat partagé sur le développement de ces deux ZES, alors que le niveau du commerce extérieur entre la Chine et la RPD de Corée a atteint un nouveau record au premier semestre 2012, selon les données douanières chinoises.

 

La troisième réunion du Comité d'orientation conjoint Chine-RPDC pour le développement des zones économiques spéciales (ZES) de Rason et Hwanggumphyong et Wihwado s'est tenue à Pékin le 14 août 2012, en présence des présidents de la partie coréenne, Jang Song-thaek, par ailleurs directeur de département du Comité central du Parti du travail de Corée, et de la partie chinoise, Chen Deming, également ministre du Commerce.

 

comite_conjoint_chine_RPDC_14_aout_2012.jpg

 

En ce qui concerne la zone économique et commerciale de Rason, le plan de développement de la zone a été établi. La reconstruction des facilités portuaires et des lignes ferroviaires est en cours, tandis que l'autoroute entre Rajin et Wonbong est pratiquement achevée. Le repérage et les prises de mesure sont terminés pour l'approvisionnement en électricité depuis la Chine. Il a été rappelé que la coopération économique dans cette zone vise également le tourisme et l'agriculture.

 

Les travaux de délimitation de la zone de Hwanggumphyong, préalables à son développement, sont aussi achevés. En revanche, la mise en place effective de la ZES de Wihwado reste encore au stade de projet.

 

Selon l'agence nord-coréenne KCNA, les deux parties ont apprécié les progrès réalisés, notamment, dans la définition du cadre juridique des deux ZES, leur gestion, la formation des personnels et la promotion des projets. 

 

Jang Song-thaek et Chen Deming ont cosigné (photo ci-dessous) le compte rendu de la réunion, la prochaine session du Comité d'orientation conjoint étant prévue à Pyongyang au premier semestre 2013, ainsi qu'un accord intergouvernemental de coopération économique et technologique.

 

 

jang_song_thaek_cheng_demin.jpg

 

Ce renforcement des échanges, spécialement dans les deux ZES de Rason et Hwanggumphyong et Wihwado, s'inscrit dans le cadre d'un soutien du gouvernement chinois aux investissements en RPD de Corée. Comme l'a écrit le vice-ministre du Commerce Chen Jian dans le Quotidien du peuple : "Nous soutiendrons les grandes entreprises chinoises qui souhaitent investir en Corée du Nord pour élargir la coopération commerciale et économique". Toujours selon Chen Jian, les échanges entre la Chine et la RPD de Corée ont atteint 3,1 milliards de dollars au premier semestre de l'année 2012, en progression de 24,7 % par rapport au premier semestre de l'année 2011 (2,5 milliards de dollars).

 

Selon Chen Deming, les deux ZES sont "entrées dans une phase substantielle de développement (...) qui envoie un message important en matière de consolidation et de développement de relations diplomatiques cordiales et (...) de promotion de la prospérité et de la paix régionale".

 

Ces projets s'inscrivent dans le cadre plus global du développement du Nord de la RPDC et des provinces du Nord-Est de la Chine, la deuxième foire du commerce internationale de Rason étant prévue du 20 au 23 août.

 

Sources : AAFC, KCNA (dont photos, dépêche du 14 août 2012) ; Reuters (dépêche utilisée par Le Nouvel Observateur).

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24 juillet 2012 2 24 /07 /juillet /2012 22:07

220px-RareEarthOreUSGOVLa République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) détiendrait plus de 10 % des réserves mondiales de terres rares, qui sont utilisées notamment pour la fabrication des smartphones, des ordinateurs portables et des voitures hybrides. Des contacts ont été pris avec plusieurs pays, dont la Chine et la Corée du Sud, pour l'exploitation des gisements.

 

Le 23 juillet 2012, la Korea Resources Corporation (KORES) sud-coréenne a indiqué que des contacts ont été pris l'an dernier pour l'exploitation conjointe avec la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) des importants gisements de terres rares situés au Nord de la péninsule.

 

Toujours selon la KORES, une rencontre a eu lieu en septembre 2011 dans la zone industrielle de Kaesong, et le groupe sud-coréen a reçu quatre échantillons de terres rares de la Corée du Nord en novembre pour analyser la rentabilité de l'exploitation des gisements. Les échanges ont cependant été suspendus après la disparition du dirigeant nord-coréen Kim Jong-il le 17 décembre 2011, alors que la prise de position du gouvernement sud-coréen - interdisant aux citoyens du Sud de se rendre au Nord pour présenter leurs condoléances, à l'exception de deux délégations privées - avait suscité de très vives réactions de la RPD de Corée.

 

L'intérêt de la KORES confirme la rentabilité de l'exploitation des terres rares nord-coréennes. Mais d'autres pays sont également intéressés, au premier rang desquels la Chine.

 

Une autre information intéressante du communiqué de la KORES concerne l'évaluation des réserves de terres rares en Corée du Nord : celles-ci sont estimées à 20 millions de tonnes, soit plus de 10 % des réserves mondiales. Avec des réserves estimées à 55 millions de tonnes (soit plus du tiers du total mondial), la Chine occupe le premier rang mondial, mais elle cherche à diversifier ses approvisionnements.


Principale source : Yonhap (dépêche du 23 juillet 2012).

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5 mars 2012 1 05 /03 /mars /2012 12:49

banqueRPDCEn la quasi-absence de statistiques  économiques officielles  de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), les données de la Banque de Corée (du Sud) sont devenues la source la plus utilisée par les spécialistes étrangers pour connaître l'évolution de l'économie de la RPDC. Pourtant, comme nous l'avions montré pour les données relatives à l'année 2010, dans un contexte de montée des tensions intercoréennes ces statistiques, totalement liées aux services de renseignement sud-coréens, n'apparaissent aujourd'hui ni fiables, ni crédibles, et de surcroît en totale contradiction avec les observations des spécialistes ayant visité le pays, ces derniers faisant état de progrès économiques réels. Parmi les autres sources disponibles, l'Institut de recherche du groupe Hyundai, bien implanté dans le Nord de la péninsule où une de ses filiales (Hyundai Asan) gère notamment la zone industrielle de Kaesong, vient de publier une estimation de croissance de 4,7 % du produit intérieur brut (PIB) nominal par habitant de la Corée du Nord en 2011, correspondant à une croissance annuelle globale du PIB de la RPD de Corée de 5,2 %.

 

Aujourd'hui l'un des meilleurs journalistes français spécialistes de la Corée du Nord, dans l'édition 2012 du Bilan du Monde (publié par le quotidien du soir, dont il est le correspondant pour la Corée depuis plus de trente ans), Philippe Pons n'y va pas pas quatre chemins pour expliquer que les statistiques de la Banque de Corée (du Sud) sur l'évolution de l'économie nord-coréenne ne sont ni fiables, ni crédibles : "pour la seconde année consécutive, la République populaire démocratique de Corée (RPDC a été en récession) en 2010 avec un produit intérieur brut qui s'est contracté de 0,5 % (- 0,9 % en 2009). (...) Ce sont là les conclusions du rapport annuel de la Banque de Corée (Séoul), élaboré à partir des données des services de renseignement sur l'année précédente, en l'absence de toute statistique officielle fiable (...) ce sont les seules disponibles" (op. cit., p. 197).

 

Philippe Pons a raison de souligner que les données sur l'économie nord-coréenne pour les années 2009 et 2010 ne proviennent pas d'observations de spécialistes indépendants, mais qu'elles sont le fruit du travail des services de renseignement sud-coréens : ces derniers, pour conforter la politique hostile aux échanges intercoréens du Président conservateur Lee Myung-bak, cherchent à accréditer l'idée d'un déclin économique de la RPD de Corée, que ne corroborent pourtant pas les observations des spécialistes étrangers ayant récemment visité la Corée du Nord. Le boom de la construction, l'essor de la téléphonie mobile, l'augmentation de la production d'électricité par la mise en place de nouvelles centrales, le niveau record des échanges extérieurs (après un tassement en 2009) et le développement de nouvelles productions agricoles et piscicoles, tout montre que l'économie nord-coréenne est en expansion, n'en déplaise au gouvernement Lee Myung-bak. Publiées tardivement, de plus en plus lacunaires, les données de la Banque de Corée du Sud sur l'économie nord-coréenne en 2010 portent la marque de ce qu'elles sont devenues au fur et à mesure de la dégradation des relations intercoréennes : un simple instrument au service de la politique nord-coréenne aujourd'hui conduite à Séoul.

 

Mais Philippe Pons se trompe en affirmant qu'il n'existe pas d'autres sources disponibles sur l'économie nord-coréenne, indépendantes du pouvoir politique à Séoul. En particulier, les grands groupes sud-coréens ont mis en place des instituts de recherche, qui visent notamment à donner une information plus fiable sur l'évolution de l'économie nord-coréenne, qui constitue un facteur externe non négligeable pour l'économie sud-coréenne. En particulier, les données de l'Institut de recherche du groupe Hyundai sont particulièrement intéressantes, dans la mesure où la filiale Hyundai Asan de Hyundai a fortement investi au Nord de la péninsule et dispose d'un accès à l'information largement comparable à celui des services de renseignement sud-coréens.

 

Pour l'année 2011, selon Hyundai, le PIB nominal par habitant de la Corée du Nord aurait progressé de 4,65 %, de 688 dollars à 720 dollars (attention : il s'agit de données nominales, non corrigées en parité de pouvoir d'achat, ou PPA ; en termes de PPA, le PIB par habitant de la Corée du Nord doit être multiplié entre 2,5, selon la CIA et 6, selon l'institut de recherche Global Insight). Pour obtenir une évolution du PIB global, suivant les usages retenus dans les comparaisons en économie internationale, il faut toutefois aussi tenir compte de l'évolution démographique de la Corée du Nord, qui suivrait une croissance annuelle de 0,535 % en 2012. Au total, l'économie nord-coréenne aurait ainsi progressé de 5,2 % en 2011. Par comparaison, toujours selon l'édition 2012 du Bilan du Monde, la croissance prévue de l'économie sud-coréenne en 2011 n'était que de 4 %. L'an passé, l'économie nord-coréenne a ainsi crû plus rapidement que l'économie sud-coréenne.

 

Toujours selon Hyundai, cette progression de l'économie de la RPD de Corée s'est traduite par une forte hausse des récoltes de céréales (4,74 millions de tonnes, en hausse de 7,2 % sur un an selon l'Organisation des Nations Unies pour l'agriculture et l'alimentation), et un boom (+ 62,4 %) des échanges commerciaux avec la Chine, pour s'établir à 5,63 milliards de dollars. La Corée du Nord apparaît aujourd'hui bel et bien engagée sur le chemin d'une croissance rapide.

 

Sources : AAFC, L'économie de la Corée du Nord (à paraître aux Indes Savantes, en prévente notamment à la FNAC), Yonhap (article publié par The Korea Times).

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2 décembre 2011 5 02 /12 /décembre /2011 22:10

220px-RareEarthOreUSGOVLa République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a récemment mis l'accent sur l'exploitation des gisements de terres rares dont elle dispose, ce groupe de dix-sept minéraux utilisés, entre autres, dans la fabrication des semi-conducteurs, des voitures, des ordinateurs et des colorants, et qui comprennent notamment le cérium, le néodyme et le dysprosium. Alors que la RPDC a longtemps utilisé les terres rares essentiellement dans les domaines agricole et médical, ses réserves, estimées à plusieurs millions de tonnes, tendent aujourd'hui à être exploitées pour d'autres usages industriels. Tandis que se développent les efforts de recherche à l'intérieur même du pays, la mise en valeur accrue des riches gisements de terres rares nord-coréennes pourrait ainsi être l'occasion de partenariats économiques avec des entreprises étrangères.

 

Selon l'agence KCNA de la RPDC, les recherches dans le domaine des terres rares se sont intensifiées en République populaire démocratique de Corée à partir des années 1960. Les gisements se situent principalement dans l'Ouest et l'Est du pays. Ils se composent, notamment, de cérium fluorocarbonique, de monazite,de johnstrupite et de pyrochlore.  

 

Le cérium a été utilisé de longue date pour la production d'engrais, de compléments alimentaires pour le bétail, ainsi que pour la pisciculture, la culture de la soie, la production d'aimants, d'alliages, de médicaments et d'instruments médicaux.

 

L'Université Kim Il-sung et d'autres centres de recherche conduisent actuellement des recherches en chimie quantique pour l'élaboration de composants et de matériaux à base de terres rares, ainsi que dans le domaine des nanotechnologies, en vue du développement économique du pays.

 

Tout en produisant aujourd'hui 95 % des terres rares, la Chine est confrontée à une diminution de ses réserves et cherche à diversifier ses sources d'approvisionnement, alors que les prix de ces minerais augmentent sur les marchés internationaux. En février 2011, elle a ainsi conclu un accord avec la Corée du Nord sur le développement des terres rares dans un contexte, plus généralement, d'augmentation des exportations minières de la RPDC vers la République populaire de Chine.

 

La coopération internationale conduite par la RPDC pour l'exploitation des terres rares s'attache également à prévenir les pollutions.

 

Source : KCNA (dépêches des 20 juin et 21 septembre 2011).

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7 novembre 2011 1 07 /11 /novembre /2011 18:08

Le 3 novembre 2011, la Banque de Corée (du Sud) a publié son estimation de croissance de l'économie nord-coréenne pour l'année 2010 : - 0,5 %. Cette évaluation doit être prise avec la plus grande précaution, au regard des nombreuses hypothèses à la base des estimations sud-coréennes sur l'économie de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord).

 

Selon la Banque de Corée (du Sud), le produit intérieur brut (PIB) de la RPD de Corée aurait enregistré un recul de 0,5 % en 2010, après une précédente baisse de 0,9 % en 2009 et une croissance en 2008 réévaluée à 3,1 % (après une première estimation de 3,7 %). Toujours selon les économistes sud-coréens, l'agriculture et la pêche auraient diminué de 2,1 % en 2010, et l'industrie de 0,3 %.

 

Si l'on évalue à environ 20 % la part de l'agriculture dans l'économie nord-coréenne, une diminution de 2 % de la production agricole a donc un impact négatif de 0,4 % sur le PIB. Une croissance globalement négative de - 0,5 % signifierait ainsi que, en dehors de l'agriculture soumise à de forts aléas climatiques, le reste de l'économie (mines, industrie, services) aurait enregistré une croissance quasiment nulle. De fait, s'agissant des services, les échanges économiques ont atteint leur plus haut niveau en 2010. Alors que la Corée du Sud est le deuxième partenaire commercial de la Corée du Nord, les exportations nord-coréennes au Sud auraient progressé de 11,7 %, et les importations nord-coréennes du Sud de 16,6 % l'an dernier. Les exportations nord-coréennes vers la Chine ont également atteint un pic l'an dernier, témoignant d'une croissance du secteur des mines. L'essor des mines et des services (lesquels intègrent également le secteur des transports, marqué par une circulation automobile en pleine croissance) plaident, selon nos analyses, pour considérer que l'économie nord-coréenne (hors agriculture et pêche) a progressé en 2010, alors que la croissance de ce secteur est estimé quasi-nulle par la Banque de Corée.

 

kim jong il station huichonSi la République populaire démocratique de Corée ne publie plus régulièrement de statistiques économiques, les informations des médias nord-coréens donnent en effet une image très différente du tableau, assez sombre, dressé par la Banque centrale de Corée du Sud : développement de la production d'électricité (à gauche, le dirigeant Kim Jong-il visitant le barrage Ryongrim, en août 2011), accent mis sur la diversification de la production agricole, relance d'industries traditionnelles comme celle du vinalon, boom du secteur de la construction... Même si nombre des résultats obtenus concernent l'année 2011 (et ne sont donc pas intégrés dans l'évaluation du PIB nord-coréen que vient de publier la Corée du Sud pour 2010), la plupart de ces projets ont été engagés dès 2010.

 

De même, les visiteurs étrangers en RPD de Corée témoignent de signes d'amélioration tangibles, comme la quasi-disparition des coupures d'électricité, au moins dans la capitale, le développement des nouvelles technologies (et notamment de l'usage du téléphone portable, qui a sous-tendu la mise en place d'une industrie domestique) ou le nouvel essor des marchés généraux de biens et de services, après un coup d'arrêt temporaire lié à la réforme monétaire de la fin de l'année 2009, qui a toutefois effectivement eu des effets sur les échanges au début de l'année 2010.

 

Compte tenu de ces éléments, les estimations de la Banque de Corée du Sud doivent être considérées comme ce qu'elles sont : des évaluations, parmi d'autres, basée sur ses propres hypothèses, contestables comme toutes les hypothèses et non dénuées de possibles considérations politiques. 

 

Sur un plan purement technique, les économistes sud-coréens évaluent la situation économique au Nord à partir des multiples témoignages qu'ils recueillent, notamment de visiteurs se rendant dans le pays. Ces observations sur place ne peuvent pas s'appuyer sur des statistiques de production que donneraient les Nord-Coréens. Il s'agit donc essentiellement d'impressions : par exemple, tel spécialiste de l'extraction charbonnière va estimer que la production de charbon au Nord a dû être interrompue suite à des inondations ; tel visiteur relève la modernisation d'une usine textile dans la région de Pyongyang et, compte tenu de ses connaissances accumulées par comparaison avec d'autres pays, donne une évaluation de la production globale à l'échelle du pays, par extrapolation... Comme on le comprend aisément, ces données sont éminemment sujettes à interprétation.

 

La marge d'erreur est considérable, non seulement sur les volumes de production estimés, mais aussi sur les taux de croissance mesurés. Dans ce contexte, évaluer à - 0,3 % la croissance de l'industrie en Corée du Nord en 2010 est un exercice périlleux. Quel spécialiste pourra dire que, dans telle usine nord-coréenne qu'il a visitée, il estime la croissance de la production à - 0,3 % ?  Un tel chiffre n'est que la pondération moyenne des estimations de multiples experts (ou se prétendant tels), elles-mêmes aléatoires et pouvant relever de marges d'erreur qui peuvent être de plus ou moins 3 % (si nous retenons une fourchette étroite). Or, de telles marges d'erreur appliquées à une moyenne de - 0,3 % signifient que, en réalité, la croissance économique constatée serait située entre - 3,3 % et + 2,7 %. Dans le premier cas, la production industrielle recule gravement. Dans le second cas, la production augmente à un bon rythme. Les différences sont considérables et les analyses radicalement différentes. Le scénario à + 2,7 % est compatible avec les informations provenant des médias nord-coréens, quand celui à - 3,3 % pourra être retenu par les néoconservateurs partisans de la thèse de l'effondrement de la RPDC - un effrondrement que, du reste, ils prédisent depuis vingt ans sans que leur prophétie ne se soit réalisée.

 

Privilégier une hypothèse ou une autre est donc un choix purement politique, comme l'illustre notamment le débat sur la production agricole nord-coréenne. L'évaluation de la production agricole devrait être l'une des questions économiques les moins sujettes à discussion compte tenu non seulement du flux d'informations disponibles, notamment des ONG présentes sur place et des équipes d'experts internationaux invités à visiter la RPDC, mais aussi d'éléments objectifs comme les aléas climatiques. Or tel n'est pas le cas : alors que pour les ONG et les agences des Nations Unies (comme du reste selon nous) les récoltes ont été mauvaises en 2010, légitimant l'appel de la RPD de Corée à une aide internationale, le gouvernement sud-coréen estime que la situation ne serait pas plus grave que d'habitude, si bien que l'aide gouvernementale promise par Séoul en août 2011 n'a finalement pas été versée.

 

Face à ce dilemme, la Banque de Corée du Sud a tranché : en 2010, la production agricole nord-coréenne aurait sensiblement baissé, mais dans des proportions moins fortes qu'en 2006 et 2007, à savoir de 2,1 % l'an passé. Il est singulier que l'hypothèse retenue soit celle du gouvernement conservateur à Séoul, jetant une ombre sur l'indépendance des évaluations de la Banque centrale sud-coréenne.

 

De même, comment expliquer que l'estimation de la croissance nord-coréenne ait été publiée cette année en novembre et non comme d'habitude en août, au moment où  faisait rage le débat sur les effets causés par les catastrophes climatiques sur l'agriculture nord-coréenne ? Si l'on ajoute que beaucoup de sources sud-coréennes sont issues des services de renseignement, il doit être rappelé que l'année 2010 a été marquée par de graves incidents dans les relations intercoréennes. Ces éléments de contexte plaident pour accueillir avec la plus grande prudence les récentes analyses des économistes de la banque centrale sud-coréenne sur l'économie nord-coréenne. Invoquer les sanctions internationales pour justifier un taux de croissance légèrement négatif (de seulement 0,5 %, malgré une marge d'erreur importante), comme l'a fait la Banque de Corée, conforte opportunément les orientations politiques du gouvernement de Lee Myung-bak vis-à-vis de Pyongyang.

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28 octobre 2011 5 28 /10 /octobre /2011 20:19

Rajin-Khasan 13102011Le 13 octobre 2011, après trois ans de travaux, un train a parcouru les 54 kilomètres de la nouvelle ligne de chemin de fer reliant la ville de Rajin, en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) et la ville de Khasan, en Fédération de Russie. Ce voyage de démonstration est une nouvelle avancée vers le raccordement des réseaux ferroviaires d'Asie et d'Europe pour le transport des marchandises. Dans le contexte actuel, ce « pont terrestre eurasiatique » (ou « Route ferroviaire de la soie » pour reprendre l'expression de l'ancien président sud-coréen Kim Dae-jung) pourrait constituer une opportunité et un levier de croissance pour les pays européens vivant dans la crainte d'une récession économique.

 

A l'occasion du voyage d'essai d'un train entre la ville nord-coréenne de Rajin et la ville russe de Khasan, une cérémonie s'est tenue le 13 octobre 2011 à la « Maison de l'amitié RPDC-Fédération de Russie » près de la gare frontalière de Tumangang, en Corée du Nord. Y ont pris part Valery Reshetnikov, vice-président de la compagnie des chemins de fer russes RZD, Mikhail Zaichenko, directeur des Chemins de fer russes d'Extrême-Orient, Ju Jae-dok, vice-ministre des Chemins de fer de la RPDC et d'autres responsables russes et coréens.

 

Valery Reshetnikov a rappelé que la liaison Rajin-Khasan fait partie d'un projet de restauration de l'ensemble de la principale ligne du chemin de fer transcoréen en vue de son intégration au chemin de fer transsibérien, ce projet incluant le développement d'un centre de transit majeur dans le port de Rajin.

 

Ju Jae-dok a souligné que le transport de marchandises entre Rajin et Khasan contribuera non seulement aux échanges économiques entre la RPDC et la Russie mais aussi aux échanges entre l'Asie du Nord-Est et l'Europe.

 

Reconnections.jpgAu cours des trois années qui ont précédé le voyage de démonstration du 13 octobre, les ouvriers et les experts des chemins de fer russes et coréens ont travaillé ensemble pour que la nouvelle voie ferrée de 32 km reliant le port de Rajin et la ville frontalière de Tumangang puisse à la fois accueillir les trains russes et coréens, grâce à un double écartement des rails (1 520 mm et 1 435 mm). Du côté russe, la ligne de chemin de fer a aussi été réparée. Des travaux ont notamment été effectués sur les infrastructures telles que les tunnels, aiguillages, gares, lignes électriques et de communication, équipements de drainage.

 

La prochaine étape sera la construction d'un terminal de fret dans le port de Rajin. Situé au nord-est de la péninsule coréenne, sur la mer de l'Est (mer du Japon), le port de Rajin présente l'avantage d'être un port en eau profonde qui ne gèle pas en hiver. Le charbon russe destiné à l'exportation devrait être la première marchandise à emprunter la nouvelle ligne de chemin de fer. Une étude est en cours pour évaluer si les nouvelles infrastructures pourront servir au transport combiné des conteneurs arrivant de Corée du Sud et d'autres pays de la région Asie-Pacifique. L'idée est que les marchandises arrivant au port de Rajin soient ensuite chargées sur des trains pour être acheminées grâce au réseau ferroviaire russe.

 

Mikhail Zaichenko a souligné que, pour acheminer les volumes de marchandises prévus, il sera nécessaire d'améliorer les infrastructures entre les gares de Baranovskiy et de Khasan, distantes de 240 km, reliant le chemin de fer transcoréen au transsibérien.

 

Pour la compagnie des chemins de fer russes RZD, il faudra construire des voies de garage, réouvrir des lignes qui avaient été fermées, reconstruire des gares, étendre les voies d'accueil et de départ et installer de nouveaux équipements électriques. Tous ces travaux permettront de porter la capacité de transport du tronçon Rajin-Khasan à 17 millions de tonnes par an.

 

Le coût total du projet de reconstruction des 54 kilomètres de la ligne de chemin de fer entre Rajin et Khasan et de construction d'un terminal pour conteneurs dans le port de Rajin est estimé à 8,3 milliards de roubles (environ 200 millions d'euros).

 

Ce projet remonte à avril 2008, quand la compagnie des chemins de fer russes RZD et le ministère nord-coréen des Chemins de fer ont signé un accord de coopération prévoyant la création d'une entreprise conjointe, RasonKonTrans, au capital détenu à 70% par RZD et à 30% par le port de Rajin. En août 2008, RasonKonTrans a signé un bail de location de 49 ans avec la société Tonkha, propriété du ministère des Chemins de fer de la RPDC, pour l'exploitation de la ligne Tumangang-Rajin.

 

Le 4 octobre 2008, le projet a officiellement été présenté lors d'une cérémonie qui s'est tenue à Tumangang, avant d'entrer dans sa phase de réalisation concrète en 2009. Aujourd'hui RasonKonTrans est aussi bien en charge du projet que de la coordination des travaux de construction. Le financement de ces travaux est assuré par le capital constitutif de la société RasonKonTrans et par les emprunts qu'elle contracte sur la base de son projet.

 

Au même titre que le projet de gazoduc entre les gisements gaziers russes et la Corée du Sud, en passant par la Corée du Nord, la connexion des réseaux ferroviaires transcoréen et transsibérien est un projet stratégique pour la Fédération de Russie qui entend saisir toutes les opportunités que lui offre sa géographie pour trouver de nouveaux débouchés en Extrême-Orient.

Transsiberien.JPG

A terme, le transsibérien étant connecté au réseau ferroviaire européen, les marchandises circuleront aussi entre l'Europe et l'Asie plus rapidement, à un coût moindre et dans de meilleures conditions de sécurité (en évitant notamment le danger posé par la piraterie) grâce à des installations comme celles du port nord-coréen de Rajin, appelé à devenir un centre logistique majeur pour toute la région Pacifique. On estime que le transport de marchandises par train devrait entraîner une économie de 20 à 30% sur les délais et les coûts logistiques par rapport au transport maritime. Déjà, en janvier 2008, un train de 49 wagons porte-conteneurs était parti de Pékin avant de traverser la Chine, la Mongolie, la Russie, la Biélorussie, la Pologne et l’Allemagne. Après avoir parcouru près de 10 000 km en seulement 15 jours ce train était arrivé au port de Hambourg, en Allemagne. 


Ainsi prend un peu plus corps la vision de l'ancien président sud-coréen Kim Dae-jung, exposée le 8 novembre 2006 devant la conférence ministérielle sur les transports organisée par la Commission économique et sociale pour l'Asie et le Pacifique de l'Organisation des Nations Unies (UNESCAP) : « La glorieuse Route de la soie du passé renaîtra sous la forme d'une 'Route ferroviaire de la soie', faisant entrer l'Eurasie dans une ère de prospérité. L'histoire se répétera. »

 

Sources principales : KCNA, RZD, UNESCAP

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