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5 mai 2009 2 05 /05 /mai /2009 23:09

Après le lancement par la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) du satellite Unha-2, la Korea Mining and Development Corporation figure parmi les trois sociétés nord-coréennes soumises à des sanctions du Conseil de sécurité des Nations-Unies. Un choix logique au regard de la stratégie américaine de pressions économiques sur Pyongyang, qui rappelle par ailleurs une donnée essentielle : les mines constituent une richesse majeure de la RPD de Corée.

Avec des ressources minières estimées à 24 fois celles de la Corée du Sud, la République populaire démocratique de Corée possède un atout économique majeur, notamment dans la perspective d'une réunification de la péninsule, puisqu'elle rétablirait une complémentarité entre le Nord (où étaient implantées la majorité des industries lourdes en 1945) et le Sud, qui abrite traditionnellement les meilleures terres agricoles.

Selon la Banque de Corée (du Sud), le secteur minier représentait 8,7 % du produit intérieur brut de la RPDC en 2004 : si les ressources énergétiques (charbon) forment la principale ressource dans la production minière, devant le fer, le sous-sol nord-coréen est également riche en plusieurs minerais stratégiques : ses réserves de magnésite, tungstène, graphite (production 2006 : 32.000 tonnes ; 6 % des réserves mondiales), or (production 2006 : 2 tonnes) et molybdène placent la RPDC dans les dix premiers rangs mondiaux. Le sous-sol nord-coréen contient également du tungstène, du mercure, des phosphates, de l'argent, du fluor, du titane, du molybdène. La Corée du Nord possède également du sable, du gypse et du marbre.

La Corée du Nord est le premier ou le deuxième pays au monde (après la Chine) pour les réserves de magnésite, estimées à 490 millions de tonnes, en outre de très bonne qualité. La production annuelle de magnésite (10 % du total mondial) classe la Corée du Nord au troisième rang mondial.

S'ajoutent des réserves en pétrole offshore, non exploitées, en mer de l'Ouest, dont la localisation est à cheval entre les espaces maritimes chinois et nord-coréen.

La production de charbon (principalement d'anthracite, dont les réserves sont estimées à 1,8 milliard de tonnes), soit 23 millions de tonnes par, est répartie entre 600 mines. Elle est concentrée dans les régions de Kaechon, Pukchang, Sunchon, et de Tockchon, dans le Sud Pyongan, et à Saebyol, dans le Nord Hamgyong. Une partie de la production est exportée en Chine (soit 2,27 millions de tonnes sur la période janvier-décembre 2005, représentant près de 10 % des importations chinoises de charbon).

Les ressources en fer avaient fait, en 1970, de l'industrie sidérurgique nord-coréenne la quatrième plus puissante d'Asie, après le Japon, la Chine et l'Inde. A la fin des années 1980, l'extension du complexe de Kim Chaek avait porté le niveau annuel de la production d'acier à 7 millions de tonnes. Si la pénurie d'énergie a ensuite affecté les capacités de production, celles-ci tendent à être rétablies : en 2007, la production d'acier a été estimée à 1,23 million de tonnes (en hausse de 16 % par rapport à 2004). La production de fer (5 millions de tonnes en 2005) place la RPD de Corée au 18ème rang mondial.

Le cuivre est produit principalement dans la mine de Musan (Nord Hamgyong), la plus grande d'Asie (ses réserves sont estimées entre 3 et 7 milliards de tonnes), qui produit également du fer, et la mine d'Unryul (Sud Hwanghae) : la production de minerai de cuivre s'est élevée à 4,91 millions de tonnes en 2005 (dont 1 million de tonnes exportées en Chine en 2005, contre 600.000 tonnes en 2004) et 5,13 millions de tonnes en 2007.

S'agissant des métaux non ferreux, les principales autres productions (zinc : production 2006 67.000 tonnes, plomb : production 2006 20.000 tonnes) sont produites dans la mine de Komdok (Sud Hamgyong), et raffinées à Mungyong. La
production de fluor (12.000 tonnes) classe la Corée du Nord au quinzième rang mondial.

Compte tenu de la complémentarité Nord-Sud dans le domaine minier, ce secteur a donné lieu à plusieurs projets intercoréens, conduits, côté Sud, par l'entreprise publique Korea Resources Corporation (KORES) en particulier pour l'exploitation du graphite.

Les ressources minières de la RPD de Corée font également l'objet de partenariats avec des pays étrangers, au premier rang desquels la Chine et l'Allemagne, afin notamment de moderniser les structures de production. En 2005, un accord sino-nord-coréen (entre la Compagnie chinoise des minerais métalliques et le ministère du Commerce extérieur de RPDC) a été le premier dans le secteur minier, en dehors d'une zone économique spéciale : il a porté sur les mines d'anthracite de Yongtung, dont la production annuelle s'élève à 1 million de tonnes. Le 12 décembre 2008, un
accord dans le domaine charbonnier et l'industrie chimique a été signé entre la Chine et la Corée du Nord.

Des sociétés européennes - mais pas françaises - cherchent également à se positionner dans le domaine minier. Un fonds britannique, Chosun Development and Investment Fund, créé et géré par Anglo-Sino Capital Partners, a ainsi annoncé, en 2006, des projets d'investissement principalement dans le secteur minier, à hauteur de 50 millions de dollars puis de 100 millions de dollars.
 

Des groupes nord-coréens sont spécialisés dans la production et les échanges pour le secteur des mines, tels que la
Compagnie Commerciale Coréenne Kwangsong, pour les métaux ferreux et non-ferreux, ou la Compagnie Générale Coréenne de l'Industrie de Magnésie Lourde.

Sources : Korea Energy Economics Institute, 2005 Minerals Yearbook, ministère sud-coréen de la Réunification, index mundi, Wikipédia

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26 janvier 2009 1 26 /01 /janvier /2009 20:58

Au quatrième trimestre de l'année 2008, l'économie sud-coréenne s'est contractée de 5,6 %, portant le taux de croissance sur l'ensemble de l'année à 2,5 %. La Banque de Corée prévoit une poursuite du ralentissement économique en 2009, avec un taux de croissance qui serait limité à 2 % cette année.

Fortement dépendante des exportations vers l'Europe, les Etats-Unis et ses voisins asiatiques - au premier rang desquels la Chine et le Japon - la Corée du Sud a enregistré un net ralentissement de son économie en 2008 : au quatrième trimestre, le taux de croissance a été négatif de 5,6 % par rapport aux trois mois précédents, portant le taux de croissance sur l'ensemble de l'année 2008 à 2,5 % (contre 5 % en 2007). Il s'agit du plus important recul trimestriel du PIB en onze ans, après une progression de seulement 0,5 % au troisième trimestre 2008.

La Banque centrale a révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour 2009 : la prévision de 2 % correspondrait à la plus faible performance économique enregistrée depuis la crise financière de 1997-1998, qui avait alors contraint la Corée du Sud à devoir accepter le plus important programme d'aide jamais consenti à un Etat membre par le Fonds monétaire international, alors que l'économie sud-coréenne avait enregistré, en 1998, un recul de 7,8 %.

Le modèle économique extraverti de la Corée du Sud n'est pas la seule cause du ralentissement économique : la crise économique entraîne également une baisse de la demande intérieure, liée à une augmentation du chômage et, plus encore, du travail précaire, qui touche 7,1 millions de salariés. Elu sur la promesse de porter le taux de croissance économique annuel à 7 % par an, le président Lee Myung-bak entend accélérer le programme de libéralisation de l'économie en combinant des mesures de déréglementation et de baisses d'impôts, tout en ayant impulsé un plan de soutien aux institutions financières. (Sources : AFP, Romandie News

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18 janvier 2009 7 18 /01 /janvier /2009 20:31

Poursuivant sa politique de coopération avec les pays du Sud, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) prévoit d'importer de l'huile de palme brute de Malaisie, principal producteur mondial, en échange de matières premières. En plus de ses utilisations culinaires, l'huile de palme peut servir de carburant, sans transformation préalable, dans les moteurs diesel. Une fois hydrogénée, elle permet de produire un biodiesel ne présentant pas les inconvénients de l'huile brute, tels que l'encrassement du moteur.


En décembre 2008, le ministère des Matières premières et des Plantations de la Malaisie a approuvé l'importation d'ingrédients nord-coréens pour la fabrication d'engrais en échange de la livraison d'huile de palme brute, pour une valeur de 20 millions de dollars. La Malaisie avait déjà conclu un tel accord avec la RPDC, pour une valeur de 60 millions de dollars.


Le 17 janvier 2009, le ministre, Datuk Peter Chin Fah Kui, a déclaré que, "outre avec la Corée du Nord, le ministère travaille sur des accords similaires avec le Maroc, la Jordanie, la Syrie et l'Iran."


De tels accords peuvent être signés en vertu des dispositions sur les crédits de paiement pour l'huile de palme (Palm Oil Credit Payment Arrangement, POCPA) qui permettent, depuis 1992, de financer les exportations d'huile de palme et, accessoirement, de promouvoir la recherche ou l'industrie en Malaisie. En effet, incapable d'absorber à elle seule de tels volumes, la Malaisie a été obligée de créer un marché pour les centaines de milliers, puis pour les millions de tonnes d'huile de palme produites annuellement. Ainsi, grâce à des arrangements financiers bilatéraux comme le POCPA, et à la qualité de sa production, la Malaisie a su attirer et fidéliser les clients des énormes marchés de proximité que sont le Pakistan, la Chine et l'Inde.

 

Le ministre malaisien des Matières premières et des Plantations a aussi souligné qu'il fallait "échapper" aux principaux fournisseurs que sont le Canada et la Russie si on voulait importer au meilleur prix des composants pour engrais, tels que l'azote, le potassium et le calcium.

 

Cette déclaration a été faite après une rencontre avec l'Association des propriétaires de Malaisie (Malaysian Estate Owners' Association, MEOA), où a été dénoncée l'existence d'un marché mondial à deux vitesses pour ce qui concerne la fixation des prix des engrais potassiques.

 

D'après la MEOA, les prix se situent entre 550 et 600 dollars par tonne dans le cas d'une livraison à la Chine et à l'Inde, tandis qu'ils se situent entre 1.000 et 1.100 dollars par tonne pour une livraison à la Malaisie, à l'Indonésie et au Brésil.

 

Afin d'obtenir le meilleur prix pour les ingrédients entrant dans la composition d'engrais, le ministère des Matières premières et des Plantations de Malaisie entend donc suivre une double stratégie : 1)  travailler avec l'Association de l'industrie des engrais de Malaisie pour obtenir le meilleur prix possible sur le marché mondial, 2) troquer ces matières premières indispensables contre de l'huile de palme.

 

Le ministère travaille avec la Banque centrale de Malaisie pour étudier dans quelle mesure de l'huile de palme pourrait être échangée avec les pays qui en ont besoin sans pour autant disposer des devises nécessaires.

 

"Nous pouvons mettre en place avec eux les conditions d'une fourniture des matières premières dont nous avons besoin", a déclaré le ministre Chin. "Nous avons déjà procédé à de tels échanges auparavant en important du minerai de fer d'autres pays."

 

Avec la RPDC, des négociations sont en cours pour décider si la Malaisie doit posséder ses propres mines en Corée du Nord ou seulement importer les matières premières nécessaires à la fabrication d'engrais. (sources : agence malaisienne de presse Bernama Wikipedia ; revue Oléagineux, Corps gras, Lipides)

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5 janvier 2009 1 05 /01 /janvier /2009 16:00

Elu il y a un an sur la promesse de porter le taux de croissance à 7% par an, le président sud-coréen Lee Myung-bak s'est retrouvé confronté à une crise économique internationale : outre des mesures de soutien au financement de l'économie, il a décidé d'accélérer les mesures libérales, alors que la Corée du Sud est l'un des pays industrialisés de l'OCDE où la protection sociale est la moins développée.


Dans ses voeux pour le nouvel an, le président sud-coréen Lee Myung-bak a mis l'accent sur des mesures de libéralisation seules de nature, selon lui, à dynamiser l'économie. Partisan convaincu de l'économie de marché, il a été élu en décembre 2008 sur un programme de réformes libérales, et l'engagement de porter le taux de croissance annuel de 4 % à 7 %. Si la crise financière et économique l'a contraint à revenir sur cette promesse (le 27 décembre 2008, il a prévenu que la croissance économique pourrait « être négative aux premier et deuxième trimestres 2009 »), il a ouvert une session parlementaire extraordinaire pendant les vacances de Noël, afin d'accélérer l'adoption de son programme législatif.


Alors que les Sud-Coréens se souviennent de la crise économique de 1997-1998 (en 1998, l'économie sud-coréenne s'était contractée de plus de 6 %), les signes de la crise actuelle se multiplient. L'emploi précaire touche plus de 7 millions de travailleurs (5 millions de contrats à temps partiel, à durée déterminée ou par intérim et 2,1 millions de travailleurs journaliers). Le 21 décembre, le constructeur automobile SsangYong a annoncé qu'il ne verserait pas les salaires de décembre. Dans ce contexte, l'indice Kospi de la bourse de Séoul a reculé de presque 50 % en 2008 : la crise économique est essentiellement d'origine financière, les fondamentaux de l'économie étant moins dégradés qu'il y a dix ans. Ainsi, le ratio d'endettement des entreprises, mesuré par rapport à leur capital, est quatre fois moins élevé qu'en 1997.


Dans ce contexte, le gouvernement sud-coréen a d'abord réagi par des mesures de soutien au financement de l'économie : outre des aides directes ou indirectes (sous forme de garanties, pour un montant de 100 milliards de dollars) au secteur bancaire, le plan de relance sud-coréen comporte des dépenses publiques d'investissement, ainsi que des baisses d'impôts, pour un montant de 14.000 milliards de won (soit 7,53 milliards d'euros).


Dans son message du nouvel an, Lee Myung-bak entend à présent accélérer les réformes de structure de l'économie, dans le cadre notamment d'un paquet législatif qu'il aurait souhaité voir adopter avant le 31 décembre 2008, s'il n'avait dû affronter la résistance résolue du Parti démocratique (opposition) : la ratification de l'accord de libre échange avec les Etats-Unis est au coeur de ce programme de réformes, six mois après les manifestations de plusieurs centaines de milliers de personnes contre la décision unilatérale du président Lee Myung-bak, qui était l'un des plus fidèles alliés du président George W. Bush, de rouvrir le marché sud-coréen aux importations de boeuf américain.


Manifestation du 31 mai à Séoul, contre la reprise de l'importation de boeuf américain


Parmi les annonces du nouvel an figure un soutien aux petites et moyennes entreprises qui créeraient des emplois ou maintiendraient leur effectif salarié, ainsi qu'une réduction du « poids excessif » des entreprises publiques, faisant peser une menace sur l'emploi public. Par ailleurs, Lee Myung-bak à réagi à l'éditorial conjoint du 1er janvier 2009 des principaux journaux nord-coréens, en déclarant qu'il maintiendrait son approche « flexible » vis-à-vis de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) : « Je suis totalement prêt et préparé à discuter avec la Corée du Nord à tout moment, et à coopérer avec elle comme partenaire ». Nonobstant ces déclarations, qui ont toujours posé des conditions à un dialogue intercoréen dans des termes jugés inacceptables par Pyongyang, Lee Myung-bak ne s'est toujours pas engagé clairement à mettre en oeuvre les déclarations conjointes Nord-Sud du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007, cosignées avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il par ses prédécesseurs Kim Dae-jung et Roh Moo-hyun, au nom de la Corée du Sud. (Sources : Philippe Mesmer, « En Corée du Sud, les travailleurs précaires sont les premiers à faire les frais de la crise économique », in Le Monde, 30 décembre 2008, p. 10; « President Lee Vows Economic Revival, Reform » in Korea Times, édition en ligne du 2 janvier 2009)

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24 décembre 2008 3 24 /12 /décembre /2008 21:50

L’augmentation du prix des matières premières agricoles a conduit les gouvernements et les entreprises de certains Etats riches en devises, mais importateurs de produits agricoles, à investir dans les terres arables d’autres pays, notamment du Tiers Monde. Suite à la location par Daewoo pour 99 ans de 1,3 million d’hectares de terres arables à Madagascar, la Corée du Sud occupe le premier rang mondial de ce nouveau marché très lucratif, qui a conduit la FAO à pointer les risques d’un "néocolonialisme agraire".

2.306.000 hectares : selon l’ONG internationale GRAIN, dont le siège est située à Barcelone, il s’agit des terres arables louées, ou plus rarement vendues, par des pays en développement à la Corée du Sud, soit une superficie supérieure à celle de l’ensemble des terres cultivées en Corée du Sud.

Alors que le prix des matières premières agricoles est appelé à rester structurellement élevé, les gouvernements et les entreprises de pays riches en devises, mais pauvres en terres agricoles, ont choisi d’investir dans ce nouveau marché, pour prévenir tout risque de rupture dans l’approvisionnement alimentaire de leurs populations. La Corée du Sud occupe le premier rang mondial des acheteurs, suivie par la Chine (2,09 millions d’hectares), l’Arabie Saoudite (1,61 millions d’hectares), les Emirats arabes unis (1,28 million d’hectares) et le Japon (324.000 hectares), soit au total près de 8 millions d’hectares de terres arables loués ou, dans certains cas, vendus à l’étranger.

Les vendeurs sont d’abord des Etats du Tiers Monde, même si l’on trouve également des pays riches relativement sous-peuplés par rapport à l’étendue de leurs terres agricoles. Outre Madagascar, l’Argentine, les Philippines, l’Indonésie, la Mongolie et le Soudan ont loué ou vendu des terres arables à la Corée du Sud. Pour sa part, la Chine a acheté notamment des terres à l’Australie, au Cameroun, à Cuba, au Kazakhstan, au Laos, au Mexique, à l’Ouganda, à la Tanzanie. Parmi les autres Etats "vendeurs" de terres figurent, sur le continent américain, les Etats-Unis et le Brésil ; en Afrique, l’Algérie, l’Angola et l’Egypte ; en Asie et en Océanie, le Pakistan et la Nouvelle-Zélande.

Si le phénomène d’accaparement des terres agricoles n’est pas nouveau, il s’est accéléré en 2008, selon l’ONG GRAIN, qui souligne aussi les perspectives de rendement de tels investissements, alors que le réchauffement climatique et la surutilisation des engrais favorise les catastrophes naturelles et la raréfaction des terres agricoles. A cet égard, l’
exemple dramatique de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), passée en moins de dix ans (entre 1989 et 1996) du statut d’exportateur de biens agricoles à celui d’importateur net, aujourd’hui dépendant du Programme alimentaire mondial (PAM), n’a pu qu’inciter les entreprises et le gouvernement sud-coréens à investir massivement sur le marché des terres arables.

Le plus grand accord au monde de location de terres agricoles a été conclu, au deuxième semestre 2008, par la filiale agroalimentaire de Daewoo (Daewoo Logistics) dans l’ouest et le nord-est de Madagascar. Constituant actuellement des zones de savane dédiées à l’élevage, les terres concernées couvrent une superficie de 1,3 million d’hectares. La mise en valeur sera effectuée par des ouvriers agricoles malgaches, formés par des ingénieurs sud-coréens et sud-africains, selon les précisions apportées par M. Yong Nam-ahn, président de Daewoo Logistics, dans une conférence de presse du 17 novembre 2008. La production annuelle se répartirait entre 500.000 tonnes d’huile de palme (dans les 300.000 hectares loués dans la partie est) et 4 millions de tonnes de maïs (dans la zone ouest, couvrant 1 million d’hectares), pour un investissement estimé à 4,8 milliards d’euros (soit 6 milliards de dollars) pendant vingt-cinq ans. La Corée du Sud importe actuellement chaque année 11 millions de tonnes de maïs. Les terres arables cultivées à Madagascar sont légèrement supérieures à 2 millions d’hectares, alors que 35 millions d’hectares de terres pourraient être cultivés selon certains experts.

Pour le président malgache – un des plus riches entrepreneurs du pays, qui a fait fortune dans le yaourt – l’accord conclu avec Daewoo Logistics permet de moderniser l’agriculture du pays et d’apporter des devises, même si l’on peut observer que, à long terme, l’accord devrait être financièrement très avantageux pour l’acheteur. Par ailleurs, les terres agricoles ainsi mises en valeur ne profiteront pas aux populations malgaches avant la fin du contrat, d’une durée de 99 ans. Dans le cas de la Corée, il faut rappeler que, pendant la période de colonisation japonaise (1910-1945), les meilleures terres de la péninsule avaient été accaparées par les Japonais et leur production envoyée dans l’archipel nippon, alors que les Coréens étaient exposés à des conditions alimentaires critiques.

L’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a pointé des risques de "néocolonialisme agraire". Dans un entretien au quotidien Le Monde, M. Paul Mathieu, expert à la FAO, estime que "ce phénomène comporte des risques, comme l’expropriation, mais aussi des opportunités. A l’échelle mondiale, il faut augmenter la production agricole." Pour ce dernier, un accord "gagnant-gagnant" suppose des apports de capitaux et de technologies pour améliorer la productivité des terres, en veillant à ne pas sacrifier les habitants. La FAO envisage ainsi la publication prochaine d’un "mode d’emploi sur les contrats de location et les méthodes de compensation".

Paul Mathieu ajoute que, selon lui, les Etats doivent passer de tels contrats, afin de les inscrire dans un processus de développement durable. Ce n’est pas le choix retenu à Madagascar, ou l’accord a été passé par l’un des conglomérats sud-coréens et non par le gouvernement du président Lee Myung-bak, partisan inconditionnel de l’économie de marché. (sources : AAFC, Le Monde, éditions des 23 novembre 2008, p. 4, et 13 décembre 2008, p. 5,
site de l’ONG GRAIN)

 


Communiqué du Collectif pour la défense des terres malgaches sur l'"affaire Daewoo", 23 décembre 2008

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14 décembre 2008 7 14 /12 /décembre /2008 17:07

La Chine, le Japon et la Corée du Sud ont tenu un sommet tripartite à Fukuoka, au Japon, le samedi 13 décembre 2008. Une initiative appelée à renforcer la coordination entre les trois puissances économiques asiatiques, mais sans volonté réelle de mettre en oeuvre des politiques concrètes rompant avec les dogmes libéraux des institutions financières internationales.


Après le déclenchement de la crise économique et financière qui a durement touché l'économie sud-coréenne, le sommet dans la ville japonaise de Fukuoka, le 13 décembre 2008, entre le Premier ministre chinois Wen Jiabao, le Premier ministre japonais Taro Aso et le Président sud-coréen Lee Myung-bak, témoigne du renforcement de la coopération entre les trois principales puissances asiatiques, alors que le Japon reste le seul pays non européen
 membre du club fermé du G7.

Confirmées lors d'une conférence de presse commune tenue à l'issue du sommet, les annonces sont cependant restées au niveau des déclarations de principe : volonté de jouer un rôle accru pour inverser le cours récessif de l'économie mondiale et revenir à une croissance durable, nécessite d'une plus grande coopération pour lutter contre les catastrophes naturelles (tremblements de terre, typhons, inondations, tsunamis...).

Par ailleurs, Pékin, Tokyo et Séoul ont réaffimé leur foi dans les dogmes libéraux des institutions financières internationales (FMI, Banque mondiale) : refus du protectionnisme, appel à lever les barrières douanières et aux investissements internationaux, mise en oeuvre des mesures de l'OMC. Faute d'une volonté de prendre des mesures économiques  adaptées aux spécificités des trois principales puissances asiatiques, il est donc hautement probable que le sommet de Fukuoka s'ajoute à la liste - déjà longue - des récentes réunions internationales s'étant bornées à dresser un état des lieux de la crise économique et financière, sans chercher à en identifier les causes, et encore moins à y remédier. (Sources : AAFC, Xinhua)

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14 décembre 2008 7 14 /12 /décembre /2008 16:15

La société égyptienne Orascom a annoncé l'ouverture, le lundi 15 décembre 2008, du premier réseau de téléphonie mobile de troisième génération (3G) en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Un bond technologique pour la RPDC, toujours soumise à l'embargo américain.

La République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) est le pays soumis au plus vieil embargo du monde, depuis plus d'un demi-siècle. A l'instar de leurs voisins du Sud, les Nord-Coréens parient toutefois sur les nouvelles technologies de l'information et de la communication pour moderniser leur économie, gravement affectée par la disparition des démocraties populaires en URSS et en Europe de l'Est, ainsi que par des catastrophes climatiques sans équivalent dans aucun autre Etat au monde depuis 1992.

Dans ce contexte, suite aux tests concluants effectués par la compagnie égyptienne Orascom en mai 2008, le premier réseau de téléphonie mobile 3G sera lancé à Pyongyang le lundi 15 décembre 2008, ainsi que l'a annoncé Mme Rasha Mohamed, porte-parole d'Orascom Telecom. Selon cette dernière, c'est la première fois qu'une compagnie étrangère de télécommunications obtient une licence commerciale en RPDC dans le secteur des télécommunications.

Le capital de l'opérateur du réseau, CHEO Technology JV Co., est détenu à 75 % par Orascom Telecom, et à 25 % par la Compagnie coréenne des postes et télécommunications. La licence a été attribuée pour une durée de 25 ans.

Ayant déjà ouvert des réseaux GSM de troisième génération au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie du Sud, l'entreprise égyptienne prévoit, au cours des trois prochaines années, des investissements à hauteur de 400 millions de dollars dans l'infrastructure du réseau et les droits de licence. Pyongyang et les principales villes de RPD de Corée devraient être couvertes d'ici un an.
 (Source : StarTribune.com)

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22 octobre 2008 3 22 /10 /octobre /2008 23:24

Alors que la Corée du Sud pourrait être l'une des économies asiatiques les plus touchées par la crise financière, le Parlement sud-coréen est appelé à se prononcer, dans les derniers jours d'octobre 2008, sur un plan gouvernemental comportant notamment une garantie de 100 milliards de dollars à 18 établissements financiers. Une réponse qui suit celle des autres principaux pays industrialisés, alors que Séoul cherche également à se positionner sur la scène internationale.

Face à la pire crise économique et financière de l'histoire coréenne depuis 1998, les autorités de Séoul ont annoncé, le dimanche 19 octobre 2008, un plan de soutien au secteur bancaire et financier, qui devrait passer sans difficultés l'étape parlementaire, au cours de la semaine du 27 octobre 2008. Suiviste des autres grands pays industrialisés dans leurs réponses nationales à la crise financière, la Corée du Sud cherche toutefois à se positionner dans les instances internationales.

D'une crise financière à une crise économique

La crise a déjà eu une dimension financière : le principal indice de la Bourse de Séoul,
le Kospi, a reculé de 40 % entre juin et octobre 2008

L'affaiblissement du won, dont le taux de change est passé de 937 won pour un dollar en janvier à 1.334 won pour un dollar le 17 octobre 2008, pèse fortement sur les prix des produits importés.

Pour le seul secteur bancaire, les 18 établissements bénéficiaires du plan gouvernemental, détaillé ci-après, entendent diminuer les salaires de leurs cadres et geler les augmentations de leurs employés.

Le manque de liquidités devrait affecter le financement des différents secteurs économiques : face à ce risque, la commission des services financiers (FSC) entend accorder des primes aux banques qui engageront des mesures internes de restructuration, tout en respectant leurs engagements de prêts aux particuliers et aux petites et moyennes entreprises.

La tendance au recul de la croissance économique devrait se poursuivre jusqu'en juin 2009, selon le gouverneur de la Banque centrale, auditionné par le Parlement sud-coréen.

Le plan sud-coréen de lutte contre la crise

Initialement réticentes à intervenir dans la sphère économique, les autorités sud-coréennes ont finalement opté pour un plan de soutien au secteur bancaire et financier qui s'inspire largement des dispositions mises en place en Europe et en Amérique du Nord.

Le 19 octobre 2008, dans un communiqué commun avec la banque centrale (la Banque de Corée), le gouvernement sud-coréen a annoncé une garantie des prêts interbancaires en devises étrangères à hauteur de 100 milliards de dollars américains : le dispositif bénéciera à 18 banques sud-coréennes, pour une durée de trois ans (jusqu'en juin 2009) à compter de la date des emprunts. Par ailleurs, la Banque de Corée apportera des liquidités au secteur bancaire, pour l'équivalent de 30 milliards de dollars, en utilisant les réserves en devises étrangères. Ces sommes seront réparties entre 10 milliards de dollars pour soutenir le won sur le marché des changes et 20 milliards de dollars de soutien aux exportateur de taille moyenne. Des aménagements fiscaux constituent le troisième et dernier volet de ce plan.

Adopté en conseil des ministres, le plan de garantie aux prêts interbancaires devrait franchir sans encombres la phase de l'adoption parlementaire, où il est attendu que l'opposition (de centre-droit) approuve globalement ce programme de mesures. A cet égard, la faiblesse de la gauche sud-coréenne (9 % des voix aux dernières élections législatives, 5 sièges de députés sur 299) n'encourage pas, en Corée du Sud, l'émergence d'un débat politique de fond sur le modèle économique sud-coréen.

Séoul dans le jeu des puissances internationales

Forte d'une économie se classant, suivant les données, au dixième ou au onzième rang mondial, la Corée du Sud entend prendre toute sa place dans les prochains sommets internationaux . A cet égard, la Corée du Sud est membre du G20 qui réunit, outre les Etats membres du G7, les 13 principales puissances industrielles du monde développé ou en voie de développement (sur la carte ci-contre, les pays en bleu foncé sont directement membres du G20, les pays en bleu clair sont indirectement membres du G20 par leur appartenance à l'Union européenne, membre à part entière du G20). La prochaine réunion du G20 est attendue pour le 15 novembre 2008, afin d'examiner "les progrès réalisés pour faire face à la crise financière actuelle" et trouver un accord "sur un ensemble de principes communs en vue de réformer les régimes institutionnels et de réguler les secteurs financiers mondiaux", selon Dana Perino, porte-parole de la présidence américaine.

Dans un entretien au quotidien français Le Figaro, le président sud-coréen Lee Myung-bak (conservateur) a plaidé pour une participation des pays émergents à une réforme du système financier international, en envisageant également de nouveaux modes de régulation.

Compte tenu de leur forte intégration économique régionale, la Chine, le Japon et la Corée du Sud ont décidé de mettre en place, d'ici novembre 2008, un système trilatéral de surveillance qui porterait sur les actifs financiers, les investissements et les risques des principales banques asiatiques. Inspiré du mécanisme adopté par les ministres des finances des pays membres du G7, ce dispositif témoigne d'une volonté nouvelle de coordination entre les trois principaux acteurs économiques d'Extrême-Orient.

Conclusion : le contre-coup d'une crise de croissance de l'économie sud-coréenne ?

Alors que la Corée du Sud a enregistré, entre 1970 et 1990, la plus forte croissance jamais enregistrée par un pays industrialisé, la sévérité attendue des difficultés financières sur l'économie sud-coréenne pose la question d'une crise de croissance trop rapide, marquée par :

- une dérégulation du secteur bancaire et financier,
- l'absence - sans équivalent dans les autres pays de l'OCDE - d'un système viable de protection sociale, 
- un modèle de développement extraverti, fondé sur l'ouverture économique et commerciale au reste du monde.

La crise financière de 1998 avait conduit à une restructuration du secteur bancaire, par le démantèlement des conglomérats économiques et financiers sud-coréens, les chaebols. Immédiatement après son élection le 19 décembre 2007, le président Lee Myung-bak avait annoncé son intention d'assouplir les règles de concentration. Mais la survenance de la crise financière a évité une telle reconstitution des chaebols, dont la fragilité financière avait été un des moteurs de la crise de 1998.

Si la comparaison avec la République populaire démocratique de Corée (RPDC) voisine est délicate, après les graves difficultés nées dans les années 1990 - pour la Corée du Nord - de la disparition de l'URSS, de catastrophes climatiques exceptionnelles et d'un sous-investissement, force est de constater que la RPDC est à l'abri des turbulences du système financier international, dans lequel elle n'est pas intégrée. (Sources : AAFC, KBS World Radio, La presse canadienne, Le Nouvel Observateur. Photo : Reuters)

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19 octobre 2008 7 19 /10 /octobre /2008 14:48

La crise financière n'a pas épargné la Corée du Sud : alors que le président Lee Myung-bak, fervent partisan de l'économie de marché, n'a d'abord pas suivi les gouvernements européens et nord-américains dans leur plan de soutien au secteur bancaire, les lourdes conséquences attendues sur l'économie réelle l'amènent aujourd'hui à plus de... flexibilité.

Vendredi 17 octobre 2008, l'indice de référence de la Bourse de Séoul, le Kospi, a clôturé à 1180,67 points, soit son plus bas niveau depuis trois ans. Parallèlement, la crise financière internationale s'est traduite par une forte dépréciation du won face au dollar - de plus d'un tiers de sa valeur en un mois - et donc par un renchérissement des produits importés. Alors que le gouvernement sud-coréen avait d'abord refusé de suivre la majorité des autres gouvernements de l'OCDE dans leurs de soutien au secteur financier, les conséquences sur l'économie réelle conduisent à présent l'ultra-libéral Lee Myung-bak à envisager des mesures publiques d'aide aux banques. Après les concertations de ces derniers jours, une plan pourrait être annoncé officiellement le lundi 20 octobre dans l'après-midi.

Les mesures à l'étude concernent à la fois l'économie coréenne et l'Asie de l'Est. Pékin, Tokyo et Séoul ont ainsi envisagé la création d'un Fonds asiatique commun doté de 80 milliards de dollars, dont la mise en place se heurte toutefois à la clé de répartition de la charge financière entre les trois pays et, éventuellement, d'autres pays membres de l'Association des Nations d'Asie du Sud-Est (acronyme anglais : ASEAN). Au plan domestique, Séoul envisagerait de fournir par l’intermédiaire de la Banque d’import-export 20 milliards de dollars aux PME ainsi qu’aux institutions financières, et d'intervenir à hauteur de 10 milliards de dollars sur le marché des changes. Une diminution des taxes sur les transactions boursières et des déductions fiscales sur les mouvements de capitaux à long terme seraient également à l'étude. (sources : AAFC, Hankyoreh, KBS World Radio)

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10 octobre 2008 5 10 /10 /octobre /2008 22:53

L'Association d'amitié franco-coréenne a déjà consacré plusieurs articles à ce qu'il est convenu d'appeler le "pont terrestre eurasiatique", la liaison ferroviaire qui rapprochera bientôt un peu plus l'Europe occidentale et l'Asie du Nord-Est, et dont la Corée constitue un maillon essentiel. En mars 2008, à l'avant-garde de ce vaste projet, la Fédération de Russie et la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), avaient convenu d'en entamer au plus vite les travaux. C'est chose faite depuis le 4 octobre.


Le 4 octobre 2008, dans la gare nord-coréenne de Tumangang, s'est tenu un événement dont on n'a pas fini de mesurer l'impact : le lancement des travaux de rénovation de la liaison ferroviaire (54 kilomètres) entre la cité portuaire de Rajin, en Corée du Nord, et la ville de Khasan, en Russie. Signe de l'importance de ce moment pour les deux pays, assistaient notamment à la cérémonie du lancement des travaux le ministre nord-coréen des Chemins de fer, Jon Kil-su, le président de la Compagnie des chemins de fer russes RZD, Vladimir Yakounine, le gouverneur du kraï de Primorsk (Russie extrême-orientale), Sergei Darkine, et le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Alexei Borodavkine.


Avec 1,2 million d'employés et 85.5000 kilomètres de voies, RZD est une des plus grandes sociétés ferroviaires du monde. Chaque année, elle transporte 1,3 milliard de passagers et 1,3 milliard de tonnes de fret, assurant plus de 3,6% du produit intérieur brut de la Russie et près de 80% des transports dans le plus vaste pays du monde.


Le projet pilote russo-coréen de réhabilitation de la liaison ferroviaire entre Khasan et Rajin figure dans un accord de coopération signé le 24 avril par RZD et le ministère des Chemins de fer de la RPDC. Outre 54 kilomètres de voies, ce sont 10 gares, 3 tunnels et plus de 40 ponts qui seront reconstruits. Un terminal pour conteneurs sera aussi édifié dans le port de Rajin, pouvant accueillir 400.000 conteneurs standard* par an, une capacité qui sera portée à 700.000 conteneurs par la suite.


Ce projet, d'une valeur estimée de 150 millions d'euros, permettra de relier le port en eaux profondes de Rajin, idéalement situé au nord-est de la RPDC, au chemin de fer transsibérien. Douze trains pourront emprunter quotidiennement, dans chaque sens, la liaison ferroviaire Khasan-Rajin, ce qui représente une capacité annuelle de 4 millions de tonnes. En passant par le port de Rajin puis par le Transsibérien, les marchandises mettront alors 14 jours pour arriver d'Asie en Europe, contre 45 jours par la mer aujourd'hui.


Au cours de la cérémonie du 4 octobre, le président de RZD a rappelé que ces travaux sont le fruit du sommet d'août 2001 entre le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, et le président de la Commission de la Défense nationale de la RPDC, Kim Jong-il. Soulignant la bonne coopération dans le domaine ferroviaire entre les deux pays, il a ajouté que ce n'était que la première étape d'un grand projet visant à connecter les chemins de fer transsibérien et transcoréen afin de créer le plus long corridor de transport entre l'Europe et l'Asie, d'une longueur de plus de 10.000 kilomètres. Vladimir Yakounine a aussi précisé que dès 2011, il sera possible de prendre en charge plus de 35.000 conteneurs à partir de Khasan, puis 70.000 en 2012 et jusqu'à 100.000 en 2013.


Le ministre nord-coréen des Chemins de fer a pour sa part souligné la siginification d'un tel événement peu après le soixantième anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la RPDC et la Russie. Il a également noté que la liaison ferroviaire entre Rajin et Khasan, en plus de contribuer au développement de l'économie, des transports et du bien-être des peuples en Corée et en Russie, offre la perspective d'une route internationale assurant un transport sûr entre l'Asie et l'Europe.


La Compagnie des chemins de fer russe et le port de Rajin ont établi ensemble, pour une durée de 49 ans, une société qui signera les contrats des travaux de conception et de réalisation du projet. Cette société conjointe, détenue à 70% par la Fédération de Russie et à 30% par la RPD de Corée, exploitera ensuite le terminal du port de Rajin et la liaison Rajin-Khasan en fixant ses propres tarifs. Des discussions sont également en cours pour simplifier les procédures douanières aux gares frontalières de Tumangang et de Khasan, et il est envisagé de proposer des conditions tarifaires préférentielles aux transports passant par le territoire russe.


Il s'agit d'un projet stratégique pour la Russie qui entend saisir toutes les opportunités que lui offre sa géographie et trouver de nouveaux débouchés en Extrême-Orient. Le président de RZD déclarait ainsi dès le 9 septembre 2008 : "La Sibérie et l'Extrême-Orient sont inextricablement liées. Si des produits commencent à arriver de l'est, les revenus et la base d'imposition augmenteront en Sibérie. Dans cette perspective, les Chemins de fer russes commenceront, en Corée du Nord, à reconstruire la liaison ferroviaire entre Rajin et Khasan et à construire un terminal pour conteneurs dans le port de Rajin. C'est un élément important du développement des partenariats entre pays de la zone Asie-Pacifique, recherché par le gouvernement russe et d'autres régions de la Russie."


Outre la Russie et la RPDC, un tel projet intéresse aussi directement la Corée du Sud. Lors d'une réunion en 2006, les administrations ferroviaires russe, nord-coréenne et sud-coréenne ont convenu de coordonner leurs efforts pour moderniser le chemin de fer transcoréen, de renforcer leur coopération et de mettre en oeuvre des projets communs destinés à accroître la quantité de marchandises transportée par le chemin de fer transsibérien. La nouvelle société russo-coréenne envisage d'ores et déjà la création d'une compagnie spécialisée dans la logistique en partenariat avec les transporteurs sud-coréens afin d'organiser le trafic maritime entre le port de Pusan, en Corée du Sud, et le terminal de Rajin.


La reconstruction de l'ensemble du corridor de transport entre l'Asie du Nord-Est et l'Europe occidentale devrait coûter de 7 à 8 milliards de dollars (de 5 à 6 milliards d'euros, estimation provisoire). RZD suggère que cette reconstruction soit financée par un consortium international. Outre la Russie, la Corée du Nord et la Corée du Sud, des investisseurs d'Allemagne, Italie, Finlande, Japon et Chine seraient intéressés par le projet. La reconstruction de la liaison ferroviaire entre Rajin et la frontière chinoise permettrait aux marchandises chinoises d'emprunter aussi ce corridor de transport.

 
 

 

Par son ampleur, le projet ferroviaire initié en 2001 par les Russes et par les Coréens paraît de nature à changer radicalement la perception de l'espace eurasiatique et les rapports entre les nations au sein de cet espace. Il peut créer une dynamique et une nouvelle donne (en anglais "New Deal") à l'échelle de plusieurs pays et continents, d'autant plus urgentes et nécessaires que la crise financière née aux Etats-Unis menace de se propager à l'économie "réelle" dans le monde entier. (sources : ITAR-TASS, KCNA, Railway Gazette International, RIA-Novosti, RZD)


* Un conteneur standard TEU ("twenty-foot equivalent unit", ou "équivalent vingt pieds") représente une capacité d'environ 30 mètres cube.

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