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13 juin 2013 4 13 /06 /juin /2013 23:26

peace_tree_1.jpgA l'occasion du 13ème anniversaire de la déclaration conjointe Nord-Sud du 15 juin 2000, adoptée lors de la première rencontre au sommet entre les dirigeants des deux Etats coréens,  trois membres du bureau de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) - Benoît Quennedey, Patrick Kuentzmann et Maurice Cukierman - ont donné le 11 juin 2013 un entretien sur la situation en Corée à l'Alliance coréenne pour la réunification et la démocratie. Ils ont exprimé leur espoir que l'avenir du peuple coréen soit placé sous le sceau de la paix et de la réunification.

 

La métaphore de l'arbre est riche de symboles, puisqu'il puise ses racines dans un avenir partagé par tous les Coréens et que, au fur et à mesure de sa croissance et de son développement, ses branches expriment les promesses fructueuses de futures coopérations intercoréennes, fondées sur la déclaration historique du 15 juin 2000. L'arbre est aussi un symbole de paix, dans la mesure où il représente la nature reprenant ses droits sur des territoires naguère meurtris par la guerre.  

 

C'est devant un arbre de la paix rappelant que la Corée est une, et sur lequel ils avaient placé des messages de prospérité pour le peuple coréen, que trois membres du bureau de l'AAFC ont déployé des banderoles en coréen et en anglais où étaient inscrits des messages en faveur de la paix dans cette région du monde durement touchée par les conflits de l'époque contemporaine : plusieurs millions d'hommes, de femmes et d'enfants ont péri lors de la guerre de Corée (1950-1953). Celle-ci s'est conclue par un simple accord d'armistice, rendant urgente la signature d'un traité de paix pour que, à l'avenir, plus jamais des Coréens n'affrontent d'autres Coréens.

 

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peace-tree_conference-15-juin-2000_AAFC.jpgDonnant une interview qui sera diffusée sur Internet à l'occasion du 13ème anniversaire de la déclaration conjointe Nord-Sud du 15 juin 2000, Benoît Quennedey, Patrick Kuentzmann et Maurice Cukierman ont rappelé les espoirs soulevés par une décennie de "politique du rayon de soleil", de 1998 à 2008, ensuite mise à mal par la politique nord-coréenne du Président conservateur Lee Myung-bak (2008-2013). Sa successeur, Mme Park Geun-hye, était face à un dilemme, affichant sa volonté de renouer avec le dialogue intercoréen mais sans se départir de l'équipe politique de son prédécesseur, dont elle avait reconduit plusieurs des ministres. Le 11 juin 2013, l'échec au dernier moment de la reprise des pourparlers interministériels Nord-Sud, en raison de divergences sur le niveau de représentation jugé insuffisant par chacune des deux parties, témoignait de l'ampleur de la tâche à accomplir pour restaurer un climat de confiance et d'échanges - Pyongyang ayant accusé Séoul, le 13 juin, d'un manque de sincérité dans sa réponse à son offre de dialogue.

 

Les Coréens du Nord, du Sud et de la diaspora partagent une histoire, une langue et une culture communes anciennes de plus de 4.000 ans, la péninsule coréenne ayant réalisé son unité politique dès le 7ème siècle de notre ère. En 1991-1992, l'entrée conjointe des deux Corée aux Nations Unies et la signature du traité de base intercoréen avait ouvert la voie à des échanges économiques, culturels et humains accrus, dont la zone industrielle de Kaesong, jusqu'à la suspension récente de ses activités, était l'un des symboles les plus marquants. Après 2008, la fin du tourisme des Monts Kumgang, la suspension des réunions de familles séparées par la guerre et la division du pays ainsi que la fin des échanges intercoréens (à l'exception de la zone de Kaesong), suite au dramatique incident du Cheonan (imputé, sans preuves matérielles satisfaisantes, à la RPDC par la Corée du Sud), avaient toutefois signalé le naufrage des coopérations nouées pendant la politique du rayon de soleil, sous les présidences démocrates, à Séoul, de Kim Dae-jung (1998-2003) et Roh Moo-hyun (2003-2008). Les deux chefs d'Etat avaient rencontré à Pyongyang Kim Jong-il, président de la commission de la défense nationale de la RPD de Corée, permettant la signature des déclarations communes Nord-Sud du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007. En liant dialogue intercoréen et question nucléaire (laquelle concerne en fait les relation nord-coréano - américaines), et en proposant un "plan 3 000" perçu comme une aumône par les autorités nord-coréennes et une ingérence dans leur politique économique,le Président Lee Myung-bak avait aussi tenté, sans succès, de modifier les paradigmes des relations intercoréennes.

 

Pour l'avenir, les relations intercoréennes dépendront des Coréens eux-mêmes, qui sauront certainement faire preuve de créativité, alors que les expériences récentes de réunification d'Etats divisés - au Vietnam, en Allemagne ou au Yémen - ne correspondent pas aux modèles les plus prévisibles, ni nécessairement les plus souhaitables.

 

Photos Alain Noguès

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11 juin 2013 2 11 /06 /juin /2013 22:23

Lundi 10 juin 2013 à partir de 18h30, Benoît Quennedey, vice-président de l’Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) en charge des actions de coopération a participé à une rencontre avec les lecteurs. Le lieu était la librairie rennaise Planète Io 7 rue Saint-Louis qui régulièrement organise des animation sur des sujets d'actualité et culturels. Les membres du comité régional Bretagne de l'AAFC ont participé à la réalisation de cette rencontre inédite, qui annonce certainement d'autres coopérations en Bretagne dans le domaine culturel.

 

 Dans une ambiance détendue, à la fois curieuse et ouverte, l’auteur de L’Economie de la Corée du Nord 2012, récemment paru aux Indes Savantes, a répondu aux questions diverses et variées. Tout d’abord sur son itinéraire personnel qui l’avait amené à s’intéresser à ce pays et plus particulièrement à son économie, puis sur ses projets d’ouvrages.

 

 Ensuite son ouvrage étant le seul en français et en anglais sur la question, il a repris l’historique de la péninsule coréenne, de sa division et de l’évolution économique au Nord mais aussi au Sud, avant de répondre à des questions sur les investissements étrangers, les actions de coopération, les négociations passées et à venir ou encore la place des femmes dans la société nord-coréenne…

 

En conclusion il a expliqué pourquoi il était optimiste sur l'avenir de la Corée et les raisons de sa conviction en la réunification de la péninsule coréenne, pays à l'histoire plurimillénaire ayant réalisé son unité dès le septième siècle de notre ère.

 

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Photo : AAFC - YB.  

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12 mai 2013 7 12 /05 /mai /2013 15:43

USS_Nimitz.jpgLes manoeuvres militaires américano-sud-coréennes en mars et avril 2013 ont coïncidé avec le déploiement par les Etats-Unis de forces militaires sans précédent dans la région depuis l'armistice de la guerre de Corée en 1953, conformément à un plan militaire préparé de longue date avec l'appui du renseignement américain, baptisé « Playbook », et dont l'existence a été révélée par le Wall Street Journal. Ces exercices de guerre n'ont pas cessé avec la fin des manoeuvres militaires « Key Resolve » et « Foal Eagle », qui se tiennent chaque année en mars et avril en Corée du Sud : au moment même où nous publions l'appel pétition ci-dessous, le porte-avions à propulsion nucléaire américain USS Nimitz (97 000 tonnes) participe à des manoeuvres navales conjointes avec la Corée du Sud, où sont également engagés, côté américain, les destroyers Aegis Momsen et Preble, le croiseur de missiles guidés Princeton et l’escadron du CVW-11, fort de 68 aéronefs, et, côté sud-coréen, le destroyer Aegis Sejong le Grand (7 600 tonnes) et le destroyer Yi Sun-shin (5 500 tonnes). Ne soyons pas dupes de la signification de ces exercices de guerre, d'une ampleur inédite depuis soixante ans, dans une région - l'Asie-Pacifique - où les Etats-Unis entendent renforcer leur suprématie militaire. Ne soyons pas dupes de la couverture de ces évéments par les médias, qui dans leur écrasante majorité ont passé sous silence le plan « Playbook » comme les actuelles manoeuvres navales en cours, pour stigmatiser la RPDC dont le budget militaire est pourtant cent fois inférieur à celui des Etats-Unis. Face aux risques non seulement de sanctions accrues, qui toucheront les populations coréennes, mais aussi d'une nouvelle guerre américaine, nous appelons chacune et chacun à ses responsabilités en signant, faisant signer et diffusant l'appel ci-après (nous écrire à amitiefrancecoree@gmail.com, en précisant vos nom, prénom et qualité ; la liste des signataires sera rendue publique). Le président de l'AAFC André Aubry est l'un des premiers signataires, aux côtés d'autres personnalités non politiques, issues du monde du travail et des milieux des médias et de la culture.

 

Assez d'hypocrisie à propos de la Corée du Nord !

Appel pétition - 12 mai 2013 

Au-delà de nos engagements propres et de nos opinions respectives, nous estimons de notre devoir d'alerter l'opinion publique : assez d'hypocrisie à propos de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) !

Depuis des semaines et des mois se développe une campagne contre la RPDC.

Le gouvernement de Pyongyang, nous dit-on, serait responsable d'une « surenchère guerrière », représenterait une « menace pour la paix mondiale » et s'engagerait même sur la voie d'un conflit nucléaire aux conséquences incalculables. Un langage digne de celui employé il y a dix ans par George W. Bush à la veille de l'invasion de l'Irak.

Disons d'emblée ici que le problème n'est pas de soutenir, ni de juger, ni de condamner le gouvernement ou les institutions de la RPDC. Chacun est bien entendu libre d'avoir son opinion à ce sujet, mais nous avons la faiblesse de considérer, quand bien même cela n'est pas dans l'« air du temps »,que le sort du peuple coréen, son avenir, son gouvernement, ses institutions, doivent relever de la seule volonté du peuple coréen.

Si nous estimons qu'il est aujourd'hui de notre responsabilité de vous alerter, c'est parce que la campagne médiatique en cours n'a qu'un seul objectif : préparer l'opinion publique à une aggravation des sanctions, voire à une attaque contre la RPD de Corée, comme hier en Afghanistan, en Irak, en Libye...

Nous dénonçons l'hypocrisie de ceux qui s'indignent en accusant le gouvernement de Pyongyang de tous les maux, alors qu'une ceinture de bases américaines et de bâtiments de la flotte des États-Unis, forte en permanence de 60 000 hommes, se resserre chaque jour un peu plus sur un pays de 24 millions d'habitants, dont le budget militaire n'atteint pas 1 % de celui des États-Unis.

Quel État souverain d'Europe occidentale ou d'Amérique du Nord accepterait d'être cerné par un chapelet de bases militaires, comme celles implantées en République de Corée (Corée du Sud) et au Japon, et contestées depuis des décennies par les populations locales ?

Où sont nos défenseurs de la paix lorsque des bombardiers américains B-2 et B-52, pouvant emporter plusieurs dizaines de bombes nucléaires, survolent la péninsule coréenne ?

Assez d'hypocrisie également quant à la possession par Pyongyang de l'arme nucléaire. Nous, signataires de cet appel, comme l'immense majorité des Français, sommes pour un monde sans armes nucléaires et sans guerres. Mais pourquoi faudrait-il contester à certains, comme la Corée du Nord, le droit de posséder l'arme nucléaire tout en acceptant ce droit pour d'autres, non seulement les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies, mais aussi l'Inde, le Pakistan et Israël ? Et quelle autorité possède le gouvernement américain pour décréter que la possession par la RPDC de l'arme nucléaire lui pose problème, lui qui est à la tête de la seule puissance ayant utilisé cette arme en 1945 contre les populations civiles de Hiroshima et de Nagasaki, parmi lesquelles de nombreux Coréens alors travailleurs forcés dans l'archipel nippon ?

C'est désormais de notoriété publique : l'opinion occidentale a été sciemment trompée, il y a dix ans, par certains représentants des grandes puissances, au sein même du Conseil de sécurité des Nations Unies, qui brandissaient de prétendus échantillons d'armes chimiques et assuraient avoir la preuve de la présence d'armes de destruction massive. Nous connaissons la suite. Ne soyons pas dupes une nouvelle fois : assez de la surenchère guerrière contre la Corée du Nord !


Premiers signataires : André AUBRY, président de l'Association d'amitié franco-coréenne, ancien sénateur des Hauts-de-Seine, ancien maire d'Antony, président fondateur du Comité français d'action et de soutien pour la réunification indépendante et pacifique de la Corée - Élizabeth COOPER, chef d'orchestre-concertiste, directrice artistique du festival « Plaisirs de musique » à Annecy - Guy DUPRÉ, secrétaire général du Comité international de liaison pour la paix et la réunification de la Corée, ingénieur retraité, ancien membre du directoire du CNRS, ancien secrétaire général du Syndicat national des travailleurs de la Recherche-CGT, ancien conseiller municipal - Léon LANDINI, ancien officier FTP-MOI, officier de la Légion d'honneur, médaille de la Résistance, grand mutilé de guerre - Majed NEHMÉ, directeur de la rédaction du magazine Afrique Asie - Alain NOGUÈS, photojournaliste, cofondateur de l'agence SYGMA - Jean-Pierre PAGE, ancien membre de la commission exécutive confédérale et responsable international de la CGT


Si vous soutenez cet appel, merci d'écrire à
amitiefrancecoree@gmail.com
en précisant vos nom, prénom et qualité.
La liste des signataires sera rendue publique.


Télécharger l'appel

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11 mai 2013 6 11 /05 /mai /2013 20:01

PaixenCoréeLe 11 mai 2013, le comité régional Bourgogne de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a tenu son assemblée générale annuelle au café "Les Trois Coups", à Dijon, où la projection du film de Fabien Adam Where are you going en 2008 a conduit à nouer des relations durables avec l'AAFC-Bourgogne. Dans un contexte marqué par la récente escalade des tensions en Asie du Nord-Est, l'AAFC-Bourgogne a réitéré son engagement solidaire avec les Coréens, pour la paix dans la péninsule.

C'est au café "Les Trois Coups", rue Condorcet à Dijon, que le comité régional Bourgogne de l'AAFC s'est retrouvé en assemblée générale autour d'un verre, cinq ans après sa fondation en 2008, le samedi 11 mai 2013 à partir de 17 heures.

Dans le rapport d'activité et d'orientation présenté au nom du bureau du comité régional, Benoît Quennedey, président, a souligné la visibilité qu'offrait le site Internet de l'AAFC-Bourgogne, seul médial spécialisé sur la Corée en Bourgogne, dont la fréquentation en mars 2013 avait atteint un pic de 765 visiteurs uniques quotidiens au cours du mois. Il a mis en exergue le succès de la visite en Côte d'Or, les 27 et 28 septembre 2012, d'une délégation coréenne conduite par S.E. Yun Yong-il, ambassadeur de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) auprès de l'Unesco, délégué général de la RPD de Corée auprès de la République française. Des contacts multiples avaient ainsi pu être pris pour développer les échanges institutionnels, économiques et universitaires entre la France et l'ensemble de la péninsule coréenne, non seulement avec l'Université de Bourgogne représentée par sa première vice-présidente, Mme Marie-Geneviève Gerrer, doyenne de la faculté de langues et de communication, mais aussi avec le docteur François-André Allaert, conseiller municipal de Dijon, vice-président de la communauté d'agglomération dijonnaise.

En 2012-2013, les actions de solidarité ont, une fois encore, été au coeur des priorités de l'AAFC-Bourgogne, avec le soutien apporté à l'association Imoogi pour la construction de boulangeries au Nord de la Corée. Pour l'avenir, l'urgence est de favoriser la signature d'un traité de paix dans la péninsule coréenne, à l'occasion notamment de la visite en RPD de Corée d'une délégation de l'AAFC, à laquelle prendra part un représentant de l'AAFC-Bourgogne, lors des cérémonies qui marqueront le soixantième anniversaire de la signature de l'accord d'armistice, le 27 juillet 1953.

Le rapport d'activité et d'orientation a été adopté à l'unanimité, avant le renouvellement du bureau de l'AAFC-Bourgogne.

 

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29 avril 2013 1 29 /04 /avril /2013 00:03

AAFC-Normandie_bureau_Maryvonne-Bayet_Louis-Doucet_Guy-Bach.JPGLe 27 avril 2013, les adhérents de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) habitant en Normandie se sont réunis à Blainville-sur-Orne pour se constituer en comité régional. Le nouveau comité de l'AAFC, compétent pour les deux régions administratives normandes, a procédé à l'élection de son bureau. Maryvonne Bayet a été élue présidente.

 

Après la Bourgogne, l'Ile-de-France, le Nord (régions administratives Nord-Pas-de-Calais et Picardie, ainsi que les adhérents de l'AAFC habitant la Belgique), la Bretagne et la Languedoc-Roussillon, la Normandie est le sixième comité régional de l'AAFC créé en France, suite à l'assemblée générale constitutive qui s'est tenue à Blainville-sur-Orne le 27 avril 2013. C'est d'ailleurs cinq ans plus tôt, jour pour jour, que se reformait le premier comité régional de l'AAFC, à Dijon, pour la Bourgogne. Par ailleurs, l'AAFC dispose de correspondants régionaux dans la plupart des régions françaises.

 

Les membres du nouveau comité régional ont une longue tradition de coopération avec la Corée. En particulier, ils ont déjà invité en Normandie à plusieurs reprises le délégué général de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), ses collaborateurs et leurs familles. Plus récemment, des agriculteurs normands ont remis des semences de plantes fourragères aux diplomates nord-coréens en poste à Paris, afin d'aider les Coréens de RPDC dans leur combat permanent pour le retour à l'autosuffisance alimentaire.

 

Le comité régional Normandie s'est d'ores et déjà fixé comme objectif d'inviter à nouveau les représentants de la RPDC en France, autour d'un programme qui combinerait des visites à caractère historique, culturel et économique. En particulier, les atouts du secteur agricole et agro-alimentaire normand offrant des possibilités multiples de coopérations franco-coréennes dans ces domaines.

 

Photo : AAFC-Normandie.

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22 avril 2013 1 22 /04 /avril /2013 22:52

Robert-Charvin_19_avril_2013.jpgLe 19 avril 2013, Robert Charvin, ancien doyen de la faculté de droit de Nice, vice-président de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC), a présenté une conférence organisée par l'AAFC Ile-de-France "Où en est la question coréenne". Cet événement s'est tenu à la maison des associations du 16ème arrondissement de Paris, siège du comité régional Ile-de-France de l'AAFC. Au moment où les tensions dans la péninsule coréenne soulèvent de nombreuses questions sur la nature et les causes de l'escalade en cours, le professeur Robert Charvin a expliqué devant une salle comble les origines complexes de la crise. Il a aussi plaidé pour une résolution des différents dans le cadre du droit international public, dont la pierre angulaire est le respect de la souveraineté des Etats.

Quand Robert Charvin intervient dans le cadre d'une conférence, les accents du professeur de droit, pédagogue, se marient avec ceux du militant, engagé dans des causes qui n'apparaissent difficiles que parce que les médias ont fait le choix d'une présentation manichéenne de questions complexes.

La conférence qu'il a prononcée le 19 avril 2013, à la maison des associations du 16ème arrondissement de Paris, a été un exposé magistral précis, détaillé et sans concessions vis-à-vis de ceux qui s'étonnent des difficultés économiques de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), soumise au plus vieil embargo au monde. Comme l'a observé Robert Charvin, quand on étrangle quelqu'un, il respire mal.

En Corée, la question nationale s'avère décisive. Porté par les combats de libération nationale contre la colonisation japonaise, le nationalisme de la RPD de Corée n'est pas et n'a jamais été expansionniste, ou encore de nature à menacer un autre pays : il est comparable au patriotisme des révolutionnaires français à Valmy, qui voulaient protéger la République française contre la coalition des monarchies européennes.

L'identité nationale est un fait, chaque peuple ayant son identité, son histoire, des modes de pensée et des valeurs qui lui sont propres. Dès lors, la démocratie ne peut se construire que dans un cadre national. Tous les Coréens, du Nord, du Sud ou d'outre-mer, sont profondément attachés à la sauvegarde de leur souveraineté nationale. Ayant choisi de résister plutôt que de capituler, quand d'autres Etats du Tiers Monde ont renoncé à leur souveraineté en adoptant un modèle culturel standardisé ou en se pliant aux diktats du FMI, la RPD de Corée a fait ce choix avec les moyens limités dont elle dispose. Elle a développé notamment une force de dissuasion nucléaire dont les principes, proches de ceux définis par le général de Gaulle, ne peuvent pas nous être étrangers, à nous Français.

Conference_Robert-Charvin_MDA_16eme-arrondissement_2.jpg

Sur la Corée du Nord, plusieurs idées fausses doivent être combattues. En ce qui concerne le poids et le rôle de l'armée, il ne faut pas perdre de vue que l'Armée populaire de Corée est aussi une force économique de première importance, et constitue probablement le premier opérateur économique. En ce sens, le budget militaire est un budget économique. Mais le Parti du travail de Corée joue un rôle politique majeur, et il est erronné de décrire comme militaire le régime de la RPD de Corée. 

De même, les difficultés à renouer avec l'autosuffisance alimentaire ne doivent pas occulter que, traditionnellement, les meilleures terres céréalières se situent au Sud de la péninsule, pénalisant ainsi le Nord après la division.

Le Traité de non-prolifération (TNP) fait l'objet d'une lecture partielle, et partiale, par les médias occidentaux, qui n'en retiennent qu'une partie : à savoir que les Etats non nantis de l'arme nucléaire ne doivent pas s'en doter. Mais le TNP stipule également que les puissance nanties de l'arme nucléaire doivent trouver les moyens de leur dénucléarisation militaire. Or, en pratique, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), chargée de sanctionner l'application du TNP, a une politique de gendarme des nantis. Quant à distinguer parmi les Etats ayant accédé au statut officieux de puissance nucléaire, entre ceux qui pourraient disposer de l'arme nucléaire (l'Inde, Israël et le Pakistan) et ceux auxquels elle serait refusée (la RPDC, mais aussi l'Iran), elle reproduit la vieille distinction de l'ère coloniale entre les peuples civilisés, dont les dirigeants seraient des gens raisonnables, et les autres, rejetés sous les figures du barbare ou du sauvage. Une telle discrimination n'est pas acceptable.

En s'inscrivant dans une surenchère avec les Etats-Unis, la RPD de Corée exprime sa volonté de négocier coûte que coûte, quitte à en payer le prix, à savoir une image dégradée dans l'opinion publique occidentale. Cette demande de vraies négociations doit aboutir à un traité de paix assorti de garanties réelles, non à de simples accords sans portée, qu'un pays comme la Tchécoslovaquie de l'entre-deux-guerres négociait en grand nombre, sans qu'elle ait été sauvée de l'invasion et du dépeçage de son territoire par l'Allemagne hitlérienne. Selon le professeur Robert Charvin, on peut faire confiance à la RPD de Corée pour imposer le dialogue par tous les moyens pacifiques possibles.

Tel est le rôle que pourraient jouer les gouvernements, au premier rang desquels la France, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, afin de mettre fin à l'état de belligérance qui se perpétue en Corée, les combats ne s'étant soldés en 1953 que par un accord d'armistice, et non par un traité de paix.

Pour favoriser son développement économique, la RPD de Corée est favorable à accueillir des investissements étrangers, notamment de PME. Elle n'est pas un "royaume ermite", comme se plaisent à la décrire certains journalistes en mal d'information.

En conclusion, Robert Charvin a souligné la nécessité de construire un monde multipolaire, en faisant sienne une observation de Régis Debray : aujourd'hui, ce sont les empires et pas les nationalismes qui sont la cause des guerres. Rendant hommage aux Etats qui résistent à l'Empire, quel que soit leur régime, comme tendant à la création d'une société internationale plus équilibrée, il a souligné la puissance de la souveraineté comme force de progrès qui permet aux Etats de coopérer librement, avec qui ils le souhaitent.

Répondant ensuite aux questions de la salle, il a établi des comparaisons avec les luttes nationales menées dans d'autres parties du monde, notamment en Afrique et au Proche-Orient, et abordé les points communs et les différences entre la réunification du Vietnam et le processus qui devrait conduire à la restauration de l'unité coréenne car, comme l'avait proclamé le président Hô Chi Minh, la Corée est une et le peuple coréen est un.

 

Photos : Alain Noguès

 


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16 avril 2013 2 16 /04 /avril /2013 23:31

Le 15 avril 2013, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) s'est réunie à Paris en assemblée générale annuelle sous la présidence de son président André Aubry. C'est l'actualité de la péninsule, marquée par une escalade des tensions lourde de menaces et d'inquiétudes, qui a dominé les travaux de l'assemblée générale 2013. Dans ce contexte, les militants de l'AAFC ont décidé de poursuivre leur combat, constant depuis la fondation de l'Association en 1969, pour la paix en Corée, la solidarité avec les Coréens et la réunification de leur pays divisé. A l'issue de leur assemblée générale, les membres de l'AAFC ont été rejoints par S.E. Yun Yong-il, délégué général de la RPD de Corée, ambassadeur auprès de l'UNESCO, ses collaborateurs et leurs familles, ainsi que deux professeurs coréens actuellement en programme d'échanges en France, à l'occasion du 101ème anniversaire de la naissance du Président Kim Il-sung, fondateur de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), principale fête nationale du pays.

En ouverture des travaux de l'assemblée générale présidée par André Aubry, président de l'AAFC, Guy Dupré, premier vice-président délégué de l'Association, a rappelé solennellement le contexte particulier dans lequel se tenait l'assemblée générale : si les Etats-Unis mènent, comme tous les ans, des manoeuvres militaires conjointes avec la Corée du Sud, les exercices militaires "Key Resolve" et "Foal Eagle" sont cette année d'une ampleur exceptionnelle, tant par l'ampleur des troupes déployées - plus de 220.000 hommes - que par les moyens militaires engagés, notamment des bombardiers B-52 et B-2. Alors que la presse a révélé qu'il s'agissait d'un plan délibéré des Etats-Unis pour accroître les tensions, il ne faut pas être dupe des médias qui accusent la RPD de Corée de préparer une guerre d'agression, hypothèse invalidée par le seul fait que le budget militaire nord-coréen atteint à peine 1 % de celui des Etats-Unis. Dans ce contexte, les dernières déclarations du secrétaire d'Etat américain John Kerry, lors de sa récente tournée diplomatique en Asie de l'Est, selon lesquelles "les Etats-Unis restent ouverts à des négociations ouvertes et crédibles avec la Corée du Nord", ne sont pas les premières en ce sens. Elles doivent être suivies de gestes concrets pour permettre la diminution des tensions. En tout état de cause, elles sont le signe d'une marche arrière de l'administration américaine face à la vigilance de la RPD de Corée.

Revenant ensuite sur les activités menées par l'AAFC en 2012 dans ce contexte diplomatique nouveau, Patrick Kuentzmann, secrétaire général, a souligné dans son rapport que l'AAFC avait connu un nombre record d'adhésions depuis 2000 et enregistré un pic de fréquentations de son site Internet, désormais consulté par plus de 5.000 visiteurs uniques différents chaque mois. Ces résultats ont été le fruit d'une politique menée de front sur tous les plans et en s'appuyant sur l'ensemble des comités régionaux de l'AAFC : afin de favoriser l'établissement de relations diplomatiques complètes entre la France et la RPD de Corée après l'ouverture d'un bureau français de coopération à Pyongyang en 2011, l'une des initiatives majeures de l'AAFC a été un échange de courriers avec Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères ; dans le domaine culturel, l'AAFC a proposé des conférences à Paris et en province, envoyé des livres en français en RPDC ou encore organisé une semaine de la culture coréenne, en octobre 2012 ; dans le domaine de la solidarité, l'AAFC a envoyé, à des fins d'expérimentation, des semences de betterave sucrière, fourni des casques de chantier et remis une documentation dans le domaine de l'architecture, notamment lors de la visite en RPD de Corée d'une délégation de l'AAFC en avril 2012 ; enfin, l'AAFC a poursuivi ses échanges réguliers avec les médias français et étrangers.

Lors du débat qui a suivi, les relations avec les autorités sud-coréennes ont été évoquées. Les nombreuses questions sur la façon dont les adhérents de l'AAFC pouvaient - et devaient - répondre aux critiques des médias à l'encontre de la Corée du Nord, tenue comme seule responsable des tensions actuelles, ont fait la transition avec le rapport d'orientation présenté par Benoît Quennedey, vice-président de l'AAFC chargé des actions de coopération.

Un effort de pédagogie est nécessaire : il faut prendre en compte la RPDC telle qu'elle est, c'est-à-dire développant d'abord une communication interne destinée à renforcer l'unité de la population face aux dangers qu'elle perçoit des Etats-Unis. Les appels au dialogue et pour la paix du Dirigeant Kim Jong-un, le 1er janvier 2013, n'ont malheureusement pas été suivis d'initiatives de la part des Etats-Unis et de la Corée du Sud, et, dans une situation internationale extrêmement mouvante, la mission de l'AAFC est donc inchangée : favoriser le dialogue et les échanges dans cette partie du monde, avec la conviction, forgée par l'expérience, qu'il n'y a pas d'autre voie pour permettre une paix durable et avancer sur le chemin de la réunification de la Corée. Tel est le message que porteront à Pyongyang les deux délégations de l'AAFC qui se rendront en Corée en 2013, à l'occasion du 60ème anniversaire de l'armistice de la guerre de Corée, le 27 juillet 1953, et du 65ème anniversaire de la fondation de la République populaire démocratique de Corée, le 9 septembre 1948. Des initiatives seront prises pour relancer la signature d'un véritable traité de paix en Corée, soixante ans après la fin des combats meurtriers ayant endeuillé la péninsule, agir en direction des milieux politiques, économiques et culturels, et enfin pour renforcer les échanges et la compréhension mutuels, tout en structurant encore davantage les comités régionaux de l'AAFC.

Jacky Lemeur, trésorier adjoint, a ensuite présenté le bilan financier de l'année 2012, qui a fait ressortir un excédent de gestion de 1 285 euros. Mais l'essor du nombre d'adhérents doit se poursuivre pour donner à l'AAFC les moyens pleinement nécessaires au développement de ses activités.

Les rapports d'activité, d'orientation et financier ont été adoptés à l'unanimité. Enfin, le comité national de l'AAFC a été renouvelé, et le bureau de l'AAFC réélu, toujours à l'unanimité des membres de l'AAFC présents et représentés.

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Les adhérents de l'AAFC ont alors été rejoints par S.E. Yun Yong-il, délégué général de la RPD de Corée en France, ambassadeur auprès de l'UNESCO, ses collaborateurs et leurs familles, ainsi que deux professeurs coréens actuellement présents en France pour trois mois, dans le cadre d'un programme d'échanges conduit avec le département de coréen de l'Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO), sous l'impulsion du professeur Patrick Maurus.

A l'occasion de l'anniversaire de la naissance du Président Kim Il-sung, les participants ont vu un film dédié à la Corée et au fondateur de la République populaire démocratique de Corée en 1948, tandis que des ouvrages, des brochures, des insignes, des timbres et des affiches sur la Corée étaient proposés à la vente.

Au nom de l'AAFC, Benoît Quennedey, vice-président en charge des actions de coopération, a souligné la solidarité de l'AAFC avec le combat du peuple coréen pour la paix et la réunification, ainsi que la construction d'une nation puissante et prospère. S.E. Yun Yong-il a rappelé la contribution du Président Kim Il-sung dans le domaine théorique, en tant que créateur des idées du Juche visant à l'émancipation de l'homme et des peuples, leader dans la résistance à l'occupation antijaponaise, puis dans les propositions tendant à la réunification du peuple coréen lui-même, indépendamment des grandes puissances.

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Expression de cette solidarité concrète de l'AAFC avec le peuple coréen de RPDC pour développer l'économie nationale, André Mercier, agriculteur, membre de l'AAFC, a remis à la délégation générale de Corée en France des semences de betteraves et de plantes fourragères.

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Les discussions et les échanges se sont poursuivis dans une ambiance amicale, autour d'un grand buffet franco-coréen, pour lequel l'AAFC remercie à nouveau les épouses des diplomates nord-coréens en poste en France.

 

Photos : Alain Noguès

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6 avril 2013 6 06 /04 /avril /2013 23:08

korea-map.jpgAlors que les tensions continuent de croître dans la péninsule coréenne, la journaliste Françoise Compoint a analysé les motivations des deux principaux protagonistes de cette crise, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) et les Etats-Unis, dans le cadre de l'émission « La pensée à travers les faits » diffusée le 5 avril 2013 sur la radio La Voix de la Russie. Françoise Compoint a notamment invité le secrétaire général de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) à livrer sa vision des faits. L'AAFC remercie Mme Compoint de son invitation et vous propose la retranscription de cette émission, telle qu'elle a été publiée sur le site Internet de La Voix de la Russie.

 La Corée du Nord a-t-elle les moyens de ses ambitions?

Enfant terrible de l’Extrême-Orient, pays mystérieux dont on ne sait que trop peu pour bien comprendre les principes de son fonctionnement étatique, Pyongyang secoue la presse internationale comme on secouerait un pommier. Passez-moi cette remarque un brin caustique, mais il est vrai que les passions s’enflamment depuis voilà 2006 et je n’ose même pas imaginer quelle aurait été la réaction de la communauté atlantiste si l’Iran s’était permis le même luxe rhétorique. Mais la Corée du Nord est délicate à traiter.

Elle a la Chine pour alliée et la Russie verrait d’un très mauvais œil toute tentative belliciste de la part des USA. Bien plus, elle ne présente aucun intérêt pratique du point de vue des ressources, alors à quoi bon s’insurger ?

Parallèlement, Washington se dit apeuré par les menaces nord-coréennes : « Nous sommes préoccupés par toute menace brandie par les Coréens du Nord. Nous prenons au sérieux tout ce qu’ils disent et font. » Je viens de reprendre ici l’aveu de Georges Little, porte-parole du Pentagone. Surestimerait-il le potentiel du pays sachant que des journalistes étrangers présents aux défilés militaires nord-coréens évoquent un armement datant de la Guerre froide. Même le missile KN-08 aperçu lors d’une parade en avril dernier ne serait calibré que pour frapper la Corée du Sud, le Japon et certaines parties de l’Asie du Sud-Est. De même en va-t-il pour l’aviation composée d’un mélange suranné d’avions chinois du type F-5, H-5, etc. et d’avions soviétiques du type Mig-21, 23, 29, etc. La liste n’est bien sûr pas exhaustive mais elle suffit à révéler le dénuement militaire plus ou moins relatif de ce pays extrêmement fermé. Alors pourquoi une telle hystérie?

Certains experts russes dédramatisent tout à fait en nous assurant que Pyongyang poursuit un double but. Primo, rappeler son existence à la communauté internationale qui semble négliger ses gesticulations diplomatiques. Secundo, pousser Séoul à augmenter ses versements annuels, tout en espérant que les USA, eux aussi terrorisés, se plieraient au chantage en suivant l’exemple de leur allié sud-coréen. Mais alors, s’il ne s’agit que de vains soubresauts, n’en ressort-il pas que les USA, puissance pourtant extrêmement froide d’esprit et cynique, ne font qu’encourager les efforts d’un pays qui n’aurait pour soi que le monopole de la menace?

On voit bien que l’analyse ne tient pas la route, car il manque des éléments à la mosaïque. Pour les retrouver, j’ai demandé à M. Patrick Kuentzmann, secrétaire général de l’Association d’amitié franco-coréenne, d’exposer sa vision des faits :

« La Voix de la Russie - Est-ce que les menaces proférées par la Corée du Nord ont une certaine réalité? Est-ce que son potentiel militaire lui offre les moyens de ses ambitions?

M. Kuentzmann - Oui, la Corée du Nord a des capacités militaires réelles. Néanmoins, il faut bien garder à l’esprit qu’elle est dans une logique de dissuasion vis-à-vis de la puissance américaine qui est très présente en Asie du Nord-Est. Le principe de la dissuasion, c’est de porter à l’adversaire des coups suffisamment forts pour qu’il ne retire aucun gain d’une attaque. C’est par ailleurs le principe qui est utilisé en France qui s’est dotée dans les années 60 d’une force de dissuasion limitée mais suffisante. La Corée du Nord suit donc la même logique et elle n’a pas besoin pour cela d’avoir des moyens militaires énormes. Il est vrai qu’elle a certaines raisons de craindre une attaque puisqu’en ce moment même les USA et leurs alliés sud-coréens procèdent à des manœuvres de grande ampleur qui mobilisent jusqu’à 200.000 hommes aux frontières de la Corée du Nord mais aussi un porte-avions nucléaire avec son groupe naval, des bombardiers stratégiques B-52, des bombardiers stratégiques B-2 furtifs qui ont procédé la semaine dernière à des exercices de bombardements atomiques, toujours à la frontière de la Corée du Nord qui se sent donc menacée et s’est dotée tout à fait naturellement des moyens de dissuader une attaque.

La Voix de la Russie - Les USA sont ainsi hors d’atteinte?

M. Kuentzmann - Comme je viens de le dire, les USA sont très présents en Asie du Nord-Est. Ils ont des bases navales à Guam, à Okinawa et celles-ci se trouvent naturellement à portée de tir de la Corée du Nord.

La Voix de la Russie - Quel pourrait être le dénouement de cette politique dissuasive qui est menée par Pyongyang?

M. Kuentzmann - Ce qui dure depuis longtemps, c’est l’absence de paix en Corée. La guerre de Corée s’est terminée en 1953 par un simple armistice qui n’est qu’un cessez-le-feu mais il n’y a jamais eu de traité de paix signé entre la Corée du Nord et les USA. La Corée du Nord appelle très régulièrement les USA à signer un traité de paix pour assurer un mécanisme de stabilité permanent en Corée. Les USA refusent en arguant que la Corée du Nord doit d’abord dénucléariser alors que le nucléaire militaire nord-coréen est la conséquence directe de l’absence de paix dans ce pays.

La Voix de la Russie - Ne croyez-vous que la Corée du Nord pourrait en perspective envisager sa réunification avec la Corée du Sud? Quelles en seraient alors les conséquences?

M. Kuentzmann - La réunification de la Corée a été envisagée par les deux Corée depuis très longtemps puisque la première rencontre intercoréenne date de 1972. Mais il y a eu après cela la rencontre de juin 2000 entre le dirigeant du Nord Kim Jong-il et le président du Sud Kim Dae-jung, puis, en 2007, il y a eu une rencontre entre Kim Jong-il et son homologue du Sud Roh Moo-hyun. A l’occasion de ces diverses rencontres, des accords ont été signés qui tracent une feuille de route pour une réunification à venir de la Corée. Malheureusement, à partir de 2008, des gouvernements conservateurs se sont mis en place en Corée du Sud et sont donc revenus sur ces accords intercoréens déclarant que le Nord devait dénucléariser au préalable alors que le nucléaire concerne les relations entre la Corée du Nord et les USA. »

La stratégie de l’échiquier n’épargne personne, pas même les recoins les plus éloignés de notre planète. L’alliance Corée du Sud-USA sur fond de présence américaine peu négligeable aux frontières de Pyongyang coince ce dernier tant d’un point de vue identitaire puisqu’il y a tentative de violer la souveraineté d’un Etat que d’un point de vue géopolitique dans la mesure où l’exacerbation des passions nucléaires en Corée du Nord et la phobie qui en résulte chez son voisin du Sud tient aux incessantes provocations des USA.

En réalité – et c’est là que je reviens sur ma réflexion d’entrée – nous ne sommes pas si loin du contexte iranien mais à un degré plus modéré vu que les intérêts en jeu ne sont pas de la même taille. La donne nord-coréenne, artificiellement entretenue dans son état actuel par les sempiternels USA, procèdent de deux soucis rigoureusement définis :

- Réaliser jusqu’au bout son idée obsessive d’unipolarité en exerçant pleinement son hégémonie tant au Moyen-Orient en brisant les derniers points de résistance tels que la Syrie et l’Iran qu’en déstabilisant l’axe Asie-Pacifique.

- Faire croire que les ambitions de la Corée du Nord sont d’ordre entièrement offensif et non dissuasif afin de, primo, justifier une éventuelle intervention, secundo, détourner l’attention de la Russie et de la Chine du brasier moyen-oriental.

Reste à savoir maintenant si l’intransigeance nord-coréenne poussera les USA à réviser leur tactique d’occupation et de désinformation ou si, bien au contraire, ils se laisseront tenter par une croisade dite préventive.


Source : La Voix de la Russie 

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4 avril 2013 4 04 /04 /avril /2013 21:00

Les 3 et 4 avril 2013, la tension a encore augmenté en Corée. Alors que les exercices militaires américano-sud-coréens de grande ampleur Foal Eagle se poursuivent, les Etats-Unis ont annoncé le déploiement d'éléments de leur bouclier antimissile (arme "de premier emploi", dans son principe mêmeau large de la Corée et sur leur base militaire de l'île de Guam. De leur côté, les autorités de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) ont donné à l'armée l'ordre final de mener des frappes, y compris nucléaires, en cas d'attaque américaine, annoncé la reprise des activités sur le réacteur nucléaire de Yongbyon, désactivé en 2007, et fermé l'accès à la zone industrielle de Kaesong, située au Nord et symbole du rapprochement intercoréen, aux travailleurs du Sud. Cette fermeture de la zone industrielle conjointe de Kaesong n'est ni la première, ni probablement la dernière en période de tensions intercoréennes. Il faut aussi noter la poursuite des attaques contre les sites Internet de la RPDC (KCNA, Naenara...), alors que des sites sud-coréens ont eux aussi subi des attaques, chaque partie niant toute responsabilité. Dans un contexte où l'escalade entre Washington et Pyongyang a désormais des incidences concrètes sur les relations intercoréennes, S.E. Yun Yong-il, délégué général de la République populaire démocratique de Corée en France, ambassadeur de la RPDC auprès de l'UNESCO, a reçu longuement le bureau national de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) ce mercredi 3 avril 2013. L'AAFC tient à remercier la représentation diplomatique de la RPD de Corée en France pour l'excellence de son accueil. Cette rencontre, la seconde depuis le début de l'année, a permis des discussions et des échanges approfondis sur la situation qui prévaut aujourd'hui en Corée et sur les réactions de l'opinion publique française.

D'emblée, après avoir souligné leur solidarité avec le peuple coréen dans son combat pour la paix et la réunification, les membres du bureau de l'AAFC présents à cette rencontre ont fait part des incompréhensions et des inquiétudes dans l'opinion publique française quant à l'escalade actuelle des tensions en Corée. Cette situation est apparue de nature à compliquer le travail de l'AAFC dans la conduite de ses activités de coopération et de solidarité, même si les échanges bilatéraux entre la République française et la RPD de Corée se poursuivent aux niveaux gouvernemental et non-gouvernemental, comme en témoigne l'arrivée récente en France, préparée de longue date par Patrick Maurus, professeur de coréen à l'Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO), de deux professeurs nord-coréens à l'INALCO.

Après avoir remercié sincèrement l'AAFC pour ses efforts d'information dans un contexte d'extrême tension, S.E. Yun Yong-il a tenu à apporter des explications sur la situation actuelle, en s'appuyant sur le rapport présenté par Kim Jong-un, Premier secrétaire du Parti du travail de Corée (PTC), lors de la réunion en session plénière du Comité central (CC) du PTC le 31 mars 2013.


Comment analyser la situation dans la péninsule coréenne

YunYongIl_03042013_1.jpgS.E Yun Yong-il a souligné que la République populaire démocratique de Corée a été confrontée à de graves difficultés dans la construction d'une puissance économique et l'accomplissement des tâches menées pour l'élévation du niveau de vie de la population, conformément à l'orientation majeure présentée par le Premier secrétaire Kim Jong-un lors de ses voeux de nouvel an 2013. Après la mise sur orbite du satellite artificiel Kwangmyongsong 3-2 le 12 décembre 2012, les Etats-Unis et leurs alliés ont nié le droit de la RPD de Corée à conduire un programme pacifique de conquête spatiale et les sanctions adoptées par le Conseil de sécurité des Nations-Unies (CSNU) ont mené à une escalade marquée par le troisième essai nucléaire nord-coréen, le 13 février 2013, suivi de nouvelles sanctions du CSNU. Ces sanctions ont coïncidé avec le lancement des exercices militaires conjoints américano-sud-coréens de grande ampleur Key Resolve et Foal Eagle, qui mobilisent cette année 220.000 soldats et les moyens militaires les plus sophistiqués.

Les manoeuvres américano-sud-coréennes interviennent dans un contexte où la nouvelle stratégie militaire des Etats-Unis prévoit de réorienter leurs forces vers la région Asie-Pacifique. La Corée, "crevette entre les baleines", est bien une cible prioritaire pour les Etats-Unis. [note de l'AAFC : publié en janvier 2012, le Defense Strategic Guidance, rapport présentant les orientations stratégiques de la défense des Etats-Unis, évoque le redéploiement de 60% des forces navales américaines vers la zone Asie-Pacifique d’ici à 2020]

Livrant une analyse personnelle, S.E. Yun Yong-il a déclaré que la crise actuelle tombe à point nommé pour des Etats-Unis en crise. Confrontés à une baisse des dépenses militaires, les "faucons" ont besoin d'un prétexte pour maintenir le budget de la défense et la politique hostile des Etats-Unis à l'égard de la RPDC ne peut donc que s'accroître. Face à cette agressivité, le peuple de la RPD de Corée et son gouvernement ont exprimé leur ferme détermination à défendre le régime politique et économique socialiste du pays. La leçon tirée des interventions américaines dans les Balkans et au Proche et Moyen-Orient est que les Etats doivent se doter d'une force de défense autonome : la RPD de Corée a ainsi développé des armes de dissuasion nucléaire diversifiées auxquelles elle ne renoncera pas. Ce choix est le corollaire d'une politique économique visant à élever le niveau de vie de la population car, comme l'a affirmé le dirigeant Kim Jong-un dans son discours du 1er janvier 2013, "plus jamais les [Nord-]Coréens ne doivent se serrer la ceinture".


Une nouvelle orientation politique du PTC et du gouvernement de la RPDC

YunYongIl_03042013_2.jpgGaranti par  une force de dissuasion nucléaire s'appuyant sur une industrie de défense solide et des réserves abondantes d'uranium, le renforcement de l'économie a été un des objectifs majeurs réaffirmé lors de la réunion du Comité central du PTC du 31 mars 2013, lequel a défini une nouvelle orientation stratégique basée sur la poursuite du développement économique et le renforcement des capacités militaires nucléaires. [note de l'AAFC : dans sa séance du 1er avril 2013 ayant suivi la réunion du CC du PTC, l'Assemblée populaire suprême a élu un nouveau Premier ministre, Pak Pong-ju, qui exerça déjà ces fonctions de 2003 à 2007, période au cours de laquelle il mit l'accent sur l'essor de l'économie, après l'adoption des mesures économiques du 1er juillet 2002 ayant renforcé l'autonomie des entreprises et l'ouverture aux capitaux étrangers]

Le développement du nucléaire civil répond aux besoins en énergie de la RPD de Corée pour sa croissance économique, alors que le nucléaire militaire permet de compenser le déséquilibre des forces armées conventionnelles. Les dépenses militaires conventionnelles ainsi épargnées permettent donc de consacrer une part accrue des ressources du pays au renforcement de l'économie et à l'amélioration du bien-être de la population.

Une fois ce cadre posé, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a défini les tâches urgentes du gouvernement : investir dans la production agricole et développer l'industrie légère ; créer une économie fondée sur le savoir-faire et les hautes technologies ; améliorer la gestion de l'économie, conformément aux réalités d'un pays socialiste tel que la RPD de Corée où les moyens de production appartiennent à l'Etat, en incitant les entreprises et les travailleurs à faire preuve d'indépendance et de créativité. L'accent a également été mis sur la diversification du commerce extérieur et l'essor de l'industrie touristique, en particulier dans la région de Wonsan et des monts Chilbo.

En conclusion, S.E Yun Yong-il a réaffirmé que la République populaire démocratique de Corée, pays doté de l'arme nucléaire, assumerait ses responsabilités devant la communauté internationale pour maintenir la paix en Asie et dans le monde. La RPD de Corée remplira aussi ses obligations en matière de non prolifération et agira en vue d'une dénucléarisation de toute la planète.


Le peuple coréen, peuple épris de paix  

YunYongIl_03042013_3.jpgDans la riche discussion qui a suivi avec les membres du bureau de l'AAFC, les échanges ont porté notamment sur la perception de la politique nord-coréenne dans les médias occidentaux, les activités de l'AAFC et les conséquences du renforcement de la présence militaire américaine dans la région Asie-Pacifique.

S.E. Yun Yong-il a tenu à souligner que le peuple coréen est vraisemblalement le peuple le plus épris de paix et aspirant le plus à la sécurité dans le monde. Il a rappelé que les bombardements atomiques américains sur Hiroshima et Nagasaki ont touché non seulement les populations japonaises mais aussi de nombreux Coréens qui vivaient alors au Japon, puissance occupante de la Corée de 1910 à 1945. Le peuple coréen a donc été la deuxième victime directe des bombardements atomiques américains de 1945, et la menace nucléaire est très concrète pour tous les Coréens.

Par la suite, les menaces de recours à l'arme nucléaire par le général américain MacArthur pendant la guerre de Corée (1950-1953) ont conduit de nombreuses familles du Nord à envoyer une partie de leurs membres au Sud, afin d'échapper à de nouveaux bombardements atomiques, sans possibilité de retour après 1953. Cet exode a accru le drame des familles séparées par la division des Corée du Nord et du Sud, un drame qui dure depuis plus de soixante ans. Il s'agit d'une situation sans équivalent dans le monde, qui voit un pays divisé et des familles séparées depuis plusieurs générations, contre leur gré, par le jeu des grandes puissances au lendemain de la libération de la Corée.

 

Photos : Alain Noguès

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22 mars 2013 5 22 /03 /mars /2013 00:19

800px-2007-09-05_Hong_Sang-soo_sur_Nuit_et_Jour.jpgDix mois après une première conférence à Enghien-les-Bains, au lendemain de leur voyage en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) d'avril 2012, Benoît Quennedey et Patrick Kuentzmann, respectivement vice-président chargé des actions de coopération et secrétaire général de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC), ont à nouveau donné une conférence au Rotary Club d'Enghien-Montmorency, le 20 mars 2013. Une occasion de faire le point sur la question coréenne, alors que l'escalade actuelle des tensions soulève des inquiétudes sur des risques de conflit : dans un contexte de manoeuvres militaires conjointes américano - sud-coréennes, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a personnellement supervisé des exercices militaires aériens, tandis que des accusations de cyber-attaques ont été lancées de part et d'autre du 38ème parallèle.

 

Comment expliquer les tensions actuelles autour de la péninsule coréenne ? Quels sont les risques actuels d'un nouveau conflit qui endeuillerait le peuple coréen, soixante ans après l'armistice ayant mis fin aux combats de la guerre de Corée, mais sans véritable traité de paix ? C'est autour de ces deux questions d'une brûlante actualité que Patrick Kuentzmann, secrétaire général de l'AAFC procédant à l'aide d'un Powerpoint, a bâti son propos introductif lors de la conférence donnée par l'AAFC, à l'invitation du Rotary Club d'Enghien-Montmorency, le 20 mars 2013.

 

 De fait, l'Asie du Nord-Est, et singulièrement la péninsule coréenne, se trouve au coeur d'enjeux diplomatiques, économiques et stratégiques - au carrefour des routes de l'énergie et du "pont terrestre ferroviaire eurasiatique". Ces enjeux conduisent aujourd'hui les Etats-Unis, unique superpuissance de l'après-guerre froide, à redéployer leur dispositif politico-militaire en direction de la région Asie-Pacifique, traversée par plusieurs crises, dont trois centrées sur la Corée (la question nucléaire nord-coréenne, les revendications de souveraineté du Japon et de la Corée du Sud sur les îles Dokdo et la délimitation contestée de la frontière maritime entre les deux Corée en mer de l'Ouest).

 

Alors que les combats de la guerre de Corée se sont achevés en 1953 par un simple accord d'armistice et non par un traité de paix, un état de guerre latent continue de prévaloir dans et autour de la péninsule. Les essais nucléaires nord-coréens - trois à ce jour, contre toutefois plus de 1 000 pour les Etats-Unis depuis qu'ils sont devenus une puissance nucléaire - de même que les exercices militaires conjoints américano - sud-coréens actuellement en cours, s'inscrivent dans un contexte spécifique, où les risques d'une nouvelle guerre n'ont jamais disparu depuis soixante ans.

 

Le rapport actuel des forces militaires en présence doit tenir compte que la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) dispose d'un budget militaire évalué à 5 milliards de dollars, représentant moins de 1 % de celui des Etats-Unis (lequel s'élève à plus de 600 milliards de dollars). Mais compte tenu de la taille de l'économie nord-coréenne, ces dépenses militaires représenteraient 18 % du PIB nominal. Au regard du déséquilibre des forces conventionnelles, les autorités nord-coréennes ont choisi de doter le pays d'une force de dissuasion nucléaire, selon des principes inspirés de la doctrine nucléaire française de "dissuasion du faible au fort". En conclusion, Patrick Kuentzmann a exprimé sa conviction, et celle de l'AAFC, que la signature d'un traité de paix serait de nature à apporter les garanties de sécurité attendues par la RPD de Corée, tout en préparant le chemin à une future réunification pacifique de la péninsule.

 

Revenant ensuite plus spécifiquement sur l'actualité, Benoît Quennedey, vice-président de l'AAFC, a tout d'abord rappelé les termes de l'escalade actuelle : mise sur orbite d'un satellite nord-coréen Kwangmyongsong-3 le 12 décembre 2012, suivie de nouvelles sanctions du Conseil de sécurité des Nations Unies après la mise sur orbite, entretemps, du premier satellite artificiel sud-coréen ; en réaction, troisième essai nucléaire nord-coréen le 12 février 2013, et sanctions renforcées du Conseil de sécurité... A l'action d'une des parties répond une réaction des autres parties qui alimente un cycle de tensions.

 

La crise actuelle doit toutefois être relativisée et resituée dans le contexte de l'alternance de phases de tensions et de dialogue, autour du nucléaire nord-coréen depuis 1993, ainsi que d'une conjoncture politique nouvelle à l'intérieur de la RPD de Corée : la disparition du dirigeant nord-coréen Kim Jong-il, en décembre 2011, correspond également à une phase de consolidation du pouvoir de Kim Jong-un, Premier secrétaire du Parti du travail de Corée, apparu sur le devant de la scène politique nord-coréenne en septembre 2010. Le maintien de la RPD de Corée et de son système politique apparaît ainsi comme un objectif fondamental des autorités nord-coréennes.

 

Dans ce contexte, si aucune des parties ne peut raisonnablement souhaiter la guerre, les discours en présence s'avèrent incompatibles : pour les Etats-Unis, il serait inacceptable d' "acheter deux fois le même cheval", c'est-à-dire de revenir sur les termes antérieurs d'accords aujourd'hui caducs ; pour la Corée du Nord, l'exercice de ses droits d'Etat souverain, pouvant se doter de l'arme nucléaire pour assurer sa défense, n'est pas négociable ; pour l'actuelle direction de la Corée du Sud, la politique d'ouverture au Nord poursuivie pendant dix ans, de 1998 à 2008, n'aurait pas permis de diminuer les tensions militaires, ni le programme nucléaire nord-coréen - tout en procédant ainsi à une corrélation nouvelle entre la question nucléaire et celle de la réunification, alors que pour la RPDC son statut d'Etat doté de l'armé nucléaire doit s'entendre au regard de ses relations avec les Etats-Unis. Pourtant, diminuer les tensions devrait être un objectif convergent de toutes les parties. Il est d'ailleurs clairement affiché comme tel par la Russie et surtout la Chine, hôte des pourparlers à six (les deux Corée, les Etats-Unis, la Chine, la Russie et le Japon) sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne.

 

Les scénarios actuels sont au nombre de trois :

- un retour au dialogue, la position de la RPDC étant analysée comme voulant négocier en position de force ;

- des conflits localisés, dans des zones de marge mal délimitées, comme autour de l'île Yeonpyeong en novembre 2010 ;

- une succession d'affrontements débouchant sur un conflit généralisé, comme entre 1945 et 1950 où les affrontements autour du 38ème parallèle auraient alors causé 100 000 morts selon des historiens sud-coréens.

 

Mais ce dernier scénario n'est conforme ni aux intérêts nord-coréens de s'engager dans un conflit de longue durée face à des adversaires plus puissants économiquement, ni au refus de l'opinion américaine que des morts se multiplient sur des terrains de combat éloignés du territoire américain, comme ce fut naguère le cas au Vietnam.

 

A l'issue de cet exposé par des membres du bureau de l'AAFC, un riche débat contradictoire s'est engagé avec les rotariens présents, sur les origines et les responsabilités dans les tensions actuelles, les perspectives de dialogue et de réunification de la Corée ou encore le rôle joué par des associations comme l'Association d'amitié franco-coréenne pour diminuer les tensions et promouvoir les échanges et le dialogue.

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