Le journaliste et militant communiste Henri Alleg nous a quittés le 17 juillet 2013, quelques jours avant son quatre-vingt-douzième anniversaire. L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) salue la mémoire de l'auteur de La question, qui avait dénoncé la torture en Algérie et s'était engagé dans le combat anticolonial. Il était également membre de l'AAFC.
Harry Salem - qui avait pris le nom de plume de Henri Alleg quand il avait dû entrer dans la clandestinité - était né le 20 juillet 1921 à Londres, de parents juifs russo-polonais. Devenu français quand sa famille s'est installée au Nord de Paris, il a finalement rejoint l'Algérie où il a embrassé une carrière de journaliste et est devenu directeur d'Alger républicain.
Un an après le déclenchement du mouvement d'indépendance en Algérie le 1er novembre 1954, la double interdiction à l'automne 1955 d'Alger républicain et du Parti communiste algérien, dont il était membre, plonge Henri Alleg dans la clandestinité. Continuant de faire paraître Alger républicain, il est arrêté par les parachutistes français le 12 juin 1957 au domicile de Maurice Audin, qui devait mourir neuf jours plus tard sous la torture. Henri Alleg, lui, survit à la torture - gégène, étouffement par l'eau, brûlures - et fait face avec stoïcisme à ses geôliers qui menacent sa famille.
C'est sur la suggestion de son avocat, Léo Matarasso, que Henri Alleg écrit le récit autobiographique de son calvaire enduré à El Biar, dans La Question, publié en février 1958 par Jérôme Lindon aux Editions de Minuit. La réalité de la torture en Algérie éclate au grand jour et soixante mille exemplaires sont vendus en quelques semaines. Mais la censure veille et interdit l'ouvrage, malgré les démarches de plusieurs écrivains : Malraux, Martin du Gard et Sartre, auteur d'une postface lors de la réédition du titre en Suisse.
En 2005, Henri Alleg avait publié Mémoire algérienne chez Stock. En 2000, il avait été cosignataire, aux côtés notamment de Germaine Tillion, de l'Appel des douze pour la reconnaissance par l'Etat français de la torture en Algérie.
Combattant anticolonial inlassable, Henri Alleg était toujours resté solidaire de l'URSS et des démocraties populaires, y compris de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) qui porte également l'héritage de la lutte anticoloniale. Membre de l'Association d'amitié franco-coréenne, Henri Alleg se déplaçait encore occasionnellement à nos réunions, comme lors de la fête de l'AAFC à Champlan en 2008, dont nous reproduisons ici plusieurs photos prises par Alain Noguès (deuxième photo en bas : avec André Aubry, président de l'AAFC).
L'AAFC salue la mémoire de l'un des siens dans sa lutte contre l'injustice et pour l'indépendance des peuples. Elle présente ses condoléances à sa famille et à ses amis.
Source : Le Monde. Photos Alain Noguès.