Le 16 mars 2012, le porte-parole du Comité pour les technologies spatiales de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a annoncé que le satellite d'observation de la Terre Kwangmyongsong-3 serait lancé entre le 12 et le 16 avril par la fusée Unha-3. Comme en 2009 à propos du lancement de la fusée Unha-2, les principales puissances occidentales, à commencer par les Etats-Unis, ont critiqué le projet de la RPDC soupçonnée de vouloir tester un missile à longue portée. Les 27 et 28 mars, les autorités nord-coréennes ont voulu apporter des précisions sur le caractère civil et pacifique de la prochaine mission spatiale de la RPDC.
Le 27 mars 2012, après les critiques du président américain Barack Obama à propos du prochain lancement d'un satellite par la RPDC, faites pendant le sommet sur la sécurité nucléaire de Séoul, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères de la RPD de Corée a livré la déclaration suivante :
« Le chef de l'exécutif américain a qualifié le projet de lancement par la RPDC d'un satellite destiné au développement de la science et de la technologie à des fins pacifiques de provocation menaçant la paix et la sécurité internationales. Cela reflète sa conception erronée.
Les Etats-Unis affirment ne pas avoir d'intentions hostiles envers la RPDC, mais ils n'ont pas encore renoncé à leur conception invétérée de la confrontation. C'est pourquoi ils considèrent le lancement d'un satellite à des fins pacifiques comme un lancement de missile à longue portée.
La RPDC a invité des experts et des journalistes étrangers pour observer en toute lumière son lancement de satellite afin de prouver dans la transparence que celui-ci fait partie du travail scientifique et technologique en vue de l'utilisation pacifique de l'espace sans rapport avec le moindre objectif militaire.
La RPDC a aussi invité des experts de l'Agence nationale de l'aéronautique et de l'espace [NASA] des Etats-Unis pour qu'ils puissent constater par eux-mêmes la nature pacifique du lancement du satellite de la RPDC.
La RPDC et les Etats-Unis ont fait beaucoup d'efforts pour signer un accord, créant une situation favorable. Il n'y a aucune raison pour que la RPDC lance aujourd'hui un missile à longue portée.
C'est suivant la volonté du Dirigeant Kim Jong-il qu'un satellite de travail sera lancé pour marquer le centième anniversaire de la naissance du Président Kim Il-sung et il s'agit d'une opération courante qui a été planifiée et mise en œuvre depuis longtemps.
Pendant les discussions de haut niveau entre la RPDC et les Etats-Unis, la RPDC a soutenu de manière constante qu'un moratoire sur les lancements de missiles à longue portée n'inclut pas les lancements de satellites à des fins pacifiques. Il en résulte que l'accord du 29 février entre la RPDC et les Etats-Unis a fait mention d'un moratoire sur les lancements de missiles à longue portée, pas sur "les lancements de missiles à longue portée y compris les lancements de satellites" ni sur "les lancements utilisant la technologie des missiles balisitiques".
La RPDC ne renoncera pas au lancement d'un satellite à des fins pacifiques, lequel est un droit légitime d'un pays souverain et une exigence essentielle du développement économique.
Le chef de l'exécutif américain a déclaré ne pas avoir d'intentions hostiles envers la RPDC. S'il était sincère, il devrait abandonner sa conception de la confrontation permanente comme le fait la RPDC, même si cela est tardif, et prendre la décision audacieuse de reconnaître que la RPDC a aussi le droit de lancer des satellites.
L'application ou non de doubles standards par les Etats-Unis au lancement du satellite de la RPDC prouvera la sincérité des déclarations du chef de l'exécutif américain. »
Au lendemain de cette déclaration du ministère des Affaires étrangères, le vice-directeur du département du développement de l'espace du Comité pour les technologies spatiales de la RPD de Corée a apporté des précisions supplémentaires sur les caractéristiques du satellite Kwangmyongsong-3, premier satellite de travail de la RPDC, après les satellites expérimentaux Kwangmyongsong-1 (lancé en 1998) et Kwangmyongsong-2 (lancé en 2009). Le vice-directeur a aussi détaillé le programme de la visite des experts et journalistes étrangers invités :
« Kwangmyongsong-3, en tant que satellite d'observation de la Terre, évaluera la répartition des forêts et des ressources naturelles de la RPDC, l'ampleur des désastres naturels, le niveau des récoltes, etc... et collectera les données nécessaires aux prévisions météorologiques, à la prospection des ressources naturelles, entre autres.
Kwangmyongsong-3 est équipé d'une caméra et enverra des données d'observation y compris des images au Centre de commandement et de contrôle général des satellites.
Son poids est de 100 kg et il suivra une orbite héliosynchrone à une altitude de 500 km. Sa durée de vie est de deux ans.
[Les experts et journalistes étrangers invités par la RPDC] se rendront sur la base de lancement de satellites de Sohae pour observer la fusée Unha-3 sur le pas de tir et Kwangmyongsong-3. Dans le Centre de lancement ils assisteront aux préparatifs du lancement de la fusée et du satellite embarqué. Ils visiteront aussi le Centre de commandement et de contrôle général des satellites à Pyongyang et assisteront au lancement du satellite dans un endroit approprié.
Nous organiserons des visites spéciales allant au-delà de ce qui se fait au niveau international afin de montrer en toute transparence la nature pacifique, scientifique et technologique du satellite. »
Les autorités nord-coréennes entendent donc démontrer que la future mission spatiale de la RPDC est bien conforme au Traité sur les Principes régissant les activités des Etats en matière d’exploration et d’utilisation de l’espace extra-atmosphérique, y compris la Lune et les autres corps célestes (communément appelé « Traité sur l’espace »). Adopté par l'Assemblée générale des Nations Unies en 1966, et rejoint par la RPDC en 2009, ce traité proclame notamment que l'espace ne peut pas faire l'objet d'une appropriation nationale et que tous les Etats ont le droit de l'explorer et l'utiliser, un droit que les Etats-Unis et leurs alliés nient aujourd'hui à la République populaire démocratique de Corée, comme ce fut déjà le cas en 2009 lors du tir de la fusée Unha-2.
Sources :
"U.S. Should Not Apply Double Standards to DPRK′s Satellite Launch: FM Spokesman", KCNA, 27 mars 2012
"Official of KCST Interviewed by KCNA", KCNA, 28 mars 2012