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7 mai 2016 6 07 /05 /mai /2016 18:26

Alors que l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a écrit le 19 avril 2016 aux représentants des pays membres du Conseil de sécurité des Nations Unies (CSNU) pour déplorer leur absence de réaction aux manoeuvres militaires américano - sud-coréennes qui font peser un danger sur la paix, la Fédération de Russie a demandé un délai pour réexaminer un projet de résolution du CSNU condamnant les plus récents tirs de missiles opérés par la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), en se préoccupant manifestement de la course aux armements et des exercices de guerre engagés dans la région sous l'égide de Washington. Déjà, en début d'année, la Russie, membre permanent du CSNU disposant d'un droit de veto, avait étudié en détail, avant son adoption, la résolution 2270 du CSNU prise suite à l'essai nucléaire nord-coréen du 6 janvier 2016 et au lancement d'un satellite par la RPDC le 7 février 2016. La position de la Russie doit désormais être pleinement prise en compte par les Américains, qui ne peuvent plus rester avec seulement la Chine en vis-à-vis sur les questions coréennes. 

Vitali Tchourkine, ambassadeur de la Fédération de Russie auprès des Nations Unies

Vitali Tchourkine, ambassadeur de la Fédération de Russie auprès des Nations Unies

Le 2 mai 2016, Vitali Tchourkine, ambassadeur russe auprès de l'ONU, a annoncé que son pays souhaitait apporter des amendements présentant une véritable "valeur ajoutée" au projet de résolution du CSNU visant à condamner la RPD de Corée après ses récents tirs de satellite de moyenne portée - une initiative qualifiée de "malheureuse" par les Etats-Unis.

Parlant sous couvert d'anonymat, un diplomate d'un pays membre du CSNU a précisé que les amendements russes visaient les actions d'un autre pays que la Corée du Nord :

De manière incroyable la Russie a proposé des amendements ne visant pas la RPDC (Corée du Nord) mais plutôt des pays cherchant eux-mêmes à se protéger de cette menace.

La Russie a touché un point sensible contredisant le discours officiel développé par les Américains et leurs alliés, notamment sud-coréens : la montée des tensions autour de la Corée n'est pas imputable à la seule RPDC mais s'inscrit bien dans un ensemble d'actions et de réactions, à savoir une escalade des tensions entretenue par Washington et Séoul.

Sont ainsi visés l'annonce par les Etats-Unis et la Corée du Sud du déploiement du système de missiles antibalistiques THAAD (Terminal High Altitude Area Defense) dans la péninsule, ainsi que l'engagement de manoeuvres militaires conjointes avec la Corée du Sud d'une ampleur inédite, immédiatement après le lancement du satellite artificiel nord-coréen "Kwangmyongsong-4".

Plus que la RPD de Corée ce sont en effet bien la Russie et la Chine qui sont visés par le déploiement de THAAD, comme l'a observé le média russe Sputnik :

Les projets de déploiement du système THAAD sont un nouveau scénario américain destiné à exercer des pressions politico-militaires sur la Russie et la Chine.

C'est donc bien à la menace sur leur sécurité stratégique que comporte le déploiement de THAAD qu'entendent s'opposer Moscou et Pékin, les deux pays ayant annoncé la conduite d'exercices militaires assistés par ordinateur pour protéger leur territoire de frappes de missiles balistiques ou de croisière.

Face à la course aux armements et à l'escalade des tensions entretenue par Washington et ses alliés, l'Association d'amitié franco-coréenne appelle à revenir au plus vite à une réponse diplomatique aux besoins légitimes de sécurité de l'ensemble des parties concernées.

Sources :

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23 avril 2016 6 23 /04 /avril /2016 15:56

Lors de la cérémonie qui s'est tenue le 21 avril 2016, la série télévisée nord-coréenne Le mur pare-balles (en anglais Bulletproof Wall) d'Um Chang-gol, saluée par la critique internationale comme l'une des meilleures jamais réalisée au Nord de la péninsule, a été récompensée par l'obtention d'un prix spécial lors du 18e Festival international du film policier de Moscou (DetectiveFEST). Selon l'agence nord-coréenne KCNA, les participants de plusieurs pays - outre la Russie (organisatrice), l'Autriche et le Kazakhstan - ont fait part de leur intention de diffuser la série sur leurs chaînes nationales de télévision.

"Le mur pare-balles" d'Um Chang-gol récompensé au Festival international du film policier de Moscou

Le mur pare-balles prend place dans la Corée à la fin de l'occupation japonaise et dans la période suivant immédiatement la libération le 15 août 1945, en décrivant avec force réalisme la vie d'un groupe de patriotes agissant dans la clandestinité. Relevant à la fois du film historique et du thriller, cette série télévisée récente - elle est datée de 2000 dans l'ouvrage de référence du cinéma nord-coréen de Ri Ok-gyong (et al.) publiée par la société nord-coréenne Korfilm - met à l'écran Heon Sung-joon. Elle se signale par son rythme haletant, ses scènes d'action spectaculaires et le recours aux effets spéciaux numériques, à partir d'une thématique classique de la création cinématographique de la République populaire démocratique de Corée : la lutte de libération nationale, dans lesquelles s'est illustré le groupe de guérilleros menés par Kim Il-sung, fondateur du pays. 

La série a obtenu un prix spécial dans le cadre de la 18e édition du prestigieux Festival international du film policier de Moscou qui a ouvert ses portes le 20 avril 2016, et proposé plus de 400 films originaires de 57 pays (dont la France).  

Episodes 1 et 2 de "Bulletproof Wall"

Sources :

Ri Ok-gyong, Hong Chan-su, Ri Un-gyong et al.Korean film : Feature Film, TV Drama, Documentary, Science Film, Children's Film / 조선 영화 : 예술, 텔레비죤극, 기록, 과학, 아동 (en anglais et en coréen). Traduction de Ro Yong-chol, Jang Hyang-gi et Yang Sung-mi, Korea Film Export & Import Corporation, Pyongyang, RPD de Corée. OCLC 857899124.

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9 mars 2016 3 09 /03 /mars /2016 21:07

Le 8 mars 2016, la République de Corée (Corée du Sud) a annoncé de nouvelles sanctions unilatérales - s'ajoutant à celles du Conseil de sécurité des Nations Unies - contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Si leur portée est relativement limitée pour la RPD de Corée puisque les échanges de personnes entre les deux Corée avaient déjà pratiquement cessé, et que la fermeture de la zone industrielle de Kaesong a mis fin aux derniers échanges économiques intercoréens, il en va en revanche différemment pour la Russie, Séoul ayant décidé dans ce cadre de mettre fin au projet de liaison transferroviaire entre les deux Corée et la Fédération de Russie. 

La Russie, principale victime des nouvelles sanctions sud-coréennes contre la Corée du Nord ?

En renforçant le régime d'interdiction d'entrée dans ses eaux territoriales des navires ayant transité par la RPD de Corée, les nouvelles sanctions unilatérales décidées par la Corée du Sud correspondent à une interprétation maximaliste de la résolution 2270 du Conseil de sécurité des Nations Unies, créant un embargo qui s'inscrit dans une logique connue, dont les néo-conservateurs sont très friands : celle de l'étranglement économique d'un autre pays dans le but de précipiter l'effondrement de son régime politique.

En outre, les nouvelles sanctions de Séoul ont élargi la liste des entités et personnes placées sur une "liste noire",  les coupant des circuits financiers. Par ailleurs, les Sud-Coréens à l'étranger sont priés de ne pas fréquenter les restaurants nord-coréens à l'étranger - mais cette dernière mesure est surtout d'affichage, l'interdiction étant déjà mise en oeuvre via les représentations diplomatiques sud-coréennes dans le monde, avec l'appui d'un vaste réseau de mouchards, dûment rémunérés, sans équivalent dans aucune démocratie parlementaire. Mais peut-être s'agit-il à présent, pour les services de renseignement sud-coréens (NIS), d'utiliser cette nouvelle mesure pour poursuivre des citoyens coréens lambda à l'étranger, en faisant une application hors de leurs frontières (donc illégale) de la loi de sécurité nationale (LSN) qui interdit les échanges humains Nord-Sud sans autorisation expresse - et donc de se réserver la possibilité d'engager des poursuites dès lors que les Sud-Coréens retourneront dans leur pays ? De la part du NIS, qui viole de manière massive les libertés fondamentales et dont les pouvoirs viennent encore d'être renforcés dans le cadre d'une loi dite antiterroriste, rien ne peut être exclu.

Mais l'élément le plus significatif est bien le coup d'arrêt donné au projet de rapprochement ferroviaire entre la Russie et les deux Corée (ligne dite Rajin-Khasan), qui aurait pourtant été bénéfique à l'ensemble des parties prenantes, dans le cadre de la mise en oeuvre de l'interdiction faite aux navires ayant mouillé en Corée du Nord de se rendre en Corée du Sud, comme l'a précisé l'agence officielle sud-coréenne Yonhap :

Cette interdiction a entraîné l'interruption du projet Rajin-Khasan entre les deux Corées et la Russie. Ce projet vise à acheminer en Corée du Sud du charbon russe et autres marchandises via voies ferroviaire et maritime, en passant par la Corée du Nord. Il était une des exceptions aux sanctions de 2010 interdisant les échanges inter-frontaliers.

Séoul a informé aujourd’hui la Russie de l’interruption du projet de coopération trilatéral. “Le gouvernement a expliqué à la Russie que l'application de nouvelles sanctions est une décision inévitable en réponse à l'essai nucléaire nord-coréen”, à déclaré l'envoyé sur le nucléaire Kim Hong-kyun lors d’un point de presse.

http://french.yonhapnews.co.kr/northkorea/2016/03/08/0500000000AFR20160308003300884.HTML

Une fois encore, ce sont bien les autorités conservatrices de Corée du Sud (au pouvoir depuis 2008) qui prennent l'initiative de dégrader encore davantage les relations intercoréennes - quitte à contredire une nouvelle fois les engagements pris par la présidente sud-coréenne Mme Park Geun-hye en personne, mais cette fois à l'égard de son homologue russe Vladimir Poutine. ce choix apporte aussi la preuve que le discours de Mme Park en faveur du dialogue et des échanges intercoréens était de pur affichage, sans volonté sincère de rapprochement pacifique avec le Nord. A Séoul comme à Washington, les néoconservateurs sont unis dans leur volonté de combiner le recours aux sanctions économiques et aux pressions militaires pour provoquer un changement de régime au Nord, suivant un processus appliqué dans d'autres parties du monde - et quelles que soient les souffrances des populations.

Autre source :

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13 mars 2015 5 13 /03 /mars /2015 23:08

Dans une dépêche en date du 11 mars 2015, l'agence KCNA de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a annoncé que l'année 2015 serait celle de l'amitié entre la Fédération de Russie et la RPD de Corée. Alors qu'une série de visites ont marqué un resserrement récent des liens entre les deux voisins, un développement des échanges est attendu dans les domaines politique, économique et culturel.

Année de l'amitié Russie-RPDC : quels projets concrets ?

La Fédération de Russie et la République populaire démocratique de Corée partagent une même conception des relations internationales basée sur le respect des souverainetés nationales et le refus de l'unilatéralisme. Dans un contexte historique marqué par la commémoration de la fin de la Seconde Guerre mondiale (célébrée en Russie comme la "Grande Guerre patriotique"), qui a signifié l'accession de la Corée à l'indépendance, mais aussi l'enclenchement du processus de division du pays, la décision conjointe de faire de 2015 l'année de l'amitié russo - nord-coréenne doit s'accompagner par un essor des visites croisées entre les deux pays dans les différents domaines - politique, économique et culturel. L'agence nord-coréenne KCNA n'a toutefois pas confirmé, à ce stade, si le Maréchal Kim Jong-un visiterait lui-même la Russie à l'occasion de la célébration de la victoire sur le nazisme.

Un accroissement des échanges est tout particulièrement attendu dans le domaine économique, après l'annulation en 2014 de la plus grande partie de la dette nord-coréenne vis-à-vis de la Russie et l'ouverture de perspectives nouvelles d'investissements internationaux en RPD de Corée pour les groupes russes, particulièrement dans le secteur minier. Le raccordement des réseaux ferroviaires et le prolongement des liaisons dans le domaine du gaz sont des projets définis de longue date, qui bénéficieraient par ailleurs à l'ensemble de la péninsule coréenne, et pourraient entrer dans une phase plus opérationnelle. Enfin, la Russie est intéressée par le développement de ses régions d'Extrême-Orient.

En février 2015, la Chambre de commerce russe a mis en place un Conseil pour la coopération avec la Corée du Nord, visant à doubler les échanges commerciaux pour les porter à 1 milliard de dollars par an d'ici 2020. Alors que tant la RPDC que la Russie sont soumises à des régimes de sanctions par les puissance occidentales, les entreprises des deux pays bénéficieraient d'un accès privilégié à l'économie de leur partenaire. Les Nord-Coréens pourraient ouvrir des comptes dans les banques russes, et les hommes d'affaires russes bénéficieraient d'un régime assoupli de visas ainsi que d'un accès élargi à Internet et à la téléphonie mobile.

Principales sources :

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24 janvier 2015 6 24 /01 /janvier /2015 23:03

Lors d'une conférence de presse qui s'est tenue le 21 janvier 2015, Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, a été interrogé sur la réponse de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) à l'invitation faite au Maréchal Kim Jong-un de participer aux cérémonies qui marqueront à Moscou, le 9 mai prochain, le 70e anniversaire de la victoire dans la Seconde guerre mondiale - appelée en Russie la Grande Guerre patriotique. Le chef de la diplomatie russe a indiqué que "le premier signal est positif", renforçant ainsi la possibilité que le dirigeant nord-coréen choisisse la Russie pour son premier déplacement à l'étranger depuis son accession aux plus hautes responsabilités. Alors qu'une vingtaine de chefs d'Etat étrangers ont déjà confirmé leur participation, la Présidente sud-coréenne Mme Park Geun-hye est également invitée, relançant les spéculations sur la possibilité qu'elle rencontre, dans la capitale russe, le Maréchal Kim Jong-un. Si un certain nombre de questions cruciales d'organisation et protocolaires restent naturellement à régler pour confirmer la venue du Premier président de la Commission de la défense nationale de la RPD de Corée, les discussions en cours entre Pyongyang et Moscou témoignent d'un resserrement des liens bilatéraux engagé lors de la visite en Russie du dirigeant Kim Jong-il, à l'été 2011.

Vladimir Poutine et Choe Ryong-hae, secrétaire du Parti du travail de Corée, en visite en Russie du 17 au 24 novembre 2014

Vladimir Poutine et Choe Ryong-hae, secrétaire du Parti du travail de Corée, en visite en Russie du 17 au 24 novembre 2014

La rencontre en Russie entre le dirigeant Kim Jong-il et le Président Vladimir Poutine, en 2001, avait marqué le retour de Moscou sur la scène coréenne après l'éclipse de la présidence Eltsine, ce qui avait ensuite conduit à une présence russe dans les pourparlers multilatéraux sur la question nucléaire coréenne - à la différence de l'après-crise sur le nucléaire nord-coréen de 1994. Les deux alliés avaient pourtant noué des relations d'amitié historiques :  au lendemain de la Seconde guerre mondiale, la Corée était dans le camp des vainqueurs, grâce au rôle de la résistance antijaponaise - qu'avait animée notamment le futur Président Kim Il-sung, fondateur de la RPD de Corée, grand-père de l'actuel dirigeant Kim Jong-un. Pour leur part, les troupes soviétiques avaient également participé à la libération de la Corée, où elles avaient été présentes dans les années d'après-guerre.

Les relations russo - nord-coréennes se sont renforcées depuis 2011, à l'occasion notamment de la rencontre à Oulan-Oude, le 24 août 2011, entre le Président Dmitri Medvedev et le Dirigeant Kim Jong-il, qui avait conduit à l'effacement de 90 % de la dette nord-coréenne vis-à-vis de la Russie, et la relance de projets économiques d'intérêt commun, notamment dans le domaine ferroviaire et pour le transport de l'énergie. La Russie peut ainsi espérer un développement accru de ses régions d'Extrême-Orient et de meilleurs débouchés sur la Corée du Sud et la zone Pacifique, alors que la RPD de Corée peut poursuivre la diversification recherchée de ses échanges internationaux et de ses partenariats économiques.

En novembre 2014, Choe Ryong-hae avait rencontré à Moscou, en qualité de représentant du Maréchal Kim Jong-un, le Président russe Vladimir Poutine. Le volet politique des échanges bilatéraux avait ainsi été réaffirmé : alors que Pyongyang a soutenu la Russie sur la question de la Crimée, Moscou a critiqué la position occidentale sur les droits de l'homme en RPD de Corée et a appuyé les appels de Pyongyang à la reprise des pourparlers sur le nucléaire. Les deux pays partagent fondamentalement une même vision des relations internationales fondée sur le respect de la souveraineté des Etats.

Source :

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26 novembre 2014 3 26 /11 /novembre /2014 23:34

La résolution des Nations Unies sur les droits de l'homme en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a entraîné une vive réaction des autorités nord-coréennes. La Commission de la défense nationale de la RPD de Corée a souligné que la Corée du Nord ne se considérait plus tenue par la suspension de ses essais nucléaires, ce qui a entraîné des menaces des Etats-Unis, de la Corée du Sud et de leurs alliés - y compris la France - qu'un quatrième essai conduirait à un renforcement des sanctions internationales contre Pyongyang. Cette nouvelle escalade des tensions démontre le caractère contre-productif de la résolution des Nations Unies. Face à cette impasse, la Russie met en exergue qu'une autre voie est possible : la reprise des pourparlers à six, à laquelle la RPD de Corée est prête à participer sans conditions préalables.

Démonstration de masse à Pyongyang, le 25 novembre 2014, dénonçant la "politique de racket" des Etats-Unis dans le cadre de l'adoption de la résolution des Nations Unies sur les droits de l'homme en RPDC

Démonstration de masse à Pyongyang, le 25 novembre 2014, dénonçant la "politique de racket" des Etats-Unis dans le cadre de l'adoption de la résolution des Nations Unies sur les droits de l'homme en RPDC

Un plaidoyer pour la reprise des pourparlers à six (les deux Corée, les Etats-Unis, la Chine, la Russie et le Japon), cadre de négociations pour la dénucléarisation de l'ensemble de la péninsule coréenne, a été formulé par Grigory Logvinov, représentant du ministère russe des Affaires étrangères, le 22 novembre 2014, dans le cadre de la conférence de Moscou 2014 sur la non-prolifération nucléaire.

S'interrogeant sur l'opportunité et le format du cadre de discussions multilatérales, Grigory Logvinov a déclaré : "Quand et comment est-ce que le processus à six peut reprendre? Est-il tout simplement possible? Il l'est. Et je pense que le format à six est toujours le plus approprié, étant donné que le problème doit être résolu dans le cadre d'un processus mondial multi-format et à grande échelle".

Dénonçant comme "disproportionnées" les mesures militaires prises par les Etats-Unis face à la RPD de Corée, le représentant du MAE russe a déploré les conditions "inacceptables" mises par Washington à une reprise des pourparlers à six : selon lui, le gouvernement américain "ne devrait pas mettre en avant des conditions préalables dont elle sait qu'elles sont contestables et inacceptables".

Ayant voté contre la résolution des Nations Unies sur les droits de l'homme en Corée du Nord, à l'instar de la Chine, la Russie exhorte par ailleurs la RPD de Corée à abandonner ses armes nucléaires en contrepartie d'une levée des sanctions.

Ces déclarations sont d'autant plus significatives de la volonté de Pyongyang de reprendre le dialogue - à condition que les Etats-Unis ne poursuivent pas sur la voie de l'escalade - qu'elles interviennent au lendemain d'une visite en Russie de Choe Ryong-hae, en qualité d'envoyé spécial du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un.

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20 novembre 2014 4 20 /11 /novembre /2014 00:11

Le 18 novembre 2014, Choe Ryong-hae, membre du praesidium du bureau politique et secrétaire du Comité central du Parti du travail de Corée (PTC), a rencontré au Kremlin le président russe Vladimir Poutine, dans le cadre d'une visite de sept jours qu'il effectue en Russie en tant qu'envoyé spécial du Maréchal Kim Jong-un, dirigeant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Alors que la RPDC et la Fédération de Russie ont récemment encore renforcé leurs traditionnelles relations d'amitié et de coopération - ainsi, concernant la crise en Crimée, la RPD de Corée a soutenu les positions russes - le compte rendu de l'entretien par l'agence nord-coréenne KCNA, dont nous traduisons des extraits ci-après, exprime une volonté partagée de développer davantage leurs échanges bilatéraux.

Rencontre entre Vladimir Poutine et Choe Ryong-hae, 18 novembre 2014 (KCNA)

Rencontre entre Vladimir Poutine et Choe Ryong-hae, 18 novembre 2014 (KCNA)

Kim Kye-gwan, premier vice-ministre des Affaires étrangères de la RPD de Corée, No Kwang-chol, adjoint au commandant en chef de l'Armée populaire de Corée, Kim Hyong-jun, ambassadeur de la RPDC en Russie, Youri Ushakov, conseiller du président russe, et Igor Morgoulov, vice-ministre russe des Affaires étrangères, étaient présents à l'entretien entre le président russe Vladimir Poutine et Choe Ryong-hae, envoyé spécial du Maréchal Kim Jong-un, dont il a remis une lettre au chef de l'Etat russe.

Vladimir Poutine a remercié Choe Ryong-hae et l'a chargé de transmettre ses remerciements sincères et ses chaleureuses salutations au dirigeant nord-coréen. Il a déclaré garder un souvenir ému de ses rencontres avec le dirigeant Kim Jong-il. Il a souligné que la Russie et la RPD de Corée étaient de proches voisins, qui avaient une longue tradition de relations d'amitié et de coopération.

Alors que l'Union soviétique a longtemps été un partenaire privilégié de la RPD de Corée, les relations avaient fortement diminué pendant la présidence de Boris Eltsine, avant de se développer à nouveau depuis le début des années 2000 et le premier mandat de Vladimir Poutine. Des projets bilatéraux sont particulièrement prometteurs dans le domaine ferroviaire et de transport de l'énergie.


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29 juillet 2014 2 29 /07 /juillet /2014 15:44

En juillet 2014, la République populaire démocratique (RPDC, Corée du Nord) a accueilli 38 fonctionnaires et représentants du monde économique sud-coréens pour une visite d’une semaine dans le port de Rajin, formant avec Sonbong la zone économique spéciale (ZES) de Rason, près de la frontière avec la Fédération de Russie. Ceux-ci se sont déclarés favorables au projet, malgré les appels pressants des Etats-Unis à rejoindre un front commun de sanctions contre la Russie suite aux événements d'Ukraine. Le choix de la Corée du Sud de soutenir le projet russo-nord-coréen de relier le Transsibérien à la péninsule coréenne permettrait de dynamiser la ZES de Rason et ferait bénéficier la Corée du Sud d’un approvisionnement en charbon russe. Il ferait aussi progresser les relations intercoréennes

Une participation sud-coréenne au projet de « rail eurasien » pour dynamiser la zone économique spéciale de Rason?

Située sur la rive ouest de la rivière Tumen, la zone économique spéciale de Rajin-Sonbong, d'une superficie de 746 km², a été fondée en 1991 sous la juridiction du Comité de la coopération économique extérieure de la République populaire démocratique de Corée afin d’accueillir des investisseurs étrangers intéressés par le potentiel économique et géographique de la Corée du Nord. Renommée Rason en 2000, cette zone économique spéciale - inspirée des modèles de Hong Kong et de Macao - constitue la première ouverture de la RPDC sur l’économie mondiale, bénéficiant d'une juridiction spéciale. Cette zone intègre un centre de transit de cargos, une plate-forme de correspondance (hub) pour les exportations de la RPDC mais aussi une zone touristique avec plusieurs parcours guidés. En 1996, la ZES abritait déjà 51 entreprises étrangères pour un total de 37 millions de dollars investis et l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (UNIDO) estimait alors que l’investissement total se porterait à 150 millions de dollars. Son statut a été modifié en 2010 pour lui accorder une plus grande autonomie. En 2012, la ZES a accueilli sa première foire internationale consacrée au commerce.

 

Rason s’appuie notamment sur un complexe de trois ports qui en font sa force majeure : Rajin, Sonbong et Chongjin, dont les capacités cumulées atteignent 14 millions de tonnes. La localisation du site de la ZES, à l’embouchure du fleuve Tumen, a d’abord attiré l’attention du gouvernement et d’investisseurs chinois qui percevaient Rason comme une manière de désenclaver économiquement les trois provinces du nord-est de la Chine (Liaoning, Jilin et Heilongjiang). Depuis, la République populaire de Chine est le premier investisseur de la zone et opère deux jetées dans le port, une pour l’exportation de charbon et l’autre pour les containers. L’Université de Yanbian a conclu le 7 juin dernier un partenariat avec la ZES de Rason pour offrir formation et soutien juridique à celle-ci. La Russie s’est également très tôt intéressée aux possibilités offerte par cette zone économique spéciale située juste à sa frontière : elle suit la Chine en termes d’investissements et opère une jetée utilisée pour le charbon. Les connections terrestres avec la Chine ont été rénovées en 2010 et depuis un accord de 2008 entre le dirigeant de la RPD de Corée Kim Jong-il et le président russe Vladimir Poutine, la RPDC et la Russie ont achevé de restaurer en septembre 2013 une liaison ferroviaire de 54 kilomètres entre la ville russe de Khasan et Rason.

Inauguration de la ligne Rajin-Khasan le 22 septembre 2013

Inauguration de la ligne Rajin-Khasan le 22 septembre 2013

C’est dans ce contexte de projet ferroviaire qu’est intervenue, en juillet 2014, la visite d’une semaine de 38 fonctionnaires et représentants économiques sud-coréens appartenant à la compagnie ferroviaire KORAIL, à l’aciériste POSCO et à la compagnie maritime Hyundai Merchant Marine Co, à l'invitation du gouvernement de la RPDC. Cette visite avait pour but de décider de la faisabilité d’une participation sud-coréenne au projet russo-nord-coréen de connecter le Transsibérien via Khasan à la ville de Rajin. Les représentants de ce consortium trilatéral ainsi que les envoyés gouvernementaux se sont déclarés intéressés par les possibilités offertes par ce projet. Les trois entreprises envisagent donc de réaliser un transport-test de charbon russe par voie ferrée jusque Rajin puis de l’expédier par mer vers le port sud-coréen de Pohang. Si cette participation devait se concrétiser, il semble que le consortium sud-coréen achèterait la moitié des parts de la Russie dans la nouvelle jetée construite à Rajin, capable de recevoir 4 millions de tonnes de charbon. Un tel projet dynamiserait indubitablement la ZES de Rason en la transformant en plaque tournante pour le transport international.

 

Cette initiative économique bénéficie d’un soutien ferme des autorités sud-coréennes et russes : la présidente sud-coréenne Park Geun-hye et le président russe Vladimir Poutine sont tombés d’accord lors d’une rencontre en novembre 2013 à Séoul sur le soutien à apporter à l’implantation des firmes sud-coréennes dans ce projet. De plus, Park Geun-hye met en avant comme vision politique de son mandat une « initiative eurasienne », appelant à la construction de plus d’infrastructures de transport et à la libération du commerce entre toutes les nations eurasiennes pour créer un marché commun géant rivalisant avec l’Union Européenne. Le gouvernement nord-coréen est très favorable à cette participation sud-coréenne dans ce projet et espère qu’il constituera un terreau fertile pour faire avancer les relations intercoréennes.

 

En revanche, le choix opéré par la Corée du Sud, qui la rapprocherait de la Fédération de Russie, s'oppose frontalement aux récents appels lancés par les Etats-Unis. Suite à une réunion le 28 juillet 2014 avec des représentants français, allemands, britanniques et italiens pour décider des sanctions à appliquer contre la Russie, le secrétaire assistant adjoint au Counter Threat Finance and Sanctions (TFS) du département d’Etat américain, Peter Harrell, en visite à Séoul, s’est rendu au ministère des Affaires étrangères pour demander la coopération sud-coréenne dans ce front commun de sanctions. Le gouvernement sud-coréen a répondu via un communiqué que l’annexion de la Crimée par la Russie n’était pas acceptable. Il n'a cependant annoncé aucune sanction à l’encontre de la Fédération de Russie, afin de ne pas détériorer les relations bilatérales avec un potentiel partenaire majeur dans un projet intéressant toute l'Asie orientale.

 

Sources :

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14 juin 2014 6 14 /06 /juin /2014 22:53

En mai 2014, la chambre basse de la Douma (Parlement russe) a ratifié l’effacement de près de 90 % des 10,94 milliards de dollars de la dette commerciale contractée par la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) au cours de la période soviétique, ouvrant ainsi la voie à une relance des coopérations économiques bilatérales.

L’Union soviétique a constitué jusqu’à sa disparition en 1991 un soutien économique majeur et un partenaire commercial de premier plan pour la Corée du Nord. Ainsi, par exemple, elle a assuré près de 50 % des 4,75 milliards de dollars d’aide au développement qui aurait été versée à la RPDC entre 1945 et 1984. En 1988, l’URSS représentait 56 % du commerce avec la RPDC, soit un volume d’échanges chiffré à 4,1 milliards de dollars. Cependant, une réorientation soviétique progressive vers le Sud au détriment des liens traditionnels avec le Nord est amorcée à partir de la fin des années 1980 : ce tournant se concrétise notamment par la suppression des aides au développement et la fin des échanges produits contre produits au profit d’un commerce monétisé en dollars ou en deutschemark. Au surplus, les difficultés économiques de la RPDC issues d’une série de catastrophes naturelles entre 1995 et 1997 découragent la Russie - héritière de l’URSS - de renouer un contact économique soutenu. En 2011, le volume du commerce bilatéral plafonne à 110 millions de dollars, soit son niveau historique le plus bas et la dette nord-coréenne se fixe aux alentours d’un montant estimé à plus de 10 milliards de dollars.

La dette nord-coréenne auprès de la Russie reste une question centrale dans les relations entre les deux pays. Le projet d’annulation de la dette remonte à 2003, lorsque la RPDC en fait la demande officielle à la Russie. Un accord de principe, porté par le président Vladimir Poutine, est conclu en 2006 pour l’effacement de 80 % de cette dette. Toutefois, il est révisé en 2012 - suite à la rencontre entre le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il et le président russe Dmitri Medvedev à Oulan-Oude, le 24 août 2011 - pour atteindre 90 % des 10,94 milliards de dollars de la dette commerciale nord-coréenne. Son entérinement par la Douma en mai 2014 constitue l’aboutissement d’un long dialogue entre les deux pays pour développer leurs relations économiques. Les 1,09 milliards de dollars restants non-effacés seront payés par des versements réguliers étalés sur 20 ans à la banque de développement russe, la Vnesheconombank (Внешэкономбанк) et le Ministre délégué aux finances, Serguei Storchak, a déjà précisé que cet argent pourrait être utilisé pour financer des projets communs sur le territoire de la RPDC, notamment un gazoduc – projet porté par Gazprom - et la réfection du chemin de fer jusqu’en Corée du Sud.

Rencontre entre les présidents Kim Jong-il et Dmitri Medvedev à Oulan-Oude, le 24 août 2011

Rencontre entre les présidents Kim Jong-il et Dmitri Medvedev à Oulan-Oude, le 24 août 2011

La résolution de la question de la dette nord-coréenne auprès de la Russie ouvre donc un large éventail d’opportunités économiques jusqu’ici considérées inaccessibles. Ainsi, Le 5 juin 2014, au cours d’une réunion du Comité permanent russo-coréen à Vladivostok, le Ministre russe pour le développement de l’Extrême-Orient Alexander Galouchko annonce le lancement de transactions bilatérales en roubles via les banques russes (la Corée du Nord utilise normalement l’euro pour ses échanges internationaux). L’objectif affiché de cette nouvelle coopération est de soutenir l’augmentation du commerce bilatéral pour atteindre un volume équivalent à 1 milliard de dollars par an vers 2020, contre 112 millions de dollars actuellement. Cependant, les retombées économiques de l’effacement de la dette nord-coréenne devraient aussi bénéficier aux projets communs bilatéraux ainsi que multilatéraux déjà établis à l’image de la réhabilitation et l'exploitation en commun de la liaison ferroviaire Rajin-Tumangang en 2008 par Tonghae - la compagnie nord-coréenne des chemins de fer – ou bien encore le Tumen River Area Development Programme (TRADP) lancé en 1992 visant à porter l’investissement multilatéral à 30 milliards de dollars sur les provinces du Nord Hamgyong et de Ryanggang (Corée du Nord), de Yanbian (Chine) et de Primorsky (Russie).

Sources :

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9 février 2014 7 09 /02 /février /2014 10:23

_62439105_wisk8rc3.jpgLe 7 février 2014, Kim Yong-nam (photo à gauche, source), président du praesidium de l'Assemblée populaire suprême de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), qui à ce titre exerce les fonctions de chef de l'Etat, était présent à la cérémonie d'ouverture des vingt-deuxièmes Jeux olympiques d'hiver à Sotchi. Alors que les sportifs nord-coréens ne participent pas à l'édition 2014 des Jeux d'hiver, le déplacement du Président Kim Yong-nam s'inscrit dans le cadre des très bonnes relations traditionnelles entre la RPD de Corée et la Fédération de Russie.

Même si elle a obtenu des médailles aux Jeux olympiques d'hiver par le passé, la RPD de Corée reste peu présente dans les disciplines de la compétition. Pour les Jeux d'hiver de 2014 à Sotchi, elle n'est pas présente - comme d'ailleurs de nombreux pays d'Asie du Sud-Est, d'Afrique et du Proche et de Moyen-Orient.

Toutefois, l'ouverture de nouveau équipements sportifs - comme la station de ski de Masikryong - traduit l'importance accordée aux sports d'hiver, non seulement à des fins de loisirs mais aussi, potentiellement, dans des perspectives de participation accrue aux compétitions internationales. En 2011, le nom d'un patineur - Yun Jin-il - avait été retenu parmi les dix meilleurs sportifs de l'année en Corée du Nord.

En outre, une délégation de très haut niveau - conduite par le Président Kim Yong-nam - a participé aux cérémonies d'ouverture, traduisant ainsi la qualité des relations diplomatiques entre la Russie et la RPDC. L'agence officielle nord-coréenne KCNA en a rendu compte à deux reprises : le 5 février, lors du départ de la délégation, et dans une autre dépêche datée du 7 février  2014 et faisant le compte rendu de la cérémonie d'ouverture.

Signe du caractère éminemment diplomatique de la présence du Président Kim Yong-nam comme invité d'honneur des cérémonies d'ouverture de Sotchi, la présence de Kung Sok-ung, vice-ministre des Affaires étrangères, plus particulièrement en charge des relations avec les pays européens, a été soulignée par l'agence KCNA. La délégation officielle a également été composée de Yang Hyong-sop, vice-président du praesidium de l'Assemblée populaire suprême, Pak Myong-guk, vice-ministre des Affaires étrangères, et Son Kwang-ho, vice-ministre des Sports et de la Culture physique, également vice-président du Comité olympique de la RPD de Corée.

A Sotchi, le Président Kim Yong-nam a rencontré et eu un entretien avec Vladimir Poutine, à qui il a transmis les salutations du Maréchal Kim Jong-un.
   
vladimir-poutine_putin_kim-yong-nam_sotchi.jpg
Par ailleurs, le Président Kim Yong-nam a eu un entretien avec la présidente du Conseil de la Fédération de Russie, Mme Valentina Matvienko.

Principales sources : KCNA, Ria Novosti.
 

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