Lors du sommet entre les dirigeants russe Dmitri Medvedev et nord-coréen Kim Jong-il qui s'est tenu à Oulan-Oude, en Sibérie, le 24 août 2011, la Fédération de Russie et la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) ont convenu de la mise en place d'une commission spéciale pour la création d'un gazoduc entre la Russie, la RPDC et la Corée du Sud, avec l'objectif que ce projet soit opérationnel dès cette année et porte sur le transport de 10 milliards de mètres cubes. Si les autorités sud-coréennes n'ont pas immédiatement réagi à cette annonce, le président sud-coréen Lee Myung-bak vient de déclarer à New York qu'il considérait ce projet comme "gagnant-gagnant" pour toutes les parties impliquées (Moscou, Pyongyang et Séoul), ce qui devrait permettre sa mise en oeuvre rapide.
La visite en Russie du président de la commission de la défense nationale de la RPD de Corée Kim Jong-il, en août dernier, a donné lieu à plusieurs annonces dans le domaine économique. S'agissant du transport du gaz entre la Russie et la Corée du Sud via la Corée du Nord, la décision a été prise entre Pyongyang et Moscou de créer une commission spéciale pour déterminer le volume transporté et le montant des droits de transit versés à la RPDC. Selon le Kremlin, ce gazoduc, d'une longueur de 1.100 km, pourrait être opérationnel dès cette année, en transportant un volume de 10 milliards de mètres cubes.
Les routes du pétrole et du gaz russes (source : Philippe Rekacewicz, Cartographier le présent, 2007)
L'annonce du gazoduc transcoréen a été faite dans un contexte d'amélioration des relations internationales autour de la péninsule, parallèlement à la nomination d'un nouveau ministre de la Réunification à Séoul, Yu Woo-ik. Ce dernier avait alors déclaré trouver le projet intéressant, tout en précisant qu'il convenait d'y réfléchir plus avant, au vu des éléments concrets du dossier.
Malgré la campagne hostile au projet de gazoduc transcoréen conduite par certains médias conservateurs sud-coréens, qui ont mis en exergue les risques éventuels de "siphonnage" du gaz lors de son transport ainsi que de rupture des approvisionnements en cas de détérioration des relations Nord-Sud, le président sud-coréen a tranché en faveur du projet, dans la continuité des positions qu'il avait déjà prises sur le sujet par le passé, notamment à l'issue d'une rencontre en septembre 2008 avec le PDG de Gazprom, Alexei Miller.
Dans un entretien donné à la presse new-yorkaise, le président Lee Myung-bak a déclaré : "Je ne le considère pas comme un rêve tiré par les cheveux", mais comme "un projet gagnant-gagnant pour toutes les parties concernées".
Le gazoduc pourrait transporter jusqu'à 10 milliards de mètres cubes, par une route directe pour la Russie. La Corée du Sud, aujourd'hui le deuxième importateur mondial de gaz, approvisionnée exclusivement par voie maritime, pourrait réduire ses coûts d'approvisionnement en gaz naturel jusqu'à 30 %. Enfin, comme l'a rappelé le 7 septembre dernier, lors d'une rencontre avec des parlementaires, Hong Joon-pyo, président du Grand Parti national (conservateur, au pouvoir), les droits de transit perçus par la Corée du Nord pourraient s'élever à 100 millions de dollars par an.
Egalement en septembre 2011, l'entreprise russe Gazprom, tout en poursuivant ses négociations avec le gouvernement nord-coréen, a signé des accords préliminaires avec l'entreprise sud-coréenne Korea Gas Corp, rendant réaliste la tenue d'un calendrier de mise en oeuvre rapide, dès la fin de cette année.
Sources : AAFC, Business week
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