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9 mars 2016 3 09 /03 /mars /2016 21:07

Le 8 mars 2016, la République de Corée (Corée du Sud) a annoncé de nouvelles sanctions unilatérales - s'ajoutant à celles du Conseil de sécurité des Nations Unies - contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Si leur portée est relativement limitée pour la RPD de Corée puisque les échanges de personnes entre les deux Corée avaient déjà pratiquement cessé, et que la fermeture de la zone industrielle de Kaesong a mis fin aux derniers échanges économiques intercoréens, il en va en revanche différemment pour la Russie, Séoul ayant décidé dans ce cadre de mettre fin au projet de liaison transferroviaire entre les deux Corée et la Fédération de Russie. 

La Russie, principale victime des nouvelles sanctions sud-coréennes contre la Corée du Nord ?

En renforçant le régime d'interdiction d'entrée dans ses eaux territoriales des navires ayant transité par la RPD de Corée, les nouvelles sanctions unilatérales décidées par la Corée du Sud correspondent à une interprétation maximaliste de la résolution 2270 du Conseil de sécurité des Nations Unies, créant un embargo qui s'inscrit dans une logique connue, dont les néo-conservateurs sont très friands : celle de l'étranglement économique d'un autre pays dans le but de précipiter l'effondrement de son régime politique.

En outre, les nouvelles sanctions de Séoul ont élargi la liste des entités et personnes placées sur une "liste noire",  les coupant des circuits financiers. Par ailleurs, les Sud-Coréens à l'étranger sont priés de ne pas fréquenter les restaurants nord-coréens à l'étranger - mais cette dernière mesure est surtout d'affichage, l'interdiction étant déjà mise en oeuvre via les représentations diplomatiques sud-coréennes dans le monde, avec l'appui d'un vaste réseau de mouchards, dûment rémunérés, sans équivalent dans aucune démocratie parlementaire. Mais peut-être s'agit-il à présent, pour les services de renseignement sud-coréens (NIS), d'utiliser cette nouvelle mesure pour poursuivre des citoyens coréens lambda à l'étranger, en faisant une application hors de leurs frontières (donc illégale) de la loi de sécurité nationale (LSN) qui interdit les échanges humains Nord-Sud sans autorisation expresse - et donc de se réserver la possibilité d'engager des poursuites dès lors que les Sud-Coréens retourneront dans leur pays ? De la part du NIS, qui viole de manière massive les libertés fondamentales et dont les pouvoirs viennent encore d'être renforcés dans le cadre d'une loi dite antiterroriste, rien ne peut être exclu.

Mais l'élément le plus significatif est bien le coup d'arrêt donné au projet de rapprochement ferroviaire entre la Russie et les deux Corée (ligne dite Rajin-Khasan), qui aurait pourtant été bénéfique à l'ensemble des parties prenantes, dans le cadre de la mise en oeuvre de l'interdiction faite aux navires ayant mouillé en Corée du Nord de se rendre en Corée du Sud, comme l'a précisé l'agence officielle sud-coréenne Yonhap :

Cette interdiction a entraîné l'interruption du projet Rajin-Khasan entre les deux Corées et la Russie. Ce projet vise à acheminer en Corée du Sud du charbon russe et autres marchandises via voies ferroviaire et maritime, en passant par la Corée du Nord. Il était une des exceptions aux sanctions de 2010 interdisant les échanges inter-frontaliers.

Séoul a informé aujourd’hui la Russie de l’interruption du projet de coopération trilatéral. “Le gouvernement a expliqué à la Russie que l'application de nouvelles sanctions est une décision inévitable en réponse à l'essai nucléaire nord-coréen”, à déclaré l'envoyé sur le nucléaire Kim Hong-kyun lors d’un point de presse.

http://french.yonhapnews.co.kr/northkorea/2016/03/08/0500000000AFR20160308003300884.HTML

Une fois encore, ce sont bien les autorités conservatrices de Corée du Sud (au pouvoir depuis 2008) qui prennent l'initiative de dégrader encore davantage les relations intercoréennes - quitte à contredire une nouvelle fois les engagements pris par la présidente sud-coréenne Mme Park Geun-hye en personne, mais cette fois à l'égard de son homologue russe Vladimir Poutine. ce choix apporte aussi la preuve que le discours de Mme Park en faveur du dialogue et des échanges intercoréens était de pur affichage, sans volonté sincère de rapprochement pacifique avec le Nord. A Séoul comme à Washington, les néoconservateurs sont unis dans leur volonté de combiner le recours aux sanctions économiques et aux pressions militaires pour provoquer un changement de régime au Nord, suivant un processus appliqué dans d'autres parties du monde - et quelles que soient les souffrances des populations.

Autre source :

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13 mars 2015 5 13 /03 /mars /2015 23:08

Dans une dépêche en date du 11 mars 2015, l'agence KCNA de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a annoncé que l'année 2015 serait celle de l'amitié entre la Fédération de Russie et la RPD de Corée. Alors qu'une série de visites ont marqué un resserrement récent des liens entre les deux voisins, un développement des échanges est attendu dans les domaines politique, économique et culturel.

Année de l'amitié Russie-RPDC : quels projets concrets ?

La Fédération de Russie et la République populaire démocratique de Corée partagent une même conception des relations internationales basée sur le respect des souverainetés nationales et le refus de l'unilatéralisme. Dans un contexte historique marqué par la commémoration de la fin de la Seconde Guerre mondiale (célébrée en Russie comme la "Grande Guerre patriotique"), qui a signifié l'accession de la Corée à l'indépendance, mais aussi l'enclenchement du processus de division du pays, la décision conjointe de faire de 2015 l'année de l'amitié russo - nord-coréenne doit s'accompagner par un essor des visites croisées entre les deux pays dans les différents domaines - politique, économique et culturel. L'agence nord-coréenne KCNA n'a toutefois pas confirmé, à ce stade, si le Maréchal Kim Jong-un visiterait lui-même la Russie à l'occasion de la célébration de la victoire sur le nazisme.

Un accroissement des échanges est tout particulièrement attendu dans le domaine économique, après l'annulation en 2014 de la plus grande partie de la dette nord-coréenne vis-à-vis de la Russie et l'ouverture de perspectives nouvelles d'investissements internationaux en RPD de Corée pour les groupes russes, particulièrement dans le secteur minier. Le raccordement des réseaux ferroviaires et le prolongement des liaisons dans le domaine du gaz sont des projets définis de longue date, qui bénéficieraient par ailleurs à l'ensemble de la péninsule coréenne, et pourraient entrer dans une phase plus opérationnelle. Enfin, la Russie est intéressée par le développement de ses régions d'Extrême-Orient.

En février 2015, la Chambre de commerce russe a mis en place un Conseil pour la coopération avec la Corée du Nord, visant à doubler les échanges commerciaux pour les porter à 1 milliard de dollars par an d'ici 2020. Alors que tant la RPDC que la Russie sont soumises à des régimes de sanctions par les puissance occidentales, les entreprises des deux pays bénéficieraient d'un accès privilégié à l'économie de leur partenaire. Les Nord-Coréens pourraient ouvrir des comptes dans les banques russes, et les hommes d'affaires russes bénéficieraient d'un régime assoupli de visas ainsi que d'un accès élargi à Internet et à la téléphonie mobile.

Principales sources :

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24 janvier 2015 6 24 /01 /janvier /2015 23:03

Lors d'une conférence de presse qui s'est tenue le 21 janvier 2015, Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, a été interrogé sur la réponse de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) à l'invitation faite au Maréchal Kim Jong-un de participer aux cérémonies qui marqueront à Moscou, le 9 mai prochain, le 70e anniversaire de la victoire dans la Seconde guerre mondiale - appelée en Russie la Grande Guerre patriotique. Le chef de la diplomatie russe a indiqué que "le premier signal est positif", renforçant ainsi la possibilité que le dirigeant nord-coréen choisisse la Russie pour son premier déplacement à l'étranger depuis son accession aux plus hautes responsabilités. Alors qu'une vingtaine de chefs d'Etat étrangers ont déjà confirmé leur participation, la Présidente sud-coréenne Mme Park Geun-hye est également invitée, relançant les spéculations sur la possibilité qu'elle rencontre, dans la capitale russe, le Maréchal Kim Jong-un. Si un certain nombre de questions cruciales d'organisation et protocolaires restent naturellement à régler pour confirmer la venue du Premier président de la Commission de la défense nationale de la RPD de Corée, les discussions en cours entre Pyongyang et Moscou témoignent d'un resserrement des liens bilatéraux engagé lors de la visite en Russie du dirigeant Kim Jong-il, à l'été 2011.

Vladimir Poutine et Choe Ryong-hae, secrétaire du Parti du travail de Corée, en visite en Russie du 17 au 24 novembre 2014

Vladimir Poutine et Choe Ryong-hae, secrétaire du Parti du travail de Corée, en visite en Russie du 17 au 24 novembre 2014

La rencontre en Russie entre le dirigeant Kim Jong-il et le Président Vladimir Poutine, en 2001, avait marqué le retour de Moscou sur la scène coréenne après l'éclipse de la présidence Eltsine, ce qui avait ensuite conduit à une présence russe dans les pourparlers multilatéraux sur la question nucléaire coréenne - à la différence de l'après-crise sur le nucléaire nord-coréen de 1994. Les deux alliés avaient pourtant noué des relations d'amitié historiques :  au lendemain de la Seconde guerre mondiale, la Corée était dans le camp des vainqueurs, grâce au rôle de la résistance antijaponaise - qu'avait animée notamment le futur Président Kim Il-sung, fondateur de la RPD de Corée, grand-père de l'actuel dirigeant Kim Jong-un. Pour leur part, les troupes soviétiques avaient également participé à la libération de la Corée, où elles avaient été présentes dans les années d'après-guerre.

Les relations russo - nord-coréennes se sont renforcées depuis 2011, à l'occasion notamment de la rencontre à Oulan-Oude, le 24 août 2011, entre le Président Dmitri Medvedev et le Dirigeant Kim Jong-il, qui avait conduit à l'effacement de 90 % de la dette nord-coréenne vis-à-vis de la Russie, et la relance de projets économiques d'intérêt commun, notamment dans le domaine ferroviaire et pour le transport de l'énergie. La Russie peut ainsi espérer un développement accru de ses régions d'Extrême-Orient et de meilleurs débouchés sur la Corée du Sud et la zone Pacifique, alors que la RPD de Corée peut poursuivre la diversification recherchée de ses échanges internationaux et de ses partenariats économiques.

En novembre 2014, Choe Ryong-hae avait rencontré à Moscou, en qualité de représentant du Maréchal Kim Jong-un, le Président russe Vladimir Poutine. Le volet politique des échanges bilatéraux avait ainsi été réaffirmé : alors que Pyongyang a soutenu la Russie sur la question de la Crimée, Moscou a critiqué la position occidentale sur les droits de l'homme en RPD de Corée et a appuyé les appels de Pyongyang à la reprise des pourparlers sur le nucléaire. Les deux pays partagent fondamentalement une même vision des relations internationales fondée sur le respect de la souveraineté des Etats.

Source :

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26 novembre 2014 3 26 /11 /novembre /2014 23:34

La résolution des Nations Unies sur les droits de l'homme en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a entraîné une vive réaction des autorités nord-coréennes. La Commission de la défense nationale de la RPD de Corée a souligné que la Corée du Nord ne se considérait plus tenue par la suspension de ses essais nucléaires, ce qui a entraîné des menaces des Etats-Unis, de la Corée du Sud et de leurs alliés - y compris la France - qu'un quatrième essai conduirait à un renforcement des sanctions internationales contre Pyongyang. Cette nouvelle escalade des tensions démontre le caractère contre-productif de la résolution des Nations Unies. Face à cette impasse, la Russie met en exergue qu'une autre voie est possible : la reprise des pourparlers à six, à laquelle la RPD de Corée est prête à participer sans conditions préalables.

Démonstration de masse à Pyongyang, le 25 novembre 2014, dénonçant la "politique de racket" des Etats-Unis dans le cadre de l'adoption de la résolution des Nations Unies sur les droits de l'homme en RPDC

Démonstration de masse à Pyongyang, le 25 novembre 2014, dénonçant la "politique de racket" des Etats-Unis dans le cadre de l'adoption de la résolution des Nations Unies sur les droits de l'homme en RPDC

Un plaidoyer pour la reprise des pourparlers à six (les deux Corée, les Etats-Unis, la Chine, la Russie et le Japon), cadre de négociations pour la dénucléarisation de l'ensemble de la péninsule coréenne, a été formulé par Grigory Logvinov, représentant du ministère russe des Affaires étrangères, le 22 novembre 2014, dans le cadre de la conférence de Moscou 2014 sur la non-prolifération nucléaire.

S'interrogeant sur l'opportunité et le format du cadre de discussions multilatérales, Grigory Logvinov a déclaré : "Quand et comment est-ce que le processus à six peut reprendre? Est-il tout simplement possible? Il l'est. Et je pense que le format à six est toujours le plus approprié, étant donné que le problème doit être résolu dans le cadre d'un processus mondial multi-format et à grande échelle".

Dénonçant comme "disproportionnées" les mesures militaires prises par les Etats-Unis face à la RPD de Corée, le représentant du MAE russe a déploré les conditions "inacceptables" mises par Washington à une reprise des pourparlers à six : selon lui, le gouvernement américain "ne devrait pas mettre en avant des conditions préalables dont elle sait qu'elles sont contestables et inacceptables".

Ayant voté contre la résolution des Nations Unies sur les droits de l'homme en Corée du Nord, à l'instar de la Chine, la Russie exhorte par ailleurs la RPD de Corée à abandonner ses armes nucléaires en contrepartie d'une levée des sanctions.

Ces déclarations sont d'autant plus significatives de la volonté de Pyongyang de reprendre le dialogue - à condition que les Etats-Unis ne poursuivent pas sur la voie de l'escalade - qu'elles interviennent au lendemain d'une visite en Russie de Choe Ryong-hae, en qualité d'envoyé spécial du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un.

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20 novembre 2014 4 20 /11 /novembre /2014 00:11

Le 18 novembre 2014, Choe Ryong-hae, membre du praesidium du bureau politique et secrétaire du Comité central du Parti du travail de Corée (PTC), a rencontré au Kremlin le président russe Vladimir Poutine, dans le cadre d'une visite de sept jours qu'il effectue en Russie en tant qu'envoyé spécial du Maréchal Kim Jong-un, dirigeant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Alors que la RPDC et la Fédération de Russie ont récemment encore renforcé leurs traditionnelles relations d'amitié et de coopération - ainsi, concernant la crise en Crimée, la RPD de Corée a soutenu les positions russes - le compte rendu de l'entretien par l'agence nord-coréenne KCNA, dont nous traduisons des extraits ci-après, exprime une volonté partagée de développer davantage leurs échanges bilatéraux.

Rencontre entre Vladimir Poutine et Choe Ryong-hae, 18 novembre 2014 (KCNA)

Rencontre entre Vladimir Poutine et Choe Ryong-hae, 18 novembre 2014 (KCNA)

Kim Kye-gwan, premier vice-ministre des Affaires étrangères de la RPD de Corée, No Kwang-chol, adjoint au commandant en chef de l'Armée populaire de Corée, Kim Hyong-jun, ambassadeur de la RPDC en Russie, Youri Ushakov, conseiller du président russe, et Igor Morgoulov, vice-ministre russe des Affaires étrangères, étaient présents à l'entretien entre le président russe Vladimir Poutine et Choe Ryong-hae, envoyé spécial du Maréchal Kim Jong-un, dont il a remis une lettre au chef de l'Etat russe.

Vladimir Poutine a remercié Choe Ryong-hae et l'a chargé de transmettre ses remerciements sincères et ses chaleureuses salutations au dirigeant nord-coréen. Il a déclaré garder un souvenir ému de ses rencontres avec le dirigeant Kim Jong-il. Il a souligné que la Russie et la RPD de Corée étaient de proches voisins, qui avaient une longue tradition de relations d'amitié et de coopération.

Alors que l'Union soviétique a longtemps été un partenaire privilégié de la RPD de Corée, les relations avaient fortement diminué pendant la présidence de Boris Eltsine, avant de se développer à nouveau depuis le début des années 2000 et le premier mandat de Vladimir Poutine. Des projets bilatéraux sont particulièrement prometteurs dans le domaine ferroviaire et de transport de l'énergie.


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29 juillet 2014 2 29 /07 /juillet /2014 15:44

En juillet 2014, la République populaire démocratique (RPDC, Corée du Nord) a accueilli 38 fonctionnaires et représentants du monde économique sud-coréens pour une visite d’une semaine dans le port de Rajin, formant avec Sonbong la zone économique spéciale (ZES) de Rason, près de la frontière avec la Fédération de Russie. Ceux-ci se sont déclarés favorables au projet, malgré les appels pressants des Etats-Unis à rejoindre un front commun de sanctions contre la Russie suite aux événements d'Ukraine. Le choix de la Corée du Sud de soutenir le projet russo-nord-coréen de relier le Transsibérien à la péninsule coréenne permettrait de dynamiser la ZES de Rason et ferait bénéficier la Corée du Sud d’un approvisionnement en charbon russe. Il ferait aussi progresser les relations intercoréennes

Une participation sud-coréenne au projet de « rail eurasien » pour dynamiser la zone économique spéciale de Rason?

Située sur la rive ouest de la rivière Tumen, la zone économique spéciale de Rajin-Sonbong, d'une superficie de 746 km², a été fondée en 1991 sous la juridiction du Comité de la coopération économique extérieure de la République populaire démocratique de Corée afin d’accueillir des investisseurs étrangers intéressés par le potentiel économique et géographique de la Corée du Nord. Renommée Rason en 2000, cette zone économique spéciale - inspirée des modèles de Hong Kong et de Macao - constitue la première ouverture de la RPDC sur l’économie mondiale, bénéficiant d'une juridiction spéciale. Cette zone intègre un centre de transit de cargos, une plate-forme de correspondance (hub) pour les exportations de la RPDC mais aussi une zone touristique avec plusieurs parcours guidés. En 1996, la ZES abritait déjà 51 entreprises étrangères pour un total de 37 millions de dollars investis et l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (UNIDO) estimait alors que l’investissement total se porterait à 150 millions de dollars. Son statut a été modifié en 2010 pour lui accorder une plus grande autonomie. En 2012, la ZES a accueilli sa première foire internationale consacrée au commerce.

 

Rason s’appuie notamment sur un complexe de trois ports qui en font sa force majeure : Rajin, Sonbong et Chongjin, dont les capacités cumulées atteignent 14 millions de tonnes. La localisation du site de la ZES, à l’embouchure du fleuve Tumen, a d’abord attiré l’attention du gouvernement et d’investisseurs chinois qui percevaient Rason comme une manière de désenclaver économiquement les trois provinces du nord-est de la Chine (Liaoning, Jilin et Heilongjiang). Depuis, la République populaire de Chine est le premier investisseur de la zone et opère deux jetées dans le port, une pour l’exportation de charbon et l’autre pour les containers. L’Université de Yanbian a conclu le 7 juin dernier un partenariat avec la ZES de Rason pour offrir formation et soutien juridique à celle-ci. La Russie s’est également très tôt intéressée aux possibilités offerte par cette zone économique spéciale située juste à sa frontière : elle suit la Chine en termes d’investissements et opère une jetée utilisée pour le charbon. Les connections terrestres avec la Chine ont été rénovées en 2010 et depuis un accord de 2008 entre le dirigeant de la RPD de Corée Kim Jong-il et le président russe Vladimir Poutine, la RPDC et la Russie ont achevé de restaurer en septembre 2013 une liaison ferroviaire de 54 kilomètres entre la ville russe de Khasan et Rason.

Inauguration de la ligne Rajin-Khasan le 22 septembre 2013

Inauguration de la ligne Rajin-Khasan le 22 septembre 2013

C’est dans ce contexte de projet ferroviaire qu’est intervenue, en juillet 2014, la visite d’une semaine de 38 fonctionnaires et représentants économiques sud-coréens appartenant à la compagnie ferroviaire KORAIL, à l’aciériste POSCO et à la compagnie maritime Hyundai Merchant Marine Co, à l'invitation du gouvernement de la RPDC. Cette visite avait pour but de décider de la faisabilité d’une participation sud-coréenne au projet russo-nord-coréen de connecter le Transsibérien via Khasan à la ville de Rajin. Les représentants de ce consortium trilatéral ainsi que les envoyés gouvernementaux se sont déclarés intéressés par les possibilités offertes par ce projet. Les trois entreprises envisagent donc de réaliser un transport-test de charbon russe par voie ferrée jusque Rajin puis de l’expédier par mer vers le port sud-coréen de Pohang. Si cette participation devait se concrétiser, il semble que le consortium sud-coréen achèterait la moitié des parts de la Russie dans la nouvelle jetée construite à Rajin, capable de recevoir 4 millions de tonnes de charbon. Un tel projet dynamiserait indubitablement la ZES de Rason en la transformant en plaque tournante pour le transport international.

 

Cette initiative économique bénéficie d’un soutien ferme des autorités sud-coréennes et russes : la présidente sud-coréenne Park Geun-hye et le président russe Vladimir Poutine sont tombés d’accord lors d’une rencontre en novembre 2013 à Séoul sur le soutien à apporter à l’implantation des firmes sud-coréennes dans ce projet. De plus, Park Geun-hye met en avant comme vision politique de son mandat une « initiative eurasienne », appelant à la construction de plus d’infrastructures de transport et à la libération du commerce entre toutes les nations eurasiennes pour créer un marché commun géant rivalisant avec l’Union Européenne. Le gouvernement nord-coréen est très favorable à cette participation sud-coréenne dans ce projet et espère qu’il constituera un terreau fertile pour faire avancer les relations intercoréennes.

 

En revanche, le choix opéré par la Corée du Sud, qui la rapprocherait de la Fédération de Russie, s'oppose frontalement aux récents appels lancés par les Etats-Unis. Suite à une réunion le 28 juillet 2014 avec des représentants français, allemands, britanniques et italiens pour décider des sanctions à appliquer contre la Russie, le secrétaire assistant adjoint au Counter Threat Finance and Sanctions (TFS) du département d’Etat américain, Peter Harrell, en visite à Séoul, s’est rendu au ministère des Affaires étrangères pour demander la coopération sud-coréenne dans ce front commun de sanctions. Le gouvernement sud-coréen a répondu via un communiqué que l’annexion de la Crimée par la Russie n’était pas acceptable. Il n'a cependant annoncé aucune sanction à l’encontre de la Fédération de Russie, afin de ne pas détériorer les relations bilatérales avec un potentiel partenaire majeur dans un projet intéressant toute l'Asie orientale.

 

Sources :

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14 juin 2014 6 14 /06 /juin /2014 22:53

En mai 2014, la chambre basse de la Douma (Parlement russe) a ratifié l’effacement de près de 90 % des 10,94 milliards de dollars de la dette commerciale contractée par la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) au cours de la période soviétique, ouvrant ainsi la voie à une relance des coopérations économiques bilatérales.

L’Union soviétique a constitué jusqu’à sa disparition en 1991 un soutien économique majeur et un partenaire commercial de premier plan pour la Corée du Nord. Ainsi, par exemple, elle a assuré près de 50 % des 4,75 milliards de dollars d’aide au développement qui aurait été versée à la RPDC entre 1945 et 1984. En 1988, l’URSS représentait 56 % du commerce avec la RPDC, soit un volume d’échanges chiffré à 4,1 milliards de dollars. Cependant, une réorientation soviétique progressive vers le Sud au détriment des liens traditionnels avec le Nord est amorcée à partir de la fin des années 1980 : ce tournant se concrétise notamment par la suppression des aides au développement et la fin des échanges produits contre produits au profit d’un commerce monétisé en dollars ou en deutschemark. Au surplus, les difficultés économiques de la RPDC issues d’une série de catastrophes naturelles entre 1995 et 1997 découragent la Russie - héritière de l’URSS - de renouer un contact économique soutenu. En 2011, le volume du commerce bilatéral plafonne à 110 millions de dollars, soit son niveau historique le plus bas et la dette nord-coréenne se fixe aux alentours d’un montant estimé à plus de 10 milliards de dollars.

La dette nord-coréenne auprès de la Russie reste une question centrale dans les relations entre les deux pays. Le projet d’annulation de la dette remonte à 2003, lorsque la RPDC en fait la demande officielle à la Russie. Un accord de principe, porté par le président Vladimir Poutine, est conclu en 2006 pour l’effacement de 80 % de cette dette. Toutefois, il est révisé en 2012 - suite à la rencontre entre le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il et le président russe Dmitri Medvedev à Oulan-Oude, le 24 août 2011 - pour atteindre 90 % des 10,94 milliards de dollars de la dette commerciale nord-coréenne. Son entérinement par la Douma en mai 2014 constitue l’aboutissement d’un long dialogue entre les deux pays pour développer leurs relations économiques. Les 1,09 milliards de dollars restants non-effacés seront payés par des versements réguliers étalés sur 20 ans à la banque de développement russe, la Vnesheconombank (Внешэкономбанк) et le Ministre délégué aux finances, Serguei Storchak, a déjà précisé que cet argent pourrait être utilisé pour financer des projets communs sur le territoire de la RPDC, notamment un gazoduc – projet porté par Gazprom - et la réfection du chemin de fer jusqu’en Corée du Sud.

Rencontre entre les présidents Kim Jong-il et Dmitri Medvedev à Oulan-Oude, le 24 août 2011

Rencontre entre les présidents Kim Jong-il et Dmitri Medvedev à Oulan-Oude, le 24 août 2011

La résolution de la question de la dette nord-coréenne auprès de la Russie ouvre donc un large éventail d’opportunités économiques jusqu’ici considérées inaccessibles. Ainsi, Le 5 juin 2014, au cours d’une réunion du Comité permanent russo-coréen à Vladivostok, le Ministre russe pour le développement de l’Extrême-Orient Alexander Galouchko annonce le lancement de transactions bilatérales en roubles via les banques russes (la Corée du Nord utilise normalement l’euro pour ses échanges internationaux). L’objectif affiché de cette nouvelle coopération est de soutenir l’augmentation du commerce bilatéral pour atteindre un volume équivalent à 1 milliard de dollars par an vers 2020, contre 112 millions de dollars actuellement. Cependant, les retombées économiques de l’effacement de la dette nord-coréenne devraient aussi bénéficier aux projets communs bilatéraux ainsi que multilatéraux déjà établis à l’image de la réhabilitation et l'exploitation en commun de la liaison ferroviaire Rajin-Tumangang en 2008 par Tonghae - la compagnie nord-coréenne des chemins de fer – ou bien encore le Tumen River Area Development Programme (TRADP) lancé en 1992 visant à porter l’investissement multilatéral à 30 milliards de dollars sur les provinces du Nord Hamgyong et de Ryanggang (Corée du Nord), de Yanbian (Chine) et de Primorsky (Russie).

Sources :

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9 février 2014 7 09 /02 /février /2014 10:23

_62439105_wisk8rc3.jpgLe 7 février 2014, Kim Yong-nam (photo à gauche, source), président du praesidium de l'Assemblée populaire suprême de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), qui à ce titre exerce les fonctions de chef de l'Etat, était présent à la cérémonie d'ouverture des vingt-deuxièmes Jeux olympiques d'hiver à Sotchi. Alors que les sportifs nord-coréens ne participent pas à l'édition 2014 des Jeux d'hiver, le déplacement du Président Kim Yong-nam s'inscrit dans le cadre des très bonnes relations traditionnelles entre la RPD de Corée et la Fédération de Russie.

Même si elle a obtenu des médailles aux Jeux olympiques d'hiver par le passé, la RPD de Corée reste peu présente dans les disciplines de la compétition. Pour les Jeux d'hiver de 2014 à Sotchi, elle n'est pas présente - comme d'ailleurs de nombreux pays d'Asie du Sud-Est, d'Afrique et du Proche et de Moyen-Orient.

Toutefois, l'ouverture de nouveau équipements sportifs - comme la station de ski de Masikryong - traduit l'importance accordée aux sports d'hiver, non seulement à des fins de loisirs mais aussi, potentiellement, dans des perspectives de participation accrue aux compétitions internationales. En 2011, le nom d'un patineur - Yun Jin-il - avait été retenu parmi les dix meilleurs sportifs de l'année en Corée du Nord.

En outre, une délégation de très haut niveau - conduite par le Président Kim Yong-nam - a participé aux cérémonies d'ouverture, traduisant ainsi la qualité des relations diplomatiques entre la Russie et la RPDC. L'agence officielle nord-coréenne KCNA en a rendu compte à deux reprises : le 5 février, lors du départ de la délégation, et dans une autre dépêche datée du 7 février  2014 et faisant le compte rendu de la cérémonie d'ouverture.

Signe du caractère éminemment diplomatique de la présence du Président Kim Yong-nam comme invité d'honneur des cérémonies d'ouverture de Sotchi, la présence de Kung Sok-ung, vice-ministre des Affaires étrangères, plus particulièrement en charge des relations avec les pays européens, a été soulignée par l'agence KCNA. La délégation officielle a également été composée de Yang Hyong-sop, vice-président du praesidium de l'Assemblée populaire suprême, Pak Myong-guk, vice-ministre des Affaires étrangères, et Son Kwang-ho, vice-ministre des Sports et de la Culture physique, également vice-président du Comité olympique de la RPD de Corée.

A Sotchi, le Président Kim Yong-nam a rencontré et eu un entretien avec Vladimir Poutine, à qui il a transmis les salutations du Maréchal Kim Jong-un.
   
vladimir-poutine_putin_kim-yong-nam_sotchi.jpg
Par ailleurs, le Président Kim Yong-nam a eu un entretien avec la présidente du Conseil de la Fédération de Russie, Mme Valentina Matvienko.

Principales sources : KCNA, Ria Novosti.
 

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1 avril 2013 1 01 /04 /avril /2013 14:20

Evgueny_Kim.JPGLa déclaration de guerre de la Corée du Nord à la Corée du Sud s’est révélée être une mystification médiatique ordinaire. Cependant cela n’a pas arrangé le problème de l’escalade conflictuelle dans cette région. La République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a toutes les raisons de penser que, à la place d'une guerre froide, soit déclarée une vraie guerre contre elle. Telle est l'opinion d'Evgueni Kim, expert du Centre de recherches sur la Corée à l’Institut d'Extrême-Orient de l’Académie des sciences de la Fédération de Russie. Comme il l’a dit le 30 mars 2013 dans un entretien accordé au site Internet russe Nakanune.ru, pendant encore un mois entier auront lieu en Corée du Sud des manœuvres militaires de grande ampleur, menées conjointement par les armées américaine et sud-coréenne, et engageant pas moins de 200 000 soldats, un porte-avions nucléaire, avec son groupe d’appui, et des bombardiers stratégiques menant régulièrement des exercices de frappe nucléaire aux frontières de la RPDC. L'Association d'amitié franco-coréenne vous propose la traduction en français de l'entretien donné par Evgueni Kim.

Question - Expliquez-nous, la guerre entre la RPDC et la Corée du Sud a-t-elle été déclarée ou non ?

Evgueni Kim - Il n’y a rien eu de semblable. Sur la base de cette information mensongère, maintenant tout le monde débat de cette soi-disant guerre. Il n’y a pas de telle déclaration. J’ai actuellement dans les mains la déclaration du Parti et du Gouvernement publiée aujourd’hui [30 mars 2013], il n’y a dedans aucun mot sur une déclaration de guerre. Il est écrit que si nous sommes attaqués nous riposterons. Ainsi, ceux du Nord préviennent ceux du Sud que les provocations dans la zone démilitarisée peuvent se terminer par des incidents. Remarquez que les premiers à déformer ce communiqué ont été les médias occidentaux et que les Russes l’ont repris.

Question - On est arrivé à ce que la RPDC menace de la guerre ? Dans quel but ?

Evgueni Kim - La RPDC a de sérieuses raisons de craindre que les armes soient utilisées contre elle. Rien qu’en mars [2013], dans cette région, des manœuvres conjointes américano-sud-coréennes ont eu lieu à quatre reprises, et depuis le début de l’année neuf fois. Le chiffre total des militaires participant à ces manœuvres est de 200 000. Deux cent mille ! Vous comprenez que la Russie, dans son histoire récente, n’a jamais mené de manœuvres d’une telle ampleur. Et notre armée compte un million de personnes. Par ailleurs, au cours de ces manœuvres sont mis en œuvre des exercices de débarquement d’infanterie de marine et aussi des mesures de maintien de l’ordre dans des centres d’habitation après leur invasion. De plus, en mars, les Américains ont déjà envoyé à trois reprises aux frontières de la RPDC le bombardier stratégique B-52 et, comme on le sait, cet appareil peut emporter des bombes atomiques. Cela leur semblait insuffisant. Avant-hier [28 mars 2013], ils ont envoyé deux bombardiers stratégiques B-2, beaucoup plus modernes, capables chacun d'emporter 16 missiles avec des charges nucléaires. Avant-hier, ces bombardiers ont réalisé au-dessus du territoire sud-coréen des exercices de bombardement atomique, au sujet desquels ils ont eux-mêmes communiqué. Comment doivent répondre à cela ceux du Nord ? Et si demain cela est mis en œuvre contre le Nord ? Que faire ? Egalement, en mars, un porte-avions s’est approché des côtes de Corée du Sud. Il était accompagné d’un groupe assez important de bâtiments au nombre desquels un sous-marin d’attaque nucléaire de la classe Los Angeles. Celui-ci a également effectué des exercices de tir. Comment le pays contre lequel cela est réalisé doit-il l’interpréter ? La réaction de la RPDC de menacer de frapper le territoire sud-coréen et les bases américaines dans un tel cas semble logique. Remarquez que la RPDC ne dit jamais qu'elle attaquera la première. Toutes les déclarations du Nord ont un caractère défensif. A ce sujet, il est clairement prescrit dans la doctrine militaire russe que, dans le cas où nous apprenons que se prépare une agression contre nous, nous pouvons déclencher une attaque préventive. Et la RPDC ne déclare jamais qu’elle frappera la première. Cela me semble la réaction naturelle quand un Etat met en garde. Je comprends que ces communiqués pourraient avoir un ton moins menaçant mais il faut admettre qu’il est difficile de se retenir de déclarations fortes quand, près de ton territoire, se déroulent des manœuvres dont le but est l’agression militaire contre ton pays.

Question - Mais pourquoi les Etats-Unis se lancent-ils dans cette escalade conflictuelle ?

Evgueni Kim - En Amérique, on réduit aujourd’hui les dépenses et parmi celles-ci les dépenses militaires. On comprend qu’il soit avantageux pour les généraux de créer une situation tendue en Corée afin d’obtenir une augmentation des dépenses.

Question - De quelles provocations parlent les communiqués de la RPDC ? Alors que les médias communiquent sur le Nord qui fait cliqueter les armes mais ne parlent ni de provocations, ni de manœuvres, ni de sous-marin nucléaire, ni de porte-avions.

Evgueni Kim - La nuit d’avant-hier [28 mars 2013] à deux heures et demie, heure locale, au bord de la zone démilitarisée, s’est produit un incident intéressant. Il a semblé à un garde-frontière à son poste qu’il y avait du mouvement en provenance du Nord et il a ouvert le feu, sans doute au lance-grenades, quoique dans le communiqué il est simplement dit qu'« il a lancé une grenade ». On a commencé à étudier ce qui s’était passé et il s’est avéré que personne ne passait. Mais s'il lui avait semblé que c’était plus sérieux, en cas de déplacement d'un troupeau d’animaux, il aurait pu tirer plus loin. La portée du lance-grenades peut atteindre deux kilomètres. La dimension de la zone démilitarisée est de deux kilomètres au Nord et de deux kilomètres au Sud. Comment ceux du Nord auraient-ils réagi ? Il me semble que cette augmentation de la pression est faite pour que les nerfs de quelqu’un lâchent et que l’on ouvre le feu. Et alors cela sera exploité.

Question - Pouvez-vous alors nous expliquer quel était le sens de la déclaration qu’a faite la RPDC vendredi, de préparation d'une frappe nucléaire contre les Etats-Unis ?

Evgueni Kim - Ceux du Nord ont déclaré le 27 mars qu’ils mettaient les forces armées en état de préparation numéro un. Beaucoup ont alors interprété cette déclaration comme une déclaration de guerre. Permettez-moi de citer également cet ordre. En état de préparation numéro un (par ailleurs, personne ne sait de quoi il s’agit, donc, par commodité, disons qu’il s’agit du dernier niveau de mise en alerte), sont prêts seulement les détachements de lanceurs de missiles et l’artillerie de campagne à longue portée. Mais cet ordre ne s’étend pas aux garde-frontières ni aux troupes d’infanterie. On comprend qu’il ne s’agit pas de mobilisation générale pour des actions militaires. Avec cette mise en alerte sont mises en œuvre les forces avec lesquelles la RPDC entend riposter si elle est attaquée.

Question - Peut-on dire que l’Occident pousse le Nord au conflit ? Dans quelle mesure le scénario de passage du conflit à une phase active est-il vraisemblable ?

Evgueni Kim - Si un conflit a lieu, rien de bon n’en sortira. Je suis persuadé que la diplomatie de la Russie et de la Chine et, je pense aussi, celle du Sud cherchent à éviter le conflit. Je pense que tous partagent l’opinion exprimée dans la déclaration faite hier [29 mars] par [le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï] Lavrov selon laquelle la situation peut dégénérer de façon imprévisible. C’est pourquoi il me semble que tous les leviers seront activés et le scénario de guerre évité. Les Américains ont de bons contacts avec la RPDC, à l’ONU, par les canaux diplomatiques et même culturels. Il ne faut pas céder aux provocation de la presse qui a déjà commencé la guerre psychologique contre la RPDC. De plus, les Américains ont tort de penser que la Chine restera les bras croisés à observer comment ils anéantissent la Corée du Nord. Si quelque chose avait lieu, les Chinois défendraient le Nord. La Russie joindra toutes ses forces, je ne dis pas que nous prendrions part au conflit mais nous mettrions en œuvre tous les autres moyens.

Question - De quoi peut menacer la Corée du Nord ? Vendredi [29 mars 2013], après que la RPDC a annoncé sa mise en alerte, beaucoup, comme s’il s’agissait d’un fait ayant eu lieu, ont dit qu’ils étaient prêts à tenter de porter une frappe nucléaire contre les Etats-Unis et la Corée du Sud. Le fait que la RPDC possède des armes nucléaires et des missiles intercontinentaux est-il un fait connu de tous ? Dans l’état de nos connaissances, ils ont un bon lanceur capable de mettre en orbite un satellite mais personne n’a parlé de missiles balistiques.

Evgueni Kim - Oui, leur lanceur n’est pas mauvais. Sur quatre tentatives de tir, la fusée a réussi une fois. Je rappelle que, dans les année 1950, lorsque nous construisions une telle fusée, nous n’avons réussi à l’envoyer dans l’espace qu’au bout de 19 tentatives. Mais j’espère que tous comprennent la différence entre une fusée qui met un satellite en orbite et un missile balistique intercontinental. Ce dernier doit entrer dans l’espace cosmique et ensuite ressortir dans l’atmosphère. Aujourd’hui, nous ne pouvons affirmer que le Nord possède la technologie de protection thermique des ogives nucléaires et la capacité correspondante de diriger le missile après sa pénétration dans les couches denses de l’atmosphère. Deuxièmement, les Etats-Unis ont un système de défense anti-missile. Une fusée unique serait interceptée. De plus, dans la mesure où je peux en juger, le Nord a un système simple de montage des fusées. Ils assemblent la première partie de la fusée, ensuite la deuxième et enfin, avec une grue, mettent la fusée en position verticale. Pour tout cela, il faut deux jours. Si les Etats-Unis ou la Corée du Sud soupçonnaient la RPDC de se préparer à lancer une frappe, en deux jours ils découvriraient facilement la fusée du Nord et la bombarderaient. D’autant plus que les Américains ont toutes les données sur les sites militaires nord-coréens.

Question - Et la bombe atomique ?

Evgueni Kim - Que puis-je vous dire ? Ils ont fait des essais, dit qu’ils ont fait des essais, déclaré qu’ils ont des charges miniaturisées. Selon ce qu’ils ont fait, je pense qu’ils n’ont pas de tête nucléaire. D’ailleurs, les données des services de renseignement américains confirment qu’il leur faudra encore de six à sept ans pour disposer de la puissance nucléaire requise.

Question - Pourquoi est-il convenu d’estimer que les communiqués belliqueux du Nord sont faits pour détourner l’attention de la populations du problème de la faim et la mobiliser autour de la direction ? Y a-t-il la famine en RPDC ?

Evgueni Kim - Oui, de façon déterminée, Kim Jong-un a réussi à rassembler le peuple autour de lui et du Parti. Il faut le reconnaître. En ce qui concerne l’approvisionnement alimentaire, ces trois dernières années la récolte de céréales en RPDC a augmenté de 10%. Selon les données de la FAO [Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture] et des services de renseignement sud-coréens et américains, la récolte a été de 4,9 millions de tonnes l’année dernière. Ils ont arrêté d’importer de Chine. Ainsi, ils ont assez de grains jusqu’à la prochaine récolte. Si surgissent des problèmes, ils peuvent en acheter 200 000 tonnes en Chine. Par ailleurs, ils sont habitués à vivre en consommant beaucoup de légumes et peu de viande.

 

Source : www.nakarune.ru (traduction : AAFC–YB)

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22 septembre 2012 6 22 /09 /septembre /2012 16:01

Le 17 septembre 2012, un accord a été signé à Moscou sur le règlement de la dette de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) envers la Russie, dont le montant est estimé à 11 milliards de dollars (soit 8,4 milliards d'euros). Cette décision ouvre la voie à une relance des investissements russes en RPD de Corée.

Lors du sommet qui s'était tenu le 24 août 2011 à Oulan-Oude entre le président russe Dmitri Medvedev et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il (photo ci-dessous), les deux dirigeants avaient discuté du règlement de la dette nord-coréenne envers la Russie, notamment comme préalable à un essor des investissements russes en République populaire démocratique de Corée.

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Un an après, un accord sur le règlement de la dette nord-coréenne a été signé à Moscou, le 17 septembre 2012, entre Ki Kwang-ho, vice-ministre des finances de la République populaire démocratique de Corée, et Sergueï Stortchak, vice-ministre des finances de la Fédération de Russie, permettant ainsi de relancer la coopération économique bilatérale - comme l'a précisé l'agence nord-coréenne KCNA.

Selon l'agence russe Ria Novosti, l'accord porte sur 11 milliards de dollars (soit 8,4 milliards d'euros). Il porte sur des prêts qu'avait contractés la RPD de Corée envers l'Union soviétique, pour lesquels la Russie est l'Etat successeur de l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS).

Si les détails de l'accord n'ont pas été précisés, Sergueï Stortchak avait expliqué précédemment que la Russie envisageait une annulation de dette à hauteur de 90 %. Le solde, soit plus d'un milliard de dollars, permettrait de réaliser des projets communs dans les domaines de l'éducation, de la santé et de l'énergie - alors qu'un des principaux projets est la réalisation d'un gazoduc transcoréen, de la Sibérie jusqu'au Sud de la péninsule.

Sources : KCNA (dépêche du 18 septembre 2012), Ria Novosti, "Moscou et Pyongyang signent un accord sur la dette nord-coréenne" (article publié le 18 septembre 2012).
 

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