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13 avril 2019 6 13 /04 /avril /2019 11:00

Alors que la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) célèbre le 15 avril 2019 le 107e anniversaire de la naissance du Président Kim Il-sung, « Fête du Soleil » en RPDC, le sommet de Hanoï des 27 et 28 février 2019 entre les dirigeants de la RPDC et des Etats-Unis, et la visite officielle effectuée par Kim Jong-un au Vietnam les 1er et 2 mars 2019, viennent rappeler les visites de Kim Il-sung dans ce pays en 1958 et 1964. 

Ho Chi Minh et Kim Il-sung au palais présidentiel de Hanoï le 28 novembre 1958 (Photo: VNA)

 

Avant l’arrivée de Kim Jong-un à Hanoï le 26 février 2019, aucun dirigeant nord-coréen ne s’était rendu au Vietnam depuis 55 ans. Alors Premier ministre de la RPDC, Kim Il-sung, avait fait deux fois le déplacement, en 1958 et en 1964, favorisant à chaque fois d’avantage l’établissement d’une relation de confiance et de fraternité entre la République démocratique du Vietnam (devenue en 1976 la République socialiste du Vietnam) et la République populaire démocratique de Corée.

A l’époque, le Vietnam était dans une situation similaire à celle de la RPDC pendant la Guerre de Corée (1950-1953) : un pays divisé en deux Etats ennemis et un conflit abominable, terrain de jeu d'un complexe militaro-industriel - celui des Etats-Unis, en l'occurrence - se livrant aux expériences les plus macabres et destructrices. Dans ces conditions terribles, la RPDC a tout au long de la guerre du Vietnam (1955-1975) affirmé son indéfectible soutien à la République démocratique du Vietnam (RDV). 

Bien que la Corée de l’après-guerre fut en proie à d’immenses difficultés dans son entreprise de reconstruction, la RPDC offrit toujours au Vietnam son aide dans le conflit qui l’opposait aux Etats-Unis et à ses alliés, dont la Corée du Sud qui envoya au Vietnam le deuxième plus gros contingent étranger en y engageant jusqu'à 48 000 soldats.

Ce soutien ne se limita pas seulement à des discours mais se matérialisa concrètement de différentes manières. Par la voie diplomatique tout d’abord, puisque par l'établissement de relations diplomatiques le 31 janvier 1950, la RPDC devint le troisième pays à reconnaître la RDV, après la République populaire de Chine et l’Union soviétique. Cette aide fut aussi militaire, puisque Kim Il-sung autorisa l’envoi de pilotes au Vietnam, auquel s’ajoutait une aide dans le domaine de l’armement, dans le cadre d’un accord « armes contre riz ». Cette solidarité entre la RPDC et la RDV fut aussi culturelle, avec l'accueil de nombreux étudiants vietnamiens en Corée du Nord.

Au cours de sa première visite au Vietnam, du 28 novembre au 2 décembre 1958, Kim Il-sung termina un discours à Hanoï par quelques phrases en langue vietnamienne : « Longue vie à l'unification du Vietnam ! Vive l'unification de la Corée ! Vive le socialisme ! Vive la paix mondiale ! » Un des vœux exprimés par Kim Il-sung fut exaucé, le Vietnam étant réunifié en 1976.

Lors de sa seconde visite en 1964, outre la visite de la fameuse Baie de Halong, Kim Il-sung saisit l’occasion d’un déplacement dans un petit village du Vietnam du Nord pour offrir aux habitants différents équipements agricoles. Dans les mois qui suivirent, une importante mobilisation eut lieu en RPDC en faveur du Vietnam et le 27 mars 1965, en première page, le Rodong Sinmun, quotidien du Parti des travailleurs de Corée, titrait : « Le peuple coréen fournira tout type de soutien, y compris des armes, aux camarades vietnamiens et, sur demande, enverra des volontaires. » 

Jusqu’à la fin de la guerre du Vietnam, en 1975, la RPDC apporta son soutien, tant matériel que moral, à la République démocratique du Vietnam. Bien sûr, les profonds liens d’amitié entre Ho Chi Minh et Kim Il-sung jouèrent un rôle majeur dans cette coopération, mais, au-delà, dans les difficultés de la guerre, il est possible d'affirmer que le peuple vietnamien et le peuple coréen apprirent à se connaître et à s’estimer mutuellement.

Nguyen Xuan Phuc, Premier ministre de la République socialiste du Vietnam, et Kim Jong-un, Président de la Commission des affaires d'Etat de la RPD de Corée, le 1er mars 2019 à Hanoï (photo : VNA)

 

Le parallèle entre Kim Il-sung et Kim Jong-un ne se limite évidemment pas à leurs déplacements respectifs au Vietnam, même si ceux-ci sont important pour l'affirmation de la RPDC sur la scène internationale. On retrouve chez les deux dirigeants, outre d’évidentes ressemblances dans le style, un même pragmatisme dans l’approche des relations internationales, lesquelles doivent être fondées sur le respect des indépendances et des souverainetés nationales, ainsi que sur la recherche de la paix mondiale, et une même volonté de développement et de modernisation de la RPDC.

Aujourd’hui, alors que la RPDC est confrontée aux sanctions et autres embargos, des pays comme le Vietnam pourraient éprouver l'obligation morale d’apporter leur soutien à la RPDC. Nul doute que l’organisation au Vietnam d’un sommet entre le dirigeant de la RPDC Kim Jong-un et le président des Etats-Unis Donald Trump, ainsi que l'annonce qui a suivi de l’établissement d’une liaison aérienne entre Hanoï et Pyongyang, constituent l’héritage d’une relation d’amitié déjà ancienne entre deux pays dont la coopération doit maintenant s’intensifier. 

 

Sources :

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9 novembre 2018 5 09 /11 /novembre /2018 21:43

Du 4 au 6 novembre 2018, Miguel Diaz-Canel, Président du Conseil d'Etat et Président du Conseil des ministres de la République de Cuba, a visité la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), à l'invitation de Kim Jong-un, Président du Parti du travail de Corée, Président de la Commission des affaires d'Etat de la RPD de Corée, dans le cadre d'une tournée internationale qui a également conduit le Président Miguel Diaz-Canel en Russie, en Chine et au Vietnam. Cette visite, qui était la première d'un président cubain en RPD de Corée depuis l'accueil à Pyongyang de Fidel Castro en 1986, a permis de réaffirmer les liens d'amitié et de solidarité entre les deux Etats socialistes, l'un et l'autre ciblés par les sanctions et les campagnes de dénigrement de l'impérialisme américain - tandis que la mise en avant par l'agence nord-coréenne KCNA d'un programme spécifique à Lis Cuesta Peraza, épouse du Président Diaz-Canel, est un nouveau signe de l'émancipation des femmes au Nord de la péninsule. 

En visite à Pyongyang, Miguel Diaz-Canel réaffirme la solidarité de Cuba avec la RPD de Corée

Il est des solidarités qui s'inscrivent dans la durée et dépassent les alliances de circonstance : la République de Cuba a toujours été aux côtés des Nord-Coréens, dans la construction du socialisme selon une voie propre à chaque pays, le refus constant des sanctions contre la RPD de Corée ou encore la non-participation aux Jeux olympiques de Séoul en 1988. Pour sa part, la République populaire démocratique de Corée n'a jamais failli dans le soutien à Cuba socialiste, qu'il s'agisse naguère de l'aide publique au développement ou, en 2016, du deuil national de trois jours décrété lors de la disparition de Fidel Castro, salué non seulement comme un camarade et ami du peuple coréen, mais aussi comme "un dirigeant exceptionnel", ayant "établi un système socialiste dans lequel le peuple a été le vrai maître [de son destin] pour la première fois dans l'hémisphère occidental". 

L'amitié coréano-cubaine a ainsi été célébrée dans le spectacle de gymnastique de masse auquel a assiste la délégation d'Etat cubaine, les relations entre les Présidents Kim Jong-un et Miguel Diaz-Canel ayant succédé à celles qui s'étaient établies entre Fidel et Kim Il-sung puis entre Raoul Castro et Kim Jong-il. Un indice de la reconnaissance du destin singulier qui unit La Havane et Pyongyang a été les rencontres à cinq reprises entre le Président Miguel Diaz-Canel et le Président Kim Jong-un lors cette visite de trois jours, les invités cubains étant chaleureusement accueillis : à l'arrivée et au départ du président cubain, dans le cadre d'une discussion puis d'un dîner officiel, lors de la représentation du spectacle de gymnastique de masse et, enfin, d'une visite aux studios artistiques Mansudae. Ce traitement de faveur s'ajoute au fait que le Président Miguel Diaz-Canel est devenu le premier chef d'Etat étranger (non coréen) à visiter Pyongyang après l'accession aux plus hautes responsabilités du Parti et de l'Etat du Président Kim Jong-un en décembre 2011, en dehors de l'accueil de chefs d'Etat et de gouvernement lors des cérémonies de commémoration de la fondation de la République populaire démocratique de Corée, le 9 septembre 2018. Ni le président chinois Xi Jinping, ni le président russe Vladimir Poutine, ni encore le président syrien Bachar el-Assad (aussi attendu à Pyongyang) n'ont donc eu la primeure d'une première visite officielle en RPD de Corée : les deux dirigeants coréen et cubain ont affirmé partager une totale identité de vues sur les questions internationales, tandis qu'il a été appelé au renforcement des relations bilatérales dans les différents domaines, économiques, culturels ou encore de la santé publique. 

En visite à Pyongyang, Miguel Diaz-Canel réaffirme la solidarité de Cuba avec la RPD de Corée
En visite à Pyongyang, Miguel Diaz-Canel réaffirme la solidarité de Cuba avec la RPD de Corée

Signe qu'il s'agit d'une domaine privilégié pour les relations entre Cuba et la RPD de Corée, les visites culturelles (universités, studios Mansudae de création artistique) ont occupé une place importante dans le programme de la délégation cubaine, l'agence officielle KCNA mentionnant en outre, au titre des activités du dirigeant suprême, une visite non pas du Président Kim Jong-un, mais de son épouse Ri Sol-ju et de l'épouse du président cubain Lis Cuesta Peraza à l'Université de musique Kim Won-gyun, rendant compte que la Corée du Nord n'est pas à l'écart du mouvement tendant à voir les épouses des chefs d'Etat jouer une partition qui leur est propre sur la scène politique et à l'international.

Le journaliste et spécialiste de la Corée du Nord Philippe Pons, dans Corée du Nord : un Etat guérilla en mutation, a souligné qu'une révolution féminine est bien en cours en RPD de Corée, qu'il s'agisse du rôle considérablement accru des femmes en économie du fait de la place qu'elles occupent sur les marchés généraux de biens et de services, ou encore de la marche vers l'égalité réelle des droits - au travail et dans la famille - après l'égalité des droits proclamée dès 1946 dans une société traditionnelle empreinte de confucianisme, et alors que la création des régimes de démocratie populaire s'est traduite par une promotion générale des droits des femmes et la conquête de libertés nouvelles, comme l'a analysé Kristen R. Ghodsee.

S'agissant de l'émancipation des femmes
, un vent de changement, certes moins immédiatement visible que les nouveaux gratte-ciels qui s'élèvent dans le ciel de la capitale et ou encore l'essor des énergies renouvelables (panneaux solaires, éoliennes), est bien également à l'oeuvre à Pyongyang. 

En visite à Pyongyang, Miguel Diaz-Canel réaffirme la solidarité de Cuba avec la RPD de Corée
En visite à Pyongyang, Miguel Diaz-Canel réaffirme la solidarité de Cuba avec la RPD de Corée
En visite à Pyongyang, Miguel Diaz-Canel réaffirme la solidarité de Cuba avec la RPD de Corée

Sources : 
- KCNA

Autres articles sur les relations entre Cuba et la République populaire démocratique de Corée sur le site de l'AAFC : 

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27 octobre 2018 6 27 /10 /octobre /2018 22:21

Responsable du Département de Corée et de Mongolie à l’Institut d’Extrême-Orient de l’Académie des Sciences de la Fédération de Russie, le chercheur Alexandre Vorontsov a rendu compte des évolutions diplomatiques autour de la péninsule coréenne dans un article publié le 12 octobre 2018 sur le site du club Valdaï, intitulé « La diplomatie des sommets - le nouveau visage de la péninsule coréenne aujourd'hui ». En effet, les rencontres au plus haut niveau deviennent une caractéristique majeure du nouveau cours diplomatique autour de la Corée - ce qui, en contrepoint, peut être perçu comme une mise en cause de l'influence des administrations, de fait souvent peu enclines à adapter leurs grilles d'analyse. Nous publions ci-après une traduction en français de cet article russe, qui met en exergue le rôle d'autres acteurs (Corée du Sud, Russie et Chine) pour comprendre l'inflexion - mais aussi les contradictions - de la position américaine, entre dialogue et pression maximale sur Pyongyang, tout en soulignant la portée exceptionnelle - largement ignorée dans les médias occidentaux - de la déclaration du 19 septembre 2018.

Les leaders de la République populaire démocratique de Corée, de la République de Corée et des États-Unis se sont employés avec énergie et ardeur dans un dialogue personnel direct pour amener la péninsule coréenne du seuil de la guerre où elle est demeurée pendant plusieurs décennies, à un état de paix durable, et à sa complète dénucléarisation. En cas de réussite dans les tâches ainsi mentionnées apparaîtront les conditions et une base de départ pour la formation d’une structure radicalement nouvelle des relations internationales dans la péninsule coréenne et dans la région de l'Asie du Nord-Est.

L'assaut diplomatique

Comme on le sait, depuis le début de cette année et à la surprise de beaucoup d’hommes politiques et d’analystes, la situation militaire et politique dans la péninsule coréenne s'est retournée rapidement - d'une situation de guerre à une perspective de paix - et elle connaît une dynamique sous un format qui est déjà politico-diplomatique.

La « diplomatie des sommets » est devenue la carte de visite caractérisant l'état des affaires dans la péninsule coréenne aujourd'hui. Ont déjà eu lieu trois sommets entre les leaders des deux Corée, trois rencontres entre Kim Jong-un et Xi Jinping, et un sommet entre le président des États-Unis Donald Trump et le « chef suprême » de la RPDC Kim Jong-un le 12 juin à Singapour qui peut réellement être considéré comme historique. Il y a des raisons de s'attendre dans peu de temps à une nouvelle rencontre des chefs des États-Unis et de la RPDC. Figure à l'ordre du jour et, visiblement, déjà au niveau des services du protocole des deux pays, une organisation de la rencontre de Kim Jong-un et de Vladimir Poutine. Le tableau décrit ci-dessus représente un phénomène sans précédent. Dans la pratique mondiale on aura probablement du mal à trouver des exemples analogues à ces si puissants accélérateurs de l'activité diplomatique, opérés au niveau le plus élevé.

Cette tâche dans la recherche de la paix est réellement globale, grandiose et unique, et digne des appréciations les plus flatteuses et les plus enthousiastes.

Ce n’est pas un hasard si les journalistes ont souvent demandé à l'auteur de cet article qui pourrait être lauréat du prix Nobel de la paix, Kim Jong-un, Donald Trump ou Moon Jae-in.

La percée inter-coréenne

Au cours de la visite triomphale à Pyongyang du président de la Corée du Sud Moon Jae-in a été signée la « déclaration commune de septembre 2018 » comprenant beaucoup d'accords significatifs dans divers domaines, et même, ce qui est extrêmement important, dans le domaine militaire. Plus que tout, le fait que le thème de la solidarité inter-coréenne ait retenti beaucoup plus fortement que par le passé a sauté aux yeux des analystes spécialistes de la Corée. Séoul et Pyongyang, de façon plus décisive que jamais, ont accentué la priorité donnée à l'indépendance et à l'autodétermination de la nation coréenne, ainsi que l'aspiration et la volonté de résoudre leurs affaires et leurs problèmes nationaux par leurs propres forces.

La matérialisation d’une nouvelle disposition d'esprit et les réalités pratiques des relations entre Pyongyang et Séoul ont conduit le président sud-coréen à placer au premier plan les intérêts et les objectifs inter-coréens. Fait sans précédent, Séoul n'a pas informé à l’avance les États-Unis de l'accord militaire en préparation avec Pyongyang, à la suite de quoi le commandant en chef des forces armées américaines en Corée du Sud n'a appris qu'a posteriori ce fait très important pour la sécurité de la péninsule coréenne.

Nous avons eu l'occasion de visiter Pyongyang à la fin de septembre dernier et d’examiner avec les politologues locaux les perspectives des relations inter-coréennes à la lumière de la troisième rencontre qui venait de s’achever entre Kim Jong-un et Moon Jae-in.

Il est nécessaire de souligner que nos interlocuteurs avaient une très haute appréciation de cet événement et envisageaient l’avenir avec un optimisme évident. En commentant les accords concrets, insérés dans la Déclaration de Pyongyang sur la reprise de la coopération inter-coréenne économique, très problématique de notre point de vue, dans les conditions rigides imposées par les Américains, y compris les sanctions secondaires, ils mettaient en exergue le point suivant.

Malgré la résistance active du côté américain faisant largement appel aux sanctions, Séoul a quand même ouvert déjà sur le territoire de la zone industrielle de Kaesong, fermée par le gouvernement précédent, un bureau de liaison équipé de tout le nécessaire à un travail normal, y compris l'électricité et l'eau en provenance du territoire de la Corée du Sud. Le début du fonctionnement de cette institution est extrêmement important pour le lancement et la réalisation d’autres projets de coopération inter-coréens et de collaboration réciproque, inscrits dans le document signé à Pyongyang.

En ce qui concerne les programmes très ambitieux fixés par la Déclaration étaient affichées les affirmations suivantes.

Dans le cadre de la restauration du trafic ferroviaire entre les deux Corée prévue avant la fin de cette année sera entamé un travail sur l'itinéraire « occidental » le long de la côte de la mer Jaune comportant une liaison avec la Chine. Selon les estimations des experts nord-coréens, deux ans d’activité en commun seront nécessaires pour l'organisation d’un trafic régulier sur cet itinéraire. Puis commencera le travail sur l'« itinéraire oriental » avec liaison avec la Fédération de Russie.

En premier lieu seront entrepris des efforts pour la restauration du « tourisme dans les monts Kumgang » et les travaux dans la zone industrielle commune à Kaesong.

En ce qui concerne les plans de création d’une zone spéciale économique le long de la côte occidentale, il y accord réciproque. Ont commencé les consultations pour étudier la mise en œuvre. En ce qui concerne une zone spéciale économique touristique sur la côte orientale, il s’agit d’un accord de principe. L’assurance a été donnée que, pour la première fois, le 11e anniversaire de la déclaration du 4 octobre (le « deuxième sommet inter-coréen », suivant une idée constamment soutenue par Pyongyang, mais non par Séoul) et le 100anniversaire du mouvement du Premier mars 1919 (événement, qui traditionnellement est fêté largement au Sud, mais qui en RPDC était ignoré jusqu’ici) seront solennellement commémorés. Un espoir sérieux est né de voir que la présidence actuelle de Moon Jae-in permette de maintenir sous contrôle son opposition de droite, et de moderniser les relations américano-sud-coréennes vers la garantie d’une plus grande indépendance de la République de Corée.

Chez nous il n’y a aucun doute sur le fait que les résultats fructueux du troisième sommet inter-coréen à Pyongyang ont surpassé les attentes, probablement, de beaucoup d’hommes politiques dans le monde. De plus il s’est créé une impression d’attentes surévaluées et d’appréciations excessivement optimistes chez nos interlocuteurs.

La réaction de Donald Trump

Il est naturel que les résultats du sommet à Pyongyang aient beaucoup inquiété Washington. Les occupants de la maison Blanche ont ressenti encore plus vivement qu’ils deviennent des outsiders à la traîne dans le processus de plus en plus bouillonnant et dynamique de réconciliation inter-coréenne et de règlement du problème coréen.

Les raisons sont évidentes. Après le sommet fructueux États-Unis- RPDC à Singapour le 12 juin 2018 une dualité et une contradiction ont commencé à se manifester de plus en plus clairement dans la politique des États-Unis. D'une part, le chef de la Maison Blanche continuait à faire des révérences à l'adresse de Kim Jong-un, et d’autre part les actions des États-Unis se développaient selon le programme intransigeant des forces conservatrices de droite. Restent ainsi en vigueur la politique de maintien intégral des sanctions américaines et de la campagne de pression maximum contre la Corée du Nord jusqu'à la réalisation définitive par celle-ci de sa dénucléarisation complète irréversible et vérifiable, quelles que soient les réductions profondes et graduelles de ses armements par le Nord.

Mais Pyongyang a fait savoir nettement qu'il a l'intention de réaliser la dénucléarisation, aux dires de l'ambassadeur de la RPDC à Moscou, « seulement progressivement et en synchronisation avec les actions en retour de la part de Washington, en approfondissant la confiance mutuelle ». Et Séoul l'a pratiquement soutenu dans une telle approche. Et pas seulement Séoul. Dans les derniers mois et semaines la solitude stratégique et presque l'isolement des États-Unis quant à la poursuite de la ligne de pression maximum contre la RPDC ont commencé à se manifester toujours plus clairement. Non seulement la Russie et la Chine, et maintenant la Corée du Sud, mais aussi une série d’états d’Europe et d’ailleurs parlent de la contradiction entre des sanctions étranglant la Corée du Nord, prises suite aux provocations incessantes de sa part, et les réalités de la situation actuelle, marquée par un changement radical d'attitude de Pyongyang, et une nette amélioration de la situation militaro-politique dans la péninsule coréenne. Ceci s'est manifesté distinctement dans les interventions de plusieurs délégations au cours de la 73e session de l’Assemblée générale de l'ONU en septembre dernier. Autre exemple : la tenue à Moscou le 9 octobre des premières consultations à trois parties entre collaborateurs des ministres des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, de la République Populaire de Chine et de la République populaire démocratique de Corée. Il est ainsi souligné dans le communiqué final : « Prenant en compte les importants pas dans la direction de la dénucléarisation accomplis par la RPDC, les parties ont trouvé nécessaire et opportun de procéder à la révision par le Conseil de Sécurité de l'ONU des mesures de sanctions contre la RPDC. Une position commune contre les sanctions unilatérales est affirmée. »

Tout cela constitue assurément l'une des raisons majeures pour lesquelles Donald Trump, après avoir annulé la quatrième visite du secrétaire d'État américain Mike Pompeo à Pyongyang il y a trois semaines, l'a envoyé là-bas cette fois « dans la foulée » de la rencontre entre les chefs du Sud et du Nord. Cette fois Pompeo, arrivé à Pyongyang le 7 octobre, a mené des négociations très fructueuses et a eu une longue conversation avec Kim Jong-un (comme on le sait, pendant la visite précédente en juillet le secrétaire d'État n'avait pas été reçu par le leader de la RPDC). L'information sur le bilan de ces négociations est insuffisante. Mais on sait que les parties se sont mises d'accord pour créer des groupes de travail d’experts en vue de procéder aux actions pratiques de réalisation du processus de dénucléarisation, notamment un accord sur la liste des sites et moyens balistiques et nucléaires de la RPDC.

Il est possible que Trump ait tiré les conclusions nécessaires et ait réussi à « s'obliger » à entendre l'exigence de Pyongyang sur la nécessité de pas réciproques et à modifier précisément une ancienne position extrêmement obstinée, y compris en ce qui concerne l'atténuation graduelle des sanctions.

Si nos hypothèses se confirment, ce peut être le début de la formation d’un nouveau type de relations inter-coréennes, ainsi qu’une mise à jour significative du caractère des relations américano-nord-coréennes et américano-sud-coréennes. Et sur cette base peut apparaître une structure renouvelée des relations internationales dans et autour de la péninsule coréenne, dans laquelle le rôle indépendant du facteur intra-coréen sera beaucoup plus élevé.

 

Traduit du russe pour l’AAFC par YB.

 

Article original en russe :

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20 octobre 2018 6 20 /10 /octobre /2018 17:49

Les diplomaties de la République de Corée (Corée du Sud) et du Japon ont toujours été marquées par une approche différente du contentieux historique qui oppose les deux pays, du fait de la brutale colonisation japonaise de la péninsule (1910-1945) - et qu'exprime le drame des "femmes de réconfort", anciennes esclaves sexuelles de l'armée japonaise sur le sort desquelles le très conservateur Shinzo Abe refuse de présenter des excuses au nom du gouvernement japonais, le révisionnisme servant plus que jamais de boussole diplomatique à Tokyo. Mais la question nord-coréenne constitue aussi un important point de divergence entre les deux pays qui multiplient les efforts pour rallier d'autres pays à leur cause. Quand le Président Moon Jae-in, en visite en Europe, a reçu des soutiens plus ou moins affirmés à sa politique de dialogue avec le Nord qui suppose de considérer la levée d'une partie des sanctions contre la République populaire démocratique de Corée (en contrepartie des efforts déjà accomplis par la Corée du Nord sur la voie de sa dénucléarisation, avec de nouveaux engagements au point 5.1 de la déclaration conjointe Nord-Sud du 19 septembre 2018, tandis que Moscou et Pékin plaident quant à eux ouvertement pour une levée partielle des sanctions), le Premier ministre Shinzo Abe se pose en leader du front de refus - à savoir le refus de lever la moindre sanction envers Pyongyang avant la fin définitive du processus de dénucléarisation, ce qui aurait pour effet de ruiner le dialogue qui se met en place entre Washington et Pyongyang. En effet, la renonciation unilatérale et sans contreparties de la Corée du Nord à sa force de dissuasion nucléaire est perçue par cette dernière comme un diktat inacceptable et un marché de dupes (d'autres pays ont, par le passé, désarmé unilatéralement, avant de connaître un changement de régime à l'initiative des Etats-Unis et de leurs alliés : l'Irak en 2003 et la Libye en 2011). 

Le Président Moon Jae-in et le pape François, le 18 octobre 2018

Le Président Moon Jae-in et le pape François, le 18 octobre 2018

Le Vatican, l'Italie et la Thaïlande soutiennent ouvertement et sans réserves les efforts de Séoul pour la paix dans une péninsule coréenne sans armes nucléaires

Après la déconvenue de sa rencontre avec le très fermé Emmanuel Macron, insensible à son appel à la paix et au dialogue, le Président Moon Jae-in a trouvé dans le Premier ministre italien Giuseppe Conte un homme plus ouvert que le président français, car plus en phase avec la conception progressiste de la société internationale défendue par le Président Moon. Selon la présidence sud-coréenne citée par l'agence Yonhap, 

Le Premier ministre Conte a grandement apprécié le pouvoir d'influence de notre gouvernement, qui a apporté des changements positifs sur la péninsule coréenne, et a exprimé son soutien indéfectible à la politique nord-coréenne de notre gouvernement.

Yonhap

Les deux dirigeants ont signé un communiqué conjoint défendant l'approche du Président Moon Jae-in pour la paix et la dénucléarisation de la Corée, et saluant ouvertement les trois rencontres au sommet Nord-Sud de l'année 2018 : 

Le Premier ministre Conte a salué et exprimé son soutien total aux initiatives diplomatiques entreprises par le président Moon dans le cadre des trois sommets intercoréens afin de faire progresser les relations intercoréennes et de parvenir à la dénucléarisation complète et à une paix permanente dans la péninsule coréenne.

Le président Moon a grandement apprécié la contribution et le soutien constants de l'Italie au processus de résolution pacifique du problème nucléaire nord-coréen et d'établissement de la paix dans la péninsule coréenne. Les deux dirigeants ont estimé que la dénucléarisation doit être réalisée de manière complète, vérifiable et irréversible.

Communiqué conjoint Moon-Conte (cité par l'agence Yonhap)

Les deux dirigeants ont signé des accords de coopération dans les domaines de la défense, des services aériens et du commerce.

L'entretien qu'a ensuite eu le Président Moon Jae-in avec le Pape François a été exceptionnel à plus d'un titre - par sa durée et son horaire, et par le fait que certains éléments des échanges ont été rendus publics, contrairement à l'usage. Selon l'agence Yonhap, le Pape François a déclaré au Président Moon Jae-in, qui s'est par ailleurs présenté à lui comme catholique : 

Je soutiens fermement les efforts du gouvernement sud-coréen qui cherchent un processus de paix sur la péninsule coréenne.

Yonhap

De fait, le Vatican a toujours soutenu une solution à la question coréenne dans le cadre de la paix et du dialogue - y compris au plus fort des tensions à l'été et à l'automne 2017.

Concernant la possibilité d'une visite du Pape François en Corée du Nord, le souverain pontife a déclaré attendre une invitation formelle, écrite, des autorités nord-coréenne, après avoir reçu l'invitation orale du Président Moon Jae-in, que le Président Kim Jong-un lui avait donnée lors du sommet entre les deux hommes en RPDC (du 18 au 20 septembre 2018). Le pape a fait état de sa disponibilité à honorer cette invitation - selon son agenda - ce qui serait une première en Corée du Nord (il était prévu que le pape Jean-Paul II se rende à Pyongyang, mais cette visite n'avait finalement pas eu lieu).

Enfin, le Président Moon Jae-in a poursuivi sa recherche de soutiens à sa politique de dialogue avec le Nord lors de rencontres bilatérales en marge du sommet du dialogue Europe-Asie (ASEM), qui se tenait pendant son séjour à Bruxelles.


Dans ce cadre, lors d'un entretien avec le Premier ministre thaïlandais Prayut Chan-o-cha, le Président Moon Jae-in a obtenu une promesse de soutien à sa politique de dialogue et de la paix en Corée dans le cadre de l'ASEAN, lorsque la Thaïlande en assurera la présidence en 2019 :  

Le Premier ministre thaïlandais a affiché son soutien à l'initiative de paix de Séoul et a promis que son pays qui assumera la présidence de l'Asean l'année prochaine prendra les mesures nécessaires pour soutenir cette initiative.

Yonhap

Egalement en marge du sommet de l'ASEM, le Président Moon Jae-in a obtenu un soutien de la chancelière allemande Angela Merkel. Selon l'agence Yonhap, elle aurait alors déclaré : 

J'apprécie le courage et la détermination dont le président Moon a fait preuve et salue les progrès accomplis dans le processus de dénucléarisation rendu possible grâce à la détermination du président et du président (Donald) Trump.

Yonhap

Front du refus : Emmanuel Macron en zélé défenseur de l'ultra-nationaliste Shinzo Abe

Le front du refus rassemble des éléments disparates : des chrétiens évangélistes, notamment américains, des partisans de la guerre (hier en Irak, demain en Iran... ou en Corée du Nord ?) et et de sa version soft (les sanctions qui tuent femmes et enfants en mettant à genoux des populations entières), très en cour dans certains milieux américains qui ont obtenu de Donald Trump qu'il s'engage - même s'il rencontre et parle avec les Nord-Coréens - à ne pas lever les sanctions avant la dénucléarisation complète de Pyongyang (que, dans leur jargon, ces va-t-en-guerre qualifient de "dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible" ou CVID, suivant son acronyme anglais, la pertinence du distinguo étant pour le moins douteuse). Le front du refus rallie aussi des gouvernements, au premier rang desquels les ultra-nationalistes au pouvoir au Japon, engagés dans une politique de discrimination raciale tous azimuts. Shinzo Abe et ses acolytes ont applaudi aux bruits de bottes dans la péninsule coréenne en 2017, y voyant aussi une bonne occasion de provoquer des législatives anticipées, largement remportées en dépit des scandales de corruption. Tous ont besoin que le dialogue échoue,nécessairement, pour continuer à engranger les dividendes politiques des tensions et des crises. 

Les motivations de cet attelage de nationalistes, de fondamentalistes religieux, d'atlantistes en mal de nouvelle guerre sainte pour répandre les valeurs occidentales dites universelles, en font aussi les porteurs de valises du lobby militaro-industriel (pour lesquels les crises d'aujourd'hui sont les guerres de demain et les profits d'après-demain).  

Une des figures moins médiatisée du front de refus, malgré ses positions sans ambiguïté, est le Président Emmanuel Macron, qui s'était déjà distingué en répondant sèchement "non", de manière très peu diplomatique, au Président Moon Jae-in venu plaider un soutien français à sa politique de paix et de dialogue. Quelques jours plus tard, le jeune président a enfoncé le clou, en applaudissant des deux mains le plaidoyer du très droitier Shinzo Abe, rencontré en marge du dialogue Europe Asie à Bruxelles : dans un article de Brice Pedroletti, le quotidien Le Monde titre sans ambiguïté que "Shinzo Abe trouve en Macron un allié sur les sanctions contre la Corée du Nord". En soutenant sans réserves Shinzo Abe dans sa douteuse politique inspirée par le racisme anti-coréen, Emmanuel Macron, qui prétend lutter contre les nationalismes en Europe, approuve ouvertement un chef d'Etat sur lequel planent de forts relents de révisionnisme et de racisme, partisan bon teint du réarmement et du militarisme japonais. 

En haut : Emmanuel Macron étreignant l'ultra-nationaliste japonais Shinzo Abe. En bas : simple poignée de mains et sourire forcé d'Emmanuel Macron avec le progressiste sud-coréen Moon Jae-in (le 9 juillet 2017).
En haut : Emmanuel Macron étreignant l'ultra-nationaliste japonais Shinzo Abe. En bas : simple poignée de mains et sourire forcé d'Emmanuel Macron avec le progressiste sud-coréen Moon Jae-in (le 9 juillet 2017).

En haut : Emmanuel Macron étreignant l'ultra-nationaliste japonais Shinzo Abe. En bas : simple poignée de mains et sourire forcé d'Emmanuel Macron avec le progressiste sud-coréen Moon Jae-in (le 9 juillet 2017).

Si Emmanuel Macron soutient la politique "en même temps" de droite et d'extrême-droite de Shinzo Abe, cette complicité vient de loin : elle est le fruit d'une pénétration lente et ancienne de l'appareil d'Etat français par les réseaux japonais sur la question coréenne, ayant déjà permis au drapeau japonais, symbole des crimes de guerre de l'empire nippon, de flotter sur les Champs Elysées le 14 juillet 2018. 

Vu le 14 juillet 2018 à Paris : le drapeau de guerre japonais (un disque solaire rouge rayonnant sur fond blanc), un symbole des atrocités de guerre japonaises

Vu le 14 juillet 2018 à Paris : le drapeau de guerre japonais (un disque solaire rouge rayonnant sur fond blanc), un symbole des atrocités de guerre japonaises

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11 octobre 2018 4 11 /10 /octobre /2018 12:46

La venue en Europe (et notamment en France) de Moon Jae-in, Président de la République de Corée (Corée du Sud), était largement connue depuis plusieurs semaines dans les milieux coréens en France (les Coréens en France étant appelés à s'inscrire pour rencontrer le chef de l'Etat), mais elle n'a été annoncée officiellement qu'en ce début de semaine. L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) détaille les objectifs diplomatiques de cet important déplacement, qui conduira le Président Moon Jae-in en France, en Italie, au Vatican, en Belgique et au Danemark, du 13 au 21 octobre 2018 - alors que la délégation économique sud-coréenne comprendra notamment Lee Hae-jin, fondateur du moteur de recherche coréen Naver. Naver est très actif sur le marché français : l'entreprise a créé en 2017 la filiale française Naver France SA, racheté en juin 2017 le centre de recherche de Xerox à Grenoble et financé, à hauteur de 200 millions d'euros, le fonds d'investissement Korelya capital, fondé par l'ancienne ministre Fleur Pellerin, d'origine coréenne.

Le Président Moon Jae-in, catholique, rencontrera le pape François.

Le Président Moon Jae-in, catholique, rencontrera le pape François.

Des événements culturels sont prévus pour la partie française de la tournée européenne du Président Moon Jae-in, du 13 au 16 octobre 2018 : en particulier, le groupe Bangtan Boys (BTS) (lauréat en 2018 d'un Favorite Social Artist aux American Music Awards, et intervenu également à la tribune des Nations unies) donnera un concert à Paris, qui réunira également d'autres groupes de K-Pop.

Le Président Moon Jae-in et le groupe BTS

Le Président Moon Jae-in et le groupe BTS

Lors de sa visite en France, le Président Moon Jae-in tentera très certainement de gagner un soutien français plus explicite à sa politique d'ouverture et de paix avec la Corée du Nord, alors que des parlementaires français soulignaient récemment le nécessaire "réinvestissement" de la diplomatie française sur la question coréenne - les évolutions récentes étant enregistrées presque à regret dans certains cercles du pouvoir, plus à l'aise avec une politique de pression maximale (c'est-à-dire de sanctions) sur la Corée du Nord, bien que cette approche soit de nature à faire échouer le début du rapprochement en cours entre Pyongyang et Washington.

Sobrement, la présidence sud-coréenne indique que "les questions diplomatiques et sécuritaires" seront à l'ordre du jour des rencontres en France, dont il est rappelé qu'elle est un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies.

Avec l'Italie, ce sont les domaines des "sciences et des technologies de pointe" qui sont mis en avant comme de possibles champs de coopération.

Catholique revendiqué (ce qui joue un rôle indéniable dans sa vision politique, notamment sa politique inter-coréenne de paix et de dialogue), le Président Moon Jae-in est attendu au Vatican les 17 et 18 octobre. Le 17 octobre, une messe pour la paix sur la péninsule coréenne devrait être célébrée par le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d'Etat du Saint-Siège, à la basilique Saint-Pierre. Lors d'une entrevue le lendemain avec la pape François, le Président Moon devrait recevoir une bénédiction et le soutien du pape sur sa politique de dialogue avec le Nord. A cette occasion, il remettra la lettre d'invitation du pape François en République populaire démocratique de Corée, que lui a remis le Président Kim Jong-un lors du sommet inter-coréen de Pyongyang des 18-20 septembre 2018 (visiblement sur la suggestion de Séoul).

En Belgique, le Président Moon Jae-in assistera au Dialogue Asie-Europe (Asem). il aura une rencontre avec le président du Conseil européen, dans le cadre d'un sommet entre l'Union européenne et la République de Corée (18-19 octobre 2018). Les deux parties ont établi en 2010 un partenariat stratégique.

Se rendant enfin au Danemark, le dirigeant sud-coréen assistera au sommet "Partenariat pour la croissance verte et les objectifs de développement durable (P4G)", alors que la République de Corée poursuit un programme d'essor de l'économie verte et qu'a été acté un plan de sortie progressive du nucléaire civil (à horizon 2060).

Sources principales :

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2 octobre 2018 2 02 /10 /octobre /2018 19:05

La réunion du Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU) du 27 septembre 2018, présidée par le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo (qui doit retourner prochainement à Pyongyang pour préparer une nouvelle rencontre au sommet), a fait apparaître de nettes divergences au sein du CSNU sur la question coréenne : d'un côté, les Américains - soutenus par leurs alliés européens - ont plaidé pour le maintien d'une pression maximale sur la République populaire démocratique de Corée au moyens des sanctions, les plus lourdes jamais mises en place dans le cadre des Nations unies ; de l'autre, la Chine et la Russie ont plaidé au contraire pour un assouplissement des sanctions, compte tenu des développements positifs enregistrés depuis plusieurs mois, notamment grâce aux efforts de la RPD de Corée, les dernières annonces de Pyongyang ayant été formulées dans le cadre du sommet à Pyongyang, du 18 au 20 septembre 2018, entre les présidents Kim Jong-un et Moon Jae-in. Au-delà de l'application effective des sanctions (qui a donné lieu à des mises en cause très médiatisées de sociétés chinoises et russes par les Occidentaux), le débat est ouvert sur un assouplissement des sanctions - de plus en plus ouvertement demandé par les autorités nord-coréennes comme contrepartie à leurs propres engagements, et suivant le principe "action contre action" qui a été le seul à fonctionner par le passé pour diminuer les tensions autour de la péninsule coréenne. Mais la Chine et la Russie ont-elles les moyens et la volonté de leur ambition de faire desserrer l'étau mortifère des sanctions, alors que prévaut au Conseil de sécurité la règle de l'unanimité ?

Dans quelle mesure Pékin et Moscou peuvent-ils assouplir les sanctions contre Pyongyang ?

En apparence, il y a quelque ironie à voir la Chine et la Russie demander l'assouplissement de sanctions qu'elles ont elles-mêmes contribué à faire adopter par le CSNU un an plus tôt, alors que ces mesures ne répondaient pas à leurs intérêts économiques et stratégiques. La remarque est particulièrement valable dans le cas de Pékin : toutes les résolutions sur la Corée du Nord élaborées par Washington passent préalablement par l'imprimatur chinois avant d'être soumises aux autres membres du Conseil de sécurité des Nations unies. Ces prises de position chinoises et russes avaient contribué à dégrader les relations de ces deux puissances avec Pyongyang, qui a ainsi engagé un dialogue direct avec Séoul et avec Washington, sans passer par la Chine ni la Russie. Si les autorités nord-coréennes ont ensuite rétabli un dialogue stratégique avec Pékin, incluant un important volet économique, les perspectives récentes d'investissements sud-coréens en Corée du Nord (à la faveur du troisième sommet Nord-Sud à Pyongyang, du 18 au 20 septembre 2018) ont montré que la Chine avait perdu de son rôle de force d'impulsion dans les développements autour de la péninsule coréenne. De manière ironique, le "double gel" (de ses essais balistiques et nucléaires par la Corée du Nord, de leurs manœuvres militaires par les Etats-Unis), qui était le principe cardinal de la feuille de route sino-russe pour sortir de l'impasse diplomatique en 2017, a été mis en place, mais à l'initiative des autres protagonistes que la Chine et la Russie.

Dans ce contexte, Pékin et Moscou disposent certes encore d'une influence réelle de par leur statut de membres permanents du Conseil de sécurité, en ayant par exemple bloqué, en août 2018, une proposition américaine d'élargissement (limité) des sanctions des Nations unies à une banque russe, ainsi qu'à un fonctionnaire et deux entités de la RPD de Corée. Mais ces deux puissances sont-elles en mesure d'infléchir réellement la position américaine concernant les sanctions contre la RPD de Corée ? Ou s'agit-il essentiellement d'une posture, visant à revenir pleinement dans le jeu diplomatique en proposant une troisième voie entre Washington et Séoul d'un côté, Pyongyang de l'autre ?

En diplomatie, il faut tenir compte non seulement des prises de position, mais aussi de l'importance qu'on leur accorde effectivement et des moyens dont l'on dispose. A cette aune, la Chine a un avantage immédiat : elle est considérée par Washington (contrairement à la Russie), et à juste titre, comme disposant d'un levier d'influence économique majeur sur Pyongyang. Par ailleurs, dans les priorités diplomatiques de Pékin, la question coréenne a été explicitement mentionnée par S.E. M. Wang Yi, conseiller d'Etat et ministre des Affaires étrangères, lors du débat général à la session 2018 de l'Assemblée générale des Nations unies. Selon le compte rendu publié sur le site des Nations unies :

Le Ministre a indiqué soutenir sans réserve les efforts en vue de l’amélioration de la situation dans la péninsule coréenne, ainsi que le dialogue entre la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et les États-Unis. « La Chine encourage la RPDC à continuer de s’engager dans la voie de la dénucléarisation. Dans le même temps, nous pensons qu’il est adéquat que les États-Unis apportent des réponses positives dans les délais voulus afin de rencontrer la RPDC au milieu du gué. » M. Wang a indiqué que la Chine continuera d’appliquer strictement les sanctions contre la RPDC, tout en appelant le Conseil de sécurité à prendre des mesures à la lumière des derniers développements afin de créer des conditions favorables à un règlement pacifique de la situation par des moyens diplomatiques et politiques.

Nations unies

Le conseiller d'Etat Wang Yi à la tribune de l'Assemblée générale des Nations unies

Le conseiller d'Etat Wang Yi à la tribune de l'Assemblée générale des Nations unies

Les termes sont mesurés : la Chine n'appelle pas explicitement à la levée (partielle) des sanctions, mais parle plus prudemment de la nécessité pour les Etats-Unis d'apporter des "réponses positives dans les délais voulus afin de rencontrer la RPDC au milieu du gué". Chaque partie y lira ce qu'elle souhaite y trouver. Il est par ailleurs évident que malgré le contentieux commercial croissant américano-chinois, Pékin n'entend pas - à ce stade du moins - utiliser une éventuelle position plus dure de Pyongyang (qui pourrait être déçue et frustrée par l'absence possible de réponse de l'administration Trump) comme levier de négociation avec Washington.

Si la question coréenne figure donc en bonne place dans les priorités diplomatiques de Pékin, elle ne constitue pas réellement une pomme de discorde majeure avec les Etats-Unis (en juin 2018, les Etats-Unis pouvaient ainsi encore affirmer que Pékin partageait leurs préoccupations des sanctions contre la RPD de Corée sans que les autorités chinoises ne jugent utile de pondérer cette assertion). La Chine entend vouloir la diminution des sanctions, elle ne se donne pas aujourd'hui tous les moyens d'une telle politique.

Le discours du ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov, lors du débat général de la même session de l'Assemblée générale des Nations unies, est explicite sur le fait que la Corée ne constitue pas une priorité diplomatique pour Moscou : elle n'est même pas mentionnée dans le résumé de son intervention sur le site des Nations unies.

L'ambassadeur russe aux Nations unies, Vassili Nebenzia, a certes évoqué une levée progressive des sanctions, mais en modérant immédiatement son propos... en affirmant qu'il s'agit seulement d' "envisager" une telle mesure !

"Je pense qu'il est simplement naturel que l'on réfléchisse à des pas dans cette direction", a déclaré l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassili Nebenzia, interrogé sur une éventuelle levée des sanctions. "Il y a des progrès qui devraient être réciproques. Il devraient y avoir des contreparties" car "l'autre partie devrait voir des encouragements à aller de l'avant", a-t-il affirmé.

La Figaro

Cette prudence de fonctionnaire n'est pas celle du (toujours) brillant Sergueï Lavrov, qui a pour sa part plaidé à nouveau ouvertement pour un assouplissement des sanctions devant aller de pair avec sa dénucléarisation :

«Je voudrais entendre des explications quant aux raisons pour lesquelles certains collègues au sein du Conseil de sécurité s'entêtent à rejeter la possibilité même d'un signal positif de la part du Conseil au sujet des démarches faites par Pyongyang dans la voie de la dénucléarisation de la péninsule coréenne», a-t-il noté lors d'une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies consacrée à la Corée du Nord.

Il a rappelé dans ce contexte que les négociations étaient toujours «une rue à double sens».

«Les démarches de la Corée du Nord sur le chemin d'un désarmement progressif doivent aller de pair avec l'assouplissement des sanctions. Une action doit être suivie d'une réaction», a-t-il souligné.

Sputnik News

Sergueï Lavrov

Sergueï Lavrov

Mais au regard du faible poids économique aujourd'hui de la Russie en Corée du Nord, des liens stratégiques distendus entre les deux anciens alliés et plus encore de la place éloignée qu'occupe la péninsule coréenne dans l'échelle des priorités diplomatiques de Moscou, dans quelle mesure ces propos peuvent-ils faire mouche ? Certes, Sergueï Lavrov était à Pyongyang en mai 2018 pour replacer les pions russes sur l'échiquier diplomatique extrême-oriental, notamment dans l'hypothèse d'un traité de paix assorti de garanties de sécurité pour la RPDC (et que pourraient garantir la Chine et la Russie, alors que la Russie n'a pas été, quant à elle, officiellement partie prenante aux combats de la guerre de Corée). Mais il s'agit surtout d'utiliser d'abord le pouvoir d'influence de Moscou au sein du Conseil de sécurité pour infléchir les positions très rigides de certains de ses membres. La diplomatie étant l'art de parvenir à des compromis mutuellement avantageux, le discours de Sergueï Lavrov sur la péninsule coréenne, qui n'est pas nouveau, a indéniablement des vertus pédagogiques à l'égard de tous ceux qui veulent continuer de dresser un mur avec les Nord-Coréens.

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14 septembre 2018 5 14 /09 /septembre /2018 20:46

Le 9 septembre 2018 a été célébré le 70e anniversaire de la fondation de la République populaire démocratique de Corée. A cette occasion, une délégation de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) était présente en RPD de Corée - et un compte rendu de son déplacement sera publié prochainement. Les cérémonies - une fois encore grandioses - ont mis l'accent sur la volonté de dialogue de Pyongyang, à la veille par ailleurs du sommet inter-coréen qui se tiendra à Pyongyang du 18 au 20 septembre 2018. L'offensive diplomatique en cours se caractérise aussi par le nombre et le niveau des délégations qui étaient présentes aux cérémonies de commémoration à Pyongyang.

Le Président Kim Jong-un, lors de la cérémonie d'ouverture des nouveaux jeux gymnastiques de masse, le 9 septembre 2018

Le Président Kim Jong-un, lors de la cérémonie d'ouverture des nouveaux jeux gymnastiques de masse, le 9 septembre 2018

Une parade militaire et civile le matin du 9 septembre, puis le soir la première représentation du nouveau spectacle de gymnastique de masse intitulé "La patrie brillante" et le lendemain soir un défilé aux flambeaux : le programme des célébrations a été conforme à un scénario bien huilé, les prouesses techniques atteignant de nouveaux sommets - notamment lors du défilé aux flambeaux sur la place Kim Il-sung, qui a été combiné avec le recours à des éléments colorés formant des motifs géants, dans la tradition des mouvements d'ensemble, ainsi qu'à des feux d'artifice et des jets d'eau.

Fondation de la RPD de Corée : Pyongyang à l'offensive diplomatique
Fondation de la RPD de Corée : Pyongyang à l'offensive diplomatique
Fondation de la RPD de Corée : Pyongyang à l'offensive diplomatique
Fondation de la RPD de Corée : Pyongyang à l'offensive diplomatique

Cependant, le contenu même des cérémonies a envoyé un message sans ambiguïté sur la volonté de Pyongyang d'approfondir le dialogue - tant vis-à-vis des Etats-Unis (en l'absence remarquée, cette année, de présentation des missiles balistiques intercontinentaux lors du défilé, l'accent étant mis sur les armes défensives, et il n'y pas eu davantage de mention des armes nucléaires lors du spectacle de gymnastique de masse) que de la République de Corée - l'apparition sur écran géant de l'image du Président Kim Jong-un étant combinée à celle du Président Moon Jae-in, à Panmunjom le 27 avril 2018, si bien que ce sont bien les deux chefs d'Etat qui ont alors été applaudis.

Au-delà de la forte portée symbolique des messages des cérémonies de célébration, les autorités nord-coréennes sont à l'initiative pour relancer le processus avec les Etats-Unis engagé lors du sommet historique entre les Présidents Donald Trump et Kim Jong-un à Singapour, le 12 juin 2018 : le Président Kim Jong-un a écrit au chef d'Etat américain pour lui proposer une deuxième rencontre. S'agissant des relations inter-coréennes, le progrès le plus marquant a été l'inauguration à Kaesong, le 14 septembre 2018, du bureau de liaison qui constituera un canal d'échanges permanent Nord-Sud, concrétisant l'un des engagements pris lors de la déclaration du Panmunjom du 27 avril 2018. A la veille des cérémonies du 9 septembre, le Président Kim Jong-un avait reçu
une délégation spéciale du Président Moon Jae-in conduite par Chung Eui-yong, chef du Bureau de la sécurité nationale à la présidence de la République de Corée.

Pour autant, la RPD de Corée ne néglige pas ses relations avec ses autres partenaires, dont beaucoup étaient représentés au niveau gouvernemental lors des cérémonies de commémoration de la fondation de la République :
- aux côtés du dirigeant nord-coréen se trouvait
Li Zhanshu, membre du Comité permanent du Bureau politique du Comité central (CC) du Parti communiste chinois (PCC) et président du Comité permanent de l’Assemblée populaire nationale de la République populaire de Chine (RPC), en visite en qualité de délégué spécial de Xi Jinping, Secrétaire général du CC du PCC et Président de la RPC ; le Président Kim Jong-un a organisé une
représentation artistique et un banquet en l'honneur de la délégation chinoise ;
- la Russie était représentée par Valentina Matvienko, Présidente du Conseil de la Fédération de Russie, en visite officielle en RPD de Corée ;
- une délégation du Parti et de l'Etat cubains était conduite par Salvador Antonio Valdes Mesa, premier vice-président de Cuba, membre du Bureau politique du Comité central du Parti communiste de Cuba ;
-
Mohamed Ould Abdel Aziz, président de la Mauritanie, était également présent à Pyongyang pour les cérémonies de commémoration.

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18 août 2018 6 18 /08 /août /2018 13:28

Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations unies (de 1997 à 2006) et récipiendaire du prix Nobel de la Paix en 2001, est décédé à Berne le 18 août 2018, à l'âge de 80 ans. Ancien fonctionnaire des Nations unies, l'homme d'Etat et économiste ghanéen était un homme de principes : engagé pour la paix et l'aide au développement, il avait prôné à l'égard de la Corée l'adoption de politiques allant à contre-courant des préconisations des néo-conservateurs, fondées sur la prise en otage des populations par le biais des sanctions. L'Association d'amitié franco-coréenne salue un homme de paix et de dialogue, partisan déterminé des droits de l'homme, en rappelant quelques-unes de ses prises de position sur la question coréenne, au moment où s'expriment de nouveau les velléités impériales de l'administration américaine qui refuse à ce stade d'apporter des contreparties à la hauteur des gestes déjà effectués par Pyongyang. 

Disparition de Kofi Annan : l'AAFC salue un partisan de la paix et du dialogue, en Corée et dans le monde

Entre 1992 et 1999, les populations de la République populaire démocratique de Corée ont subi une crise humanitaire majeure, ayant causé des centaines de milliers de morts. Pour pallier les déficiences de l'agriculture nord-coréenne, soumise à l'aléa des inondations et des sécheresses, dans un pays où les terres arables (la surface agricole utile) ne représentent qu'un sixième du territoire, l'aide alimentaire internationale est apparue vitale mais soumise aux aléas politiques. Pour sa part, Kofi Annan, alors secrétaire général des Nations unies, avait vigoureusement plaidé en 2003 pour que les donateurs internationaux maintiennent leur effort : 

Dans un communiqué daté d'aujourd'hui, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a fait appel à la solidarité de la communauté internationale pour faire face à la grave situation humanitaire en République populaire démocratique de Corée (RPDC).

Le Secrétaire général précise que de nouvelles contributions des donateurs internationaux garantiraient, "au moins au cours des prochains mois", le maintien d'une aide humanitaire à la RPDC, permettant ainsi d'éviter une crise humanitaire majeure et d'établir les conditions propices au règlement pacifique de l'impasse politique actuelle.

Le Secrétaire général précise en outre qu'il a demandé à son Envoyé personnel en RPDC, Maurice Strong, de solliciter personnellement les principaux donateurs. Il a aussi invité tous les autres pays à participer à cet effort.

L'appel du Secrétaire général fait suite à l'entretien qu'il a eu ce matin avec M. Strong, de retour d'une récente mission en Corée du Nord. M. Strong, qui a eu de longues discussions avec les principaux dirigeants de Pyongyang et visité plusieurs installations du Programme alimentaire mondial (PAM) et du Fonds de l'ONU pour l'enfance (UNICEF) dans ce pays, a recommandé que des mesures humanitaires soient prises d'urgence, compte tenu de la grave pénurie de vivres et de médicaments en RPDC.

ONU Info

Partisan d'une issue multilatérale à la question coréenne par la voie du dialogue, le secrétaire général des Nations unies avait également salué la reprise des pourparlers à six (entre les deux Corée, la Chine, les Etats-Unis, la Russie et le Japon) sur la question coréenne en juillet 2005, en soulignant à cette occasion la contribution positive de la République populaire de Chine et de la République de Corée (Corée du Sud) - en plaidant pour une dénucléarisation de (toute) la péninsule coréenne, treize ans avant l'adoption de la déclaration de Panmunjom lors du sommet inter-coréen 27 avril 2018 : 

La déclaration suivante a été communiquée aujourd’hui par le Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan :


Le Secrétaire général se félicite de l’accord auquel les négociateurs de la République populaire démocratique de Corée et des États-Unis sont parvenus à Beijing concernant la reprise des pourparlers à six durant la dernière semaine de juillet. Le Secrétaire général salue également les efforts intenses de la communauté internationale, et en particulier de la Chine et de la République de Corée, pour les travaux constructifs et inlassables qu’elles ont accomplis à cette fin.


Le Secrétaire général est fermement encouragé par la détermination des participants aux pourparlers à six de réaliser de véritables progrès lors de la reprise des pourparlers, qui devraient conduire à la négociation d’une zone dénucléarisée stable, sûre et prospère dans la péninsule coréenne. Il continue de penser que le dialogue, basé sur la bonne volonté et le respect mutuel, est la meilleure manière de parvenir à ces objectifs, quelles que soient les difficultés rencontrées, et il continuera de faire tout son possible pour soutenir ces travaux.

Nations unies - Couverture des réunions et communiqués de presse

Après son départ du secrétariat général des Nations unies, Kofi Annan avait été l'une des figures prééminentes des "Global Elders" (en français, anciens ou sages) pour résoudre des questions de portée universelle. A cet égard, il avait plaidé en décembre 2017 contre les risques d'escalade autour de la péninsule coréenne - ne citant nommément, en bon diplomate, aucune des parties, en sachant qu'il est des principes qui dépassent les clivages politiques et nationaux :  

« Aujourd’hui, les dirigeants vont dans la mauvaise direction (…) Les dirigeants abandonnent », ajoute M. Annan, se disant particulièrement préoccupé par l’escalade des tensions en Corée du Nord.

« Un seule méprise, une seule erreur et nous sommes tous victimes (…) Le déclenchement d’une guerre nucléaire peut ne pas découler d’une décision délibérée » mais d’un accident, avertit-il (...)

The Times of Israël

Puisse le message de paix et d'humanisme de Kofi Annan continuer à être entendu, et inspirer de nouvelles générations d'hommes et de femmes de bonne volonté, sincèrement attachés à la paix du monde et aux droits humains. 

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10 août 2018 5 10 /08 /août /2018 21:54

Le 9 août 2018, Martyn Williams a publié un article sur le site North Korea Tech (affilié au site de référence 38 North) sur l'ouverture d'un site Internet par l'Université de technologie Kim Chaek (acronyme anglais : KUT), l'une des principales universités de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), spécialisée dans les disciplines scientifiques et techniques, à l'adresse suivante  : www.kut.edu.kp. Le lancement de ce site Internet coïncide avec le 70e anniversaire de la fondation de l'Université, qui doit aussi donner lieu à l'organisation d'un colloque, en septembre 2018.

L'Université Kim Chaek lance son site Internet

Comme le précise Martyn Williams, il s'agit du deuxième site Internet d'une université nord-coréenne - après celui de l'Université Kim Il-sung, dont le design est d'ailleurs proche de celui de l'Université Kim Chaek. Le site, bilingue (coréen et anglais), traduit une volonté d'échanges extérieurs accrus, notamment dans le domaine universitaire : si l'Intranet nord-coréen compte en effet de nombreux sites, les sites nord-coréens reliés au réseau Internet restent encore peu nombreux (North Korea Tech en dresse d'ailleurs un inventaire). De fait, l'Université Kim Chaek a déjà établi quelques coopérations internationales notables, comme avec l'Université Syracuse, aux Etats-Unis, pour le développement (entre autres) d'une bibliothèque digitale.

Alors que les informaticiens nord-coréens bénéficient d'un niveau international réel mais encore trop souvent méconnu (à cet égard, Martyn Williams mentionne notamment les résultats atteints par les Nord-Coréens dans la compétition internationale de programmation CodeChef, Kim Song-il ayant obtenu le maximum de points lors de l'édition qui s'est tenue en mai 2018), il y avait aussi quelque paradoxe à ce qu'une des plus prestigieuses (sinon la plus prestigieuse) universités de la RPD de Corée formant des informaticiens ne dispose pas encore de son site Internet.

Parmi les autres universités prestigieuses nord-coréennes dans le domaine de l'informatique figurent l'Université Kim Il-sung, généraliste, et l'Académie militaire Mirim. 

Source : 

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4 août 2018 6 04 /08 /août /2018 17:10

Du 18 août au 2 septembre 2018, les villes indonésiennes de Jakarta et Palembang accueilleront les 18e Jeux asiatiques. Les athlètes nord et sud-coréens défileront ensemble lors des cérémonies d'ouverture et de clôture et formeront des équipes unifiées dans plusieurs épreuves (basket, canoë, aviron). A cette occasion, les chefs d'Etat ou de gouvernement des nations participantes ont été invités en Indonésie - dont le Président Moon Jae-in et le Président Kim Jong-un. En ce qui concerne le dirigeant nord-coréen, l'invitation a été transmise par une délégation indonésienne qui s'est rendue en République populaire démocratique de Corée. Nous traduisons ci-après de l'anglais une dépêche de l'agence Reuters publiée par le Korea Herald, principal quotidien sud-coréen de langue anglaise, rendant compte de cette visite - de manière assez factuelle, même si plusieurs commentaires (notamment sur la volonté des Nord-Coréens d'honorer - ou non - leurs engagements en matière de dénucléarisation) traduisent un point de vue qui ne reflète pas celui de l'AAFC. Traduction AAFC-BA.

L’Indonésie invite le Nord-Coréen Kim Jong-un aux Jeux asiatiques

Une délégation d’officiels indonésiens a visité la Corée du Nord cette semaine afin de remettre une invitation de la part du Président Joko Widodo au dirigeant nord-coréen Kim Jong-un pour assister à la cérémonie d’ouverture des Jeux asiatiques à Jakarta en août, a déclaré la Police nationale indonésienne.

Puan Maharani, ministre des Affaires culturelles et à la Coordination du Développement Humain, était accompagnée par plusieurs autres représentants du gouvernement et de la police lors de sa visite à Pyongyang, selon une information provenant de la Police nationale ce lundi.

« La principale raison de notre venue (à Pyongyang) est de transmettre une invitation officielle au Président de la Corée du Nord pour assister à la cérémonie d’ouverture des Jeux asiatiques le 18 août », a déclaré Mme Maharani selon cette même source.

Le Président Kim Jong-un le 10 juin 2018

Le Président Kim Jong-un le 10 juin 2018

Mme Maharani et les délégués indonésiens ont rencontré Kim Yong-nam, le chef d’Etat en titre et président du Présidium de l’Assemblée Populaire Suprême lundi, a ajouté la Police nationale.

Elle a également discuté des relations inter-coréennes lors de sa visite ainsi que des questions régionales et des résultats de la police indonésienne dans sa lutte contre l'extrémisme.

Le vice-Premier ministre Ri Ryong-nam, le vice-ministre des Affaires étrangères Choe Hui-chol, le directeur général adjoint du département Asie Park Hyun-chol et le directeur du département Asie Ri Ho-joon ont également participé à la réunion, toujours selon le communiqué.

Les gouvernements des deux Etats coréens se sont mis d’accord pour proposer un défilé commun [des athlètes] lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux asiatiques qui auront lieu d’août à septembre, ce qui est un signe parmi d'autres pour réduire les tensions liées aux ambitions nucléaires de Pyongyang.

La Corée du Nord et la Corée du Sud ont marché sous le drapeau de la Corée unifiée pendant la cérémonie d’ouverture et de clôture des Jeux olympiques d’hiver de Pyeongchang. Les Jeux Asiatiques, accueillis par les villes de Jakarta et de Palembang, seront sans doute l’occasion de cimenter cette relation.

La Corée sera probablement un sujet important durant les Jeux alors que des doutes apparaissent concernant la promesse de Kim Jong-un de travailler à la dénucléarisation de son pays, faites pendant le sommet avec le président américain Donald Trump à Singapour en juin.

Un autre délégué indonésien, le chef adjoint de la Police nationale Syafruddin, assure que l’Indonésie garantit la sécurité des délégations de tous les pays présents aux jeux d’Asie, y compris la Corée du Nord.

« Du point de vue de la sécurité l'Indonésie est très stable. Ne vous inquiétez pas et n'ayez pas de doutes », a ajouté Syafruddin, qui comme beaucoup d’Indonésiens ne possède qu’un unique nom.

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