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10 juin 2023 6 10 /06 /juin /2023 20:20

Du 8 au 11 juin 2023, le Congrès mondial des Verts se réunit à Séoul, en République de Corée (Corée du Sud), avec comme mot d'ordre : "unir et responsabiliser le mouvement vert mondial". Réseau international des mouvements et partis politiques adhérents de la Charte des Verts mondiaux (soit 87 partis politiques et 9 organisations), le Congrès mondial des Verts (en anglais, Global Greens) organise sa cinquième réunion mondiale - et la première en Asie - après celles de Canberra en 2001, Sao Paulo en 2008, Dakar en 2012 et Liverpool en 2017. Le choix de la République de Corée rend compte du dynamisme du parti écologiste au pays du Matin calme, alors que l'implantation politique des Verts reste plus lente en Asie que sur les continents européen et américain. 

Le Parti Vert de Corée souhaite la bienvenue au Congrès mondial

Le Parti Vert de Corée souhaite la bienvenue au Congrès mondial

Les six principes de la Charte des Verts mondiaux, dont la signature en 2001 à Canberra a conduit à la création du Congrès mondial des Verts, sont la sagesse écologique, la justice sociale, la démocratie participative, la non-violence, le développement durable et le respect de la diversité. Il s'agit d'une structure internationale flexible, visant à fédérer les actions menées par les signataires de la Charte. Le réchauffement climatique et le nucléaire se sont affirmés comme deux des thèmes majeurs des rencontres internationales.

Hôte du Congrès, le Parti Vert de Corée, fort de plus de 10 000 membres (soit un nombre d'adhérents comparable à celui d'Europe Ecologie les Verts), a été constitué, sous sa forme actuelle, en mars 2012 - peu après la catastrophe de Fukushima, qui avait déclenché une vague de solidarité dans toute la Corée. 

Le mode de scrutin propre à la Corée, presque exclusivement majoritaire (une partie des sièges à l'Assemblée nationale sont toutefois attribués au scrutin proportionnel de liste, avec un seuil à 3 %), a entravé le développement du Parti Vert de Corée, qui jusqu'à présent n'a pas obtenu d'élus aux scrutins nationaux ni locaux. Le meilleur résultat aux élections législatives a été enregistré en 2016, avec 182 000 voix (0,77 %) pour la liste nationale qui était conduite par la réalisatrice Hwang Yoon, plaçant le parti au huitième rang national. En 2020, 59 000 voix ont été recueillies (0,21 %). Ces résultats sont toutefois loin de refléter le degré d'adhésion à l'écologie dans l'opinion publique sud-coréenne.

Outre les questions environnementales et le pacifisme, conduisant à une critique du colonialisme et de l'impérialisme occidentaux, le Parti Vert de Corée met aussi l'accent sur les droits des femmes et des minorités LGBTQIA+, ainsi que l'instauration du revenu universel de base, traduisant l'inscription des écologistes sud-coréens dans les débats qui animent la société.

Sources : 

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29 mai 2023 1 29 /05 /mai /2023 19:42

Les 29 et 30 mai 2023, la République de Corée (Corée du Sud) organise pour la première fois un sommet avec les pays membres du Forum des îles du Pacifique, organisation internationale de coopération régionale créée en 1971 (jusqu'en 2000, sous le nom de Forum du Pacifique Sud) et constituant la principale instance politique d'échanges internationaux dans le Pacifique Sud. Cette initiative conforte les ambitions internationales de Séoul et permet de renforcer les coopérations avec les membres du Forum des îles du Pacifique - dont l'Australie, la Nouvelle-Zélande, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et de nombreux Etats insulaires, parmi lesquels Fidji (qui abrite le siège de l'organisation à Suva) et deux territoires français ayant un statut particulier, la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française, Wallis et Futuna étant pour sa part observateur du Forum des îles du Pacifique. 

L'entrée du sommet Corée - îles du Pacifique, sous haute protection

L'entrée du sommet Corée - îles du Pacifique, sous haute protection

Organisé sur le thème "Vers une prospérité commune : renforcer la coopération avec la région du Pacifique", le sommet vise à développer les échanges, notamment avec la République de Corée, en dépassant l'antagonisme sino-américain qui donne lieu à une forte concurrence entre les deux puissances dans une région d'intérêt stratégique majeur : alors qu'en avril 2022 un accord de sécurité a été conclu entre la Chine et les îles Salomon, un pacte de sécurité a été signé en mai 2023 entre les Etats-Unis et la Papouasie-Nouvelle-Guinée. En octobre 2022, les îles Salomon s'étaient aussi opposées à une première version de la déclaration de partenariat entre les Etats-Unis et le Forum des îles du Pacifique en raison de plusieurs références indirectes à la Chine. 

Comme l'a précisé Moetai Brotherson, président (indépendantiste) de la Polynésie française, le sommet permet d'envisager des échanges avec la Corée du Sud dans de nombreux domaines : les énergies renouvelables, l'aquaculture ou encore la construction automobile - alors que les sujets d'environnement, au premier rang desquels le réchauffement climatique, constituent une priorité des pays membres du Forum. Moetai Brotherson, dont c'est le premier rendez-vous international depuis son élection, a manifesté un intérêt plus particulier pour le secteur du numérique. 

Séoul compte aussi gagner des soutiens pour sa candidature à l'exposition universelle de 2030. Le président Yoon Seok-yeol a multiplié les sommets bilatéraux en marge de la rencontre (avec 10 chefs d'Etat et de gouvernement : îles Cook, Kiribati, Marshall, Niue, Palaos, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Salomon, Tonga, Tuvalu et Vanuatu), la République de Corée a également établi des relations diplomatiques avec Niue, île néo-zélandaise disposant d'un statut d'autonomie qui lui permet de mener sa propre politique étrangère.

Sources : 

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26 mai 2023 5 26 /05 /mai /2023 15:14

Fondé en 1957, le mouvement Pugwash rassemble des personnalités universitaires et politiques pour réduire les dangers de conflits armés - notamment de conflits nucléaires, ce qui a valu à l'organisation internationale d'obtenir le Prix Nobel de la Paix en 1995 pour son action en faveur du désarmement nucléaire. En étant animé par des personnalités venant à la fois de l'Ouest de de l'Est, Pugwash a acquis une réputation d'impartialité qui lui a permis d'intervenir efficacement lors de plusieurs épisodes de tension liés aux armes nucléaires. En particulier, Pugwash a joué un rôle de médiation dans la péninsule coréenne, ainsi que l'a souligné Venance Journé dans un article intitulé "Pugwash ou la diplomatie scientifique contre les armes nucléaires", publié dans le numéro 225 (avril 2023, p. 69-79) de la revue Raison présente de l'Union rationaliste, et que nous avons analysé ci-après.

Le physicien polonais Józef Rotblat, spécialiste de physique nucléaire, qui a cofondé Pugwash

Le physicien polonais Józef Rotblat, spécialiste de physique nucléaire, qui a cofondé Pugwash

Lors de la première crise nucléaire nord-coréenne, lors de laquelle les Etats-Unis envisagèrent une option militaire contre les installations nucléaires nord-coréennes, Józef Rotblat joua un rôle pour l'engagement des discussions : en effet, il écrivit personnellement à Kim Il-sung pour exhorter le président nord-coréen à ce que son pays ne quitte pas le Traité de non-prolifération (TNP). Les échanges entre Washington et Pyongyang  aboutirent à l'accord-cadre de Genève en 1994 : en contrepartie de la fourniture par les Etats-Unis de deux réacteurs à eau légère et d'une normalisation des relations diplomatiques avec la République populaire démocratique de Corée, cette dernière resta membre du TNP.

L'annulation de l'accord par les Etats-Unis en 2002 - après que le Président George W. Bush eut classé la Corée du Nord parmi les pays de "l'Axe du mal" - conduisit toutefois la RPD de Corée à quitter le TNP en janvier 2003 et à mener six essais nucléaires (de bombes A et H) entre 2006 et 2017. Dans ce contexte, plusieurs délégations de Pugwash furent invitées en Corée du Nord et l'organisation internationale s'est affirmée comme un canal de dialogue, notamment entre les deux Etats coréens, ainsi que l'a souligné Venance Journé dans l'article de Raison présente précité :

Depuis 2001, de nombreuses délégations Pugwash se sont rendues en Corée du Nord et ont maintenu des contacts à haut niveau. Les Nord-Coréens participent aux conférences annuelles depuis les années 1990 et ont établi un groupe national. Le Conseil organise régulièrement des conférences sur le développement énergétique et économique, la coopération en matière de sécurité en Asie du Nord-Est et du Sud-Est, la sécurité alimentaire ou la médecine, qui se tiennent en Chine, au Vietnam ou en Mongolie, leur objectif principal étant de réunir des experts des deux pays de la péninsule pour résoudre des problèmes communs et établir la confiance entre les deux Corées. Pugwash a aussi favorisé la création du Centre international de Pyongyang sur la nouvelle économie et la technologie en 2003.

Lors de la crise internationale de 2017 autour de la Corée, Pugwash fut sollicité par la Corée du Sud et la Corée du Nord pour jouer un rôle de médiateur. En particulier, le président sud-coréen Moon Jae-in demanda à Pugwash, en décembre 2017, de convaincre les Nord-Coréens de participer aux Jeux olympiques de Pyeongchang - et, de fait, la Corée est apparue former une seule nation lors de cette trêve olympique.  S'était ainsi enclenché un mouvement de rapprochement et de rencontres diplomatique entre la Corée du Nord, la Corée du Sud et les Etats-Unis.

Venance Journé conclut que Pugwash n'a certes pas empêché le développement d'armes nucléaires en Corée du Nord, mais qu'elle a permis d'abaisser les tensions et a su s'affirmer à Pyongyang comme un interlocuteur respecté car neutre : 

Bien que Pugwash n'ait pu empêcher le programme nucléaire militaire nord-coréen, son action a été décisive en 1994 puis a contribuer à retarder de dix années la mise au point des armes. Pugwash est considéré en Corée du Nord avec respect et comme une organisation neutre. Ses possibilités sont bien entendu contraintes par les changements politiques dans les pays concernés, quand les nouveaux dirigeants sont moins enclins à la négociation. Cependant, dans une situation aussi tendue, délicate, changeante et où l'incompréhension prévaut, le maintien de contacts confidentiels réguliers a sans doute permis d'éviter des développements militaires beaucoup plus dangereux de part et d'autre.

Source : 

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21 mai 2023 7 21 /05 /mai /2023 22:33

Le poète, novelliste et essayiste salvadorien Roque Dalton (1935-1975) est l'une des grandes figures de la gauche salvadorienne. Militant communiste engagé dans l'émancipation des peuples du Tiers Monde, il a été un grand voyageur. Parmi ses visites figure le séjour qu'il a effectué en République populaire démocratique de Corée (Corée du Nord), à l'occasion de l'anniversaire de la fondation de la RPD de Corée en septembre 1971. 

Roque Dalton en Corée du Nord
Roque Dalton en Corée du Nord

Roque Dalton en Corée du Nord

Dans son ouvrage La Tricontinentale, publié aux éditions La Découverte en 2013, Roger Faligot mentionne à deux reprises (p. 228 et 491) que Roque Dalton étudiait les oeuvres du Président Kim Il-sung. Cet intérêt a été nourri par un déplacement en RPD de Corée effectué en septembre 1971 (et qui l'avait également mené en Chine) - car si les photos reproduites dans cet article datent, selon la page Facebook dont elles sont extraites, des années 1960, elles correspondent plus vraisemblablement au voyage effectué à Pyongyang par le poète salvadorien en 1971, comme permet de le dater un témoignage publié par son fils Jorge Dalton, qu'on retrouve dans les archives du militant et écrivain. 

Ce document d'archive constitue un curieux témoignage a posteriori, qui par son ton humoristique, sinon sarcastique, tranche avec la "frénésie" de Roque Dalton à étudier les écrits du fondateur de la RPD de Corée selon Roger Faligot. L'idée qu'il s'agisse d'une réinterprétation ultérieure par Jorge Dalton est corroborée par la biographie qu'a consacrée Roque Dalton à Kim Il-sung, intitulée Kim Il Sung, Una Vida por la Revolucion, publiée par le bimensuel de gauche chilien Punto Final en supplément au numéro 154 (28 mars 1972), six mois après le déplacement de septembre 1971.

Couverture du supplément de Punto Final, sur la biographie de Kim Il-sung par Roque Dalton

Couverture du supplément de Punto Final, sur la biographie de Kim Il-sung par Roque Dalton

L'admiration de Roque Dalton pour la RPD de Corée n'était alors pas isolée. Alors que Pyongyang se démarquait avec succès tant de l'URSS que de la Chine, la Corée du Nord apparaissait dans les années 1960 et 1970, à l'instar de Cuba, comme un modèle révolutionnaire original, également loué par le Che ou les Black Panthers.

Principales sources :  

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6 mars 2023 1 06 /03 /mars /2023 11:13

Lors d'une conférence de presse qui s'est tenue le 6 mars 2023, Park Jin, ministre des Affaires étrangères de la République de Corée (Corée du Sud), a annoncé la création prochaine d'une fondation pour indemniser des Coréens victimes de travail forcé pendant l'occupation japonaise de la péninsule (1910-1945). Même si des discussions avaient éte engagées sur le sujet entre les deux parties, cette décision manifestement unilatérale, prise sans contrepartie immédiate du Japon, a été vivement saluée à Tokyo - mais a déjà engendré des critiques parmi des victimes, alors que les stigmates de la colonisation japonaise restent un sujet très sensible dans l'opinion publique coréenne.

Le ministre des Affaires étrangères Park Jin peut avoir le sourire : partisan résolu d'un front renforcé Washington-Tokyo-Séoul contre la Corée du Nord, il a satisfait les deux alliés de la République de Corée au-delà de leurs espérances en annonçant la création d'un fonds d'indemnisation des Coréens victimes du travail forcé pendant la colonisation japonaise

Le ministre des Affaires étrangères Park Jin peut avoir le sourire : partisan résolu d'un front renforcé Washington-Tokyo-Séoul contre la Corée du Nord, il a satisfait les deux alliés de la République de Corée au-delà de leurs espérances en annonçant la création d'un fonds d'indemnisation des Coréens victimes du travail forcé pendant la colonisation japonaise

Alors que des décisions de justice de tribunaux sud-coréens, en 2018, avaient prévu l'indemnisation de victimes coréennes de travail forcé pendant la colonisation japonaise, la question du versement des compensations était devenue un point de désaccord majeur entre Tokyo et Séoul. En effet, pour le Japon, l'accord de 1965 établissant les relations diplomatiques avec la République de Corée a réglé les contentieux historiques - dont l'indemnisation des travailleurs forcés - et ce n'est pas aux entreprises japonaises ni au gouvernement japonais de procéder à des versements décidés par la justice sud-coréenne. Finalement, selon l'annonce faite par le ministre Park Jin ce lundi 6 mars 2023, c'est une tierce partie - aux acteurs japonais et au gouvernement sud-coréen - qui procèdera à l'indemnisation : une fondation spécifiquement mise en place, dont les modalités de mise en place restent à établir.

Plus que les montants en jeu (si 780 000 Coréens ont été victimes de travail forcé, les décisions de justice ne concernent que quelques dizaines de personnes), la symbolique est forte, au moment où les tensions dans la péninsule coréenne imposent, selon Tokyo et Washington, de régler les différends entre alliés pour opposer un front commun face à Pyongyang.

Park Jin a d'ailleurs reconnu que tel était le sens de son annonce : 

La coopération entre la Corée et le Japon est très importante dans tous les domaines de la diplomatie, de l’économie et de la sécurité, dans le contexte actuel de grave situation internationale et de difficile crise mondiale (...) Je crois que le cercle vicieux doit être brisé pour le bien [des] peuples au niveau de l’intérêt national, plutôt que de laisser [nos] relations [ainsi] distendues pendant longtemps.

Séoul espère des excuses du Japon, ainsi qu'une contribution des entreprises nippones. Mais le gouvernement nationaliste japonais estime s'être déjà suffisamment excusé. La Corée du Sud a manifestement cédé sans contrepartie à une demande pressante du Japon - et des milieux d'affaires des deux pays - ainsi que des Etats-Unis, soucieux que les contentieux nippo-sud-coréens soient réglés face à la Corée du Nord et à la Chine. 

La décision prise risque d'être d'autant plus mal acceptée dans l'opinion publique sud-coréenne que le Japon accélère sa remilitarisation, en ayant décidé de porter de 1 % à 2 % la part de son PIB consacrée aux dépenses militaires. Si la création d'une fondation permet à quelques-unes des victimes, toutes très âgées, d'espérer une indemnisation, était-il pertinent de céder aussi facilement à un gouvernement japonais animé de sentiments fortement nationalistes et tenté par le révisionnisme historique ? L'escalade des tensions, qui accroît les risques de guerre, est aussi encouragée par des décisions telles que celle du gouvernement du Président Yoon Seok-yeol, défenseur du resserrement des liens avec le Japon - quoi qu'il en coûte.

Sources :  

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27 février 2023 1 27 /02 /février /2023 22:57

Dans le conflit russo-ukrainien, les deux Etats coréens ont adopté des positions diplomatiques opposées : si la République de Corée (Corée du Sud) a condamné l'invasion russe commencée le 24 février 2022, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a au contraire rejeté les résolutions qui, à l'Assemblée générale des Nations unies, condamnaient la Russie - cette position s'inscrivant dans une démarche de plus long terme qui tend à développer les relations de Pyongyang avec Moscou. Mais, sur un plan davantage militaire, les deux Etats partagent la même volonté de ne pas être impliqués directement dans le conflit.

La guerre en Ukraine a fait couler beaucoup d'encre sur le fait de savoir si les Américains et les Européens, en fournissant directement des armes à l'Ukraine, devaient être considérés comme des co-belligérants. La réponse est difficile, car il n'y pas de définition claire de cette notion en droit international public, et pas davantage de consensus au sein de la doctrine. La Professeure Anne-Laure Chaumette, dans un article publié le 16 février 2023, a formulé les observations suivantes : 

Une partie de la doctrine a pu élargir cette approche et considérer que l’État qui fournit des armes ou une aide financière à un État en conflit devient partie à ce conflit et a le statut de belligérant. Mais la pratique et la majorité de la doctrine soutiennent au contraire que ces aides ne font pas de l’Etat qui les fournit un belligérant (voir par ex. Michael N. Schmitt) : ainsi, durant la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ne sont considérés comme étant en guerre qu’à partir du 7 décembre 1941, alors qu’ils fournissaient une aide militaire aux alliés depuis la loi prêt-bail du 11 mars 1941.

Le Club des Juristes

Pour reprendre l'exemple d'Anne-Laure Chaumette, les Etats-Unis ne sont entrés en guerre (et donc devenus belligérants) que le 7 décembre 1941 avec l'attaque de Pearl Harbor, mais la fourniture d'armes aux puissances alliées, par la loi prêt-bail du 11 mars 1941, les faisait déjà quitter le statut de non-belligérants - ne pouvant plus être considérés comme neutres. De la même manière, selon la doctrine majoritaire en droit international public, dans la guerre qui oppose aujourd'hui l'Ukraine et la Russie, les Etats-Unis et l'Union européenne ne sont pas neutres ; ils sont non-belligérants (par la fourniture directe d'armes à l'Ukraine, qui plus est reconnue), mais pas belligérants (ou co-belligérants). A contrario la Biélorussie, en ayant permis aux troupes russes d'utiliser son territoire, est susceptible de voir sa responsabilité internationale engagée, toujours selon Anne-Laure Chaumette. Les sanctions prises contre la Russie ont ainsi pu être étendues à la Biélorussie, quand bien même les troupes biélorusses n'interviennent pas en Ukraine. 

Au regard de ces observations, comment qualifier la position de chacun des deux Etats coréens ?

La RPD de Corée a constamment nié fournir des armes à la Russie. Cette position s'inscrit dans une volonté de ne pas être partie au conflit, de respecter non seulement le principe de non-belligérance mais aussi de se conformer aux règles de neutralité fixées par les Conventions de La Haye de 1907. Une conséquence est également que les puissances occidentales n'ont pas adopté de sanctions supplémentaires contre la Corée du Nord au regard de son positionnement dans le conflit.

La République de Corée a de la même manière démenti que ses livraisons d'armes aux Etats-Unis seraient destinées à l'Ukraine - notamment en novembre 2022, pour un contrat d'achat de 100 000 obus d'artillerie de 155 mm. De même, si la Corée du Sud a permis de reconstituer les stocks d'armement de plusieurs pays de l'OTAN (notamment, la Pologne et la République tchèque, confortant son statut d'exportateur d'armes de haut niveau technologique), ces armes ne peuvent qu'indirectement approvisionner l'armée ukrainienne - ce qui, selon la presse tchèque, serait le cas pour des missiles sol-air portatifs KP-SAM, commercialisés sous le nom Chiron, livrés à la République tchèque. Malgré des sollicitations réitérées fin février 2023 par le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg, la République de Corée a par ailleurs maintenu sa position de ne pas livrer d'armes létales à l'Ukraine. Le soutien direct sud-coréen se limite à une aide civile. 

Dans le domaine des sanctions contre la Russie, Séoul n'a pas interdit le survol de son territoire aux avions russes en février 2022. En revanche, elle a participé à fermer l'accès de la Russie au système SWIFT et à interdire tant certaines transactions financières (notamment avec les principales banques russes) que les exportations de matériaux stratégiques. Ces sanctions ont été déplorées par la Russie - en des termes toutefois plus mesurés qu'avec les puissances occidentales. Le 28 février 2022, l'ambassadeur de Russie en République de Corée, Andrey Kulik, avait déclaré que les liens bilatéraux, qui s'étaient développés de manière régulière depuis 30 ans (et l'établissement de relations diplomatiques complètes en 1990), pourraient "changer de cap". 

Par le passé, les soldats tant nord-coréens que sud-coréens ont participé à des conflits : les premiers en Afrique subsaharienne (Ethiopie, Angola, Mozambique), les seconds au Vietnam.  L'attitude aujourd'hui de Séoul et de Pyongyang apparaît beaucoup plus en retrait, témoignant d'une volonté manifeste de ne pas s'impliquer directement dans un conflit susceptible de s'étendre à d'autres parties de la planète.  

Missile sol-air portatif KP-SAM sud-coréen (2013)

Missile sol-air portatif KP-SAM sud-coréen (2013)

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15 février 2023 3 15 /02 /février /2023 21:39

Pendant la guerre du Vietnam, la République de Corée (Corée du Sud) a envoyé 320 000 soldats combattre aux côtés des Sud-Vietnamiens, soit le plus important contingent étranger (ex aequo avec la Chine) après celui des Etats-Unis. Si des atrocités ont été commises, dont a notamment rendu compte l'ancien combattant Hwang Sok-yong dans L'ombre des armes (édité en France par Zulma en 1992), il a fallu attendre 2023 pour que, pour la première fois, un tribunal sud-coréen décide d'indemniser une victime - comme l'a indiqué Shin Hyon-hee, dans une dépêche de l'agence Reuters du 7 février 2023 - traduite ci-après de l'anglais et reproduite avec leur autorisation par Les nouveaux carnets du Viêt Nam.

Soldats sud-coréens au Vietnam appartenant à la 9e division d'infanterie (photo Phillip Kemp)

Soldats sud-coréens au Vietnam appartenant à la 9e division d'infanterie (photo Phillip Kemp)

La justice sud-coréenne ordonne une première indemnisation pour une victime de la guerre du Vietnam

Un tribunal sud-coréen a ordonné mardi au gouvernement d'indemniser une victime d'atrocités pendant la guerre du Vietnam dans les années 1970, quand environ 300 000 soldats sud-coréens combattaient aux côtés des forces américaines. [entre 1965 et 1973, note des Carnets]

Cette décision a marqué une première reconnaissance juridique de la responsabilité de la Corée du Sud pour les atrocités commises pendant la guerre et pourrait potentiellement ouvrir la voie à d'autres demandes de réparation de la part de victimes

Le tribunal du district central de Séoul a ordonné au gouvernement de fournir environ 30 millions de wons (23 800 dollars) en compensation ainsi que des fonds supplémentaires à cause du retard à Nguyen Thi Thanh, une survivante des meurtres de civils commis par les troupes sud-coréennes.

Nguyen Thi Thanh, 63 ans, a déposé une plainte contre le gouvernement sud-coréen en 2020 pour obtenir environ 30 millions de won en compensation, affirmant qu'elle a perdu des membres de sa famille et qu’elle-même a été blessée lorsque des marines sud-coréens ont tué environ 70 civils dans village de la province de Quang Nam en 1968.

A l'époque, les militaires ont forcé la famille de la plaignante à sortir de chez elle, "sous la menace de fusils à balles réelles et, avant de leur tirer dessus", selon l'agence de presse Yonhap.

En conséquence, il est reconnu que la famille de la requérante est décédée sur les lieux et qu’elle et d'autres personnes ont subi de graves blessures.

Un responsable du tribunal a confirmé la décision, mais a déclaré que le verdict complet n'était pas immédiatement disponible pour publication.

Nguyen Thi Thanh, lors d'un appel vidéo depuis le Vietnam organisé par ses avocats après la décision, a salué la décision et a déclaré que ce serait "un réconfort pour les âmes victimes du drame".

Le ministère de la Défense de Séoul n'a pas immédiatement commenté. Le ministère a déclaré que les deux pays avaient eu des consultations étroites sur les questions en suspens pour l'avancement "orienté vers l'avenir" des relations diplomatiques, qui ont été officiellement établies en 1992.

"La Corée et le Vietnam, au cours des 30 dernières années, ont atteint un développement sans précédent de leurs relations sur la base du principe "laissons les événements malheureux du passé et allons vers l'avenir" ", a-t-il déclaré dans un communiqué.

Le ministère des Affaires étrangères de Hanoï n'a pas immédiatement répondu à une demande de commentaire

(1 dollar = 1 261,74 won)

Reportage de Hyonhee Shin; Reportage supplémentaire de Khanh Vu à Hanoi; Montage par Raju Gopalakrishnan.

Source : 

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1 janvier 2023 7 01 /01 /janvier /2023 16:32

Du 26 au 31 décembre 2022, le huitième Comité central du Parti du travail de Corée (PTC) a tenu sa sixième réunion plénière élargie. Dans une dépêche du 1er janvier 2023, l'agence officielle nord-coréenne KCNA a rendu compte en détail des travaux ainsi menés qui soulignent les priorités données au développement de l'économie et à l'autodéfense pour, selon une formule de l'agence KCNA, "conduire le socialisme à la coréenne vers de nouveaux changements et développements", dans un contexte de montée des tensions dans la péninsule coréenne faisant courir le risque d'un nouveau conflit dévastateur. 

"Conduire le socialisme à la coréenne vers de nouveaux changements et développements"

A l'instar d'autres dirigeants dans le monde, Kim Jong-un, président de la Commission des affaires d'Etat de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et secrétaire général du Parti du travail de Corée (PTC), avait choisi par le passé de s'adresser à la nation dans un discours de Nouvel An pour faire le bilan de l'année passée et tracer les priorités de l'année à venir. Mais la RPDC a choisi, fin 2022, de réunir la plus haute instance plénière du PTC (après le Congrès) pour débattre et adopter des orientations pour 2023 - traduisant ainsi une volonté, constante depuis l'accession au pouvoir du Président Kim Jong-un en 2011, de mettre en avant le rôle moteur du Parti.

"Conduire le socialisme à la coréenne vers de nouveaux changements et développements"

Sur le premier point à l'ordre du jour de la réunion (les politiques menées en 2022 et le plan de travail pour 2023), le rapport présenté par le secrétaire général Kim Jong-un a tout d'abord mis l'accent sur le "développement des capacités de défense", face aux forces ennemies identifiées comme l'impérialisme américain. Avant de revenir plus en détail sur la situation internationale et la politique nationale de défense, le rapport a toutefois développé le bilan économique et social de l'année 2022 - témoignant de la priorité toujours accordée au développement du pays. Ont ainsi été cités, dans le domaine de la construction, l'achèvement de l'aménagement des zones de Hwasong et Ryonpho, projets majeurs pour "l'amélioration du niveau de vie de la population", et la construction de logements modèles dans les zones rurales. Pour l'avenir, dans la poursuite de la réalisation des objectifs du plan quinquennal, le développement de la production en 2023 doit viser à atteindre l'autosuffisance, tout en appelant à combattre une approche étroitement techniciste et scientiste ("la croyance mystique dans la technologie") qui consiste notamment à dépendre des technologies d'autres puissances. Plus précisément, ont été affirmés les objectifs de construire 10 000 logements dans la deuxième phase d'aménagement à Hwasong et 50 000 logements à Pyongyang. L'agriculture a été présentée comme un secteur économique prioritaire. 

"Conduire le socialisme à la coréenne vers de nouveaux changements et développements"

En politique étrangère, le renforcement des capacités de dissuasion nucléaire a été justifié par la pression militaire exercée par les Etats-Unis et leurs alliés : 

En 2022, les États-Unis ont fréquemment déployé divers moyens de frappe nucléaire en Corée du Sud dans un déploiement constant, augmentant au maximum le niveau de pression militaire sur la RPDC. Et, en même temps, ils ont fait avancer la réalisation d'une coopération triangulaire avec le Japon et la Corée du Sud à grande échelle tout en travaillant dur pour établir un nouveau bloc militaire comme la version asiatique de l'OTAN sous le signe d'une "alliance renforcée".

Dans ce contexte, la Corée du Sud n'est pas menacée elle-même (le discours évoque le "prétexte de faire face à toute "menace" ", les guillemets étant employés dans la dépêche de KCNA) et ce sont bien les Etats-Unis qui sont présentés comme l'ennemi de la RPDC - et pas la Corée du Sud.  Mais il est reproché aux autorités sud-coréennes de s'inscrire dans une logique d'escalade militaire et de confrontation.

Toujours selon le rapport, le développement de la puissance militaire de la RPDC a comme objectif de "prévenir la paix et de sauvegarder la paix et la stabilité" - tout en précisant que, en cas d'échec, "la force nucléaire permettra de réaliser sa seconde mission, qui ne sera pas pour la défense". Implicitement, c'est l'idée de contre-attaque préventive qui est suggérée - mais sans être formulée ouvertement, contrairement à certaines doctrines militaires avancées par d'autres puissances, au premier rang desquelles les Etats-Unis, en particulier lors de la "guerre préventive" contre l'Irak en 2003

Dans une logique restant toutefois fondamentalement celle de la dissuasion nucléaire, le système de défense antimissile nord-coréens doit disposer de missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) permettant une "contre-attaque nucléaire rapide". Mi-décembre, KCNA avait rendu compte d'un essai souterrain pour que la RPDC dispose d'un moteur de missile balistique à combustible solide. On retrouve ici l'idée,  développée notamment dans la doctrine française de la dissuasion nucléaire, qu'une frappe en second doit prévenir une attaque en premier, dans la logique de dissuasion du faible au fort. En outre, le rapport adopté lors de la réunion du PTC préconise d'augmenter la production de forces nucléaires tactiques et le lancement, dès que possible en 2023, du premier satellite militaire de reconnaissance. 

Sans faire explicitement allusion à la guerre en Ukraine ou d'autres conflits dans le monde, le PTC observe que la structure des relations internationales a évolué vers un système de "nouvelle Guerre froide", impliquant de placer au premier rang la défense de la souveraineté nationale dans la "consolidation" du socialisme à la coréenne.

Les objectifs ainsi définis devront être mis en oeuvre dans les sections du PTC, en particulier lors de réunions de travail de deux jours et de réunions consultatives.

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11 septembre 2022 7 11 /09 /septembre /2022 21:16

Après délibération en ce sens de son bureau national, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a rejoint le Collectif national des marches pour la paix, coordonné par le Mouvement de la paix. Elle appelle d'ores et déjà à participer aux marches pour la paix le 21 septembre 2022, en ayant également décidé d'apporter un soutien financier aux manifestations qui seront alors organisées par le Collectif national.

L'AAFC rejoint le Collectif national des marches pour la Paix

Constamment engagée pour la paix dans la péninsule coréenne depuis sa fondation en 1969, l'AAFC a été de tous les combats pour que plus jamais la guerre ne s'abatte sur la péninsule coréenne. En relation continue avec le Mouvement de la paix, elle a souligné l'urgence d'un traité de paix dans "Planète paix", le mensuel de l'organisation pacifiste, et soutenu le combat des objecteurs de conscience sud-coréens. C'est donc fort logiquement qu'elle a décidé de poursuivre sa lutte pour la paix en Corée dans un cadre plus large, en rejoignant le Collectif national des marches pour la paix.

Par ailleurs, plusieurs des responsables de l'AAFC sont aussi fortement engagés sur le terrain des luttes pacifistes, à l'instar de Bernard Hugo, vice-président de l'AAFC, président de l'Institut de documentation et de recherches sur la paix, disparu en mars 2021.

Ayant signé et fait signer la pétition de l'organisation civique sud-coréenne SPARK pour un traité de paix en Corée, s'étant associée aux initiatives internationales relatives à la Corée, l'AAFC a aussi soutenu toutes les initiatives pour la paix en Corée en France (y compris en région) - par exemple du député Jean-Jacques Candelier, des églises bouddhistes, ou encore récemment le 19 août 2022 pour protester contre la reprise des manoeuvres militaires de grande ampleur entre les Etats-Unis et la République de Corée (Corée du Sud) au large de la péninsule coréenne.


Alors que la guerre fait à nouveau rage à l'est de l'Europe, la confrontation n'est pas une fatalité pour régler les différends internationaux : tous ensemble, nous devons continuer à agir pour qu'advienne une ère de paix et de solidarité entre les peuples, en Corée et dans le monde - faisant de l'amitié le ferment de nouvelles relations fraternelles entre les hommes et entre les nations.

Manifestation initiée par l'AAFC place de la Sorbonne, le 24 juin 2017, pour la paix et la réunification en Corée

Manifestation initiée par l'AAFC place de la Sorbonne, le 24 juin 2017, pour la paix et la réunification en Corée

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13 avril 2019 6 13 /04 /avril /2019 11:00

Alors que la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) célèbre le 15 avril 2019 le 107e anniversaire de la naissance du Président Kim Il-sung, « Fête du Soleil » en RPDC, le sommet de Hanoï des 27 et 28 février 2019 entre les dirigeants de la RPDC et des Etats-Unis, et la visite officielle effectuée par Kim Jong-un au Vietnam les 1er et 2 mars 2019, viennent rappeler les visites de Kim Il-sung dans ce pays en 1958 et 1964. 

Ho Chi Minh et Kim Il-sung au palais présidentiel de Hanoï le 28 novembre 1958 (Photo: VNA)

 

Avant l’arrivée de Kim Jong-un à Hanoï le 26 février 2019, aucun dirigeant nord-coréen ne s’était rendu au Vietnam depuis 55 ans. Alors Premier ministre de la RPDC, Kim Il-sung, avait fait deux fois le déplacement, en 1958 et en 1964, favorisant à chaque fois d’avantage l’établissement d’une relation de confiance et de fraternité entre la République démocratique du Vietnam (devenue en 1976 la République socialiste du Vietnam) et la République populaire démocratique de Corée.

A l’époque, le Vietnam était dans une situation similaire à celle de la RPDC pendant la Guerre de Corée (1950-1953) : un pays divisé en deux Etats ennemis et un conflit abominable, terrain de jeu d'un complexe militaro-industriel - celui des Etats-Unis, en l'occurrence - se livrant aux expériences les plus macabres et destructrices. Dans ces conditions terribles, la RPDC a tout au long de la guerre du Vietnam (1955-1975) affirmé son indéfectible soutien à la République démocratique du Vietnam (RDV). 

Bien que la Corée de l’après-guerre fut en proie à d’immenses difficultés dans son entreprise de reconstruction, la RPDC offrit toujours au Vietnam son aide dans le conflit qui l’opposait aux Etats-Unis et à ses alliés, dont la Corée du Sud qui envoya au Vietnam le deuxième plus gros contingent étranger en y engageant jusqu'à 48 000 soldats.

Ce soutien ne se limita pas seulement à des discours mais se matérialisa concrètement de différentes manières. Par la voie diplomatique tout d’abord, puisque par l'établissement de relations diplomatiques le 31 janvier 1950, la RPDC devint le troisième pays à reconnaître la RDV, après la République populaire de Chine et l’Union soviétique. Cette aide fut aussi militaire, puisque Kim Il-sung autorisa l’envoi de pilotes au Vietnam, auquel s’ajoutait une aide dans le domaine de l’armement, dans le cadre d’un accord « armes contre riz ». Cette solidarité entre la RPDC et la RDV fut aussi culturelle, avec l'accueil de nombreux étudiants vietnamiens en Corée du Nord.

Au cours de sa première visite au Vietnam, du 28 novembre au 2 décembre 1958, Kim Il-sung termina un discours à Hanoï par quelques phrases en langue vietnamienne : « Longue vie à l'unification du Vietnam ! Vive l'unification de la Corée ! Vive le socialisme ! Vive la paix mondiale ! » Un des vœux exprimés par Kim Il-sung fut exaucé, le Vietnam étant réunifié en 1976.

Lors de sa seconde visite en 1964, outre la visite de la fameuse Baie de Halong, Kim Il-sung saisit l’occasion d’un déplacement dans un petit village du Vietnam du Nord pour offrir aux habitants différents équipements agricoles. Dans les mois qui suivirent, une importante mobilisation eut lieu en RPDC en faveur du Vietnam et le 27 mars 1965, en première page, le Rodong Sinmun, quotidien du Parti des travailleurs de Corée, titrait : « Le peuple coréen fournira tout type de soutien, y compris des armes, aux camarades vietnamiens et, sur demande, enverra des volontaires. » 

Jusqu’à la fin de la guerre du Vietnam, en 1975, la RPDC apporta son soutien, tant matériel que moral, à la République démocratique du Vietnam. Bien sûr, les profonds liens d’amitié entre Ho Chi Minh et Kim Il-sung jouèrent un rôle majeur dans cette coopération, mais, au-delà, dans les difficultés de la guerre, il est possible d'affirmer que le peuple vietnamien et le peuple coréen apprirent à se connaître et à s’estimer mutuellement.

Nguyen Xuan Phuc, Premier ministre de la République socialiste du Vietnam, et Kim Jong-un, Président de la Commission des affaires d'Etat de la RPD de Corée, le 1er mars 2019 à Hanoï (photo : VNA)

 

Le parallèle entre Kim Il-sung et Kim Jong-un ne se limite évidemment pas à leurs déplacements respectifs au Vietnam, même si ceux-ci sont important pour l'affirmation de la RPDC sur la scène internationale. On retrouve chez les deux dirigeants, outre d’évidentes ressemblances dans le style, un même pragmatisme dans l’approche des relations internationales, lesquelles doivent être fondées sur le respect des indépendances et des souverainetés nationales, ainsi que sur la recherche de la paix mondiale, et une même volonté de développement et de modernisation de la RPDC.

Aujourd’hui, alors que la RPDC est confrontée aux sanctions et autres embargos, des pays comme le Vietnam pourraient éprouver l'obligation morale d’apporter leur soutien à la RPDC. Nul doute que l’organisation au Vietnam d’un sommet entre le dirigeant de la RPDC Kim Jong-un et le président des Etats-Unis Donald Trump, ainsi que l'annonce qui a suivi de l’établissement d’une liaison aérienne entre Hanoï et Pyongyang, constituent l’héritage d’une relation d’amitié déjà ancienne entre deux pays dont la coopération doit maintenant s’intensifier. 

 

Sources :

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