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9 août 2010 1 09 /08 /août /2010 13:02

 

Il y a 65 ans, les 6 et 9 août 1945, les Etats-Unis larguaient deux bombes atomiques sur les villes japonaises de Hiroshima et de Nagasaki. Parmi les centaines de milliers de victimes qui périrent dans ces deux bombardements atomiques ou dans les années qui suivirent, se trouvaient de 20.000 à 30.000 Coréens - peut-être davantage -, travailleurs forcés déplacés par les Japonais qui avaient annexé leur pays en 1910. Pendant la Guerre de Corée (1950-1953), les Etats-Unis menacèrent d'utiliser à nouveau la bombe atomique, et, aujourd’hui, la doctrine américaine d'emploi des armes nucléaires autorise à frapper préventivement la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord).

La menace nucléaire américaine est donc particulièrement ressentie en Corée, victime des armes atomiques dès 1945. Soumise à cette menace et en l'absence de traité de paix avec les Etats-Unis, la RPDC a choisi de se doter à son tour de l'arme nucléaire, un choix renforcé par l'attaque américaine contre l'Irak en 2003.

VaguifGousseinovDans un entretien accordé à l'agence de presse RIA Novosti à la veille du 65emeanniversaire des bombardements atomiques américains de 1945, Vaguif Gousseïnov, président de l’Institut russe des évaluations stratégiques et d’analyse, évoque la situation du programme nucléaire nord-coréen. Il constate l'absence d'unanimité entre les médiateurs internationaux réunis au sein du G-6, les pourparlers à six pays (deux Corée, Etats-Unis, Chine, Russie, Chine, Japon) sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne. Vaguif Gousseïnov compte davantage sur des négociations bilatérales, par exemple entre la RPDC et les Etats-Unis, pour parvenir à des résultats concrets. Selon lui, eu égard à son caractère essentiellement dissuasif, la RPDC ne renoncera à son arsenal nucléaire qu'en échange de sérieuses garanties de sécurité, à fournir d'abord par les Etats-Unis.

 

 

RIA Novosti - Dernièrement, la situation sur la presqu’île coréenne fait de plus en plus souvent la première page des journaux et des informations bien qu’à première vue il semblerait que rien de nouveau ne s’y passe. À quel point la situation a-t-elle changée en un an et quelles mesures devraient être prises dans le cadre du G-6 des médiateurs internationaux pour régulariser, ou du moins faire un pas vers la résolution de ce problème ?

 

Vaguif Gousseïnov - Vue de l’extérieur, la situation pourrait sembler se trouver dans l’impasse malgré l’intensité des négociations. Néanmoins, les positions des pays qui s’occupent de ce problème sont complexes et controversées du point de vue de la défense de leurs propres intérêts. Le meilleur exemple est celui des États-Unis qui suivent à la lettre le concept stratégique militaire établi par le Pentagone qui détermine le caractère obligatoire de la présence américaine dans cette région. Pour la Russie, cette région est tout aussi importante étant donné la proximité de la péninsule coréenne et, bien sûr, elle a ses propres intérêts géopolitiques, économiques et militaires dans cette région. Je pense que la réalisation d’un concept commun dans le cadre du G-6 des médiateurs internationaux est peu probable en raison de l’opposition des intérêts de ces pays. À mon avis, aujourd’hui nous observons plus souvent des négociations bilatérales, telles que Corée du Nord - Inde, Corée du Nord - Russie, Corée du Nord - États-Unis et ainsi de suite. Les négociations bilatérales pourraient bien conduire à des résultats concrets qui pourraient faire avancer la situation. À cet égard, la Chine a ses propres intérêts, la Corée du Nord, à son tour, ne peut pas accepter les conditions dictées par le G-6 des médiateurs internationaux. La raison en est la violation grave par les États-Unis de la souveraineté de l’Irak et l’invasion consécutive de l’Irak. Cependant, il faut rappeler que les autorités américaines avaient promis qu’au cas où la mise au point de l’arme nucléaire serait interrompue, les États-Unis ne recourraient pas à des mesures militaires à l’égard de l’Irak. Dans le cas présent, on peut comprendre les craintes de la Corée du Nord.

 

Aujourd’hui, la préoccupation principale de la communauté internationale à l’égard de la Corée du Nord et de l’Iran concerne l’eventualité d’un recours à l’arme nucléaire par ces pays. À votre avis, quelle est la probabilité que l’arme nucléaire soit employée par la Corée du Nord?

Pour que la Corée du Nord recoure à l’arme nucléaire, il faudrait un événement qui pousse les autorités militaires et politiques à prendre une telle décision.

 

La Corée du Nord pourrait-elle jouer le rôle d’agresseur ?

 

Je ne le pense pas car dans les autorités coréennes il y a des gens intelligents qui ont évolué dans des conditions politiques particulièrement difficiles. À leur tour, ils sont bien conscients des conséquences de l’emploi de l’arme nucléaire. J’estime que la possession d’une arme nucléaire est une garantie de sécurité plutôt qu’une arme d’agression.


Quelles voies possibles voyez-vous pour l’unification de la Corée du Nord et du Sud en un seul État après 50 ans d’opposition aussi brutale ?

 

Dans l’état actuel des choses c’est très difficile car, outre l’opposition entre deux Etats, les intérêts de nombreux pays se croisent dans cette région du monde, c’est le cas des États-Unis, de la Chine, de la Russie, de la France, de l’Allemagne, de la Grande-Bretagne et de bien d’autres. Pour cette raison, la résolution de ce conflit n’est probable qu’à condition d’élaborer conjointement certaines mesures. La résolution de ce conflit n’est possible qu’en élaborant un concept commun qui tienne compte des intérêts de toutes les parties et fixe des conditions mutuellement acceptables pour la Corée du Nord et la République de Corée. Cependant, je doute qu’une telle solution soit trouvée dans les années à venir.


À votre avis, la politique menée par la communauté internationale sur la coopération et la mise en œuvre de la technologie « nucléaire pacifique », à l’instar de l’Iran, pourrait-elle résoudre ce problème ? Les pays du G-6 de médiateurs internationaux fournissent de la matière première et, en échange, la Corée du Nord renonce à tous les programmes militaires nucléaires. Est-ce que l’Iran et la Corée du Nord accepteraient une telle proposition ?


Dans un futur proche, non. À l’heure actuelle, il n’y a pas encore de climat de confiance internationale favorable où les pays comme l’Iran et la Corée du Nord puissent aller dans le sens de la communauté internationale sous réserve de certaines garanties. Les évènements en Irak, lorsque les États-Unis ont renversé le pouvoir par la force militaire en sont un exemple récent. Pour cette raison, dans un futur proche, ces pays n’accepteront pas une telle proposition. Probablement dans 15-20 ans, une telle décision pourrait être prise, à condition d’améliorer les relations et de présenter de sérieuses garanties de la part de pays tels que les États-Unis, la Russie, l’Allemagne et d’autres.

Dans le monde contemporain, il ne semble pas y avoir de menace globale d’une catastrophe nucléaire. À votre avis, existe-t-il, à l’heure actuelle, une menace de conflits nucléaires locaux ?

 

Des catastrophes nucléaires locales sont déjà survenues dans différentes régions. En ce qui concerne la probabilité d’une catastrophe nucléaire, à l’heure actuelle, l’élite politique mondiale de tous les pays est bien consciente de toutes les conséquences de l’utilisation de l’arme nucléaire. Il existe beaucoup d’exemples historiques où les chefs d’État trouvaient un accord et une solution au problème dans des situations critiques, mais il est tout à fait possible que dans 10-12 ans, la situation puisse empirer, et dans ce cas il faudrait reconsidérer la menace d’une catastrophe nucléaire.


Propos recueillis par Samir Chakhbaz


 

Source : RIA Novosti, « Guerre nucléaire : hypothèses et réalité », 5 août 2010

 

 

 

 

 

 

 

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6 juin 2010 7 06 /06 /juin /2010 21:43

Dans sa tradition de soutien aux mouvements de décolonisation, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a tissé des liens fraternels avec la Palestine : l'Autorité palestinienne dispose d'une représentation diplomatique permanente à Pyongyang et Yasser Arafat s'était rendu plusieurs fois en RPD de Corée. Dans ce contexte, Pyongyang a vivement condamné l'abordage par l'armée israélienne Tsahal dans les eaux internationales, le 31 mai 2010, d'une flottille humanitaire qui tentait de lever le blocus israélien contre Gaza. L'opération "Vents du ciel" s'est soldée par un bilan de 9 morts, exclusivement parmi les passagers. Nous reproduisons ci-après la réponse du porte-parole du ministère des Affaires étrangères de la RPD de Corée, le 3 juin, en réponse à une question de l'agence officielle nord-coréenne KCNA. Pyongyang dénonce la diplomatie américaine du "deux poids, deux mesures".

 

Gaza-flotilla-boarded.jpg

"Le 31 mai la flotte israélienne a monté une attaque aveugle contre une flottille de bateaux qui apportait une aide humanitaire aux habitants de Gaza en Palestine, en mobilisant trois navires de guerre, des hélicoptères militaires et des centaines de commandos dans les eaux internationales de la Mer Méditerranée. Elle a tué ou blessé de manière impitoyable des douzaines de civils à bord des bateaux. L'ensemble de la flottille était composée de six navires et au moins 700 militants solidaires de la Palestine ont été capturés et emmenés dans un port israélien.

 

Ce récent incident est un crime contre l'humanité perpetré avec la connivence des Etats-Unis et sous leur patronage, ainsi qu'un défi flagrant aux Arabes, dont les Palestiniens, et au processus de paix au Proche-Orient.

 

Les Etats-Unis, qui veulent à tout prix accroître la pression internationale et renforcer les sanctions contre la RPDC en fabriquant le cas du navire de guerre Cheonan, feignent d'ignorer l'action militaire inhumaine d'Israël. Cela seul montre les critères de la politique américaine quant à la paix et à la sécurité mondiales.

 

La RPDC dénonce avec force les actes de brigand d'Israël sus-mentionnés et exprime son entier soutien et sa pleine solidarité avec la cause des Palestiniens et des autres peuples arabes."

 

Source : KCNA. Traduit de l'anglais par l'AAFC

 

Autres articles sur le blog de l'AAFC concernant les relations entre la Corée et la Palestine :

- "Manifestion pour la Palestine à Séoul", 13 janvier 2009

- "La Corée du Nord condamne fermement l'assaut israélien sur Gaza", 30 décembre 2008

- "Pyongyang solidaire des Palestiniens", 13 novembre 2008

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22 février 2010 1 22 /02 /février /2010 23:00

Les Etats-Unis et leurs alliés tentent depuis plusieurs mois de ramener la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) à la table des négociations sur son programme nucléaire, négociations interrompues en avril 2009 après que le Conseil de sécurité de l'ONU eut sanctionné le lancement d'une fusée nord-coréenne. Après la visite en RPDC, courant février, de hauts responsables chinois et de l'Organisation des Nations Unies, certains médias ont cru déceler une tentative de relancer ces pourparlers en échange d'incitations économiques pour la RPDC. Par une dépêche datée du 19 février, l'agence de presse officielle nord-coréenne a apporté un démenti cinglant : ce ne sont pas les « récompenses économiques » qui pousseront la RPDC à abandonner sa force de dissuasion nucléaire.


WangJiarui-KimJongil 08022010Du 6 au 9 février 2010, Wang Jiarui, chef du département international du Comité central du Parti communiste chinois était en visite en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Au cours de ce déplacement  - présenté comme une « visite de courtoisie » -, Wang Jiarui a notamment rencontré le président de la Commission de la Défense nationale de la RPDC, Kim Jong-il. Le dirigeant coréen a redit à son interlocuteur chinois que la position constante de la RPDC est bien de réaliser la dénucléarisation de la péninsule coréenne. Kim Jong-il a aussi souligné que la sincérité des parties prenantes est importante pour reprendre les pourparlers à six  sur le programme nucléaire de la RPDC, laquelle s'est retirée des pourparlers en avril 2009 pour protester contre sa condamnation par le Conseil de sécurité des Nations Unies suite au lancement d'une fusée. Ces pourparlers réunissaient depuis 2003 les deux Corée, les Etats-Unis, la Chine, la Russie et le Japon.


Wang Jiarui était porteur d'un message du président de la République populaire de Chine, Hu Jintao, indiquant que la Chine attache un intérêt particulier à ses relations avec la RPDC et est prête à approfondir l'amitié traditionnelle entre les deux pays, à renforcer la coopération et à déployer des efforts conjoints avec la RPDC pour maintenir la paix et la stabilité dans la péninsule coréenne. Le président chinois a d'autre part invité le dirigeant de la RPDC à se rendre en Chine.


Après la visite de Wang Jiarui, Lynn Pascoe, secrétaire général adjoint de l'ONU chargé des affaires politiques, était en RPDC du 9 au 12 février. Lynn Pascoe était le premier haut responsable de l'ONU à se rendre en RPDC depuis 2004, bien que l'ONU compte 39 employés en RPDC, travaillant pour des agences telles que le Programme alimentaire mondial, l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture, le Fonds des Nations Unies pour l'enfance, le Fonds des Nations Unies pour la population et le Programme des Nations Unies pour le développement.


LynnPascoe-KimYongnam 11022010Lynn Pascoe a eu des entretiens avec le président du présidium de l'Assemblée populaire suprême, Kim Yong-nam, et avec le ministre des Affaires étrangères, Pak Ui-chun. A l'issue de ces rencontres, Lynn Pascoe a reconnu que la RPDC n'était « pas pressée » de reprendre les pourparlers à six pays. La RPDC exige toujours, préalablement à la reprise de ces pourparlers, la levée des sanctions imposées par l'ONU, ainsi que la négociation d'un véritable traité de paix avec les Etats-Unis pour mettre officiellement fin à la guerre de Corée (1950-1953).


Après l'annonce par le gouvernement nord-coréen, en janvier 2010, de la création d'une banque de développement chargée d'attirer les investissements étrangers, certains médias ont cru déceler dans le « ballet » diplomatique du mois de février une tentative de ramener Pyongyang aux pourparlers à six en échange d'incitations économiques de la part de ses principaux alliés et partenaires. Apportant un démenti cinglant, l'agence de presse officielle nord-coréenne KCNA a réaffirmé dans une dépêche datée du 19 février que la RPDC n'était pas prête à renoncer à sa force de dissuasion nucléaire en échange de quelconques « récompenses économiques », mais bien en échange de relations normalisées avec les Etats-Unis (traduction : AAFC) :


« Ces jours-ci, des bruits en provenance des pays entourant la péninsule coréenne évoquent des 'récompenses économiques' qui seraient accordées à la RPDC si celle-ci démantèle ses armes nucléaires.


« Certains poussent l’absurdité jusqu’à dire qu’il faut arrêter de récompenser la RPDC avec des denrées alimentaires, du pétrole, des prêts, etc… si elle s’obstine à refuser de démanteler ses armes nucléaire et qu’ils 'n’auront pas recours à l’argent pour la persuader de retourner aux pourparlers à six'.


« En un mot, ces déclarations signifient un genre de 'récompense économique' accordée à la RPDC en échange de ses bombes nucléaires.


« Ce faux raisonnement ne peut être fait que par les pires imbéciles au monde qui ne savent pas comment les choses se déroulent ici.


« La RPDC a accédé à la dissuasion nucléaire en dépensant des sommes prodigieuses tout en se serrant la ceinture et en surmontant toutes sortes de difficultés et d’épreuves. Cette mesure d’autodéfense vise à faire face à la menace nucléaire des Etats-Unis. Elle n’est pas destinée à menacer quiconque ou à recevoir des 'faveurs économiques' ou des récompenses


« Ceux qui racontent les bêtises indiquées ci-dessus commettent une malheureuse erreur de jugement s’ils croient que la RPDC pourrait faire une chose aussi stupide que renoncer à ses armes nucléaires en prévision d’une 'récompense économique' de la part de l’étranger.


« La RPDC décide de tout elle-même en usant de son bon sens, pas en comptant sur les autres. C’est l’enseignement historique de sa construction socialiste.


« Il n’y a que les gens stupides qui peuvent penser que la RPDC pourrait troquer sa force de dissuasion nucléaire pour une 'aide économique' d’un montant dérisoire.


« Leur supposition a si peu de sens qu’il est difficile de dire si une attitude aussi idiote est due à leur ignorance de la raison pour laquelle la RPDC a renforcé sa force de dissuasion nucléaire ou s’ils affirment cette chose farfelue en feignant de l’ignorer.


« La RPDC a été contrainte d’accéder à la dissuasion nucléaire pour sa propre défense afin de protéger les intérêts suprêmes et la sécurité du pays face à la menace nucléaire croissante des Etats-Unis.


« Ce ne sont autres que les Etats-Unis qui ont poussé la RPDC à se doter d’une force de dissuasion nucléaire et ils sont donc entièrement responsables du problème nucléaire dans la péninsule coréenne.


« Les Etats-Unis, les plus grands criminels faisant peser une menace nucléaire sur la RPDC, obéissent à une logique de brigand en lui demandant de démanteler ses armes nucléaires.


« La RPDC n'abandonnera jamais ses armes nucléaires, même si la terre venait à se fendre, à moins qu'il soit mis fin à la politique hostile envers la RPDC et que la menace nucléaire soit éliminée.


« Tels ont toujours été la position et les principes d'indépendance de la RPDC.


« Les forces hostiles dont font partie les Etats-Unis travaillent actuellement d'arrache-pied pour contraindre la RPDC à se désarmer elle-même et poursuivent une confrontation extrême avec elle.


« Ces forces sont sous la pression croissante de leurs propres pays et d'autres parties du monde pour retirer les armes nucléaires qu'elles ont déployées ici. Très contrariés par ces développements, les Etats-Unis font de plus en plus de bruit autour des activités nucléaires de la RPDC dans le but de s'en servir comme prétexte pour continuer à renforcer leur arsenal nucléaire.


« Tous les faits tendent à prouver que la clé essentielle pour sortir de l'impasse où se trouve le processus visant à régler le problème nucléaire dans la péninsule réside dans l'abandon par les Etats-Unis de leur politique hostile envers la RPDC.


« La force de dissuasion nucléaire de la RPDC pour sa propre défense demeurera et deviendra plus puissante pour protéger la souveraineté et la dignité de la nation aussi longtemps que persisteront la menace nucléaire et la politique hostile des Etats-Unis.


« Ceux qui parlent de 'récompense économique' pour la RPDC en échange du démantèlement de ses armes nucléaires seraient bien avisés d'arrêter de rêver. »


Sources : Xinhua (dépêches du 9 février et du 17 février 2010), KCNA (dépêche du 19 février 2010)

Photos : KCNA







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19 janvier 2010 2 19 /01 /janvier /2010 00:59

Après le séisme de magnitude 7 qui a ravagé Haïti le mardi 12 janvier 2010, les autorités coréennes, du Nord comme du Sud de la péninsule, ont adressé des messages de sympathie au gouvernement haïtien. La Corée du Sud a également envoyé une - modeste - aide financière et des équipes de secours.


800px-Haitian_Port_Damage1.jpg



Le séisme qui a gravement touché Haïti, le 12 janvier dernier, a donné lieu à un premier bilan provisoire de 45.000 victimes qui devrait encore s'alourdir (ci-dessus, le port de Port-au-Prince le 13 janvier). La catastrophe a entraîné des réactions de sympathie et de soutien dans l'ensemble de la péninsule coréenne.

Au Nord, Kim Yong-nam, président du praesidium de l'Assemblée populaire suprême de la République populaire démocratique de Corée, a adressé le jeudi 14 janvier un message de sympathie à son homologue haïtien, le Président d'Haïti René Préval. Selon l'agence officielle nord-coréenne KCNA, "exprimant sa profonde sympathie et son réconfort au président et aux habitants de la région gravement touchée, M. Kim a exprimé dans son message le souhait que le président et le gouvernement d'Haïti éradiquent les conséquences du désastre aussi vite que possible et ramènent à la normale la vie des victimes." Ce message - qui figurait en troisième place parmi les dépêches du KCNA du 15 janvier 2010, alors que la priorité est traditionnellement accordée à l'actualité coréenne - émane du chef d'Etat du pays qui, selon certaines analyses, a été le plus durement touché par les catastrophes naturelles (inondations, sécheresse...) depuis vingt ans.

Au Sud, lors d'un petit-déjeuner-débat avec les PDG des trente premiers conglomérats du pays qui s'est tenu le 15 janvier, le président Lee Myung-bak a également exprimé ses condoléances au peuple haïtien, en appelant les pays du G20 à coopérer. Une équipe de soutien du gouvernement sud-coréen est partie le 14 janvier pour Haïti, rejointe par un groupe de médecins et infirmiers dépêché le 15 janvier. L'assistance sud-coréenne immédiate a atteint un million de dollars, alors que des voix se sont élevé pour déplorer la modestie de ces actions au regard du potentiel économique de la Corée du Sud - membre de l'OCDE, celle-ci ne devrait accorder que 0,13 % de son PIB à l'aide publique au développement en 2010, contre une moyenne de 0,3 % au sein de l'OCDE, un chiffre lui-même très inférieur aux objectifs fixés, notamment, par la Conférence des Nations-Unies sur le commerce et le développement.

Le lundi 18 janvier, le gouvernement coréen a annoncé qu'il porterait le montant de son aide à 10 millions de dollars, tout en envisageant le déploiement de troupes dans le cadre d'une opération de maintien de la paix des Nations-Unies.

Sources :
KBS, KCNA, Xinhua

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30 décembre 2009 3 30 /12 /décembre /2009 01:20

En déplacement à Pyongyang durant l'hiver 1964-1965, Che Guevara déclara, lors d'une conférence de presse, que la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) devait constituer un modèle pour Cuba. L'AAFC revient sur cette étape de la tournée internationale du "Che", à l'issue de laquelle il a prononcé à Alger, le 24 février 1965, un discours marquant contre l'impérialisme.

"Che Guevara a visité Pyongyang autour de 1965 et déclaré à la presse que la Corée du Nord était un modèle auquel Cuba révolutionnaire devrait aspirer". Dans son ouvrage de référence Korea’s Place in the Sun: A Modern History (W.W. Norton & Company, 2005, p. 404), l'historien Bruce Cumings, spécialiste de la Corée du Nord, a ainsi mentionné brièvement l'étape nord-coréenne lors de la tournée internationale de trois mois de Che Guevara, jusqu'à son discours d'Alger du 24 février 1965, où il déclara : "Il n'y a pas de frontières dans cette lutte à mort. Nous ne pouvons pas rester indifférents face à ce qui se passe dans n'importe quelle partie du monde. La victoire de n'importe quel pays contre l'impérialisme est notre victoire, tout comme la défaite de quelque pays que ce soit est notre défaite". 

Che-Guevara_Kim-Il-Sung.jpg Le Che en discussion avec le Président Kim Il-sung


Le voyage de Che Guevara en RPD de Corée, durant l'hiver 1964-1965, prend tout son sens au regard du discours d'Alger du 24 février 1965 : née de la guerre de libération contre la colonisation japonaise, la République populaire démocratique de Corée a également su faire face, pendant la guerre de Corée (1950-1953), aux forces des Nations-Unies sous commandement américain.
Soutien des mouvements de libération dans le Tiers-Monde, elle apparaît comme l'un des avant-postes de la lutte contre l'impérialisme à laquelle a appelé le Che à Alger.  

La mention de la Corée du Nord comme une référence pour la jeune République socialiste de Cuba doit enfin être resituée dans son contexte : en 1965, la République populaire démocratique de Corée enregistre des taux de croissance économique annuels supérieurs à 10 % et s'industrialise rapidement, après avoir été ruinée au sortir de la guerre de Corée. Le pays est également déjà en passe d'atteindre un taux d'alphabétisation de 100 %. A la fin des années 1980, la République populaire démocratique de Corée a été l'un des rares - voir le seul - pays en développement à être devenu une puissance industrielle en suivant un modèle de développement de type socialiste, avant les difficultés économiques nées notamment, dans les années 1990, de l'effondrement du bloc socialiste. 

Mais l'appréciation extrêmement positive du Che sur la Corée du Nord a peut-être encore une dernière raison : il prônait une éthique du travail volontaire et de l'effort individuel au service de la collectivité, ainsi que de l'exemple que doit donner le dirigeant vis-à-vis du peuple, qui a dû trouver des échos dans l'organisation politique et sociale de la République populaire démocratique de Corée, telle qu'il lui a été donné de la découvrir.

Autre source :
wikipédia

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5 novembre 2009 4 05 /11 /novembre /2009 21:47

Le 15 octobre 2009, la commissaire européenne au Commerce, Mme Catherine Ashton, et le ministre sud-coréen du Commerce, M. Kim Jong-hoon, ont signé un accord de libre-échange qui, en prévoyant l'abolition des droits de douane sur 97 % des produits échangés dans un délai de vigueur, est le plus important accord de libre-échange depuis la conclusion, en 1994, de l'accord de libre-échange nord-américain (North American Free Trade Agreement, NAFTA) entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique. Si la Commission européenne estime - de manière optimiste - à 31 milliards d'euros les débouchés nouveaux pour les exportateurs européens et sud-coréens, les syndicats et certaines professions - comme les constructeurs automobiles européens - dénoncent les conséquences selon eux néfastes de cet accord, qui reste encore à être approuvé par le Parlement européen, l'Assemblée nationale coréenne (Gukhoe) et les Parlements des 27 Etats membres de l'Union europénne (UE).

A l'issue de plus de deux ans de négociations, et de huit séries de négociations, l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et la Corée du Sud a été signé à Bruxelles, le 15 octobre 2009, entre Mme Catherine Ashton, commissaire européenne au Commerce,  et M. Kim Jong-hoon, ministre du Commerce de la République de Corée (du Sud) (photo : service audiovisuel de la Commission européenne). La Commission européenne ne cache pas sa satisfaction d'avoir rattrapé les Etats-Unis dans leurs négociations commerciales avec la Corée du Sud : signé en avril 2007, l'accord de libre-échange entre les Etats-Unis et la Corée du Sud n'est toujours pas entré en vigueur, en raison notamment de l'opposition du Congrès américain. Si le nouvel accord doit encore être approuvé par le Parlement européen, l'Assemblée nationale sud-coréenne et les Parlements des 27 Etats membres de l'Union européenne (UE), l'optimisme prévaut : Mme Anne-Marie Idrac, secrétaire d'Etat française au Commerce, envisage une entrée en vigueur dès l'été 2010.

Alors que les échanges commerciaux entre l'Union européenne et la Corée du Sud ont atteint 65 milliards d'euros en 2008 (se répartissant entre 39,4 milliards d'euros d'exportations sud-coréennes vers l'UE, et 25,6 milliards d'euros d'exportations européennes vers la Corée du Sud, plaçant ainsi l'UE au deuxième rang des partenaires commerciaux de la Corée du Sud, derrière la Chine), la Commission européenne estime que le nouvel accord, en prévoyant la suppression des droits de douane sur 97 % des produits échangés (ainsi que la levée de barrières dites non tarifaires, correspondant notamment à des normes sanitaires et techniques) dans un délai de cinq ans, génèrera 19 milliards d'euros de débouchés commerciaux nouveaux pour les entreprises européennes, et 12 milliards d'euros d'exportations supplémentaires pour les entreprises sud-coréennes. Ces prévisions sont fondées sur la suppression attendue de 1,6 milliard d'euros de droits de douane sud-coréens et de 1,1 milliard d'euros de droits de douane européens. Ces chiffres ont toutefois été établis au début des négociations, et sont considérés comme particulièrement optimistes par de nombreux experts, d'autant plus qu'ils seront difficilement vérifiables : dans l'évolution des échanges commerciaux entre l'Union européenne et la Corée du Sud, quelle sera la part imputable à l'effet-prix dû exclusivement à la diminution des droits de douane, ou à la levée de barrières non-tarifaires ? Seules les pertes de recettes fiscales sont certaines.

Au moment où la crise internationale vient rappeler les limites des fondamentaux du libre-échangisme (à l'origine, par exemple, de la dépendance économique de nombreux pays du Tiers-Monde anciennement colonisés), l'accord de libre-échange soulève de nombreuses critiques. Alors que la balance commerciale entre la Corée du Sud et l'Union européenne est déjà lourdement déficitaire (- 13,8 milliards d'euros en 2008) au détriment de l'UE, les constructeurs automobile européens - qui forment l'un des principaux secteurs industriels pourvoyeurs d'emplois, et sont aussi l'un des plus sensibles à la conjoncture économique - considèrent qu'ils seront lourdement pénalisés par la suppression annoncée de 10 % des droits de douane sur les voitures coréennes, et de 8 % sur les voitures européennes. A l'appui de leurs analyses, ils observent que, en 2008, l'Union européenne a importé 450.000 voitures sud-coréennes, et exporté seulement 33.000 véhicules (soit seulement 3 % du marché automobile domestique) au pays du Matin calme.

Les menaces ne portent pas seulement sur l'emploi, mais également sur les services publics :
selon la centrale syndicale sud-coréenne KCTU, l'accord de libre-échange va livrer à la concurrence européenne les services publics sud-coréens de l'eau, de l'électricité, du gaz, de la santé et de l'éducation. La KCTU rappelle, par exemple, que la privatisation de l'eau a conduit à une explosion des prix dans de nombreux pays en développement, tout en menaçant la santé et la vie des citoyens : en Philippines, l'accès à l'eau potable est désormais limité à quatre heures par jour, et le manque d'entretien du réseau d'assainissement a entraîné la mort de 300 personnes, victimes du choléra.

Enfin, les services culturels seront davantage soumis à la logique de profit du secteur marchand, en application d'un protocole sur la coopération culturelle pour le moins ambigu.

Si les gouvernements européens espèrent coiffer sur le fil les Etats-Unis dans la ratification de l'accord de libre-échange avec la Corée du Sud, les critiques attendues de larges pans de l'opinion publique vont compliquer la procédure parlementaire dans l'ensemble des Etats membres de l'Union européenne et en Corée du Sud, hypothéquant tout pronostic d'entrée en vigueur de l'accord.

Sources : AAFC, Les Echos (édition du 15 octobre 2009), Europa (édition du 15 octobre 2009), Le Figaro (édition du 16 octobre 2009)

Autres articles sur les relations entre l'Union européenne et la Corée :
-
Sommet Chine - Union européenne : désaccord sur la Corée du Nord (21 mai 2009)
-
La Corée du Nord, test pour une politique étrangère commune de l'UE (1er novembre 2008)
-
Le "non" de la KCTU à l'accord de libre-échange Europe-Corée (28 juin 2008)

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31 octobre 2009 6 31 /10 /octobre /2009 12:59

Le 30 octobre 2009, le gouvernement sud-coréen a annoncé l'envoi de 300 soldats et policiers en Afghanistan, deux ans après l'enlèvement par les taliban et la mort de missionnaires sud-coréens, qui avait entraîné le retrait des troupes sud-coréennes. Alors que la décision formelle ne doit intervenir qu'après un rapport d'une équipe qui doit se rendre prochainement sur place, puis l'accord du Parlement, le gouvernement sud-coréen s'est efforcé de désamorcer les critiques attendues de l'opinion publique. Il a déclaré qu'il s'agirait seulement de protéger des travailleurs civils participant à la reconstruction du pays. Son annonce intervient avant la rencontre prévue en novembre entre Lee Myung-bak et Barack Obama : les Etats-Unis, qui considèrent l'Afghanistan comme un des principaux champs de bataille de la "guerre contre le terrorisme", ont salué l'annonce de Séoul, tout en s'évertuant à réfuter tout arrangement américano - sud-coréen avant le sommet du mois prochain.

Alors que la
participation sud-coréenne aux opérations menées en Irak sous commandement américain avait soulevé de nombreuses protestations dans le Sud de la péninsule, le gouvernement a multiplié les précautions pour l'annonce du retour de troupes sud-coréennes en Afghanistan. Cette décision, apparemment d'ores et déjà prise, à la veille d'un sommet en novembre entre Lee Myung-bak et Barack Obama, témoigne de l'étroitesse des relations entre les deux pays, suivant une tradition de soutien constant de la Corée du Sud aux guerres des Etats-Unis : entre 1965 et 1973, 312.853 soldats sud-coréens ont combattu au Vietnam aux côtés des troupes américaines, faisant de la Corée du Sud le deuxième pays étranger le plus impliqué dans le conflit.

Si la présence militaire annoncée en Afghanistan, avec plus de 200 soldats et une trentaine de policiers (300 hommes au total, selon d'autres sources), est plus modeste, elle n'en témoignerait pas moins d'un spectaculaire retour des troupes sud-coréens dans l'un des principaux foyers de la "guerre contre le terrorisme" menée par les Etats-Unis. En effet, en 2007, les troupes sud-coréennes s'étaient retirées d'Afghanistan sur la demande des taliban, après que ces derniers eurent capturé un groupe de missionnaires protestants sud-coréens, dont deux avaient été tués.

De multiples précautions ont été prises par Yu Myung-hwan, ministre des Affaires étrangères, pour cette annonce, intervenue lors d'une audition par les députés de la commission des affaires étrangères, le 30 octobre 2009. Le ministre a déclaré attendre le rapport d'une équipe qui se rendra bientôt sur place, avant l'accord final du Parlement. Cette prudence traduit une inquiétude face aux protestations attendues, tant de l'opinion publique que de l'opposition. Lors d'une rencontre avec M. Yu, Chung Se-kyun, dirigeant du Parti démocrate (principale force d'opposition, centriste) a déclaré que son parti avait une "perception fondamentalement négative" des actions conduites en dehors des opérations de maintien de la paix.

Selon Moon Tae-young, porte-parole du ministre des Affaires étrangères, le mandat des troupes sud-coréennes serait limité à la protection de travailleurs civils participant aux équipes de reconstruction provinciale (dans le cadre d'un programme plus connu par son acronyme anglais : PRT, pour Provincial reconstruction team), dont les effectifs seraient eux-mêmes portés de 25 à 130. Cette équipe, composée de médecins et de personnels spécialisés dans la formation, se trouve aujourd'hui dans la base aérienne américaine de Bagram. Trois sites sont envisagés comme base des troupes sud-coréennes : Kaboul, Day Kundi et Nimroz. Le choix de Kaboul est le plus souvent cité, du fait de sa proximité avec la base américaine de Bagram (photo ci-dessous).


La Corée du Sud rejoindrait ainsi les 14 autres pays de la coalition participant aux opérations de reconstruction du pays, conduites en application d'une résolution des Nations-Unies dans les zones frappées par la guerre, en répondant ainsi à la demande du gouvernement afghan. Les personnesl civils travaillent en étroite coopération avec les troupes de la Force internationale d'assistance et de sécurité (FIAS, ou International Security Assistance Force : ISAF, ci-dessous carte des commandemants régionaux de l'ISAF et des opérations PRT en septembre 2008) qui opère en Afghanistan sous l'égide de l'OTAN. Dans un communiqué en date du 31 octobre, Robert Gibbs, secrétaire à la presse de la Maison-Blanche, a salué l'annonce du gouvernement sud-coréen :  "C'est une contribution importante à l'effort international en Afghanistan et pour encourager la stabilité et la reconstruction de la région".

Selon le gouvernement sud-coréen, il ne s'agirait pas de troupes de combat, mais les soldats pourraient être "obligés" d'intervenir dans des "tirs croisés involontaires", ce qui justifierait le déploiement d'équipements lourds - dont des tanks.

Les soldats et les policiers déployés seront deux fois plus nombreux que les civils avec, en théorie,  pour seul mandat d'assurer la protection. L'autre annonce faite simultanément par le gouvernement sud-coréen est que le nombre de ces personnels serait multiplié par cinq, alors que leur protection pouvait jusqu'à présent être assurée par les seules troupes américaines. En outre, comme le montre l'expérience d'autres opérations en principe strictement civiles, la frontière est poreuse avec des actions ouvertement militaires. Malgré les démentis des deux parties, tout indique que Séoul entend apporter sa contribution à la guerre américaine contre le terrorisme, à la veille de la rencontre prévue en novembre entre Barack Obama et Lee Myung-bak.

Le président sud-coréen a fait du
resserrement des liens avec Washington l'un des axes majeurs de sa politique étrangère.

Sources :
CCTV, Hindustantimes, The Korea Herald, Kuwait News Agency (KUNA)

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15 septembre 2009 2 15 /09 /septembre /2009 07:30

Alors que la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a célébré le 9 septembre sa fête nationale, l'actualité de la Corée, durant la première quinzaine du mois de septembre 2009, a été marquée par une intense activité diplomatique sur le dossier nucléaire. Les rencontres bilatérales entre les Etats-Unis et les autres membres des pourparlers à six ont conduit à l'annonce, le 11 septembre, que Washington était prêt à un dialogue direct avec Pyongyang, en vue toutefois de relancer les discussions multilérales. Ce revirement de la diplomatie américaine, manifestement concertée avec ses alliés, est intervenu alors que la Corée du Nord a déclaré avoir conduit avec succès une phase expérimentale d'enrichissement de l'uranium. Toute la difficulté des prochains pourparlers, préparés par les initiatives diplomatiques de ces deux derniers mois, consistera pour les Etats-Unis à accepter le statut de Pyongyang comme puissance nucléaire, celle-ci considérant l'arme atomique comme la garantie ultime de sa sécurité contre toute attaque américaine. 

 

1er septembre 2009


Départ pour la Chine d'une délégation nord-coréenne du ministère des Affaires étrangères, conduite par Kim Yong-il, vice-ministre. (source : New York Times, d'après KCNA) 

 

La Corée du Nord rétablit pleinement les liaisons routières intercoréennes de marchandises et de personnes, pour les entreprises sud-coréennes opérant dans la zone industrielle de Kaesong. (source : New York Times)


2 septembre 2009


Hyun In-taek, ministre sud-coréen de la Réunification, décrit l'attitude conciliante de Pyongyang comme un changement "tactique". (source : Xinhuanet)

Rétablissement de la liaison téléphonique militaire Ouest entre les deux Corée, qui était suspendue depuis mai 2008. (source :
ITAR TASS)

 

4 septembre 2009


Dans une lettre de sa représentation permanente aux Nations-Unies, adressée au Président du Conseil de sécurité, la RPDC annonce avoir conduit avec succès un programme nucléaire expérimental d'enrichissement à base d'uranium, en réaction à la résolution 1874 prise par le Conseil de sécurité des Nations-Unies après l'essai nucléaire nord-coréen du 25 mai 2009.  (sources : KCNA)

Pak Myong-son est nommé vice-Premier ministre en Corée du Nord. (source :
KCNA)

En visite à Pyongyang, Bruno Rodriguez, ministre des Affaires étrangères cubain, rencontre son homologue nord-coréen, Pak Ui-chun. (source :
Xinhuanet)


5 septembre 2009


En visite à Séoul, Stephen Bosworth, représentant spécial américain pour la Corée du Nord, rencontre Wi Sung-lac, chef de la délégation sud-coréenne des pourparlers à six sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne. (source : Manila Times)

 

7 septembre 2009


Après une montée des eaux du fleuve Imjin ayant entraîné, selon un premier bilan, trois morts et trois disparus en Corée du Sud, la Corée du Nord explique avoir dû libérer d'urgence les eaux d'un barrage sur le fleuve pour des raisons de sécurité. Séoul réclame des excuses de Pyongyang, qui s'engage, pour l'avenir, à infomer plus amplement Séoul. (source :  AP)

Stephen Bosworth, représentant spécial américain pour la Corée du Nord, déclare à Akitaka Saiki, directeur général du bureau des affaires d'Asie et d'Océanie du ministère japonais des Affaires étrangères, qu'un dialogue bilatéral direct avec la RPD de Corée est subordonné au respect par Pyongyang de ses engagements pris dans le cadre des pouparlers à six. (source :
Kyodo News

 

8 septembre 2009


Les Etats-Unis annoncent le gel des avoirs de deux nouvelles entités nord-coréennes, le Bureau général de l'Energie Atomique et la Compagnie commerciale de Corée Tangun. (source : Xinhua)


Selon les médias sud-coréens, Pyongyang aurait invité en octobre Stephen Bosworth, représentant spécial américain pour la Corée du Nord, pour des discussions sur le nucléaire. (source : Reuters)


9 septembre 2009


Cérémonies du 61ème anniversaire de la fondation de la République populaire démocratique de Corée, marquées par la priorité accordée à l'économie dans l'objectif de construire un pays "puissant et prospère" à l'horizon 2012, année du centième anniversaire de la naissance du Président Kim Il-sung. (source : KCNA)

 

11 septembre 2009


Le département d'Etat américain se déclare prêt à un dialogue bilatéral direct avec Pyongyang, en vue de reprendre les pourparlers à six. (source : BBC)

Le ministre sud-coréen de la Réunification annonce que la Corée du Nord aurait accepté, dans un courrier adressé à Hyundai Asan, une hausse de 5 % des salaires des 40.000 ouvriers nord-coréens employés dans la zone industrielle intercoréenne de Kaesong, retirant de facto sa demande initiale d'un
quadruplement des salaires, de 75 à 300 dollars par mois. (source : Xinhua)

 

12 septembre 2009


Selon le Mainichi Shimbun, le Premier ministre chinois Wen Jiabao participerait début octobre à la cérémonie de clôture, à Pyongyang, de l'année de l'amitié sino-coréenne. Le Premier ministre nord-coréen Kim Yong-il avait participé à la cérémonie d'ouverture à Pékin, en mars (source : Chosun Ilbo)

 

15 septembre 2009


Echange de listes de personnes entre les Croix-Rouge des deux Corée, en vue de réunions de familles séparées entre le 26 septembre et le 1er octobre (source : AFP)

 








 

 


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29 août 2009 6 29 /08 /août /2009 23:01

La politique étrangère de l'Australie est ambivalente, marquée à la fois par l'alliance avec Washington et la recherche d'un multilatéralisme qui permette à Canberra d'assumer ses responsabilités de grande puissance indépendante, notamment en Extrême-Orient et en Océanie. Dans ce contexte, l'ouverture d'une ambassade australienne en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) est un des serpents de mer de la diplomatie australienne. Si l'Australie a été l'une des premières puissances occidentales à ouvrir une ambassade en Corée du Nord au printemps 1975, les tensions nées de la première - et à ce jour, unique - ambassade australienne à Pyongyang (avril-novembre 1975) ont affecté durablement les relations bilatérales, en interrompant la plupart des canaux diplomatiques pendant un quart de siècle.
Les relations diplomatiques entre l'Australie et la République populaire démocratique de Corée ont fait l'objet de plusieurs études : nous avons utilisé notamment un
article de Leonid Petrov, l'un des meilleurs universitaires actuels spécialistes de la Corée du Nord et chercheur associé à l'Université nationale d'Australie. L'épisode de 1975 nous a semblé toutefois mériter une analyse plus approfondie pour comprendre les réticences actuelles des Australiens à revenir à Pyongyang, au-delà des arguments diplomatiques officiels du ministère australien des Affaires étrangères. A cette fin, nous avons utilisé le témoignage, apparu inconnu de Leonid Petrov, du premier ambassadeur occidental en Corée du Nord (1975-1977), le Suédois Erik Cornell, qui accorde quelques pages du récit de sa mission à Pyongyang à décrire "l'intermezzo australien".  

L'alliance entre Séoul et Canberra, obstacle aux relations diplomatiques avec Pyongyang

Au lendemain de la libération de la Corée en 1945, l'Australie a été l'un des huit pays représentés au sein de la Commission temporaire des Nations-Unies pour la Corée. Après avoir voté contre la tenue d'élections séparées dans la seule moitié Sud, et appelé à ce que la Commission se retire de la péninsule coréenne, l'Australie s'est finalement ralliée aux positions américaines, dans le contexte de la guerre froide. L'Assemblée générale des Nations-Unies était présidée par le ministre australien des Affaires étrangères, le Docteur Herbert Evatt, lorsqu'elle a approuvé la
tenue d'élections séparées, boycottées par l'opposition, dans la seule moitié Sud, en 1948.

L'alliance de Canberra et de Séoul a été scellée par l'active participation australienne à la guerre de Corée (1950-1953) : 17.000 soldats ont combattu dans les troupes des Nations-Unies sous commandement américain, notamment le 77ème escadron des forces royales aériennes australiennes (Royal Australian Air Force's 77th Squadron) qui a bombardé Pyongyang, presque entièrement détruite par les bombes à l'issue du conflit. Pendant la guerre, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et les Etats-Unis ont signé à San Francisco, le 1er septembre 1951, le pacte d'alliance militaire ANZUS.

Lors de sa visite de la zone démilitarisée en 1967, à l'invitation du gouvernement sud-coréen, le Premier ministre australien Harold Holt, partisan résolu de l'alliance avec les Etats-Unis au Vietnam (à gauche, avec le président américain Harold Johnson), a été accueilli par les hauts-parleurs nord-coréens avec comme message "Retournez à la maison, Harold Holt !".

L’émergence de la Corée du Sud comme l’une des principales puissances économiques en Asie a ajouté l’argument commercial aux liens traditionnels de solidarité politique : la Corée du Sud est aujourd’hui le troisième partenaire commercial de l’Australie.

L'intermède de 1975

Le retour aux affaires des travaillistes australiens, après les élections de 1972, conduisit le gouvernement Gough Whitlam à rechercher l'ouverture de relations diplomatiques avec les Etats socialistes d'Asie, en prenant ainsi en compte la normalisation des relations entre les Etats-Unis et la Chine. Cette ouverture était audacieuse dans le contexte de la guerre du Vietnam. Le processus fut toutefois plus long avec la République populaire démocratique de Corée qu'avec le Vietnam. La reconnaissance de la RPDC par l'Australie intervint le 1er août 1973, après la visite d'une délégation commerciale nord-coréenne de haut rang en juillet de la même année. L'établissement de relations diplomatiques eut lieu le 31 juillet 1974. Une ambassade nord-coréenne s’ouvrit à Canberra le 31 décembre 1974. L’ambassade australienne à Pyongyang fut établie le 30 avril 1975. En mai-juin, 1975, une rencontre eut lieu à Pyongyang entre le ministre australien des affaires étrangères, Don Willesee, et son homologue nord-coréen, Ho Dam.

Après la Suède, qui avait ouvert une ambassade à Pyongyang quelques mois plus tôt, l’Australie était donc la deuxième puissance occidentale à mettre en place une représentation permanente auprès de la République populaire démocratique de Corée, avec cette différence notable que, contrairement à la Suède, pays neutre, l'Australie était un allié politique et militaire des Etats-Unis. Pourtant, six mois plus tard, les diplomates australiens recevaient l’ordre de quitter le pays dans les 48 heures : après leur départ le 6 novembre 1975, Canberra n’a toujours pas de représentation diplomatique permanente en Corée du Nord, trente-quatre ans plus tard. L'intermède de 1975 a donc pesé durablement dans les relations bilatérales. Quelques jours plus tôt, le 30 octobre 1975, la RPDC avait décidé de fermer son ambassade à Canberra, suite à une lettre dont les autorités australiennes ne prirent connaissance qu’a posteriori.

A qui imputer la faute de cet échec diplomatique, aux conséquences aussi durables ? Deux éléments sont à prendre en compte : les frictions permanentes entre les personnels diplomatiques coréens et australiens, notamment à Pyongyang et, plus substantiellement, un désaccord de fond sur la question coréenne.

Les explications du gouvernement nord-coréen furent laconiques, selon les archives diplomatiques australiennes consultées par le professeur Petrov : furent invoquées les "restrictions de voyager excessives imposées à son personnel d’ambassade à Canberra", ainsi que l’attitude des diplomates australiens qui donnaient une mauvaise image de la vie quotidienne en RPDC en "prenant délibérément des photos d’enfants jouant dans la boue". Le livre de témoignage de l’ancien ambassadeur suédois à Pyongyang fait une description plus précise des problèmes causés par l’attitude des diplomates australiens à Pyongyang, ainsi que les difficultés rencontrées par les diplomates nord-coréens à Canberra, tout en mentionnant une circulaire du ministère coréen des Affaires étrangères plus explicite que les archives australiennes (gestes inamicaux répétés de nature à troubler l'ordre public, activités subversives, impossibilité pour les diplomates nord-coréens en Australie d'assumer leur mission) :

- dans l’attente – pendant plusieurs mois – d’une installation dans leur ambassade, les Australiens déménagèrent de nuit du mobilier dans les chambres d’hôtel où ils séjournaient, pour les adapter à leurs activités professionnelles ; après avoir emménagé dans leurs locaux, ils organisèrent une fête dont les invités devaient venir costumés en Romains de l’Antiquité, offrant le spectacle peu ordinaire de personnes se déplaçant en chemise, le soir, dans les rues de la capitale nord-coréenne ;

- l'affectation à Pyongyang d'un secrétaire d'ambassade parlant coréen, après avoir passé plusieurs années en Corée du Sud, fut regardée avec suspicion par les Nord-Coréens ;

- alors que les jupes courtes des Australiennes choquèrent les Coréens, les diplomates, qui utilisaient un modèle luxueux de voiture Mercedes Benz, prirent l'habitude d'organiser des sorties impromptues sans autorisation, notamment des visites du métro auxquelles ils conviaient les représentants des autres ambassades ;

- à Canberra, en réponse aux restrictions aux déplacements des diplomates australiens en poste à Pyongyang, les Nord-Coréens se virent imposer l'obligation de déclarer préalablement leurs déplacements ; par ailleurs, l'achat par l'ambassade nord-coréenne de pages de publicité dans les journaux australiens, et la diffusion de tracts, entraînèrent l'achat de pages de publicité et la diffusion de tracts également par l'ambassade sud-coréenne à Canberra, et surtout la demande du gouvernement australien de faire cesser ces activités ;

- des problèmes administratifs réels existaient aussi : comme le relève l'ancien ambassadeur suédois Erik Cornell, "l’approvisionnement en devises locales ne se fit facilement, parce que la banque refusait de changer l’argent, à cause du fait que les Nord-Coréens avaient raté le passage au dollar et soutenaient que les Australiens utilisaient toujours la livre".

Toujours selon Erik Cornell, l'incompréhension des Australiens leur est imputable : selon lui, les Nord-Coréens "essayèrent, à l'aide de subtiles messages propres aux Orientaux, d'encourager les nouveaux arrivants à prendre les choses un peu plus simplement, cependant ces signaux ne furent pas reconnus comme tels, mais considérés comme les tracas incompréhensible et irritants qu'ils étaient pour un regard d'Occidental". Ce refus de comprendre n'est d'ailleurs pas sans rappeler, toutes choses égales par ailleurs, celui d'un
Guy Delisle dans sa BD Pyongyang.

S'il s'agissait d'irritants notables dans les relations bilatérales, le motif le plus sérieux a été, selon Erik Cornell et la plupart des diplomates alors en poste à Pyongyang, la position de Canberra sur la question coréenne. L'année 1975 voit la présentation concurrente aux Nations-Unies de deux résolutions par la Corée du Nord et la Corée du Sud : en annonçant qu'il voterait pour la résolution sud-coréenne et contre la résolution nord-coréenne, le gouvernement australien aurait précipité le départ de l'ambassade de la RPDC à Canberra. Cependant, Canberra décida en définitive de s'abstenir sur la résolution nord-coréenne... mais le départ des Nord-Coréens aurait alors déjà été programmé. Suivant cette explication dont il reconnaît qu'elle n'est qu'une hypothèse, Erik Cornell conclut comme suit : "mais l'erreur avait déjà été commise, et pour ne pas perdre la face il fallait aller jusqu'au bout, c'est-à-dire expulser l'ambassade australienne". S'il peut sembler effectivement contraire aux intérêts des Nord-Coréens de rompre les liens avec un gouvernement qui avait finalement choisi de ne pas voter contre leur résolution, ce mode de raisonnement est cohérent d'un point de vue asiatique.

Plus fondamentalement, le ministre des Affaires étrangères Willesee recherchait un rôle de médiateur, en appelant chaque partie à surmonter les différences et en cherchant à favoriser les contacts. Erik Cornell estime que cette position, conforme à la tradition diplomatique occidentale, n'était pas acceptable pour les Nord-Coréens, "seulement intéressés dans un soutien loyal et inconditionnel des autres Etats" et refusant toute ingérence extérieure dans les affaires intercoréennes. Compte tenu de l'embarras que créait l' "inopportune" propostion australienne de médiation, "les Nord-Coréens ne pouvaient pas faire autrement que de rompre tous les contacts". En d'autres termes, la rupture de 1975 aurait pu se produire à un autre moment et en d'autres circonstances, mais elle était inévitable dans le contexte de l'époque.

Une normalisation aujourd'hui inachevée, malgré l'établissement de relations diplomatiques

En 1975, les relations diplomatiques ne furent pas officiellement rompues, mais de fait entièrement gelées. Il faudra attendre la Conférence de l'Union interparlementaire, dont la session du printemps 1991 se tint à Pyongyang, pour une reprise des échanges officiels. Le parlementaire Clive Holding conduisait la délégation parlementaire australienne à cette conférence, et en novembre de la même année une délégation du Parti du travail de Corée (PTC), conduite par Kim Yong-sun (photo), secrétaire aux relations internationales du Comité central du PTC, fut accueillie en Australie.

De même que ces premiers échanges de l'après guerre-froide avaient précédé l'entrée simultanée des deux Corée aux Nations-Unies, l'Australie n'attendit pas le sommet intercoréen de juin 2000 pour approfondir le dialogue avec Pyongyang, anticipant une nouvelle fois les prises de position des autres gouvernements occidentaux, en évitant le suivisme des Etats-Unis ou de Séoul. Deux parlementaires australiens, le sénateur Gareth Evans et le député Kevin Rudd (futur Premier ministre), visitèrent Pyongyang du 1er au 4 mai 1999, tandis que l'ancien Premier ministre Downer rencontra à New York, le 27 septembre 1999, son homologue de la RPD de Corée Paek Nam-sun (photo).

L'Australie avait tiré les leçons de l'échec de 1975 en ne cherchant plus à imposer à Pyongyang des propositions qu'elle ne souhaitait pas, mais en jouant son propre rôle, au sein des pays occidentaux. Membre depuis 1995 de l'Organisation pour le développement énergétique de la Corée (plus connue sous son acronyme anglais, KEDO), devant approvisionner la Corée du Nord en nucléaire civil en contrepartie du renoncement au nucléaire militaire, l'Australie annonça une contribution d'un million de dollars australiens au KEDO le 11 avril 2000, avant de renouer les relations diplomatiques le 8 mai 2000. En juillet 2000, l'ambassadeur australien à Pékin, David Irvine, fut accrédité à Pyongyang, et l'ambassadeur nord-coréen aux Philippines, Kim Pyong-hong, accrédité auprès du gouvernement australien. M. Downer, ministre australien des Affaires étrangères, visita la RPD de Corée du 14 au 16 novembre 2000, et Paek Nam-sun, ministre des Affaires étrangères de la RPD de Corée, l'Australie du 28 au 30 juin 2001. En mai 2002, la RPD de Corée ouvrit une ambassade à Canberra, dans le quartier de O'Malley. Le premier ambassadeur fut S.E. Chon Jae-hong.

L'achèvement du processus de normalisation diplomatique aurait alors dû conduire à l'ouverture d'une ambassade australienne à Pyongyang. Le souvenir de 1975 a-t-il joué ? Ce n'est pas sûr. En tout cas, pour le professeur Petrov, l'absence de réciprocité "tend à soutenir l'idée que l'intérêt de Canberra de réétablir des liens diplomatiques n'était pas tant guidé par le désir de s'engager dans une coopération sérieuse, que par le besoin d'acquérir un levier supplémentaire dans la discussion avec [les Nord-Coréens] sans risquer en fait quoi que ce soit". Les échanges économiques restèrent limités, après avoir atteint un pic de 48 millions de dollars australiens, ne constituant pas un argument supplémentaire pour développer les relations bilatérales. Au demeurant, les tensions internationales ne favorisèrent pas l'approfondissement du dialogue politique, tandis que l'Australie poursuivait son action de solidarité avec les populations coréennes.

En mai 2003, l'incident du Pong Su - du nom d'un navire australien intercepté par l'armée australienne avec de l'héroïne à bord - entraîna le rappel de l'ambassadeur Chon Jae-hong  Le verdict rendu dans cette affaire par la Cour suprême de Victoria, le 6 mars 2006, aboutit toutefois à l'acquittement du capitaine et des autres membres d'équipage.

Après l'essai nucléaire nord-coréen d'octobre 2006, Canberra appliqua de manière extensive les sanctions prévues par la résolution 1718 du Conseil de sécurité des Nations-Unies, portant un coup d'arrêt aux échanges commerciaux bilatéraux : les importations australiennes de RPDC oscillent entre 6 et 11 millions de dollars australiens par an, classant la Corée du Nord au 125ème rang des partenaires commerciaux de l'Australie.

Suite aux élection législatives du 25 octobre 2007, la formation d'un gouvernement travailliste, dirigé par Kevin Rudd qui avait autrefois visité Pyongyang comme député, a nourri des attentes manifestement déçues chez les Nord-Coréens quant à la réouverture, tant attendue, d'une ambassade à Pyongyang. C'est en ce sens qu'on peut interpréter la décision de Pyongyang de fermer son ambassade à Canberra, le 31 janvier 2008. En choisissant comme ambassadeur accrédité à Pyongyang son ambassadeur en poste à Séoul (et non plus à Pékin), en août 2008, l'Australie a accompli un pas supplémentaire qui l'éloigne de la Corée du Nord.

L'Australie a-t-elle abandonné toute ambition de jouer un rôle dans la péninsule coréenne ? Manifestement non : lorsque Pyongyang a fait savoir qu'il ne considérait plus le Japon comme un partenaire des pourparlers à six sur le nucléaire, Canberra a manifesté son intérêt de remplacer Tokyo, damant le pion à l'Union européenne, alors présidée par la France,
qui avait perdu une nouvelle occasion d'exister sur la scène diplomatique extrême-orientale. L'aide humanitaire australienne a atteint 8 millions de dollars sur la période 2007-2008. Ce maintien d'un vecteur d'influence est de nature aujourd'hui à peser, alors que Pyongyang a envoyé des signaux en direction de Washington et de Séoul.
 
Sources :
- Erik Cornell, "Australian intermezzo", in North Korea under communism : report of an envoy to paradise, RoutledgeCurzon, Londres, 2002, pp. 57-61. 
- Leonid A. Petrov, "Australia and DPRK : the Sixty Years of relationship", in
Policy Forum Online (Nautilus Institute), 9 septembre 2008. Article publié dans Pacific Focus en décembre 2008.
- Chronologie des relations entre l'Australie et la RPDC, sur le site du
ministère australien des Affaires étrangères et du commerce (DFAT).

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13 août 2009 4 13 /08 /août /2009 09:54

La République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a annoncé qu'elle pourrait soumettre le prochain lancement d'un satellite par la Corée du Sud au Conseil de sécurité des Nations Unies. En lançant de son côté une fusée en avril dernier, la RPDC avait été condamnée par le Conseil de sécurité. Le principe d’égalité dans les relations internationales sera-t-il respecté ?

 

La République populaire démocratique de Corée cherche à attirer l'attention de la « communauté internationale » sur les préparatifs de lancement par la Corée du Sud d'une fusée à plusieurs étages porteuse d'un satellite de télécommunication, construite avec l'assistance technique de la Russie.

 

Cité par l’agence officielle nord-coréenne KCNA, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères de RPDC a rappelé que les autres pays impliqués dans les pourparlers à six sur le programme nucléaire nord-coréen (Etats-Unis, Corée du Sud, Chine, Russie, Japon) avaient « dénoncé » la RPDC en lui imposant des « sanctions » au Conseil de sécurité des Nations Unies suite au lancement, le 5 avril 2009, de la fusée Unha-2. « Cela viole le principe du respect de la souveraineté et de l'égalité, de la vie et de l'esprit et de la base des pourparlers, et les amène à une fin », a poursuivi le porte-parole nord-coréen.

 

« Nous observerons attentivement si les parties impliquées soumettront le lancement d'un satellite par la Corée du Sud au Conseil de sécurité des Nations Unies. Leur réaction et attitude envers le lancement d'un satellite par la Corée du Sud prouvera encore une fois si le principe d'égalité existe ou s'est effondré. »

 

Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté le 13 avril une déclaration présidentielle condamnant le lancement du 5 avril et demandant à la RPDC de « ne pas effectuer d'autre lancement ». La RPDC a ensuite annoncé son retrait des pourparlers à six, « devenus une tribune servant à porter atteinte à [sa] souveraineté », et a effectué son second essai nucléaire le 25 mai.

 

Après plusieurs reports, le tir du lanceur sud-coréen KSLV-1 est prévu le 19 août sur le site du Centre spatial de Naro à 485 km au sud de Séoul. Le tir pourrait cependant être légèrement décalé jusqu’au 26 août en fonction des préparatifs du tir et des conditions climatiques.

 

La fusée KSLV-1 a nécessité un budget de 502,5 milliards de won (285 millions d'euros). Haute de 33 mètres et d'un poids de 140 tonnes, elle comporte deux étages (contre trois étages pour la fusée nord-coréenne Unha-2). Son premier étage peut générer une poussée de 170 tonnes, et son deuxième étage une poussée de 8 tonnes, pour mettre sur orbite un satellite d'une centaine de kilos.

 

La réaction de la « communauté internationale » au lancement de cette fusée sud-coréenne sera en effet intéressante à observer. Elle risque cependant de constituer un nouvel exemple de l'application du principe des « deux poids et deux mesures » dans les relations internationales.

 

 

Sources : KBS, KCNA, Korea Times, RIA-Novosti, Xinhua

 





 

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