La division de la péninsule coréenne, entérinée par la guerre de Corée (1950-1953), a laissé des millions de Coréens sans nouvelles des membres de leurs familles et de leurs proches restés de l'autre côté de la DMZ - en l'absence de toute possibilité de communication par courrier, par téléphone ou par mél. Les réunions de familles séparées ont ainsi été l'une des priorités du dialogue intercoréen. Alors que le président sud-coréen Lee Myung-bak a remis en cause la politique d'ouverture au Nord de ses prédécesseurs démocrates, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a pris une fois encore l'initiative dans le rapprochement intercoréen, en proposant de nouvelles réunions de familles séparées à l'occasion de Chuseok, la fête coréenne des moissons, où l'ensemble des Coréens célèbrent leurs ancêtres défunts.
Le samedi 11 septembre 2010, l'agence officielle nord-coréenne KCNA a informé que, la veille, Jang Jae-on, président du Comité central de la société de la Croix-Rouge de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), avait proposé à son homologue sud-coréen Ryu Jong-ha de préparer une nouvelle réunion de familles séparées par la guerre dans les monts Kumgang, au Nord de la péninsule. La rencontre pourrait avoir lieu à l'occasion de Chuseok, la fête traditionnelle des moissons, qui se tiendra cette année le 22 septembre - et qui donne lieu à des cérémonies en l'honneur des ancêtres défunts dans toute la péninsule.
Il y a un an, des initiatives conjointes des autorités nord-coréennes et de la société civile sud-coréenne avaient déjà permis une reprise des réunions de familles séparées, interrompues après l'arrivée au pouvoir à Séoul du conservateur Lee Myung-bak, qui a remis en cause la politique "du rayon de soleil" de ses prédécesseurs démocrates Kim Dae-jung et Roh Moo-hyun. La proposition de la Croix-Rouge nord-coréenne intervient après des gestes humanitaires réciproques des deux gouvernements coréens, le Nord ayant libéré l'équipage d'un bateau de pêche arrêté pour avoir pénétré dans les eaux nord-coréennes, et le Sud étant disposé à fournir une aide aux victimes des inondations de cet été au Nord de la péninsule.
Lors de l'anniversaire de la libération de la Corée, le 15 août 2010, le président sud-coréen Lee Myung-bak avait envisagé la possibilité de créer un impôt pour financer la réunification. Récemment, il a évoqué l'ouverture d'un deuxième complexe intercoréen, au Nord de la péninsule, sur le modèle de la zone de Kaesong. Mais la priorité n'est-elle pas d'abord de reconnaître et de mettre en oeuvre les accords intercoréens du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007, traduction concrète des engagements des deux gouvernements coréens, et des aspirations de tout le peuple coréen, du Nord, du Sud et de la diaspora ? Parmi ces attentes, les réunions de familles séparées sont l'un des voeux les plus chers des Coréens sincèrement attachés à la réunification de leur patrie, et l'une des mesures phares des déclarations communes Nord-Sud du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007.
Si la proposition du Nord, rendue publique ce 11 septembre 2010, est accueillie favorablement, elle soulèvera un immense espoir parmi tous les Coréens d'enfin revoir ceux qu'ils aiment et dont ils sont sans nouvelles, en l'absence de traité de paix dans la péninsule coréenne depuis près de soixante ans. Alors que les réunions de familles séparées ont permis à 20.000 Coréens de se retrouver depuis 1953, la reprise et l'approfondissement des échanges Nord-Sud est une exigence pour que ce rêve devienne une réalité pour des millions de familles divisées.
Sources : AAFC, CNN
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