Le lundi 20 décembre 2010, la République de Corée (du Sud) a procédé à de nouveaux exercices de tirs, à munitions réelles, au large de l'île de Yeonpyeong, en mer de l'Ouest (mer Jaune), déjà théâtre de graves affrontements entre les deux Corée le 23 novembre dernier lors de précédents exercices sud-coréens. Le bilan des échanges de tirs intercoréens s'était alors établi à quatre morts côté Sud après une riposte de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), laquelle a affirmé que ses eaux territoriales avaient été atteintes. Face aux risques d'escalade pouvant conduire à une nouvelle guerre de Corée, le Conseil de sécurité des Nations Unies s'est réuni d'urgence le 19 décembre, à la demande de la Russie, sans parvenir toutefois à ce jour à une position commune. Cependant, dans un contexte où la dangereuse initiative du Sud a été qualifiée de "provocation" par Pyongyang, la RPDC a fait preuve de retenue, désamorçant ainsi une situation devenue explosive ayant mené les deux pays au bord de la guerre. Pour l'AAFC, construire la paix est plus que jamais la priorité dans la péninsule coréenne. Tel est le sens de l'appel à signer et faire signer la pétition pour un traité de paix dans la péninsule coréenne, ouvrant notamment la voie à un règlement pacifique, négocié, de la question de la délimitation des eaux territoriales.
Officiellement, il s'agissait simplement pour la Corée du Sud de reprendre les exercices militaires interrompus le 23 novembre au large de l'île de Yeonpyeong, lorsque la RPD de Corée avait déclaré réagir à une violation de ses eaux territoriales : la riposte nord-coréenne avait causé quatre morts côté sud-coréen (dont deux civils), en l'absence de bilan côté nord-coréen.
Ainsi, selon l'armée sud-coréenne, "l’exercice de tirs d’artillerie s’est presque achevé vers 15h30 et nous avons effectué des tirs au canon mitrailleur Vulcun jusqu’à 16h04". Les obus sont tombés dans un périmètre d’une largeur de 40 km et d’une longueur de 20 km, au sud-ouest de l’île de Yeonpyeong - une orientation de nature à éviter les eaux nord-coréennes, dans une zone maritime contestée entre les deux Corée, théâtre de précédents affrontements intercoréens meurtriers à quatre reprises depuis 1999. Toujours selon Séoul, les exercices du 20 décembre ont été de moindre ampleur que ceux du 23 novembre.
(source : Yonhap)
Mais était-il vraiment nécessaire de conduire coûte que coûte des exercices militaires dans une zone contestée, moins d'un mois après de graves affrontements entre les deux Corée au même endroit ? La priorité n'est-elle pas, enfin, de construire une paix durable en Asie du Nord-Est, en prévenant tout risque d'escalade guerrière ?
Le 18 décembre 2010, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée avait mis en garde les Etats-Unis contre les graves conséquences d'une situation devenue explosive. En effet, les Etats-Unis commandent les troupes sud-coréennes en temps de guerre, et leurs soldats participent aux exercices militaires à répétitions, d'une ampleur dans précédent depuis l'armistice de 1953, qui se tiennent dans la péninsule coréenne depuis six mois. "Même pendant les exercices militaires provocateurs récemment organisés, a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, la RPDC a fait preuve du maximum de retenue tant que [les balles et les obus américains et sud-coréens] ne tombaient pas directement dans les eaux territoriales de la RPDC, motivée par le désir d'empêcher la situation de se détériorer dans la péninsule coréenne et de protéger la paix et la stabilité." Le ministère des Affaires étrangères a néanmoins estimé le 18 décembre que les exercices militaires sud-coréens à venir "franchissent au moins la ligne rouge à partir de laquelle il devient impossible d'empêcher la situation de devenir explosive dans la péninsule coréenne et d'échapper au désastre qui s'ensuivra." Et de poursuivre : "Les forces armées révolutionnaire de la RPDC ont déjà affirmé solennellement qu'elles infligeraient un punition décisive et implacable aux provocateurs qui violent la souveraineté et l'intégrité territoriale de la RPDC."
Face au risque réel d'escalade dans la péninsule coréenne, le Conseil de sécurité des Nations Unies a été réuni d'urgence, à la demande de la Russie, le 19 décembre, à la veille des nouveaux exercices militaires sud-coréens dans la zone litigieuse de Yeonpyeong. La Chine a rejoint ces préoccupations, en appelant toutes les parties concernées à faire preuve de retenue : "Aucune partie n'a le droit d'inciter à ou de déclencher une guerre dans la péninsule coréenne", a déclaré le jour des exercices sud-coréens M. Cui Tiankai, vice-ministre chinois des Affaires étrangères, ajoutant que "personne n'a le droit de provoquer un carnage de la population dans la péninsule." Mais trois des membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies - les Etats-Unis et leurs alliés anglais et français - ont refusé la proposition russe d'appeler les deux Corée à la retenue, suivant une formulation qui aurait donc également visé Séoul.
Entre les deux Corée, la retenue est finalement venue de Pyongyang. Dans un communiqué en date du 20 décembre cité par l'agence officielle nord-coréenne KCNA, le commandement suprême de l'Armée populaire de Corée (du Nord) a estimé que cela "ne vaut pas la peine de réagir" aux "provocations militaires" de la Corée du Sud.
Au même moment, Bill Richardson, gouverneur du Nouveau-Mexique en visite privée à Pyongyang à l'invitation de la RPDC, a déclaré avoir trouvé les termes d'un accord pour sortir de l'impasse les négociations sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne. Dans une communication à laquelle ni la RPDC, ni la présidence américaine n'avaient encore réagi officiellement, l'ancien ambassadeur américain aux Nations Unies a évoqué le retour sur le site nucléaire nord-coréenn de Yongbyon des inspecteurs de l'Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), la sortie de RPDC des barres de combustibles nucléaires destinés à l’enrichissement d’uranium, l’établissement d’une ligne de communication militaire en cas d’urgence ainsi que d’une commission militaire intercoréenne à laquelle participeraient les Etats-Unis. Ces lignes esquissent les contours d'une politique de paix dans la péninsule coréenne.
Sources :
- KCNA, "FM Spokesman Warns US of Serious Consequences of Worst Situation", 18 décembre 2010
- Xinhua, "La Chine appelle à la retenue les parties concernées afin d'éviter une escalade de la tension dans la péninsule coréenne", 20 décembre 2010
- Xinhua, "ONU : aucun accord sur la crise coréenne", 20 décembre 2010
- Xinhua, "L'exercice d'artillerie de la Corée du Sud ne mérite pas de réponse, selon la RPDC", 20 décembre 2010
- Yonhap, "Les manoeuvres militaires se sont achevées et les militaires toujours en état d'alerte", 20 décembre 2010
- Yonhap, "Pyongyang autorise le retour de l'équipe d'inspection nucléaire de l'ONU à Yongbyon", 20 décembre 2010
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