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2 février 2016 2 02 /02 /février /2016 21:26

Après l'annonce, le 2 février 2016, par les autorités de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) qu'elles procèderaient au lancement d'un satellite entre le 8 et le 25 février prochains (à une date ainsi proche de l'anniversaire de naissance du Général Kim Jong-il, le 16 février 1942), les Etats-Unis ont vivement protesté, en plaidant une nouvelle fois pour le renforcement, attendu, des sanctions, après que la RPD de Corée eut revendiqué, le 6 janvier 2016, un essai réussi de bombe H. Dans ce contexte, il semble utile de rappeler les positions de la RPD de Corée, en faveur de la réunification de la péninsule, ainsi que pour assurer sa propre sécurité - objectif qui sous-tend son développement d'armes nucléaires. C'est dans cette perspective que nous publions ci-après, traduit de l'anglais, de larges extraits d'une analyse développée par Mme Choe Un-ju, chercheur à l'Institut pour la paix et le désarmement du ministère des Affaires étrangères de la RPD de Corée, en date du 21 janvier 2016, et intitulée "L'indépendance, la réunification pacifique et la grande unité nationale : les principes fondamentaux pour la réunification de la Corée".

Les dirigeants nord et sud-coréens Kim Jong-il et Roh Moo-hyun, lors du sommet intercoréen d'octobre 2007.

Les dirigeants nord et sud-coréens Kim Jong-il et Roh Moo-hyun, lors du sommet intercoréen d'octobre 2007.

L'analyse de Mme Choe Un-ju insiste tout d'abord sur l'aspiration des Coréens à la réunification de leur pays, en insistant sur le rôle des forces étrangères dans sa division :  

Cela fait plus d'un demi-siècle que la Corée, nation homogène ayant une histoire de plus de 5 000 ans, a été divisée en deux par les forces étrangères.

Même le nom du pays, la Corée, qui était célébré comme celui du "pays du matin calme", est maintenant désigné, depuis 70 ans, comme "la Corée du Nord" et "la Corée du Sud'.

Les images émouvantes des réunions, longuement attendues, des membres de familles divisées au Nord et au Sud, et leurs adieux déchirants, ne peuvent être vus nulle part ailleurs au monde.

La réunification nationale est devenue le désir le plus ardent des Coréens qui ont vécu avec une telle peine depuis si longtemps.

Non seulement les Coréens, mais tous les peuples qui aiment la paix dans le monde aspirent à une réunification rapide de la Corée qui ouvrirait une nouvelle ère de paix et de prospérité dans la péninsule et la région.

Dans son adresse de nouvel an de cette année, Son Excellence M. Kim Jong-un a mis en avant l'idée d'indépendance dans les relations intercoréennes et les questions liées à la réunification conformément aux désirs et aux exigences de la nation, à savoir la sauvegarde de la paix et de la sécurité en éliminant les dangers de la guerre dans la péninsule coréenne, et accorder toute leur valeur aux déclarations conjointes Nord-Sud et à leur mise en œuvre. Ces idées forment la grande bannière sous laquelle réaliser rapidement le désir ancien de notre nation et l'aspiration mondiale pour la paix.

C'est dans ce contexte que l'arme nucléaire nord-coréenne, présentée comme ayant un caractère purement défensif, est considérée comme garantissant l'équilibre des forces dans la péninsule coréenne, et par conséquent comme un atout pour la paix et la réunification - en resituant cette question dans le contexte global de la présence militaire américaine en Asie et de la rivalité stratégique avec la Chine, qui n'est toutefois pas expressément nommée :

Des experts de sécurité américains, de sensibilité conservatrice, ont récemment affirmé qu'une péninsule coréenne réunifiée continuerait d'être sous le parapluie nucléaire américain et maintiendrait les pays voisins dans la dépendance des Etats-Unis. Ces affirmations prouvent que des discussions ont lieu entre les Etats-Unis et la Corée du Sud.

Les autorités sud-coréennes essaient de trouver un compromis entre les intérêts stratégiques des Etats-Unis et ceux des puissances régionales "en promettant la lune", à savoir que les forces américaines ne bougeraient pas au-delà du 38e parallèle même après une "réunification" soutenue par les Etats-Unis avec leur parapluie nucléaire comme pilier principal. Le Sud s'en tient ainsi à une "diplomatie de la réunification" pour obtenir un soutien à une "réunification" menée par le Sud.

Toutefois, les Etats-Unis, qui sont les maîtres de la Corée du Sud, tentent de contraindre la Corée du Sud dans une alliance militaire Etats-Unis - Japon - Corée du Sud, pour ainsi étouffer la RPDC et contenir les puissances voisines qui sont ses rivaux stratégiques.

En réalité, la réunification poursuivie tant par les Etats-Unis que par la Corée du Sud vise à déployer le parapluie nucléaire américain sur toute la péninsule coréenne et à assurer la domination américaine sur l'Asie du Nord-Est.

Au regard de l'équilibre des forces en Asie du Nord-Est, cela supprimerait la zone tampon qui empêche un affrontement direct entre les Etats-Unis et les puissances régionales, et placerait finalement la Corée sur la ligne de front d'une confrontation nucléaire entre les grandes puissances.

Les Etats-Unis ont trompé le monde quand ils ont promis que l'OTAN ne se déploierait pas plus à l'Est si l'ancienne Union soviétique soutenait la réunification allemande. Les Etats-Unis rejouent ce jeu de dupes stratégiques en Asie du Nord-Est.

Il est normal que les puissances régionales soient prudentes à propos de la "diplomatie de la réunification" de la Corée du Sud dans la mesure où elle sert les intérêts stratégiques des Etats-Unis.

L'idée défendue par la RPDC d'une réunification indépendante est de créer un juste Etat réunifié qui contrebalancerait la stratégie agressive américaine de domination de l'Asie et garantirait les intérêts stratégiques des puissances régionales de manière équilibrée, avec une force de dissuasion nucléaire défensive.

La dissuasion nucléaire défensive de la RPDC garantit solidement l'équilibre des forces dans la région. Elle désamorce les viles tentatives d'un "système de réunification" soutenu par le parapluie nucléaire américain, et assure ainsi une réunification pacifique de la Corée fondée sur la coexistence de deux systèmes.

Sur la base de cette analyse, l'auteur réaffirme la proposition de la RPDC de conclure un traité de paix et la nécessité de mettre en oeuvre les déclarations conjointes Nord-Sud pour le dialogue intercoréen, en vue d'avancer vers la réunification de la péninsule.

Il ressort que la RPD de Corée - dont la Constitution proclame qu'elle est un Etat doté de l'arme nucléaire - n'entend pas abandonner ses armes nucléaires contre des garanties de sécurité (ou d'autres contreparties américaines), mais les considère comme une composante essentielle de l'équilibre des forces stratégiques, dans les rapports non seulement entre les Etats-Unis et la RPDC, mais aussi des Américains avec les autres puissances asiatiques.

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30 janvier 2016 6 30 /01 /janvier /2016 13:56

Aujourd'hui, l'Asie orientale est un foyer de tensions qui pourraient évoluer vers un conflit mondial de première ampleur compte tenu des acteurs en présence. Les citoyens des pays de cette région refusent cette situation et leurs luttes passent par une opposition aux politiques bellicistes de leurs gouvernements pris dans un système complexe d'alliances militaires desquelles le désengagement apparaît plus que jamais nécessaire. Dans ce contexte dangereux, comment organiser la solidarité mondiale ? Quelles leçons tirer de nos expériences respectives ? Tel était le thème de la conférence-débat organisée le 28 janvier 2016 à Paris, avec les exposés successifs de Patrick Beillevaire, Olivier Bouchard et Patrick Kuentzmann, par le collectif Solida (Solidarité, Liberté, Démocratie en Asie), constitué notamment par des citotens japonais, sud-coréens et français à l'origine des manifestations en France contre la révision de l'article 9 de la Constitution japonaise, et l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC).

Agir pour la paix et la solidarité en Asie : une conférence-débat de l'AAFC et du collectif Solida

Historien et anthropologue, directeur de recherches émérite au CNRS, Patrick Beillevaire a présenté la situation d'Okinawa. Le royaume des Ryukyu n'appartient pas au Japon historique, étant tributaire de la Chine dès 1372, puis de la Chine et du Japon à partir de 1609, avant l'abolition de la monarchie et l'annexion de l'archipel par le Japon de l'ère Meiji en 1879. En avril-juin 1945, Okinawa est le théâtre de la plus grande bataille de la guerre du Pacifique, avant d'être placé sous administration américaine suite à la défaite japonaise, jusqu'à sa restitution au Japon le 15 mai 1972. La présence militaire américaine à Okinawa compte 22 000 à 23 000 soldats, soit près de la moitié des forces américaines stationnées au Japon (qui comptent 50 000 hommes), répartie sur 30 sites occupant une emprise foncière équivalent à près d'un cinquième de la superficie de l'île. 70 % des frais de la présence américaine à Okinawa sont à la charge du Japon. Le stockage d'armes nucléaires y a été reconnu officiellement par les Etats-Unis en 2010.

La base aérienne de Futenma focalise les débats sur la présence militaire américaine à Okinawa. Envisagée dès 1966, la question de son transfert a resurgi avec le viol d'une fillette en septembre 1995, entraînant des manifestations de grande ampleur. Le gouverneur Masahide Ota (1990-1998) a alors refusé le renouvellement des baux pour les bases militaires, mais a été désavoué par le gouvernement central, et poursuivi jusque devant la Cour suprême. En septembre 1996, 89 % des participants à un référendum ont demandé la réduction du nombre de bases et la révision du statut régissant la présence des forces militaires (Status of Forces Agreement, SOFA) : un Comité spécial d'action pour Okinawa (Special Action Committee on Okinawa, SACO) a alors envisagé le transfert de la base de Futenma sur un autre site okinawaïen, celui du camp Schwab, à Nago-Henoko. En février 2009 un accord signé entre le ministre des Affaires étrangères japonais Nakasone et la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a acté le projet de base à Henoko, tout en prévoyant - pour tenir compte de l'hostilité des Okinawaïens - le transfert de 8 000 marines américains à Guam - lequel ne devait jamais se réaliser.

Patrick Beillevaire

Patrick Beillevaire

L'accord de février 2009 a comporté des études mesurant l'impact sur l'environnement (notamment pour ces animaux marins devenus des symboles d'Okinawa que sont les dugongs), mais qui se sont avérées tardives et biaisées.

Après l'échec du Premier ministre démocrate Hatoyama à obtenir le transfert de la base hors d'Okinawa, ce dont il s'excuse publiquement en 2010, le retour au pouvoir à Tokyo de Shinzo Abe en 2012 accélère le processus : en décembre 2013 le gouverneur d'Okinawa Hirozaku Nakaima signe le permis de construire et les travaux sont engagés le 14 août 2014, malgré l'opposition du nouveau gouverneur Takeshi Onaga qui mène également bataille sur le plan juridique.

Olivier Bouchard est ensuite intervenu au nom du collectif Solida, pour présenter la construction de la base de Jeju en Corée du Sud - qui présente de nombreuses similitudes avec celle d'Henoko : menaces pour la paix et l'environnement, opposition des populations insulaires, passage en force des autorités nationales pour faire construire la base coûte que coûte au nom d'une certaine conception de leur alliance avec les Etats-Unis.

Olivier Bouchard

Olivier Bouchard

A Jeju, dont le gouvernement avait pourtant décidé en 1991 de faire une zone protégée, 53 hectares de terres agricoles - parmi les meilleures de l'île pour la culture du riz - ont été expropriées, pour construire la base navale sur une superficie de 40 hectares. Le permis de construire a été accepté par le maire de Gangjeong le 21 avril 2007, donnant lieu à une approbation par acclamation lors d'un comité de village où n'ont pris part que moins de 100 personnes, soit 10 % des habitants, dont la moitié de plongeuses âgées (les célèbres femmes de la mer, haenyo) d'ordinaire éloignées des affaires publiques - et dont on saura par la suite que leurs voix avaient été achetées (par des promesses, comme la construction d'un hôpital, ou le versement de fortes subventions). Une nouvelle réunion du comité de village, rassemblant davantage d'habitants, ne se tiendra jamais, malgré les engagements en ce sens du maire de Gangjeong. Un référendum sera ensuite organisé, refusant à une très large majorité (680 voix contre 36) le projet de base, mais seul le vote initial du comité de village sera considéré comme valide - notamment par une décision de la Cour suprême, saisie par le nouveau maire de Gangjeong, rendue en 2012.

Sont menacés non seulement l'environnement de l'île, mais aussi le mode de vie des haenyo directement affectées par la destruction d'un écosystème marin unique - et désormais profondément divisées -, alors que les travaux de construction de base ont commencé, malgré une large opposition locale, nationale et internationale.

Patrick Kuentzmann, secrétaire général de l'AAFC, a ensuite dressé un parallèle entre l'Europe et l'Asie sur le désengagement des alliances militaires comme manifestation d'indépendance et gage de paix.

Il y a 50 ans, en 1966, le général de Gaulle décidait du retrait de la France du commandement intégré de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), entraînant le départ du sol français des troupes américaines (27 000 soldats et 37 000 employés répartis sur une trentaine de bases), achevé le 14 mars 1967. Cette décision était prise peu après que la France se fut dotée d'une force de dissuasion nucléaire autonome (la France n'a ainsi jamais participé au groupe des plans nucléaires de l'OTAN, constitué en 1966 après le départ français du commandement intégré), et dans le cadre de l'affirmation d'une diplomatie indépendante, marquée notamment par la reconnaissance diplomatique de la République populaire de Chine le 27 janvier 1964 et une ouverture sur le Tiers Monde.

Agir pour la paix et la solidarité en Asie : une conférence-débat de l'AAFC et du collectif Solida

Si la République de Corée (Corée du Sud) pourrait utilement s'inspirer de la politique d'indépendance de la France gaullienne, sa situation n'est évidemment pas la même - la Corée du Sud étant membre du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) et ayant connu pour sa part un régime d'administration militaire américain entre 1945 et 1948. Mais elle dispose d'autres moyens de garantir son indépendance : en 1994, elle n'a recouvré le commandement opérationnel de ses forces militaires qu'en temps de paix, le transfert à Séoul de ce même commandement en temps de guerre ayant été sans cesse repoussé - aujourd'hui jusqu'en 2020. Par ailleurs, les déclarations intercoréennes du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007, engageant chacune des deux parties au plus haut niveau, disposent explicitement que la réunification doit s'opérer par les Coréens eux-mêmes - sans ingérence extérieure.

De même que l'Europe constituait le centre d'intérêt principal des Etats-Unis pendant la guerre froide, la Corée est aujourd'hui au coeur du pivot asiatique de la puissance américaine, faisant apparaître le chapelet de bases américaines dans le Pacifique et le redéploiement dans cette région du monde de la puissance navale des Etats-Unis comme davantage destinée à contrôler l'approvisionnement de ses concurrents qu'à assurer la sécurité de ses propres approvisionnements. Au-delà de la RPD de Corée, l'objectif américain est bien d'endiguer la montée en puissance de la Chine pour préparer un conflit qui s'avère inéluctable. L'agence chinoise Xinhua a ainsi défini, dès octobre 2013, quatre leviers pour la désaméricanisation du monde : des achats massifs d'or (et donc une dé-dollarisation de l'économie), la promotion des échanges commerciaux bilatéraux en yuan, l'achat d'actifs réels et la liquidation des bons du Trésor détenus par la Chine. Par ailleurs, la Chine, au-delà des conflits territoriaux maritimes qui l'oppose à ses voisins, a étendu sa zone d'identification de défense aérienne.

La Corée du Sud, seul tête de pont terrestre des Etats-Unis en Asie de l'Est, comme le Japon, ne doivent pas être les victimes de la rivalité sino-américaine, alors que Washington cherche par ailleurs à promouvoir une OTAN asiatique en resserrant l'alliance tripartite avec Tokyo et Séoul (encourageant vivement l'accord de décembre 2015 sur les "femmes de réconfort", largement critiqué par les organisations sud-coréennes de défense des victimes de l'esclavage sexuel militaire japonais). Le commandement des forces des Nations Unies en Corée (du Sud) pourrait aussi être transformé en une version asiatique de l'OTAN. Un traité de paix en Asie du Nord-Est passerait a contrario par la dissolution de ce commandement, le programme nucléaire nord-coréen étant la conséquence (et non la cause) de l'état de tensions permanent avec les Etats-Unis, tout en offrant le prétexte rêvé pour les faucons américains désireux d'étendre leur emprise sur l'Asie de l'Est. La non-soumission des peuples d'Asie apparaît ainsi comme la meilleure garantie pour la paix du monde, devant s'appuyer sur la poursuite en toute indépendance de leurs seuls intérêts.

A l'issue de ces exposés un large débat s'est engagé avec la salle sur les similitudes entre le refus des bases militaires au Japon et en Corée - tout en faisant le constat du peu de convergences, à ce jour, entre les militants pacifistes sud-coréens et japonais. Par ailleurs, il a montré l'importance de sensibiliser les opinions publiques et les gouvernements, et pour ce qui concerne les organisateurs en Occident, témoignant ainsi de l'importance des combats engagés par l'AAFC et le collectif Solida qui poursuivront leurs luttes pour la paix, le désarmement et le départ des bases militaires étrangères.

Photos : AAFC.

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16 janvier 2016 6 16 /01 /janvier /2016 10:48

Le 16 janvier 2016, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a réaffirmé la position de Pyongyang pour un dialogue suivant trois axes : la cessation de ses essais nucléaires, la conclusion d'un traité de paix avec les Etats-Unis et la fin des exercices militaires conjoints américano - sud-coréens. Alors que le département d'Etat américain n'a pas rejeté par principe la reprise des discussions, la voie diplomatique apparaît comme la seule réponse viable pour stopper le processus inexorable d'escalade des tensions dans la péninsule coréenne : près de dix ans après l'adoption de sanctions à l'encontre de la RPD de Corée suite à son premier essai nucléaire, l'élaboration d'une nouvelle approche diplomatique est dans l'intérêt de toutes les parties concernées.

Kim Jong-un et Barack Obama, l'impossible dialogue ?Kim Jong-un et Barack Obama, l'impossible dialogue ?

Kim Jong-un et Barack Obama, l'impossible dialogue ?

Diffusée par l'agence nord-coréenne KCNA, la position du ministère des Affaires étrangères de la RPD de Corée se fonde sur une proposition de gel du programme nucléaire de Pyongyang d'une part, la cessation des exercices militaires américano - sud-coréens d'autre part, tandis que s'engageraient des négociations pour un traité de paix - plus de 60 ans après l'armistice ayant mis fin aux combats de la guerre de Corée - afin de jeter les bases d'un mécanisme durable de sécurité et de coopération en Asie du Nord-Est :

Toutes nos propositions pour garantir la paix et la stabilité dans la péninsule et en Asie du Nord-Est sont toujours valides, en particulier celles consistant à cesser nos essais nucléaires et à conclure un traité de paix ; en contrepartie, les Etats-Unis cesseraient leurs exercices militaires conjoints.

http://www.kcna.kp/

Comme à leur habitude, les Etats-Unis n'ont pas rejeté par principe cette offre de dialogue - mais l'ont conditionnée au respect d'un critère éminemment subjectif - dont ils apprécient eux-mêmes le respect, bien entendu : l'engagement de gestes concrets dans le sens d'une dénucléarisation. Selon le département d'Etat américain,  

Il est de la responsabilité de la Corée du Nord de prendre des mesures concrètes dans le sens de sa dénucléarisation et de s'abstenir de toute provocation.

En matière de "provocations" les Etats-Unis ne sont toutefois pas en reste, ayant réagi au quatrième essai nucléaire nord-coréen du 6 janvier 2016 en envoyant des avions - y compris bombardiers - survoler la Corée, et en maintenant leurs exercices militaires conjoints avec la Corée du Sud Foal Eagle/Key Resolve, prévus cette année en mars 2016, au nom, selon eux, du respect de leurs engagements de défense avec Séoul.

Alors, n'y a-t-il pas d'alternative à l'escalade des tensions et des sanctions, sans que celles-ci n'aient par ailleurs atteint leur objectif affiché de stopper le programme militaire nucléaire et balistique nord-coréen ?

Pour notre part, à l'Association d'amitié franco-coréenne, nous restons fermement convaincus qu'il faut explorer la voie du dialogue et de la paix : un traité de paix n'est pas une chimère, mais la base sur laquelle construire un édifice de sécurité collective en Asie du Nord-Est, ce qui suppose des engagements réciproques de chacune des parties. Plutôt que d'exiger une dénucléarisation immédiate et inconditionnelle de la Corée du Nord, les Etats-Unis pourraient - et devraient - accepter la proposition de Pyongyang de cesser ses essais nucléaires, et d'engager conjointement des discussions pour un traité de paix - ce qui n'est guère compatible avec la conduite d'exercices de guerre de grande ampleur. Et ils pourraient, enfin, appliquer un principe du traité de non-prolifération (TNP) - à savoir que les Etats détenteurs de l'arme nucléaire doivent eux aussi s'engager sincèrement sur la voie de leur dénucléarisation. Sinon, le TNP continuera d'apparaître pour ce qu'il est : la garantie du monopole du feu nucléaire entre des puissances par ailleurs les plus fortement dotées au monde en armes conventionnelles. Telles sont les perspectives d'un monde de paix et sans armes nucléaires que nous désirons ardemment voir s'esquisser.

Source :

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15 janvier 2016 5 15 /01 /janvier /2016 23:17

Les organisateurs du Forum économique mondial de Davos - qui se réunit chaque année depuis 1974 dans la station de sports d'hiver suisse - ont retiré l'invitation qu'ils avaient donnée à la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) de participer à leur prochaine réunion, prévue du 20 au 23 janvier 2016. Ce revirement de décision, pris suite à l'essai nucléaire nord-coréen du 6 janvier 2016, a suscité de vives protestations des autorités nord-coréennes, qui avaient prévu d'envoyer une délégation conduite par Ri Su-yong, ministre des Affaires étrangères de la RPD de Corée.  

S.E. Ri Su-yong, ministre des Affaires étrangères de la RPD de Corée

S.E. Ri Su-yong, ministre des Affaires étrangères de la RPD de Corée

Dans une lettre adressée aux organisateurs du Forum de Davos, citée par l'agence nord-coréenne KCNA, le représentant de la RPD de Corée à Genève a dénoncé un mélange des genres entre la politique et l'économie qu'il estime contraire aux règles propres aux instances internationales telles que le Forum de Davos :

Ce comportement du forum est un acte inquiétant qui contrevient à l'impartialité et aux principes élémentaires devant être respectés par une instance internationale

http://www.kcna.kp/

Toujours selon la même lettre, il s'agit d'une décision prise brutalement, sous l'influence des forces hostiles à la RPD de Corée.

Mais le propre même du Forum de Davos est bien d'exprimer la soumission des dirigeants mondiaux aux intérêts du capitalisme, qui tire profit des situations de conflits et des politiques de sanctions. Exclure la Corée du Nord est dans la suite logique de cette relation de subordination. Pays le plus sanctionné au monde - ce qui rend grandement inopérant ses appels répétés aux investisseurs étrangers (notamment dans ses zones économiques spéciales) - la RPD de Corée n'avait rien à gagner d'une telle participation, imaginée par les organisateurs du Forum dans ce qui apparaissait surtout comme un coup de publicité - avant que les contingences des relations internationales fassent avorter le projet. Pour que la boucle soit bouclée il ne leur restait plus qu'à se dédire eux-mêmes - ce qu'ils ont fait.

Source :

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10 janvier 2016 7 10 /01 /janvier /2016 14:26

Après l'annonce par la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) qu'elle avait procédé, le 6 janvier 2016, à un essai réussi de bombe H, l'escalade se poursuit : une réunion le même jour du Conseil de sécurité des Nations Unies a annoncé qu'il préparerait de nouvelles sanctions contre la RPD de Corée, tandis que la République de Corée (Corée du Sud) a repris sa propagande par haut-parleur le long de la zone démilitarisée (DMZ) qui la sépare de sa voisine du Nord. Le 9 janvier, Pyongyang a publié la vidéo d'un test de missile lancé depuis un sous-marin, et le 10 janvier un bombardier américain B-52, accompagné d'autres appareils, a survolé la Corée. Les autorités nord-coréennes ont prévenu que la situation était "au bord de la guerre".

La Corée du Nord aurait procédé à un tir balistique depuis un sous-marin le 21 décembre 2015.

La Corée du Nord aurait procédé à un tir balistique depuis un sous-marin le 21 décembre 2015.

Après que l'essai nucléaire du 6 janvier eut donné lieu à des scènes de liesse en RPD de Corée (les autorités nord-coréennes ayant affirmé par ailleurs que, désormais, elles ne risquaient plus de subir le sort de l'Irak et de la Libye grâce à leur capacité de dissuasion nucléaire), une vidéo a été diffusée par la télévision nord-coréenne le 9 janvier, montrant un tir de missile balistique depuis un sous-marin (SLBM, Submarine-Launched Ballistic Missile). La trajectoire du missile est presque à la verticale, alors que lors d'un précédent tir SLBM en mai 2015 le missile décrivait une trajectoire de 45 degrés avant de retomber dans la mer. Des experts, notamment de l'armée américaine, avaient ensuite alors affirmé qu'il ne s'agissait pas d'un lancement depuis un sous-marin.

Si la vidéo diffusée le 9 janvier n'a pas été datée, selon le site américain Washington Free Beacon ce tir aurait été réalisé quelques semaines plus tôt, le 21 décembre, à proximité du port de Sinpo, sur la côte Est de la Corée.

Pour leur part, les Américains ont décidé, selon eux en représailles à l'essai nucléaire nord-coréen, de procéder, comme lors de la crise du printemps 2013, au survol par la Corée, le 10 janvier, d'un bombardier B-52 pouvant transporter des missiles nucléaires. Selon le commandement militaire américain, le bombardier a décollé de la base aérienne d'Anderson sur l'île de Guam, puis survolé la région d'Osan,  située à 40 km au sud de Séoul, avant de retourner sur Guam. L'appareil était accompagné par un chasseur sud-coréen F-15k et un chasseur américain F-16.

Le bombardier B-52 peut transporter 35 bombes conventionnelles et 12 missiles de croisière. Il peut aussi lâcher des missiles nucléaires air-sol d'une portée de 200 km et des missiles de croisière aéroportés d'une portée de 2 500 à 3 000 km.

Le bombardier B-52 peut transporter 35 bombes conventionnelles et 12 missiles de croisière. Il peut aussi lâcher des missiles nucléaires air-sol d'une portée de 200 km et des missiles de croisière aéroportés d'une portée de 2 500 à 3 000 km.

Sources :

Lire aussi, sur le site de l'AAFC, à propos du survol de la Corée par des bombardiers américains en mars 2013 :

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7 janvier 2016 4 07 /01 /janvier /2016 22:06

Après l'essai nucléaire du 6 janvier 2016 - que la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a présenté comme étant pour la première fois celui d'une bombe H - le Conseil de sécurité des Nations Unies a envisagé le soir même, à l'unanimité, l'adoption de nouvelles sanctions contre la RPD de Corée - dont l'élaboration pourrait prendre à nouveau plusieurs semaines. Par ailleurs, de nombreux commentateurs ont repris l'analyse des armées américaine et sud-coréenne, selon lesquelles il ne s'agissait pas de l'explosion d'une bombe à hydrogène. Mais il y a plus significatif que la réaction, attendue, du Conseil de sécurité des Nations Unies, et le débat (pas non plus nouveau s'agissant de l'arsenal balistique et nucléaire de la RPDC) sur la nature de l'essai nord-coréen, qui tend à occulter le fait que le programme nucléaire de la RPDC continue de se développer bien qu'elle soit déjà le pays le plus sanctionné au monde -  ce qui, du reste, met en question l'efficacité de cette politique de sanctions. En revanche, ce qui est nouveau est la décision très rapide, dès le lendemain, de Washington et de Séoul de s'engager dans une escalade militaire, faisant ainsi peser de graves risques d'affrontements dans la péninsule coréenne.

A été annoncé le déploiement en Corée de bombardiers américains B52, qui ont largué de nombreuses bombes au napalm pendant la guerre du Vietnam.

A été annoncé le déploiement en Corée de bombardiers américains B52, qui ont largué de nombreuses bombes au napalm pendant la guerre du Vietnam.

Pour justifier la poursuite de son programme nucléaire avec l'essai réalisé le 6 janvier 2016, les autorités nord-coréennes avaient dénoncé la politique hostile des Etats-Unis et de leurs alliés. Elles invoquent aussi fréquemment le précédent des guerres d'Irak en 2003 et de Libye en 2011, qui les ont convaincues que seule une force de dissuasion crédible les protègera d'une attaque américaine. La réaction de Washington valide manifestement l'absence de volonté américaine de s'engager sur la voie de la paix, du dialogue et du désarmement : sans même attendre l'adoption de sanctions nouvelles par le Conseil de sécurité, les Etats-Unis ont annoncé unilatéralement le renforcement de leur dispositif militaire dans la péninsule coréenne, en laissant le soin de cette annonce à l'armée sud-coréenne, subordonnée au commandement militaire américain en cas de conflit.

Selon la Défense sud-coréenne, les moyens supplémentaires déployés par Washington consisteraient différentes armes : sous-marin nucléaires, chasseurs F-22 et bombardiers B-52 - alors que se poursuit par ailleurs la construction de la base navale dans l'île de Jeju, qui pourra accueillir un porte-avions que ne possède pas la Corée du Sud - contrairement à la flotte américaine.

Enfin, le gouvernement sud-coréen a annoncé qu'il reprendrait ses émissions de propagande par les hauts-parleurs disposés le long du trente-huitième parallèle qui sépare les deux parties divisées de la péninsule. En août 2015, la propagande sud-coréenne par haut-parleur avait entraîné une flamblée de tensions, heureusement conclue par un accord Nord-Sud : Séoul saisit ainsi l'opportunité de l'essai nucléaire nord-coréen pour remettre en cause cet accord, et relancer sa propagande. 

Après avoir condamné une nouvelle fois le programme nucléaire nord-coréen, la Chine a encore appelé l'ensemble des parties à la retenue - tout en sachant pertinemment que la base militaire de Jeju et le renforcement du dispositif américain en Corée la visent directement, au-delà de l'argument du programme nucléaire et balistique nord-coréen. Elle a ainsi réitéré son souhait d'une reprise du dialogue à six (les deux Corée, les Etats-Unis, le Russie, le Japon et elle-même) sur le dossier nucléaire en Corée, interrompu depuis 2009 - mais comment pourrait-elle être entendue alors que l'armée américaine annonce qu'elle-même déploiera de nouveaux vecteurs nucléaires au large de la Corée ?

Un des meilleurs connaisseurs américains de la Corée du Nord, l'ancien gouverneur du Nouveau-Mexique Bill Richardson a observé, au lendemain de l'essai nucléaire du 6 janvier 2016, que la RPD de Corée voulait probablement un accord de sécurité avec les Etats-Unis couvrant les armes nucléaires, comme récemment l'Iran - sa démarche s'inscrivant dans une volonté d'être en position de force à la table des négociations. Une telle prise de position est rationnelle : face à l'échec des politiques de sanctions pour atteindre l'objectif d'une dénucléarisation de la Corée du Nord, il serait temps de prendre sérieusement en considération la voie alternative du dialogue, en tenant compte des attentes de Pyongyang dont les exigences de sécurité sont rationnelles. A l'opposé de la voie de l'escalade où a choisi de s'engager Washington, les négociations apparaissent bien comme la seule option viable pour tous ceux qui souhaitent sincèrement la paix et le désarmement, dans une Asie du Nord-Est qui serait enfin libérée des armes nucléaires.

Principale source :

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6 janvier 2016 3 06 /01 /janvier /2016 12:36

Le 6 janvier 2016, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a annoncé avoir testé avec succès sa première bombe à hydrogène (bombe thermonucléaire), ou "bombe H". Il s'agit du quatrième essai nucléaire de la RPD de Corée, après ceux du 9 octobre 2006, du 25 mai 2009 et du 12 février 2013 qui avaient entraîné la mise en place d'un régime international de sanctions contre la RPD de Corée. L'essai du 6 janvier 2015 a ainsi suscité de fermes critiques des Etats-Unis et de leurs alliés, ainsi que des autres membres du Conseil de sécurité des Nations Unies, qui doit se réunir le même jour. Pour sa part, Pyongyang a réaffirmé son droit à l'autodéfense face à la politique hostile des Etats-Unis.

L'annonce du premier essai nucléaire de bombe à hydrogène par la Corée du Nord - par la présentatrice Ri Chun-hee - a été suivie dans le monde entier (ici, en Corée du Sud).

L'annonce du premier essai nucléaire de bombe à hydrogène par la Corée du Nord - par la présentatrice Ri Chun-hee - a été suivie dans le monde entier (ici, en Corée du Sud).

Selon la RPDC, l'essai nucléaire a été conduit le 6 janvier 2016 au moyen d'une bombe miniaturisée à 10 heures (heure locale), par des technologies qu'elle a développées en propre. La Corée du Nord se félicite d'ainsi accéder au club des pays avancés en matière de technologie nucléaire.

Selon l'agence nord-coréenne KCNA, il s'agit d'une mesure d'autodéfense rendue nécessaire par la politique hostile des Etats-Unis, tandis qu'était rappelé l'attachement de Pyongyang à la paix et à la sécurité régionale qui implique, toujours selon KCNA, une politique de dissuasion nucléaire :

Cet essai est une mesure d'autodéfense prise par la RPDC pour protéger fermement la souveraineté du pays et le droit vital qu'a chaque nation de se protéger contre la menace nucléaire et le chantage toujours grandissants des forces hostiles conduites par les Etats-Unis, et pour sauvegarder de manière fiable la paix dans la péninsule coréenne et la sécurité régionale.

http://www.kcna.kp/

La RPD de Corée a réaffirmé qu'elle était une puissance nucléaire souveraine, excluant l'usage en premier d'armes nucléaires ainsi que les transferts de technologies :

La RPDC, qui est un Etat nucléaire responsable, n'utilisera jamais d'armes nucléaires en premier et ne transfèrera en aucunes circonstances les moyens et les technologies nécessaires, comme elle l'a déjà affirmé.

http://www.kcna.kp/

La condamnation rapide par les Etats-Unis et la communauté internationale n'est pas nouvelle. L'essai nucléaire nord-coréen intervient dans un contexte de blocage du dialogue, après que les propositions nord-coréennes de revenir à la table des négociations se sont heurtées à une fin de non-recevoir par Washington, qui avait posé des conditions préalables dont il savait qu'elles étaient inacceptables. De même, la proposition de la RPDC de conclure un traité de paix avec les Etats-Unis, réitérée en 2015, avait été rejetée par la Maison Blanche.

Dans ce contexte, la Corée du Nord a poursuivi le développement de son programme nucléaire, dont l'étape suivante était de se doter de la bombe H - suivant une annonce faite en ce sens, en décembre 2015, par le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un. Les experts militaires occidentaux avaient alors mis en doute la maîtrise par la RPDC de la technologie de la bombe H. Le 6 janvier 2016, ils ont annoncé avoir détecté des mouvements sismiques sur le site de Punggye-ri à l'heure annoncée de l'essai nucléaire, tout en précisant qu'ils devaient conduire des recherches supplémentaires quant à sa nature et à sa portée.

Source (outre KCNA)

En plus de ces essais, Israël ou l'Afrique du Sud, voire les deux conjointement, auraient effectué un essai le 22 septembre 1979 dans l'océan Indien.

En plus de ces essais, Israël ou l'Afrique du Sud, voire les deux conjointement, auraient effectué un essai le 22 septembre 1979 dans l'océan Indien.

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15 décembre 2015 2 15 /12 /décembre /2015 23:37

Les huit filles du groupe sud-coréen "Oh my girl" ont été refoulées des Etats-Unis, ayant été détenues à l'aéroport de Los Angeles avant de retourner en Corée. Selon leur maison de production WM Entertainment, les douaniers les auraient prises pour des travailleuses du sexe, en raison de leur jeune âge.

Les chanteuses de "Oh my girl" refoulées des Etats-Unis... car soupçonnées d'être des travailleuses du sexe

Elles étaient venues aux Etats-Unis pour faire le shooting de la couverture de leur album. Mais les huit filles du girlsband Oh My Girl n'ont pas été admises sur le territoire américain. Après que leurs habits et leurs accessoires eurent été fouillés, elles ont été détenues pendant quinze heures, ayant été soupçonnées d'être des travailleuses du sexe, selon le communiqué publié par leur agence.

Le groupe devait également se produire, le lendemain de son arrivée, lors d'une soirée de gala.

Si l'attitude des douaniers américains est extrêmement regrettable, elle renvoie aussi à la question de l'emploi de personnes de plus en plus jeunes par les sociétés sud-coréennes productrices de musique K-Pop - avec des mises en scène sexuelles parfois quasi-explicites. Leur exploitation par la société du spectacle mérite pour le moins débat, quant à leurs droits et à leur statut.

Par ailleurs, le groupe venant d'être nouvellement créé, cette publicité imprévue pourrait finalement constituer une aubaine pour WM Entertainement.

Source :

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29 novembre 2015 7 29 /11 /novembre /2015 00:15

Si la visite en France de la Présidente sud-coréenne Mme Park Geun-hye à l'occasion de la conférence de Paris sur le climat (COP21) ne peut soulever cette année aucune protestation dans la rue - toutes les manifestations étant interdites depuis les attentats terroristes du 13 novembre 2015 - sa répression féroce des opposants soulève des protestations de plus en plus visibles en Amérique du Nord - davantage en tout cas qu'en France, malgré l'influence croissante du Comité international pour les libertés démocratiques en Corée du Sud, qui s'est constitué cette année à Paris. Cette vigilance outre-Atlantique sur les atteintes aux droits de l'homme dans le Sud de la Corée n'est pas nouvelle : si, à la fin des années 1970, le Président Jimmy Carter avait tenté - en vain - d'infléchir le soutien inconditionnel US à la junte militaire alors dirigée par le père de l'actuelle présidente, en déplorant son bilan déplorable dans le domaine des libertés publiques et de la démocratie, une réelle prise de conscience avait alors commencé à émerger dans la société américaine, où vit une communauté coréenne de 2 millions de membres. Aujourd'hui, alors que chaque jour apporte son lot de mauvaises nouvelles quant au cours autoritaire qu'imprime Mme Park à la politique sud-coréenne, c'est à nouveau un des principaux quotidiens américains, le New York Times, qui s'est illustré en consacrant un éditorial, le 19 novembre dernier, à la dérive anti-démocratique de la Corée du Sud contemporaine, intitulé "La Corée du Sud prend pour cibles les opposants". Nous publions ci-après, traduits de l'anglais, de larges extraits de cet éditorial.

Les manifestations à Séoul du 14 novembre 2015, contre le révisionnisme historique des livres scolaires (visant à présenter sous un jour favorable le régime ultra-autoritaire du général Park Chung-hee, père de l'actuelle présidente), et les réformes visant à la déréglementation accrue du marché du travail, ont servi de prétexte au déclenchement d'une nouvelle vague de répression, à présent dirigée d'abord contre l'unique syndicat qui s'était opposé au corporatisme de feu le régime militaire, après l'interdiction du principal parti de gauche en décembre 2014.

Les manifestations à Séoul du 14 novembre 2015, contre le révisionnisme historique des livres scolaires (visant à présenter sous un jour favorable le régime ultra-autoritaire du général Park Chung-hee, père de l'actuelle présidente), et les réformes visant à la déréglementation accrue du marché du travail, ont servi de prétexte au déclenchement d'une nouvelle vague de répression, à présent dirigée d'abord contre l'unique syndicat qui s'était opposé au corporatisme de feu le régime militaire, après l'interdiction du principal parti de gauche en décembre 2014.

Les Sud-Coréens peuvent être fiers d'avoir transformé une dictature en une démocratie vivante (...) C'est pourquoi il faut s'alarmer des intentions manifestes de la Présidente Park Geun-hye de revenir en arrière s'agissant des libertés démocratiques (...).

Le week-end dernier, des dizaines de milliers de Sud-Coréens ont battu le pavé pour refuser deux initiatives répressives du Gouvernement. La première vise à remplacer les manuels scolaires d'histoire des écoles sud-coréennes, aujourd'hui choisis de manière indépendante, par des manuels diffusés par le Gouvernement. La seconde consiste à modifier la législation sur le travail pour faciliter les licenciements par les conglomérats financiers dont le capital est familial.

Mme Park tente également de contrôler les critiques et les oppositions sur les médias sociaux et Internet. Samedi, Lee Sir-goo, co-dirigeant de l'application de messagerie en ligne la plus populaire en Corée du Sud, a dû démissionner. Il est menacé de poursuites pénales pour n'avoir pas empêché des adolescents de publier des photos obscènes, mais des voix critiques affirment que le véritable objectif est de le punir pour avoir résisté aux efforts de surveillance [d'Internet] du Gouvernement et refusé de limiter l'expression des opinions critiques vis-à-vis du Gouvernement.

Mme Park est la fille du Général Park Chung-hee, un ancien officier de l'armée impériale japonaise pendant l'époque coloniale et le dictateur militaire de la Corée du Sud de 1961 à 1979. Réhabiliter son père apparaît comme son unique objectif pour que les élèves sud-coréens apprennent une version de leur histoire nationale étouffant la vérité - tout particulièrement pendant l'époque où les libertés démocratiques étaient vues comme un obstacle à l'industrialisation.

(...) Le plus grand risque pour la réputation internationale de la Corée du Sud n'est pas économique mais politique, à savoir la main lourde de Mme Park dans ses tentatives pour réécrire l'histoire et écraser les oppositions.

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23 octobre 2015 5 23 /10 /octobre /2015 16:39

Le 17 octobre 2015, le ministère des Affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a publié une déclaration appelant les Etats-Unis à remplacer l'accord d'armistice ayant mis fin aux combats de la Guerre de Corée en 1953 par un véritable traité de paix. Le 1er octobre, à la tribune de la 70e Assemblée générale des Nations Unies, le ministre des Affaires étrangère de la RPDC, Ri Su-yong, avait déjà rappelé que la paix sur la péninsule coréenne est très fragile et que, si les Etats-Unis consentent à changer l'accord de trêve en traité de paix, la RDP de Corée est prête à avoir un dialogue constructif avec eux. Hélas, l'administration du président américain Barack Obama - prix Nobel de la paix 2009 - s'entête à refuser la conclusion d'un tel traité pourtant de nature à garantir une paix durable dans un des principaux foyers de tension du monde. La perspective d'une paix véritable en Corée n'est pourtant pas une vue de l'esprit, comme le prouve, par exemple, le projet rédigé en 2008 par des juristes sud-coréens, et relayé en France par l'Association d'amitié franco-coréenne. Encore faut-il que toutes les parties en présence veuillent la paix, ce qui, à l'évidence, n'est pas le cas des Etats-Unis.

Le ministre des Affaires étrangères de la RPD de Corée, Ri Su-yong, s'exprimant à la 70e Assemblée générale des Nations Unies le 1er octobre 2015

Le ministre des Affaires étrangères de la RPD de Corée, Ri Su-yong, s'exprimant à la 70e Assemblée générale des Nations Unies le 1er octobre 2015

Voici la traduction française de la déclaration du ministère des Affaire étrangères de la RPDC en date du 17 octobre 2015, à partir de la version anglaise diffusée par l'agence nord-coréenne KCNA :

Comme le monde le sait déjà, la RPDC a exposé clairement lors de la récente 70e Assemblée générale des Nations Unies sa position juste et honnête quant au remplacement de l'Accord d'armistice en Corée par un traité de paix.
Cela était rendu nécessaire par le besoin urgent de désamorcer les risques d'une guerre provoquée par les menaces potentielles dans la péninsule coréenne et de créer un climat pour une paix durable.
La situation qui a prévalu dans la péninsule en août dernier, quand un accident mineur a créé une situation délicate, a brusquement apporté la preuve définitive que l'actuel Accord d'armistice ne peut plus prévenir un conflit ni désamorcer les risques de guerre.
Un accord a été signé par le Nord et le Sud au prix de nombreux efforts grâce à l'attitude éprise de paix et à la patiente persévérance de la RPDC, mais il n'existe aucune garantie que l'accord sera maintenu et mis en application comme souhaité.
Cela est dû au fait que les autorités sud-coréennes, partie à l'accord, ne disposent d'aucune prérogative quant au commandement des forces armées en Corée du Sud et ne sont pas en position de refuser les exercices militaires conjoints imposés par les Etats-Unis.
Il est absolument clair que si un conflit éclate à nouveau dans la zone entourant la Ligne de démarcation militaire suite à l'escalade des tensions, il dégénérera en une incontrôlable guerre totale.
Le cours des négociations tenues jusqu'à présent pour régler la question de la péninsule coréenne a démontré qu'aucune question intéressant les pays impliqués, y compris les Etats-Unis, ne peut être réglée sans la conclusion préalable d'un traité de paix.
La RPDC a autrefois discuté de la question de la dénucléarisation dans le cadre des pourparlers à six, tenant compte de l'affirmation des pays concernés selon laquelle cette question devait être d'abord traitée, et elle a simultanément discuté des moyens d'assurer la paix. Mais toutes ces négociations ont été vaines et, même si un accord partiel a été atteint, il n'a pas été mis en application.
Cela a été principalement dû à la persistance de la politique hostile des Etats-Unis à l'égard de la RPDC et à leurs provocations militaires telles que les exercices militaires menés à grande échelle et l'introduction de moyens de frappes nucléaires en Corée du Sud, leur plus vive manifestation, qui ont périodiquement gelé l'atmosphère de toute négociation et accru les tensions dans la péninsule.
Afin de mettre un terme définitif au cycle néfaste de l'escalade de la confrontation et des tensions il est nécessaire, avant toute chose, de remplacer l'Accord d'armistice par un traité de paix. Telle est la conclusion qu'en tire la RPDC.
Il y a deux moyens d'assurer la paix dans la péninsule.
Le premier est le moyen issu de la Guerre froide, qui voit la RPDC être dans l'obligation de renforcer de toutes les façons sa capacité d'autodéfense avec sa force nucléaire comme pivot afin de faire face à la menace nucléaire et aux provocations guerrières croissantes des Etats-Unis.
C'est entièrement grâce à la force de dissuasion nucléaire de la RPDC qu'une guerre totale est évitée dans la péninsule en état de cessez-le-feu.
Le second moyen consiste pour les Etats-Unis à renoncer à leur politique hostile à l'égard de la RPDC et à répondre à l'appel visant à signer un traité de paix avec elle afin d'assurer un paix véritable et durable basée sur la confiance.
Le remplacement de l'Accord d'armistice par un traité de paix est une question pour laquelle les Etats-Unis doivent prendre une sage décision afin qu'un accord de principe puisse être conclu entre la RPDC et les Etats-Unis, pour commencer.
Les Nations Unies, de leur côté, devraient apporter leur soutien positif à la signature d'un traité de paix et ainsi assumer leur responsabilité pour mettre fin à une situation anormale qui voit un de leurs pays membres être techniquement en guerre avec le "Commandement des Nations Unies" dans la péninsule coréenne.
Si l'instauration de la confiance entre la RPDC et les Etats-Unis aide à éliminer la source d'une guerre imminente, il est possible de mettre un terme final à la course aux armements nucléaires et de renforcer la paix.
Les Etats-Unis devraient abandonner l'idée de fuir sans raison la signature d'un traité de paix et avoir la prudence de faire le bon choix.
Si les Etats-Unis évitent de signer un traité de paix ou posent des conditions à l'heure où la situation dans la péninsule est à la croisée des chemins, cette attitude montrera clairement au monde qu'ils n'ont pas l'intention de renoncer à leur politique hostile à l'égard de la RPDC.
Si les Etats-Unis persistent dans leur politique hostile, ils ne feront qu'assister au renforcement illimité de la force de dissuasion nucléaire de la RPDC et à l'augmentation de ses forces armées révolutionnaires capables d'affronter toute forme de guerre qu'ils auront provoquée. 

L'administration américaine a décliné cette offre de la RPDC. Interrogé le 20 octobre par la commission des relations internationales du Sénat, l'ambassadeur Sung Kim, émissaire spécial du département d'Etat pour la Corée du Nord - et ancien ambassadeur des Etats-Unis en Corée du Sud -, a déclaré que les Etats-Unis ne sont pas intéressés par des négociations sur un traité de paix et font du programme nucléaire nord-coréen la question prioritaire :

En ce qui concerne la proposition de la Corée du Nord d'entamer les pourparlers sur un traité de paix, nous ne sommes pas intéressés de nous engager dans de telles discussions. La question nucléaire est prioritaire pour nous. Je crains que les Nord-Coréens ne choisissent des priorités erronées en proposant de sauter plusieurs marches, plusieurs marches très importantes, et de commencer directement des négociations sur un traité de paix.

Tous les pays ayant participé, de 2003 à 2008, aux négociations à six (deux Corée, Etats-Unis, Chine, Russie et Japon) sur le programme nucléaire nord-coréen ne sont pourtant pas de cet avis.

Ainsi, pour l'ambassadeur de la Fédération de Russie en Corée du Sud, Alexander Timonin, interrogé le 22 octobre par l'agence sud-coréenne Yonhap, le fait que la Corée du Nord a demandé à nouveau un traité de paix avec les Etats-Unis est à prendre en considération :

A mon avis, cela est certainement à noter, car la proposition vise à renforcer la paix sur la péninsule coréenne. La situation de cessez-le-feu ralentit la coopération entre le Sud et le Nord. Je pense que la reprise des pourparlers à six ne doit pas être liée à des conditions préalables. C'est la raison pour laquelle je pense que la proposition de Pyongyang est à noter. Je pense que cette proposition peut contribuer à créer un environnement pour la confiance sur la péninsule coréenne.

Compte tenu de la disproportion des forces en présence dans une péninsule coréenne techniquement en état de guerre et où les Etats-Unis stationnent toujours 28 000 soldats, en plus de moyens aéronavals déployés dans toute la région Asie-Pacifique, l'arme nucléaire apparaît pour la Corée du Nord comme un moyen de dissuasion rationnel. Cette doctrine de dissuasion, « du faible au fort », n'est d'ailleurs pas sans évoquer celle voulue pour la France en son temps par le général de Gaulle.

La question d'une paix véritable et durable en Corée est donc bien la question prioritaire, le programme nucléaire militaire nord-coréen étant une des conséquences de l'absence de paix. En feignant de l'ignorer, l'administration du prix Nobel de la paix 2009 Barack Obama ne fait qu'entretenir un foyer de tension en Asie du Nord-Est. Mais tel est peut-être le but recherché par les Etats-Unis, tant cette région est désormais un enjeu stratégique majeur pour eux.

 

Sources :

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