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26 février 2013 2 26 /02 /février /2013 00:10

Le 25 février 2013, Park Geun-hye (Parti Saenuri, droite) - fille du général Park Chung-hee, qui a gouverné la Corée d'une poigne de fer de 1961 à 1979 - a prêté serment comme nouvelle présidente de la République de Corée (du Sud), après son élection le 19 décembre 2012. Si les médias occidentaux et sud-coréens ont principalement retenu son discours de fermeté vis-à-vis de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), dans un contexte de montée des tensions intercoréennes, et plus rarement son peu d'empressement jusqu'à présent à mettre en avant ses promesses sociales, un point a été systématiquement occulté : les soupçons non seulement de fraude qui pèsent sur son élection, et dont fait état une tribune d'expression directe publiée par l'hebdomadaire L'Express, et dont nous rendons compte des principaux éléments ci-après.

 

park-geun-hye_en-campagne-a-incheon.jpg

 

Qu'il y ait eu manipulation des médias et intervention des services de renseignement dans l'élection de Mme Park Geun-hye ne peut être que la conséquence du recul des libertés publiques durant le mandat de son prédécesseur conservateur Lee Myung-bak (2008-2013). A l'AAFC, nous avons très tôt rendu compte des atteintes à la liberté d'expression, marquées notamment par l'arrestation du blogueur Minerve et la mise en cause du producteur de télévision Lee Chung-geun. Les animateurs de la très populaire émission satirique "Nakkomsu" ont aussi été la cible de plaintes du pouvoir politique et judiciaire et, à nouveau, des services de renseignement. Cette politique s'est caractérisée par un recours étendu à la loi de sécurité nationale pour faire taire les voix d'opposants, accusés sans preuves d'être des relais de la Corée du Nord, des arrestations de militants favorables à la réunification, la nomination de proches du chef de l'Etat à la tête de grands médias (chaînes de télévision MBC, KBS et YTS, entraînant une grève des personnels de MBC ayant duré 170 jours en 2011), ainsi que des pressions et des sanctions à l'encontre des journalistes : selon le Syndicat national des journalistes sud-coréens, le quinquennat de Lee Myung-bak s'est soldé par 21 licenciements de journalistes, 135 suspensions d'exercice ainsi que 66 réductions de salaires.

 

L'ONG américaine The Freedom House a classé la Corée du Sud au 70e rang sur 196 en matière de liberté de la presse en 2011, la considérant désormais comme "partiellement libre" après que le recul enregistré en 2010 eut été un des plus importants au monde.

 

Dans la dernière campagne présidentielle sud-coréenne, nous avions ainsi déploré l'intervention des services secrets pour déstabiliser - et obtenir le retrait - d'un des adversaires les plus dangereux de Park Geun-hye, l'indépendant Ahn Cheol-su, ainsi que pour poster des messages Internet sous de faux identifiants. En France, cette pratique donne d'ailleurs lieu à des procès lorsqu'elle sert de couverture à des propos de nature calomnieuse émis par des personnes, fussent-elles sud-coréennes et ne résidant pas dans notre pays, si des citoyens français sont mis en cause.

 

Le 24 janvier 2013, Pyo Chang-won, professeur de l'Ecole de la police et spécialiste de la psychologie criminelle démis de ses fonctions par le gouvernement Lee Myung-bak en 2012, a donné une conférence au titre explicite : "Soupçons d'implication des renseignements sud-coréens dans l'élection [présidentielle de 2012] : comment élucider la vérité sur cette affaire ?". 

 

Le plus grave porte peut-être sur les soupçons de fraude dans le mode de dépouillement automatique - et non manuel, en violation de la loi électorale - qui a été utilisé, à travers des machines dites de tri automatique reliées à un système informatique de centralisation des résultats. Toute ressemblance avec une certaine élection présidentielle américaine, qui s'est jouée en Floride sur des bulletins litigieux dans l'Etat gouverné par le frère d'un des candidats, ne saurait être que fortuite...

 

Faut-il y voir une explication entre l'écart net entre les deux principaux protagonistes du scrutin (3,5 % selon les résultats officiels) et l'impossibilité de les départager, car leurs résultats étaient situés dans la marge d'erreur, d'après les sondages sortis des urnes ? En effet, ces sondages réalisés après le vote sont fiables dans tous les pays démocratiques, sauf sous-déclaration en faveur d'un candidat placé aux extrêmes, ce qui n'était pas le cas de la Corée du Sud en décembre 2012 et n'a d'ailleurs pas été observé lors des précédents scrutins sud-coréens de l'ère démocratique.

 

Un recomptage manuel des bulletins, total ou partiel, est évidemment possible et constitue l'option retenue dans toutes les démocraties occidentales. Pas en Corée du Sud. Les graves accusations de fraude, et donc de détournement de la volonté des électeurs, ne peuvent donc être à ce jour ni confirmées, ni infirmées.

 

Source : L'Express (dont photo).

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