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1 décembre 2022 4 01 /12 /décembre /2022 22:22

Dans le n° 676 (novembre 2022) de Planète Paix, mensuel du Mouvement de la paix, Kim Junghee, Coréenne et par ailleurs membre du bureau de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC), signe un article "La Corée est une et indivisible !" où elle plaide pour la paix dans la péninsule coréenne, dans la continuité de ses engagements avec l'AAFC. Comme l'observe le comité de rédaction de Planète Paix, "Kim Junghee, Coréenne, réclame la paix sur la péninsule coréenne alors que les Coréens sont divisés depuis plus de 76 ans. Il nous faut nous réconcilier, surmonter la guerre idéologique et éviter de devenir des victimes des compétitions ou des guerres des pays des grandes puissances, le Nord-Est de l’Asie ne devant pas être un de leurs terrains de jeux". Nous reproduisons ci-après l'article de Kim Junghee in extenso.

Kim Junghee

Kim Junghee

Nous, Coréens occupons de manière continue la péninsule coréenne depuis 5 millénaires. Mais le Japon militaro-impérialiste nous a colonisés pendant 35 ans de 1910 à 1945, le nombre de Japonais présents culminant à 700 000. En 1945, malgré la défaite japonaise nous avons été divisés par les grandes puissances vainqueurs.

La Corée : un trophée de guerre pour les États-Unis et l’URSS

La Corée a été divisée : les Américains au sud du 38e parallèle et les Soviétiques au nord, en méconnaissance de l’avis des Coréens, pourtant les principaux intéressés. Les Coréens ont été interdits de franchir le 38e parallèle – beaucoup ne pouvant plus rentrer chez eux. Puis nous avons subi une guerre fratricide, qui s’est internationalisée avec l’intervention de troupes étrangères, y compris françaises aux côtés du Sud et des Américains.

Cette guerre effroyable de trois années a causé des destructions énormes dans toute la Corée et scellé la division. L’armistice de la guerre de la Corée a été signé d’un côté par la Corée du Nord et la Chine, de l’autre par les troupes de l’ONU sous commandement américain. Le gouvernement sud-coréen a alors refusé de signer l’armistice, en voulant envahir la Corée du Nord pour récupérer la péninsule tout entière.

28 000 militaires américains en Corée du Sud

Ensuite la Corée du Sud a passé un pacte de défense mutuelle avec les Américains, permettant l’installation de bases militaires et d’équipements américains sur son sol – quand pour sa part la Corée du Nord s’est affranchie des troupes étrangères. Les États-Unis ont commencé à installer des armes nucléaires à partir de 1958 : 900 têtes étaient installées avant le retrait de 1991, ayant dissimulé la nucléarisation de la Corée à l’opinion publique pendant des décennies.

La plus grande base militaire des États-Unis en dehors du sol américain se trouve en Corée du Sud, d’une superficie de 1432 ha au camp Humphrey à P’yŏngt’aek - et il y a encore une soixantaine de bases plus petites. 28 000 militaires américains sont en Corée, leurs déplacements depuis les États-Unis comme les acheminements d’armes étant tenus secrets. Les Américains ont dû reconnaître la présence d’armes chimiques et bactériologiques après un scandale lié l’anthrax. Des crimes ont été commis par les troupes américaines, comme le viol de femmes ou le meurtre de jeunes gens écrasés par les véhicules militaires. Le dernier mot sur la sécurité nationale de la Corée du Sud appartient aux États-Unis.

La clé de la réunification

En 2018 le monde a eu les yeux rivés sur les relations entre les États-Unis et la Corée du Nord. Finalement les négociations entre Donald Trump et Kim Jong-un ont échoué après le sommet de février 2019 à Hanoï. La clé de la réunification de la péninsule coréenne est dans la main des États-Unis car les intérêts américains sur le sol sud-coréen sont considérables. Ils y disposent d’infrastructures de guerre, comme les aéroports militaires, des ports accueillant les armadas américaines près de la Chine, les sites de missiles antibalistiques et de nombreux terrains d’entraînement. La docilité des Sud-Coréens est sans équivalent pour les Américains ailleurs dans le monde.

La réalité géopolitique est que la Corée du Nord est encerclée par quatre des plus grandes puissances mondiales : les États-Unis, le Japon, la Russie et la Chine. Le drame des 735 000 Coréens séparés par la division se termine par la mort de la plupart d’entre eux, sans avoir jamais pu revoir les membres de leur famille.

La famille est une source de vie et d’amour, et pour cette seule raison nous devons mobiliser les opinions publiques et agir pour favoriser la réunification de la Corée. En ce sens nous souhaitons que la France normalise ses relations avec la Corée du Nord pour construire un dialogue. L’humanisme doit primer sur les logiques militaires.

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19 novembre 2022 6 19 /11 /novembre /2022 23:19

Le 18 novembre 2022, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a procédé au lancement d'un nouveau missile balistique intercontinental (ICBM) de type Hwasong-17. Selon l'agence nord-coréenne KCNA, l'engin a parcouru 999,2 kilomètres et est monté à une altitude de 6 040,9 kilomètres, avant "d'atterrir avec précision dans la zone prédéfinie" en mer de l'Est. Ces données, pratiquement équivalentes à celles du tir de missile ICBM effectuée le 24 mars 2022 (le plus puissant effectué par la RPDC), ont confirmé les estimations qu'avaient données la République de Corée (Corée du Sud) et le Japon. 

Le missile sur son pas de tir (photo : KCNA)

Le missile sur son pas de tir (photo : KCNA)

Le tir a été supervisé par le Président Kim Jong-un, qui a été montré pour la première fois en compagnie d'une de ses filles - dans une démonstration de la continuité du pouvoir politique autour de la lignée du Mont Paektu. Pour les autorités nord-coréennes, il s'agissait de renforcer la capacité de dissuasion nucléaire face aux exercices militaires à répétition des Etats-Unis et de leurs alliés sud-coréens et japonais dénoncés comme des préparatifs d'invasion militaire, en répondant "résolument aux armes nucléaires par des armes nucléaires". Dès le lendemain du tir, un bombardier américain B-1B a été déployé dans la péninsule coréenne. Quelques semaines plus tôt, les Américains et les Sud-Coréens avaient mené les plus grands exercices aériens communs de leur histoire.

 

Le 19 novembre, le Conseil de sécurité des Nations unies a annoncé qu'il se réunirait le lundi 21 novembre. Un renforcement des sanctions contre la Corée du Nord apparaît cependant peu probable, compte tenu des divergences entre les Etats-Unis et leurs alliés d'une part, la Chine et la Russie d'autre part. Moscou et Pékin accusent Washington d'attiser les tensions dans la péninsule coréenne, alors que la guerre en Ukraine a rapproché la Chine et la Russie de la Corée du Nord. La question coréenne avait été abordée lors d'une rencontre entre Joe Biden et Xi Jinping le 14 novembre, en marge du sommet du G20 à Bali. Les échanges avaient été qualifiés de "sincères" - ce qui implique des divergences de vues en langage diplomatique.

 

Si l'attention se porte d'abord sur le programme nucléaire nord-coréen, le nouvel essai nucléaire de la RPDC annoncé depuis des mois par les experts n'a toujours pas eu lieu. En fait, comme l'ont observé Rodger Baker et Scott Kardas, experts de la société privée américaine de renseignement Stratfor, dont la société mère est la Rane Corporation, le point saillant de l'escalade en cours est le développement par Pyongyang d'une capacité de dissuasion basée sur des armes conventionnelles - et non plus seulement d'une dissuasion nucléaire - que traduisent les tirs répétés de missiles de courte portée. La Corée du Nord peut ainsi répondre aux manoeuvres militaires de Washington et de ses alliés "en gérant l'escalade". Toujours selon les deux experts, une dissuasion conventionnelle permet à Pyongyang "d'augmenter la pression sur ses adversaires de manière beaucoup moins susceptible de déclencher une guerre totale".  Si le risque que la situation ne dégénère en un conflit ouvert apparaît effectivement moindre, cette course aux manoeuvres militaires n'est toutefois susceptible de s'arrêter que si les deux parties s'accordent sur une désescalade - alors qu'aujourd'hui elles campent sur leurs positions. Le nouveau tir de missile ICBM du 18 novembre traduit en tout cas l'échec manifeste de la stratégie de pression maximale exercée sur la Corée du Nord pour empêcher de nouveaux progrès de ses programmes nucléaires et balistiques, et la forcer à s'engager sur la voie de sa dénucléarisation. 

 

Sources : 

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6 novembre 2022 7 06 /11 /novembre /2022 14:11

Dans notre édition du 28 août 2022 nous dénoncions fermement l'émission d'un mandat d'arrêt par le FBI contre le Britannique Christopher Emms, poursuivi pour avoir participé à une conférence internationale sur la blockchain en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) en avril 2019. Cette mesure intervenait après une première condamnation - celle de Virgil Griffith, développeur d'Ethereum. Christopher Emms a finalement pu quitter l'Arabie Saoudite, où il était emprisonné puis retenu contre caution depuis février 2022, et se rendre en Russie - signant l'échec des autorités américaines à obtenir son extradition. Nous nous réjouissons de cet heureux développement pour Christopher Emms, en continuant d'appeler à ce que soit mis fin au mandat d'arrêt émis contre lui pour des motifs inacceptables. Il pourrait alors rejoindre son pays et les siens. 

Photo de Christopher Emms sur son compte Twitter

Photo de Christopher Emms sur son compte Twitter

Christopher Emms a déclaré que "le Royaume-Uni aurait mis un joli petit ruban sur [lui] et l'aurait envoyé dans une prison américaine pendant 20 ans". Dans ce contexte, il a déclaré que la Russie était son "domicile dans un avenir prévisible", en ajoutant que les autorités russes lui avaient proposé de résider en Russie, mais qu'il ne travaillait pas pour le gouvernement russe.

L'intervention en sa faveur du parlementaire Crispin Blunt (conservateur) a manifestement joué pour que les autorités britanniques se soucient (enfin) du sort d'un de leurs ressortissants. La représentante de Christopher Emms, Radha Stirling, de l'ONG Due Process International, a en effet salué le "soutien continu" du gouvernement britannique pour que l'interdiction de voyager de l'informaticien britannique soit levée, en déclarant :

Nous sommes soulagés que les autorités saoudiennes aient finalement rejeté la demande d'extradition américaine, qui n'avait pas de base légale solide ; et nous apprécions fortement l'intervention britannique dans cette affaire, ainsi que la coopération établie avec les Saoudiens.

Mais pour que Christopher Emms, désormais dans un pays sûr, puisse retrouver une vie normale, il faut que la notice rouge d'Interpol le visant soit abrogée. Ses défenseurs vont à présent s'y employer.

Source : 

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2 novembre 2022 3 02 /11 /novembre /2022 22:58

Le 2 novembre 2022 la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a procédé à un nombre record de tir de 23 missiles en une journée. Elle réagissait ainsi à l'engagement tout aussi exceptionnel de 240 avions de guerre dans le cadre des exercices militaires "Tempête vigilante" menés conjointement entre les Etats-Unis et la République de Corée (Corée du Sud) depuis le 31 octobre. 

Opération "Tempête vigilante"

Opération "Tempête vigilante"

Même si Washington et Séoul prétendent - comme toujours - que leurs manoeuvres militaires conjointes ont un caractère purement défensif, le nom choisi n'est probablement pas des plus heureux : depuis le 31 octobre et jusqu'au 4 novembre l'opération "Tempête vigilante" évoque celle "Tempête du désert" conduite contre l'Irak en janvier-février 1991.  

Alors que le deuil national décrété après la terrible bousculade à Itaewon n'a pas conduit à suspendre ces exercices militaires, leur ampleur est inhabituelle : 1 600 vols doivent être effectués en cinq jours par 240 avions américains et sud-coréens.

Sans surprise, la Corée du Nord a dénoncé une nouvelle fois ces manoeuvres comme une provocation et la préparation d'une invasion de son territoire, arguant de son droit à la légitime défense. En conséquence, 23 missiles ont été tirés par Pyongyang au cours de la seule journée du 2 novembre. Un des missiles ayant atterri de manière inhabituelle (même s'il y a des précédents) à proximité des eaux territoriales sud-coréennes - alors que le tracé de la frontière maritime est un sujet de contentieux, non résolu depuis l'armistice de 1953, entre les deux Etats coréens - le président sud-coréen Yoon Seok-youl a dénoncé une "invasion territoriale de fait". La Corée du Sud a répliqué en tirant trois missiles air-sol.

Si cette escalade n'a heureusement fait aucune victime, la péninsule coréenne semble prise dans un engrenage : d'un côté, Washington et Séoul ne cessent de multiplier les manoeuvres militaires ; de l'autre, Pyongyang réagit par des tirs de missiles de plus en plus nombreux et de plus en plus sophistiqués. Alors que des spécialistes américains s'interrogent sur l'intérêt de changer d'approche sur la question nucléaire nord-coréenne, en renonçant à la position d'une dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible, le retour à la table des négociations ne passe pas par des initiatives de plus en plus hardies de part et d'autre - qui comportent toujours le risque de dégénérer, même s'il est improbable que l'une ou l'autre des deux parties souhaite à ce stade déclencher un conflit. Un gel des programmes nucléaire et balistique de la Corée du Nord, en contrepartie d'une levée partielle des sanctions, serait de nature à enclencher un dialogue, sur la voie d'un traité de paix dans la péninsule coréenne.


Sources :  

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29 octobre 2022 6 29 /10 /octobre /2022 10:46

Sous le titre "Est-il temps d'accepter la Corée du Nord comme une puissance nucléaire ?", la journaliste de CNN Paula Hancocks donne la parole à plusieurs experts de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) qui estiment que la position des Etats-Unis et de leurs alliés (une dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la Corée du Nord), qui aussi celle du Conseil de sécurité des Nations unies, ne correspond plus à la réalité. Dans ce contexte, il conviendrait de reconnaître la RPD de Corée comme une puissance nucléaire et s'efforcer plutôt de contrôler et de limiter le développement de son programme nucléaire militaire. Cette logique s'inscrirait dans une limitation globale des arsenaux militaires des différentes protagonistes, par un accord international. Elle n'a rien de nouveau ni d'exceptionnel - c'est ce qu'avaient négocié les Etats-Unis et l'URSS pendant la détente, à la fin de la guerre froide - mais a été jusqu'à présent refusée par les Etats-Unis et leurs alliés vis-à-vis de Pyongyang, tout en acceptant en revanche qu'Israël, l'Inde et le Pakistan soient des puissances nucléaires.

Kim Jong-un inspectant un tir de missile (KCNA, octobre 2022)

Kim Jong-un inspectant un tir de missile (KCNA, octobre 2022)

Alors qu'un nouveau essai nucléaire nord-coréen est considéré comme imminent par un certain nombre d'experts, et que les sanctions contre le programme nucléaire et balistique nord-coréen n'en ont pas empêché les progrès, la journaliste de CNN donne la parole à des spécialistes qui appellent à changer de politique.

Selon Jeffrey Lewis, professeur adjoint au centre James Martin des Etudes de Non-Prolifération à l'Institut Middlebury d'études des relations internationales à Monterey, il convient de reconnaître au moins implicitement (comme pour l'Inde et Israël) la Corée du Nord en tant que puissance nucléaire :

Je pense qu'une étape fondamentale que le (président américain Joe Biden) doit franchir est qu'il doit être clair, tant pour lui que pour les Etats-Unis, que nous n'allons pas conduire la Corée du Nord à désarmer et que nous devons fondamentalement accepter la Corée du Nord comme un Etat nucléaire. Vous n'avez pas nécessairement besoin de le reconnaître légalement.

Selon le Professeur Andreï Lankov, de l'Université Kookmin, la guerre en Ukraine a rappelé que "les armes nucléaires sont la seule garantie fiable de sécurité", et que dans ces conditions Pyongyang ne peut pas accepter de discuter de sa dénucléarisation.


Pour le Professeur Cheong Seong-chang, de l'Institut Sejong, les efforts pour empêcher la Corée du Nord de se doter de l'arme nucléaire ont échoué, et continuer de rechercher la dénucléarisation de la Corée du Nord revient à "courir après un miracle".

Selon les chercheurs cités par CNN, le gel par Pyongyang de son programme nucléaire, en contrepartie de la levée d'une partie des sanctions, doit ainsi être envisagé - ce qui revient à retourner à la voie des négociations où s'était engagé Donald Trump, mais dans des conditions moins favorables aujourd'hui qu'en 2019.


C'est dans ce contexte qu'un appel à négocier un contrôle des armements et une réduction des risques sécuritaires a été ouvertement exprimé, lors d'une conférence le 27 octobre 2022, par Bonnie Jenkins, sous-secrétaire d'Etat pour le contrôle des armements : 

S'ils voulaient discuter avec nous... un contrôle des armements peut souvent être une option si vous avez deux parties désireuse de s'asseoir à la table des négociations et de discuter (...) Et il ne s'agit pas seulement de contrôle des armements mais de réduction des risques - tout ce qui conduit à un traité classique de contrôle des armements avec les différents aspects de ce contrôle que nous devons avoir avec eux. Nous avons dit très clairement à la RPDC (...) que nous sommes prêts à discuter avec eux - nous n'avons pas de conditions préalables.

Ces déclarations ont soulevé une levée de boucliers - à commencer par le département d'Etat américain, dont le porte-parole a déclaré qu'il n'y avait aucun changement dans la position de l'administration américaine sur la dénucléarisation de la RPDC.


Mais dans un contexte où de plus en plus d'experts soulignent l'impasse des sanctions, n'est-il pas temps de réellement envisager de changer de politique ? Car ce qui est en jeu est aussi la paix dans la région la plus fortement militarisée au monde : la dangereuse escalade à laquelle nous assistons ne peut que nous inciter à ne pas balayer d'un revers de main toute proposition réaliste pour empêcher qu'un nouveau conflit meurtrier endeuille l'Asie du nord-est et, au-delà, n'ait des répercussions sur la planète tout entière.

 

Sources :

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14 octobre 2022 5 14 /10 /octobre /2022 09:40

Dans le bras-de-fer qui l'oppose aux Etats-Unis et à leurs alliés sud-coréens et japonais, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a poursuivi ses tirs de missile, en les intensifiant. Le 12 octobre 2022, selon l'agence nord-coréenne KCNA le dirigeant Kim Jong-un aurait personnellement supervisé les lancements de deux missiles de croisière stratégiques - c'est-à-dire pouvant transporter des armes nucléaires tactiques - ayant parcouru 2000 kilomètres à des altitudes plus basses que les missiles balistiques - rendant ainsi plus difficile leur détection et leur interception. Le développement d'armes nucléaires tactiques avait ainsi été défini comme une priorité par Pyongyang lors du Congrès du Parti du travail de Corée de janvier 2021.

Pyongyang a lancé des missiles de croisière stratégiques à longue portée

Dans un communiqué publié le 10 octobre 2022, l'agence nord-coréenne KCNA avait présenté ces tirs de missile conduits du 25 septembre au 9 octobre comme s'inscrivant dans une logique de dissuasion face aux menaces que font peser sur la RPD de Corée les Etats-Unis et leurs alliés : le 23 septembre, le porte-avions à propulsion nucléaire USS Ronald Reagan était au large de la péninsule coréenne, et des manoeuvres militaires ont été menées par les Etats-Unis conjointement avec la Corée du Sud du 26 au 29 septembre, puis avec le Japon et la Corée du Sud le 30 septembre, avant de nouveaux exercices militaires le 6 octobre puis les 7 et 8 octobre. Dans ce même communiqué, l'agence KCNA a déploré "une attitude regrettable tendant à une escalade continue des tensions dans la région tout en faisant peser une menace militaire sur la RPDC". Dans ces circonstances, la RPD de Corée estime n'avoir eu d'autre choix que de mener des exercices pour pouvoir réagir en cas de guerre, simulant des manoeuvres de "guerre réelle" impliquant des frappes sur des cibles situées dans le sud de la péninsule coréenne. 

Manifestation pour la paix en Corée, organisée à Paris le 24 septembre 2022

Manifestation pour la paix en Corée, organisée à Paris le 24 septembre 2022

Comme l'a observé Le Monde dans un article publié avec l'AFP, "les tests de missiles de croisière ne sont pas interdits par les Nations unies (ONU), contrairement aux tirs de missile balistiques". Plus précisément, les sanctions prises par le Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU) visent à interdire les essais nucléaires et les tirs de missiles balistiques intercontinentaux. Dans le contexte diplomatique actuel, il apparaît toutefois improbable que la Russie et la Chine n'opposent pas leur veto à une nouvelle résolution du CSNU qui viserait à accroître les sanctions contre la Corée du Nord - une tentative de renforcement des sanctions par le CSNU, en mai 2022, avait ainsi déjà échoué. 

En septembre 2022, la RPD de Corée avait réaffirmé que son statut de puissance nucléaire était "irréversible", et donc non négociable, tout en rappelant que la force de dissuasion nucléaire ne serait pas utilisée contre un Etat non doté de l'arme nucléaire - ce qui vise donc les Etats-Unis, en excluant la République de Corée et le Japon. En tant que force de dissuasion, l'arme nucléaire permet à la RPDC de compenser un très net déséquilibre en sa défaveur des forces militaires, conventionnelles mais aussi nucléaires, selon le principe de dissuasion du faible au fort qui est aussi au coeur de la doctrine nucléaire française.

Alors que les négociations sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne sont au point mort, la réouverture de discussions sur un moratoire concernant le nucléaire et les missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) - comme cela avait été le cas à partir de 2018, en contrepartie de la fin des manoeuvres américano-sud-coréennes de grande ampleur - permettrait d'abord de diminuer le niveau des tensions et de créer les conditions d'une confiance mutuelle pour aller ensuite plus loin sur le long chemin menant à la paix et au désarmement. Mais il est probable que si Pyongyang s'engage sur cette voie, elle exigera des contreparties en termes de levée partielle des sanctions qui la frappent - ce que Washington et ses alliés n'ont pas accepté jusqu'à présent.

Sources :

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4 octobre 2022 2 04 /10 /octobre /2022 21:39

Il y a 15 ans, le 4 octobre 2007, la deuxième rencontre Nord-Sud au plus haut niveau conduisait à l'adoption d'une Déclaration pour le développement des rapports Nord-Sud, la paix et la prospérité. Pourtant, aujourd'hui, les rapports intercoréens ont été pratiquement réduits à néant. Pis, une nouvelle phase d'escalade militaire est en cours - marquée par le survol du Japon par un missile nord-coréen le 4 octobre 2022, ce qui était une première depuis 2017. Dans ce contexte lourd de menaces de guerre, l'Association d'amitié franco-coréenne réaffirme plus que jamais son engagement pour la paix en Corée et dans le monde. 

Déclaration intercoréenne du 4 octobre 2007

Déclaration intercoréenne du 4 octobre 2007

Dans la matinée du 4 octobre 2022, un missile nord-coréen - identifié par l'armée sud-coréenne comme étant un missile balistique de portée intermédiaire - a survolé le Japon. Il s'agissait d'une réponse à des exercices militaires anti-sous-marins menés le 30 septembre 2022 par les Etats-Unis, la République de Corée (Corée du Sud) et le Japon - les premiers depuis 2017. 

Dans un contexte diplomatique profondément dégradé, des manoeuvres militaires américano-sud-coréennes de grande ampleur avaient été menées fin septembre. Ces exercices militaires avaient conduit la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) à réagir en lançant six missiles balistiques de courte portée en mer de l'Est (mer du Japon), entre le 25 et le 29 septembre.

Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général des Nations unies, a dénoncé ce qui est "clairement une escalade".

L'escalade militaire n'est malheureusement pas la première autour de la péninsule coréenne - l'été et l'automne 2017 ayant marqué un précédent point paroxysmique dans la montée des tensions. Mais il n'y a pas de fatalité à la crise : c'est ce qu'avait affirmé l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) lors d'une marche pour la paix organisée le 24 septembre à Paris, lors de laquelle Yves-Jean Gallas, du Mouvement de la paix, avait pris la parole, aux côtés de représentants de l'AAFC et des organisateurs coréens.  Tous avaient alors réaffirmé leur refus des exercices de guerre américano - sud-coréens - point de départ de l'actuelle montée des tensions - et appelé à renouer le dialogue pour résoudre les conflits latents.  

Manifestants pour la paix, place du Trocadéro à Paris, le 24 septembre 2022

Manifestants pour la paix, place du Trocadéro à Paris, le 24 septembre 2022

Alors que la paix en Corée constitue l'une des plus brûlantes questions de l'actualité dans la péninsule, l'AAFC s'est engagée plus largement pour la paix dans le monde en rejoignant le Collectif national des marches pour la paix, coordonné par le Mouvement de la paix, et les manifestations organisées partout en France le 21 septembre à l'occasion de la Journée de la paix.

Source : 

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17 septembre 2022 6 17 /09 /septembre /2022 20:57

Promulguée le 16 août 2022 par le président américain Joe Biden, la loi sur la réduction de l'inflation (en anglais : Inflation Reduction Act, IRA) comporte une disposition qui a créé un contentieux avec la République de Corée (Corée du Sud) : en instaurant un crédit d'impôt (jusqu'à 7 500 dollars) pour tout achat d'un véhicule électrique assemblé en Amérique du Nord, la loi IRA exclut les véhicules assemblés en Corée du Sud, notamment ceux des marques Hyundai et Kia. Protestant contre une mesure jugée discriminatoire par les constructeurs sud-coréens, Lee Do-hoon, vice-ministre des Affaires étrangères de la République de Corée, a annoncé qu'il se rendrait aux Etats-Unis du 19 au 23 septembre pour s'entretenir à ce sujet avec des responsables américains au Gouvernement et au Congrès, notamment Jose W. Fernandez, sous-secrétaire d'Etat à la croissance économique, à l'énergie et au développement. 

A droite : Jose W. Fernandez. A gauche : Lee Do-hoon. A droite : Jose W. Fernandez. A gauche : Lee Do-hoon.

A droite : Jose W. Fernandez. A gauche : Lee Do-hoon.

C'est dans des négociations difficiles que s'est engagée la République de Corée : en tentant de faire revenir les Etats-Unis sur le champ d'application d'un crédit d'impôt pour l'achat par les ménages américains d'une voiture électrique, dont sont exclus les véhicules assemblés à l'étranger, elle cherche à remettre en cause une mesure de protectionnisme économique (et de relocalisation industrielle) populaire dans l'opinion publique américaine - qui plus est avant les élections de mi-mandat aux Etats-Unis. 

Pour y parvenir, Séoul devra s'employer à mobiliser tous ses relais aux Etats-Unis. Le président Yoon Suk-yeol a ainsi rencontré le 16 septembre Larry Hogan, gouverneur du Maryland, et son épouse d'origine coréenne, Yumi Hogan, en déplacement dans la péninsule coréenne, pour qu'ils puissent obtenir des avantages équivalents à ceux des véhicules assemblés aux Etats-Unis pour les constructeurs coréens.

Quelques jours plus tôt, Ahn Duk-geun, ministre du commerce, s'était rendu aux Etats-Unis pendant une semaine et avait obtenu que s'engagent des discussions de haut niveau, en vue de réduire l'impact de la mesure de la loi IRA sur les entreprises sud-coréennes : 

Il n'est pas facile d'un point de vue pratique de modifier la loi avant les élections de mi-mandat aux Etats-Unis en novembre. Mais nous restons ouverts à toutes les possibilités et recherchons diverses mesures pour trouver des solutions avec le Congrès américain et son gouvernement

C'est dans ce contexte que Lee Do-hoon, vice-ministre des Affaires étrangères, a annoncé le 15 septembre qu'il se rendrait à son tour aux Etats-Unis pour discuter de la loi IRA. Lee Do-hoon est un diplomate expérimenté, qui connaît bien ses interlocuteurs américains après avoir été un des principaux négociateurs pour Séoul dans les pourparlers multilatéraux sur le nucléaire nord-coréen pendant la présidence de Moon Jae-in.

Alors que l'opinion sud-coréenne reste prompte à renouer avec l'anti-américanisme, les gestes de bonne volonté qu'apporteront les Etats-Unis seront aussi de nature à montrer leur volonté de renouer véritablement avec une approche davantage multilatérale des relations internationales, qui plus est à l'égard d'un de leurs principaux alliés en Asie de l'est.

 

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2 septembre 2022 5 02 /09 /septembre /2022 21:23

Alors que les sanctions internationales de plus en plus lourdes prises contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) à partir de 2006 ont pu être adoptées grâce au ralliement de la Russie et de la Chine aux propositions des Etats-Unis et de leurs alliés au Conseil de sécurité des Nations unies, le nouveau contexte international, marqué par les tensions croissantes entre les Etats-Unis, d'une part, la Russie et la Chine, d'autre part, offre une opportunité pour Pyongyang de renforcer ses échanges avec Moscou et Pékin - alors que la RPDC a annoncé réouvrir ses frontières après avoir déclaré terminée l'épidémie de "fièvre" (interprétée comme une épidémie de Covid-19) - et fermé ses frontières avec la Chine il y a plus de deux ans et demi, en début d'année 2020. 

Rencontre à Vladivostok, Le 25 avril 2019, entre Kim Jong-un, président de la Commission des affaires d'Etat de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), et Vladimir Poutine, président de la Fédération de Russie.

Rencontre à Vladivostok, Le 25 avril 2019, entre Kim Jong-un, président de la Commission des affaires d'Etat de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), et Vladimir Poutine, président de la Fédération de Russie.

Si le renforcement des relations bilatérales de la RPDC avec la Russie et la Chine s'était traduit, en 2019, par des rencontres au sommet entre leurs dirigeants (du Président Kim Jong-un à Vladivostok en avril 2019, et du Président Xi Jinping en RPD de Corée les 20 et 21 juin 2019), la fermeture des frontières dans le contexte international de la lutte de pandémie de Covid-19 avait mis fin à ces échanges au plus haut niveau quelques mois plus tard. Durement touchée par les sanctions internationales, l'économie nord-coréenne avait nettement reculé, selon les estimations occidentales - en l'absence de statistiques officielles publiées par la RPDC.

Le nouveau contexte international offre à Pyongyang une opportunité de renforcer ses échanges avec ses deux principaux voisins - et tout d'abord au plan diplomatique. Lors du déclenchement de la guerre en Ukraine en février 2022, la RPDC a dénoncé la responsabilité selon elle des Etats-Unis et de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) - dénonçant par ailleurs les perspectives de création d'un OTAN asiatique qui se constituerait autour des alliances militaires privilégiées de Washington avec Tokyo et Séoul. De fait, l'agence de renseignement sud-coréenne a été la première, en Asie, à rejoindre cette année le groupe de défense cyber de l'OTAN.

La possibilité d'un axe Moscou-Pékin-Pyongyang apparaît dans les analyses partagées de ces trois puissances contre l'hégémonie américaine, nonobstant la position de la Chine qui, sur la guerre en Ukraine, modère son ton pour préserver ses relations économiques avec les puissances occidentales. 

Entre la Russie et la RPD de Corée, le fait le plus notable est la reconnaissance par Pyongyang des républiques de Donetsk et de Lougansk le 13 juillet 2022. La RPD de Corée est également apparue prête à participer à la reconstruction économique de ces zones en guerre, par l'envoi de travailleurs - ce qui s'inscrirait dans le prolongement d'une pratique ancienne, naguère de la Corée du Sud, et de la Corée du Nord jusqu'aux récentes sanctions internationales l'interdisant à Pyongyang. De fait, les sanctions ne seraient alors plus appliquées par la Russie - du moins, sur ce point.  

A l'occasion de l'anniversaire de la libération de la Corée le 15 août 1945, les courriers échangés au niveau des chefs d'Etat traduisent la volonté de renforcer les relations bilatérales. Vladimir Poutine a rappelé les combats menés "entre l'Armée rouge et les patriotes de Corée" pour la libération de la péninsule de l'occupation japonaise pendant la Seconde guerre mondiale, et exprimé son souhait de renforcer "la sécurité et le stabilité de la Corée". Kim Jong-un lui a répondu en observant qu'un "front commun" permettait de contrer "les menaces et les provocations des forces hostiles".

Alors que Pyongyang a critiqué la visite de Nancy Pelosi à Taïwan, et rappelé sa position de principe sur une seule Chine (à l'instar de Moscou), les manoeuvres militaires américano-sud-coréennes d'août 2022 (les plus importantes depuis 2018, bien que d'une ampleur non rendue publique) ont été dénoncées non seulement par la RPD de Corée, mais aussi par la Chine - et par l'ambassadeur russe à Pyongyang. Alors que les experts occidentaux s'attendent à un nouvel essai nucléaire nord-coréen, il semble improbable que Pékin et Moscou accepteraient alors de renforcer les sanctions contre la RPD de Corée, voire même de se joindre à une condamnation verbale. Le 26 mai 2022, la Chine et la Russie avaient opposé leur veto à une proposition de résolution, d'origine occidentale, appelant à renforcer les sanctions contre la RPD de Corée après le lancement par cette dernière de plusieurs missiles balistiques. La Chine et la Russie appellent à présent au dialogue avec Pyongyang et à commencer à lever les sanctions. Si les Occidentaux venaient à prendre de nouvelles sanctions contre la RPDC, celles-ci n'auraient qu'une portée somme toute réduite - vu la quasi-absence de relations et d'échanges avec la Corée du Nord.

La situation géopolitique actuelle a déjà fait une victime : les relations intercoréennes, qui s'étaient réchauffées pendant la présidence du démocrate Moon Jae-in en République de Corée (Corée du Sud), sont au plus bas. Le nouveau président conservateur Yoon Suk-yeol, qui avait déjà qualifié la RPD de Corée d' "ennemi principal" de la Corée du Sud pendant la campagne électorale en mars 2022, a profité de l'anniversaire de la libération de la Corée, le 15 août 2022, pour formuler une proposition consistant à apporter une aide économique au Nord en contrepartie de sa dénucléarisation. Les observateurs étaient sceptiques sur la réponse de Pyongyang à ce qui apparaissait surtout comme une opération de communication à peu de frais pour apparaître vouloir un dialogue : en effet, le président sud-coréen Lee Myung-bak avait formulé une proposition très proche en 2008, qui avait été rejetée par le Nord. Sans surprise, la RPD de Corée avait répondu quelques jours plus tard que sa sécurité internationale n'était pas négociable - et pas à vendre.

Alors que la France et l'Union européenne se démarquent des Etats-Unis sur la montée des tensions avec la Chine (notamment, s'agissant de la France, lors de la conclusion de l'alliance militaire AUKUS entre l'Australie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, en septembre 2021), il apparaîtrait utile de promouvoir le dialogue et de prévenir les risques d'escalade et de tensions à la frontière est de la Russie, dans et autour de la péninsule coréenne. Dans le site d'analyse de référence sur la Corée du Nord 38 North, Jagannath Panda ne dit pas autre chose, en soulignant qu' "il est impératif d'empêcher une confrontation de type russe en Asie du Nord-est". Nous faisons nôtres ces propos raisonnables et de bon sens.

 

Sources :

Jagannath Panda, "Will Pyongyang's NATO tirades pay dividends", 38 North, 19 août 2022

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28 août 2022 7 28 /08 /août /2022 21:41

Alors que l'opinion publique française est alertée sur la situation terrible de Sébastien Raoult, jeune hacker français de 21 ans détenu au Maroc et menacé d'extradition vers les Etats-Unis, un citoyen britannique est menacé d'un sort similaire : Christopher Emms est actuellement détenu en Arable Saoudite, risquant une extradition vers les Etats-Unis après l'émission d'un mandat d'arrêt par le FBI. Pourtant, un Britannique ne devrait pas être soumis à une juridiction américaine pour des faits commis en dehors du territoire américain : le principe d'extraterritorialité est contraire aux règles de droit international. Les accusations à l'encontre de Christopher Emms sont par ailleurs absurdes : pour avoir participé à une conférence internationale sur la blockchain en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) en avril 2019, il deviendrait soudainement co-organisateur de cette conférence selon la justice américaine - et à ce titre coupable de complot pour avoir tenté de soustraire la RPD de Corée aux sanctions internationales. Christopher Emms encourt vingt ans de prison aux Etats-Unis. L'Association d'amitié franco-coréenne se joint aux défenseurs de l'informaticien britannique, qui rejette catégoriquement les accusations à son encontre, pour qu'il puisse enfin bénéficier de la protection consulaire des autorités britanniques en étant rapatrié au Royaume-Uni, et que dans son pays il puisse se défendre librement d'accusations dont tout indique qu'elles sont infondées.

Justice et liberté pour Christopher Emms !

Les poursuites contre Christopher Emms - ainsi que l'Espagnol Alejandro Cao de Benos - s'inscrivent dans le prolongement de la condamnation du développeur d'Ethereum, Virgil Griffith, à 63 mois de prison par la justice américaine. Tous les trois avaient participé à une conférence sur la blockchain, organisée en 2019 à Pyongyang par Alejandro Cao de Benos. Après avoir défendu n'avoir apporté aucune information sensible de nature à permettre aux Nord-Coréens d'échapper aux sanctions internationales, Virgil Griffith avait finalement plaidé coupable à la suite d'un placement en détention provisoire - ce qui lui avait permis de réduire la très lourde peine à laquelle il était exposé (jusqu'à 20 ans de prison). Après sa condamnation, Christopher Emms et Alejandro Cao de Benos sont poursuivis pour complicité en ayant prétendument aidé les Nord-Coréens à utiliser les crypto-monnaies pour contourner les sanctions internationales. Ni l'un ni l'autre ne sont pourtant américains et les faits incriminés n'ont pas été commis aux Etats-Unis. L'affaire Julian Assange a apparemment donné des ailes aux procureurs américains pour faire appliquer la loi américaine partout dans le monde, en méconnaissance du principe de souveraineté des Etats.

 

Comme l'a souligné Christopher Emms, non seulement il n'était pas impliqué dans l'organisation de la conférence à Pyongyang, mais la description qu'il en donne peut difficilement laisser penser qu'une quelconque information utile ait pu être apportée aux Nord-Coréens : 

Nous n'avons reçu aucune préparation, on nous a donné un tas de merde, des copiés-collés de Google qui nous ont été donnés par [Cao de Benós] avec différents sujets de discussion, des trucs de haut niveau comme “Blockchain et technologie” et “Blockchain et la paix.”

Blockworks

De la description qu'il donne de son voyage (payant) en RPD de Corée, Christopher Emms ne peut vraiment pas être décrit comme un défenseur à quelque titre que ce soit du régime nord-coréen. Pourtant, à en croire le FBI, il aurait permis aux Nord-Coréens d'acquérir des connaissances pour échapper aux sanctions frappant la RPDC... 

 

Non seulement Christopher Emms est détenu en Arabie Saoudite, dans un état de pression psychologique intense, mais ses comptes bancaires ont été bloqués par décision de la justice américaine et il en est réduit à emprunter de l'argent à sa famille et ses amis.

 

Malgré l'engagement courageux en sa faveur du député britannique conservateur Crispin Blunt, les autorités londoniennes ont manifestement abandonné l'un de leurs ressortissants.  Tout ce qu'il demande est de pouvoir retourner au Royaume-Uni et se défendre :

Emms maintient qu'il est innocent, mais même s'il ne l'était pas, il considère qu'il a le droit de “rentrer à la maison et de traiter avec le système judiciaire britannique, ce qui n'est pas, je pense, une énorme chose à demander, même aux Américains”

Coingeek

Les poursuites contre Christopher Emms s'inscrivent plus largement dans un mouvement inquiétant de criminalisation des activités liées aux crypto-monnaies, ainsi que de mise en oeuvre d'un délit d'opinion - ce dont a également souffert le président de l'AAFC : au fond, la principale critique contre Christopher Emms n'est-elle pas d'avoir dénoncé comme particulièrement injustice la gestion par les autorités américaines du système monétaire global ? Les fondateurs des crypto-monnaies ont rêvé d'un monde meilleur en instituant un système monétaire qui puisse échapper aux Etats ; aujourd'hui, l'appareil répressif des Etats cherche à étouffer leurs voix indépendantes et libres.

 

Sources :

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