Pour la première fois en France, l'Orchestre Unhasu de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) s'est produit salle Pleyel, le 14 mars 2012, sous la conduite du maestro sud-coréen Chung myung-whun, lors d'un concert conjoint avec l'Orchestre philharmonique de Radio France, que dirige Chung Myung-whun. L'Association d'amitié franco-coréenne, dont de nombreux membres étaient présents à cet événement, a tenu à témoigner d'un moment d'émotion exceptionnel, tant artistiquement que diplomatiquement : soixante-dix jeunes virtuoses nord-coréens, âgés en moyenne d'une vingtaine d'années, ont manifesté un talent et une maîtrise artistiques incomparables, sous la baguette d'un chef sud-coréen qui compte parmi les meilleurs de sa génération, et sous les regards d'un public composé de nombreux Sud-Coréens, émus aux larmes.
Quatre ans après le concert exceptionnel de l'Orchestre philharmonique de New York à Pyongyang, qui avait révélé au monde la virtuosité des musiciens de la RPD de Corée, quarante ans après les représentations de la troupe de Mansudae au théâtre des Champs-Elysées, c'est une autre page de l'histoire culturelle qui s'est écrite, mercredi 14 mars 2012, salle Pleyel.
Dans son allocution d'ouverture, Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture, a souligné comment la musique rapprochait les coeurs des hommes et des peuples. Jean-Luc Hees, président-directeur général de Radio France, S.E. Monsieur Yun Yong-il, délégué général de la République populaire démocratique de Corée en France, ambassadeur auprès de l'UNESCO, l'ancien ministre Jack Lang, dont l'action comme représentant du Président de la République a conduit à l'ouverture pour la première fois d'une représentation diplomatique française à Pyongyang, le sénateur Jean-Claude Frécon, président du groupe d'étude et de contact du Sénat France-RPDC, faisaient partie des nombreuses personnalités présentes, dans une salle Pleyel pleine à craquer, malgré l'annonce tardive de ce concert, historique à plus d'un titre.
La première partie, jouée exclusivement par l'Orchestre Unhasu sous la direction de deux jeunes chefs d'orchestre de la RPD de Corée, Ri Myong-il et Yun Pom-ju, a manifesté avec éclat la perfection technique des jeunes artistes, la plupart âgés d'une vingtaine d'années, qui ont su allier puissance et brio, dans une maîtrise collective propre aux artistes coréens de l'ensemble de la péninsule. L'alternance, réussie, de pièces de musique traditionnelle coréenne et de morceaux de musique classique européenne a créé un ensemble inédit, riche en émotions. Musiciens et spectateurs ont communié dans un même partage de ces moments d'intensité musicale exceptionnels, ayant aussi permis aux plus grands noms du classique française de découvrir une culture musicale unique, héritière d'une tradition nationale plurimillénaire.
La seconde partie, exclusivement dédiée à la Symphonie n°1 de Brahms, a été jouée conjointement par les musiciens du Philharmonique de Radio France et de l'Orchestre Unhasu, sous la baguette du maestro sud-coréen Chung Myung-whun, qui s'est surpassé dans une interprétation d'une puissance de feu éblouissante. La spontanéité et l'enthousiasme des jeunes artistes coréens se sont conjugués harmonieusement avec le jeu des musiciens, souvent plus âgés, de l'Orchestre de Radio France.
Sous un tonnerre d'applaudissements, Chung Myung-whun a fait part de son émotion de jouer en famille, avec sa famille musicale, celle de l'Orchestre de Radio France, mais aussi une famille coréenne divisée en deux Etats distincts, que réunissent pourtant un même langage, une même culture. Il a dédié ce concert à sa mère, décédée l'an dernier, qui aurait pu témoigner du souvenir d'une Corée qui n'était pas encore divisée, et qui rêve de réunification. Ces propos ont été ceux d'un homme courageux et de convictions, alors que les Sud-Coréens restent soumis à la loi de sécurité nationale qui interdit tout contact avec le Nord. Dans les entretiens à la presse qu'il a donnés à l'occasion de ce concert unique en France, pierre angulaire dans les relations entre la France et la RPD de Corée, le maestro, qui dirige également l'Orchestre municipal de Séoul, a déclaré assumer pleinement les conséquences de ce concert.
Deux bis ont permis de découvrir ou redécouvrir Arirang, chant traditionnel propre à toute la Corée, dans toute l'émotion de ce chant d'adieux, puis de terminer cette soirée exceptionnelle sur le dynamisme des célèbres notes de Carmen, dédié à la France et à tous ceux qui ont contribué à cet événement musical.
L'Association d'amitié franco-coréenne partage le rêve du maestro Chung que ce moment d'émotion sans pareil soit la première étape vers d'autres manifestations, comme autant de témoignages de l'unité, culturelle, de la Corée - et de la contribution de la France à répondre à l'aspiration de tout un peuple à la réunification de sa patrie. D'ores et déjà, Chung Myung-whun a évoqué avec la presse un autre concert au Théâtre du Châtelet, le 1er juin 2012.
L'intégralité du concert de l'Orchestre Unhasu et de l'Orchestre Philharmonique de Radio France