Un an après l'élection présidentielle sud-coréenne du 19 décembre 2012 ayant vu la victoire de la candidate conservatrice Park Geun-hye, le collectif des Coréens de France pour la démocratie en Corée du Sud a organisé une manifestation place du Trocadéro, à Paris, le vendredi 20 décembre 2013, pour dénoncer les conditions de l'élection de Mme Park Geun-hye et exiger sa démission. Des manifestations similaires ont eu lieu dans la péninsule coréenne et dans les grandes villes du monde, témoignant d'une mobilisation croissante des progressistes sud-coréens, à un moment où le tournant autoritaire de la République de Corée s'accompagne d'une répression nouvelle des travailleurs.
Ils étaient encore plus nombreux que le mois dernier, Coréens mais aussi Français, à dénoncer le "coup d'Etat électoral en Corée du Sud" et la dérive libérale-autoritaire du pays sous la férule de Mme Park Geun-hye, fille du général Park Chung-hee, lui-même arrivé au pouvoir par un coup d'Etat militaire et ayant instauré le régime le plus répressif de l'histoire de la Corée du Sud.
Le 20 décembre place du Trocadéro, le collectif des Coréens de France pour la démocratie en Corée du Sud avait été rejoint par des représentants de plusieurs religions - protestants, bouddhistes - qui, comme en Corée, sont en pointe dans la mobilisation pour la défense des valeurs démocratiques et des acquis sociaux. Un autre témoignage émouvant était celui de cette étudiante coréenne, dont le père fait partie des 8 000 cheminots mis à pied pour avoir conduit une grève de protestation contre la décision de privatiser les chemins de fer.
Alors que les révélations se succèdent, accablantes pour le pouvoir, sur l'ingérence massive des services de renseignement sud-coréens (NIS) dans le processus électoral - n'ayant pas garanti les conditions d'une élection juste et transparente, conforme aux standards démocratiques - le mot d'ordre "Park Geun-hye doit démissionner" gagne en puissance, en Corée et dans le monde.
La mobilisation s'appuie également sur les coups de boutoir à la démocratie portés par Mme Park Geun-hye et son gouvernement : engagement d'une procédure de dissolution du Parti progressiste unifié, interdiction du syndicat enseignant créé il y a 20 ans, tentative de destitution de la députée démocrate Mme Chang Hana pour avoir relayé le mot d'ordre de démission de la chef d'Etat - en méconnaissance du principe d'inviolabilité du mandat parlementaire, fondement de la démocratie parlementaire.
En outre, le visage ouvertement réactionnaire de Mme Park Geun-hye apparaît à travers le reniement successif de ses promesses de campagne, qu'il s'agisse de la gratuité des frais de scolarité au lycée et de la réduction de moitié de leur montant à l'université, du versement d'une pension de 150 euros pour les personnes âgées de plus de 65 ans ou encore du doublement de l'allocation aux handicapés. La privatisation des chemins de fer - là encore, contre les propres engagements de campagne de Mme Pärk - et de la santé publique s'inscrivent également dans une dérive néolibérale.
Fragilisée, Mme Park Geun-hye utilise l'arsenal répressif de tout gouvernement conservateur sud-coréen aux abois : ses opposants sont vilipendés comme "pro-Corée du Nord" afin de justifier les arrestations arbitraires. Le même traitement a naturellement été réservé aux démocrates coréens en France qui, en novembre, protestaient déjà contre la visite officielle de Mme Park Geun-hye.
Des milliers de Coréens ont payé de leur vie l'avènement de la démocratie en Corée du Sud. Aucun démocrate, aucun républicain en France ne peut aujourd'hui rester insensible face au drame qui se joue dans le Sud de la péninsule coréenne. Cette situation, marquant une régression politique de 30 ans en République de Corée, exige une solidarité de tous, au-delà des appartenances politiques et religieuses, pour faire triompher les valeurs universelles de paix, de justice et de liberté.
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Photos Alain Noguès
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