L'accession du maréchal Kim Jong-un au poste de commandant suprême de l'Armée populaire de Corée, il y a un an, le 30 décembre 2011, consacrait sa position de nouveau numéro un de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). A l'issue de sa première année de direction de la RPDC, l'Association d'amitié franco-coréenne a souhaité dresser un bilan de l'action qu'il a engagée.
La première inspection de terrain du Président Kim Jong-un, le 1er janvier 2012, à la 105ème division de chars Ryu Kyong Su Séoul, était riche de symboles (photo à gauche) : comme avant lui le Président Kim Il-sung puis le Dirigeant Kim Jong-il, le Maréchal Kim Jong-un a souhaité rappeler l'attention prioritaire portée aux affaires militaires, dans un contexte où les tensions croissantes avec la Corée du Sud et les Etats-Unis ont fait de la puissance militaire une des garanties de la souveraineté nationale de la RPD de Corée. C'est en effet après la crise dite des fusées de Cuba, en 1962, que la Corée du Nord a accentué son effort militaire, afin de disposer d'une capacité d'action autonome vis-à-vis des grandes puissances, l'alliance militaire avec l'Union soviétique n'apparaissant alors pas suffisante face à de possibles actions des Etats-Unis et de leurs alliés. La détention de l'arme nucléaire s'est inscrite dans cette démarche de constitution d'une force militaire de dissuasion indépendante.
D'autres signes de la continuité du pouvoir à la tête de l'Etat nord-coréen sont apparues dans la célébration des anniversaires de la RPDC, à commencer par le centenaire de la naissance du Président Kim Il-sung, puis lors des cérémonies du première anniversaire de la disparition du Dirigeant Kim Jong-il, le 17 décembre 2011, qui ont donné lieu à l'inauguration du Palais mémorial du soleil Kumsusan, rénové. A cet égard, la ressemblance entre Kim Jong-un et Kim Il-sung n'est pas seulement physique, mais aussi dans la gestuelle : appuyant les marques de sympathie à l'égard des citoyens nord-coréens, dans leur diversité d'âges, de statuts et de professions, Kim Jong-un, Premier secrétaire du Parti du travail de Corée (PTC), entend renouer avec la proximité exceptionnelle entre le dirigeant et son peuple après la Libération en 1945, et qui est un des ressorts de "l'unité monolithique" propre au système politique nord-coréen.
Mais le Premier Secrétaire Kim Jong-un a aussi imprimé un style propre de gouvernement, caractérisé par l'association de son image à celle de la "première dame", Ri Sol-ju, ainsi que par une ouverture assumée à l'égard des modes de consommation culturelle extra-coréens qui, depuis plusieurs années, avaient déjà fait leur apparition en RPDC. A cet égard, le camarade Kim Jong-un est un homme de son époque et de sa génération, dans une période d'un an qui a été marquée par la poursuite de la modernisation technologique en vue d'élever le niveau de vie des Nord-Coréens : c'est vrai tant de la mise sur orbite du premier satellite utilitaire de la RPDC, que de l'apparition des premières tablettes tactiles. A cet égard, l'accent mis sur le développement d'une société de loisirs et de consommation - dont l'inauguration de plusieurs parcs d'attraction a été un ses symboles - traduit une aspiration de fond de la société, après les difficultés de la "dure marche" puis la remise en état de marche de l'appareil productif, sur fond cependant de dépendance chronique des aléas climatiques - particulièrement lourds en 2012 - en vue de retrouver l'autosuffisance alimentaire. Par ailleurs, des mesures de clémence à l'égard de réfugiés retournés au Nord après avoir été au Sud ont donné lieu à une médiatisation nouvelle, alors que ces flux de populations semblent avoir significativement augmenté au cours de l'année 2012 - ce qu'on peut interpréter tant comme la traduction d'une meilleure situation économique au Nord que l'expression nouvelle d'attentes après le retour en RPDC.
Les commentateurs occidentaux ont beaucoup glosé sur la mise en place, attendue mais pas encore survenue, d'un nouveau train de mesures économiques, ainsi que sur la persistance des tensions diplomatiques dans la région. L'AAFC a souligné à plusieurs reprises que des facteurs exogènes - le renouvellement des directions politiques aux Etats-Unis, en Chine, en Corée du Sud et au Japon, dans les derniers mois de l'année 2012 - pèseraient d'un poids déterminant. Enfin, l'ouverture aux investissements étrangers a été confirmée, mais elle nécessite une stabilisation de la situation politique pour lever les obstacles mis par le Conseil de sécurité des Nations Unies à la pleine insertion de la RPDC sur le marché mondial.