Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
28 juin 2012 4 28 /06 /juin /2012 23:02

Depuis la fin de la guerre de Corée en 1953, des dizaines de milliers de Coréens ont franchi le 38ème parallèle, les uns pour aller vivre en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), les autres pour s'établir en République de Corée (du Sud). Si la dégradation de la situation économique au Nord après 1992 a entraîné après cette date des mouvements de populations beaucoup plus importants du Nord vers le Sud de la péninsule, les motivations des défecteurs nord-coréens et leurs conditions de vie au Sud font souvent l'objet d'une information très partiale, les médias occidentaux accordant de préférence la parole à une petite minorité d'activistes anticommunistes, pourtant très peu représentatifs des Nord-Coréens ayant rejoint le Sud. En effet, leur discours sur les conditions de vie au Nord doit être d'autant plus considéré avec précaution qu'il est daté et surtout empreint de lourds préjugés politiques - au point que les parlementaires de la majorité de centre-gauche, au pouvoir à Séoul de 1998 à 2008, avaient demandé d'arrêter de faire témoigner des réfugiés dont les récits faisaient apparaître des contradictions qui en révélaient le caractère non fiable. Dans ce contexte, il est intéressant d'entendre aussi les témoignages de la proportion non négligeable de réfugiés nord-coréens qui, déçus de leur vie au Sud, ont choisi finalement de revenir en Corée du Nord.

 

pak_jong_suk_1.jpg

 

Elle s'appelle Pak Jong-suk. Elle a aujourd'hui 66 ans. Le 29 mars 2006, elle quitte la Corée du Nord pour la Chine. Son rêve : retrouver son père, qui l'a laissée au Nord de la péninsule pour aller vivre en Corée du Sud et échapper au danger des bombes A que le général MacArthur voulait lâcher dans le Nord de la péninsule. C'était la guerre en Corée, et elle n'était alors qu'une enfant. Quand Pak Jong-suk franchit le fleuve Tumen, à la frontière sino-coréenne, en 2006, elle a aussi un espoir : mener une vie meilleure au Sud, grâce à l'argent qu'elle espère recevoir de son père.

 

Le 29 juin 2006, ayant payé des passeurs, elle peut enfin rejoindre la Corée du Sud. Des Coréens en Chine lui ont indiqué qu'elle pourrait y retrouver son père.

 

Mais elle découvre un homme devenu inconscient suite à une intervention chirurgicale au cerveau, et qui mourra deux mois après son arrivée sans avoir pu lui parler. Elle découvre aussi la vie ordinaire des Nord-Coréens, cantonnés dans des travaux manuels ou dangereux, et dont le taux de suicide est cinq fois plus élevé que les Sud-Coréens. Elle découvre aussi que ceux qui l'ont fait venir en Corée du Sud étaient des agents des services de renseignement de Séoul, qu'elle accuse aujourd'hui de l'avoir entraînée dans un piège.

 

Alors, comme d'autres Nord-Coréens avant elle (mais dont le nombre est un secret d'Etat), elle prend un avion pour la Chine, et de là retourne en Corée du Nord le 25 mai 2012. Elle est inquiète des conséquences de son geste. Ne lui a-t-on pas dit, au Sud, qu'elle serait sévèrement punie, comme l'avait certainement été toute sa famille après sa défection ?

 

Mais elle retrouve son fils, marié et occupant un poste de professeur à l'Université Kim Won-gyun. Dans une attitude typiquement coréenne, elle est reconnaissante aux dirigeants nord-coréens et au général Kim Jong-un de l'avoir accueillie de manière chaleureuse et de lui avoir pardonné.

 

Telle est l'histoire de Pak Jong-suk, dont elle a fait part lors d'une conférence de presse qu'elle a donnée à son retour en Corée du Nord, le 28 juin 2012, au Palais des études du peuple de Pyongyang. Un témoignage bien loin des clichés habituels sur les réfugiés nord-coréens, pour reprendre la terminologie habituellement employée en Occident, et qui n'est elle-même pas neutre.

 

pak_jong_suk_2.jpg

 

pak_jong_suk_3.jpg

 

Sources : KCNA (dépêche du 28 juin 2012, dont photo) ; Shanghai Daily ; The Washington Times.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Recherche

D'où venez-vous?