Dans son message de condoléances adressé le 21 décembre 2011 à Son Excellence M. Kim Jong-un, vice-président de la Commission militaire centrale du Parti du travail de Corée, et signé le même jour par sept de ses membres sur le registre de condoléances ouvert à la délégation générale de la République populaire démocratique de Corée, le bureau national de l'Association d'amitié franco-coréenne a souligné que le dirigeant Kim Jong-il avait inscrit sa politique dans la continuité des orientations prises sous l'égide du Président Kim Il-sung. Les principaux éléments du message de condoléance du bureau national de l'AAFC (cités entre guillemets, sauf précision contraire) concernant les changements de la RPD de Corée sous la direction du Président Kim Jong-il sont détaillés ci-après, l'accent étant porté sur le rôle joué par le dirigeant Kim Jong-il dans la réunification de la Corée, alors que le 24 décembre 2011 marque par ailleurs le vingtième anniversaire de son accession aux fonctions de commandant suprême de l'Armée populaire de Corée.
Economie : à situation nouvelle, mesures nouvelles
"Dans un contexte international nouveau" après l'écroulement du socialisme dans certains pays du fait - selon lui - de l'opportunisme de leurs dirigeants, et "dans des circonstances économiques sans précédent", alors que des catastrophes naturelles (inondations, sécheresses) ont durement affecté la population de la République populaire démocratique de Corée et entraîné une sévère pénurie alimentaire au milieu des années 1990, le dirigeant Kim Jong-il a mis l'accent sur "l'effort de modernisation technologique". La République démocratique de Corée s'est notamment engagée sur la voie de la conquête spatiale (ci-joint, le lancement de la fusée Unha-2 le 5 avril 2009). "Les mesures adoptées sous [l]a direction [de Kim Jong-il] ont eu pour effet de consolider le système économique socialiste, tout en dynamisant (...) les circuits de production et d'échanges", sans remettre en cause les principes de gratuité de l'éducation et d'accès aux soins, ainsi que de propriété collective des grands moyens de production.
Surmonter les difficultés et bâtir "une nation puissante et prospère"
Lors des catastrophes ayant affecté le pays après l'explosion de la gare de Ryongchon, en avril 2004, ou des inondations en août 2007, dans une transparence sans précédent la RPD de Corée a immédiatement communiqué sur ces tristes événements, conduisant l'Association d'amitié franco-coréenne à pleinement se consacrer "aux missions de solidarité avec le peuple coréen".
Les buts, fixés par le dirigeant Kim Jong-il, de construction d'une nation puissante et prospère répondent à "un objectif partagé dans la construction d'un monde de paix et de justice", même si de nombreux obstacles demeurent - au rang desquels l'embargo auquel est soumise la République populaire démocratique de Corée, le plus vieil au monde et qui frappe d'abord, sinon exclusivement, les populations, et renforcé par les sanctions des Nations Unies suite aux essais nucléaires d'octobre 2006 et mai 2009.
Relations internationales : garantir l'indépendance, développer les coopérations
Tout en renouvelant ses offres d'un traité de paix qui mettrait fin aux tragiques affrontements intercoréens continuant d'endeuiller le peuple coréen depuis le simple traité d'armistice de 1953, la RPD de Corée sous la direction de Kim Jong-il a en effet accédé au statut de puissance nucléaire, suivant une volonté d'indépendance au plan militaire : l'arme nucléaire est conçue comme une arme de dissuasion vis-à-vis des grandes puissances (en l'occurrence, les Etats-Unis), selon un modèle théorique proche de celui de la doctrine nucléaire française définie par le général de Gaulle.
Pour accroître les échanges et la coopération de la République populaire démocratique de Corée sur la scène internationale, le Président Kim Jong-il avait, ces derniers mois, rencontré les présidents chinois et russe, cimentant ainsi l'amitié traditionnelle entre la République populaire de Chine et la RPD de Corée et relançant le projet de gazoduc transcoréen impliquant la Fédération de Russie.
Des étapes décisives sur la voie de la réunification de la Corée
Le dirigeant Kim Jong-il a aussi, et peut-être d'abord, été l' "artisan de la réconciliation et de la réunification de la nation coréenne", ayant "accueilli, à Pyongyang, les présidents sud-coréens Kim Dae-jung et Roh Moo-hyun en juin 2000 et en octobre 2007. Les déclarations conjointes adoptées lors de ces sommets historiques sont devenues la pierre angulaire de la réunification de la Corée, en répondant aux aspirations de tous les Coréens, du Nord, du Sud et d'outre-mer". Le développement continu de la zone industrielle conjointe de Kaesong, malgré les aléas des relations intercoréennes, a contribué à faire de la Corée du Sud le deuxième partenaire économique et commercial de la République populaire démocratique de Corée.
Le Dirigeant Kim Jong-il et le Président Kim Dae-Jung, en juin 2000 à Pyongyang
Ces orientations ont été permises tant par le changement de majorité à Séoul, avec l'élection de l'opposant Kim Dae-jung fin 1997, que par une politique d'ouverture du dirigeant nord-coréen Kim Jong-il, dans la continuité des orientations définies par le Président Kim Il-sung. En août 1997, il déclarait ainsi que si la partie sud-coréenne "apportait un changement positif dans ses actes, nous engagerions, à n'importe quel moment des négociations franches avec elle sur le destin de la Corée". Lors d'une visite à Panmunjom, le long de la DMZ séparant les deux parties de la Corée, le 24 novembre 1996, il avait eu l'idée de la triple Charte, reprenant les Trois principes de la réunification (indépendance, réunification pacifique, grande union nationale), définis le 4 juillet 1972 ; le Programme en dix points, du 6 avril 1993, pour la grande union de toute la nation en faveur de la réunification de la patrie ; enfin, le projet de fondation d'une République fédérale démocratique du Koryo, adopté le 10 octobre 1980 lors du sixième congrès du Parti du travail de Corée.
La RPD de Corée a déclaré qu'elle était prête à accueillir toutes les délégations de condoléances sud-coréennes lors des funérailles du Président Kim Jong-il, alors que peu ou pas de délégations étrangères devraient être présentes, témoignant ainsi du lien d'appartenance à la même nation de l'ensemble du peuple coréen.