Selon des sources chinoises citées par la chaîne de télévision japonaise NHK, les échanges commerciaux entre la Chine et la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) ont atteint 2,68 milliards de dollars en 2009, en baisse de 4 % par rapport à 2008. Une situation imputée à la réforme monétaire mais dont les effets n'ont pu qu'être limités en 2009, compte tenu des dates de sa mise en oeuvre. En revanche, le renforcement des sanctions internationales contre la RPD de Corée, pays déjà soumis au plus vieil embargo au monde, apparaît comme un possible facteur d'explication du recul des échanges. Celui-ci doit être relativisé, dans un contexte de diminution encore plus forte de l'ensemble des exportations chinoises.
La République populaire de Chine est le premier investisseur étranger et le premier partenaire commercial de la République populaire démocratique de Corée. Les échanges commerciaux, dont les flux terrestres transitent en grande partie par le pont de l'Amitié sino-coréenne qui enjambe le fleuve Tumen (Yalou), ont rapidement augmenté depuis 1999, dans le contexte d'un retour à des taux de croissance économiques positifs en Corée du Nord, après les années de la "dure marche". Ayant atteint un pic en 2008, ceux-ci auraient marqué le pas en 2009, selon des sources chinoises citées par la chaîne de télévision japonaise NHK : les échanges commerciaux sino - nord-coréens en 2009 sont estimés à 2,68 milliards de dollars (1,95 milliard d'euros), en baisse de 4 % par rapport à 2008.
Selon les mêmes sources, ce recul serait imputable à la réévaluation monétaire conduite en fin d'année 2009 : le nouveau taux de change avait été fixé à 98 won pour 1 dollar (alors qu'un dollar s'échangeait auparavant autour de 3.500 won sur les marchés privés), parallèlement à une interdiction des devises étrangères. La réforme monétaire a entraîné - du moins dans l'immédiat - un regain d'inflation : début février 2010, un dollar s'échangerait contre 300 à 500 won sur les marchés privés. Si l'interdiction des devises étrangères a d'abord renforcé la place du won face aux devises étrangères, et en particulier le yuan chinois, pouvant ainsi affecter les relations économiques sino - nord-coréennes, la réforme monétaire n'a été introduite qu'en fin d'année 2009. Elle n'a donc pu avoir qu'un effet marginal sur le commerce extérieur nord-coréen au cours de l'année passée.
Alors que la Chine est devenue, en 2009, le premier exportateur au monde (ses exportations ont atteint 1.200 milliards de dollars, soit 830 milliards d'euros, et ses importations 1.000 milliars de dollars), la crise économique a moins durablement affecté les exportations chinoises vers la Corée du Nord que celles à destination d'autres pays : en 2009, les exportations chinoises ont reculé pour la première fois depuis 1983, de 16 %. De même, dans un contexte de dégradation en 2009 des relations intercoréennes ayant affecté les échanges économiques entre les deux Corée, la Chine a conforté sa place de premier partenaire économique de la RPD de Corée, en dépit de la diminution des échanges économiques bilatéraux. Celle-ci peut aussi s'interpréter comme le contrecoup du haut niveau atteint en 2008, année où le taux de croissance économique de la Corée du Nord a été estimé à 3,7 %, ayant marqué une nette reprise après les reculs de 2006 et 2007.
Dans ce contexte, le principal frein en 2009 au développement des échanges économiques sino - nord-coréens a été le renforcement des sanctions contre la RPD de Corée, prises sur la base de la résolution 1874 adoptée par le Conseil de sécurité des Nations-Unies (dont la Chine est membre permanent) après l'essai nucléaire nord-coréen du 25 mai 2009.
Sources : AAFC ; correspondant à Shanghaï, "Exportations, automobile : la Chine passe en tête", in Le Monde, mardi 12 janvier 2010, p. 13 ; Philippe Mesmer, "Recul des échanges entre la Chine et la Corée du Nord", in Le Monde, jeudi 11 février 2010, p. 13