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18 février 2014 2 18 /02 /février /2014 00:09

Le tribunal régional de Suwon a condamné le député Lee Seok-ki (Parti progressiste unifié, PPU) à 12 ans de prison pour complot contre l'Etat et violation de la loi de sécurité nationale, le 17 février 2014, faisant de cette date un jour noir dans l'histoire politique de la Corée du Sud : il s'agit du premier procès politique pour complot contre l'Etat depuis 1980, et aussi une première depuis la mise en place d'un régime de démocratie parlementaire à Séoul. Ce 17 février 2014, la présidente sud-coréenne est apparue comme la digne fille du général Park Chung-hee, fossoyeur de la démocratie sud-coréenne en 1961 et artisan du régime le plus autoritaire qu'ait jamais connu la République de Corée.

lee-seok-ki_sentenced-to-12-years_south-korea.jpg
La farce juridique était écrite d'avance : à l'issue de 46 audiences conduites depuis novembre 2013, le député Lee seok-ki a été condamné à 12 ans de prison prime et à 10 années supplémentaires de privation de ses droits civiques. Six autres co-accusés du Parti progressiste unifié ont écopé de peines de prison d'une durée de 4 à 12 ans. Pour donner une illusion de clémence, l'accusation avait requis une peine encore plus lourde  de 20 ans de prison à l'encontre de Lee Seok-ki.

Si l'on en croit le tribunal de Suwon, Lee Seok-ki et ses co-accusés auraient préparé des attaques contre les lignes de communication et les chemins de fer sud-coréens en cas d'attaque du Nord, au sein d'une prétendue "Organisation révolutionnaire" (OR), rendant presque anodines les autres accusations d'infraction à la loi de sécurité nationale. Evidemment, les services de sécurité sud-coréens (National Intelligence Service, NIS) ont eu le plus grand mal du monde à prouver l'existence même de l'OR, et les pseudo-attaques en cas d'une guerre imaginaire avec la Corée du Nord semblent tout droit sorties des délires maccarthystes de l'Amérique des années 1950.

Sauf que les Etats-Unis, même au plus fort du maccarthysme, ne prononçaient pas la déchéance de députés protégés par une immunité parlementaire qui existe dans toutes les démocraties dignes de ce nom. La loi de sécurité nationale, que Lee Seok-ki est accusé d'avoir violé, n'a non plus aucun équivalent dans quelque démocratie au monde que ce soit. En fait, il est avéré que le NIS, acculé par le scandale de sa très lourde implication dans la dernière élection présidentielle, a dû trouver en catastrophe un bouc émissaire pour détourner l'attention de l'opinion publique : Lee Seok-ki, qu'il surveillait de longue date, a alors soudainement été accusé des pires crimes.

Le précédent accusé d'un complot contre l'Etat en Corée du Sud était l'opposant Kim Dae-jung, que la junte militaire alors au pouvoir à Séoul avait dénoncé comme l'instigateur du soulèvement de Kwangju réprimé dans le sang (200 morts officiellement, plusieurs milliers selon des sources officieuses). Kim Dae-jung avait surtout le tort d'être le chef de file des démocrates sud-coréens, et - comme Lee Seok-ki - il fut condamné sur la base d'un procès fabriqué par les services secrets sud-coréens - avant de devenir le premier chef d'Etat sud-coréen élu à l'occasion d'une alternance politique et d'être lauréat du prix Nobel de la paix.

A l'époque, une large campagne de mobilisation internationale relayée par l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) avait permis la libération de Kim Dae-jung. Aujourd'hui comme hier, l'AAFC appelle tous les démocrates et les défenseurs de la liberté à exiger des autorités sud-coréennes la libération de Lee Seok-ki et de ses camarades et à stopper la dérive autoritaire en cours à Séoul depuis l'accession à la Maison Bleue de Mme Park Geun-hye.

Sources : AFP (citée par le Shanghai Daily) et Yonhap.

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