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24 décembre 2022 6 24 /12 /décembre /2022 14:39

Une fois n'est pas coutume, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) propose un divertissement familial pour les fêtes de fin d'année : Les aventuriers du système solaire est un film sud-coréen (dont la plus grande partie relève du film d'animation) écrit et réalisé par Park Seung-cheol, sorti en 1985. Il divertira grands et petits - mais sans doute pas pour les mêmes raisons. Attention : ce film s'adresse à un public averti.

"Chef d'oeuvre incompris", "du génie à l'état pur"... le sarcasme le dispute à la jubilation parmi les commentateurs de Youtube. Il est vrai que Les aventuriers du système solaire relève d'un genre daté dont les effets ont mal vieilli - ce film de propagande anticommuniste avait eu les honneurs de la quatrième édition de La Nuit Nanarland au Grand Rex, en 2019, faisant beaucoup rire les 2000 spectateurs. Ce n'est certes pas la seule production de ce type alors produite par le régime militaire sud-coréen des années 1980, mais toutefois l'une des rares à avoir été (mal) doublée en français - ce qui n'est pas l'un des moindres ressorts comiques (involontaires) de ce long métrage, qui brille aussi par ses fines réparties comme cet axiome selon lequel on ne peut pas avoir confiance dans les communistes car "ils mentent tout le temps et sont tous cruels" (c'est la maîtresse d'école du petit garçon qui le lui a dit). Le film a été distribué à l'international par le Hong-Kongais Joseph Lai.

Le synopsis est simple, évoquant en ces temps éprouvés de peur extraterrestre une improbable alliance entre les Nord-Coréens et des envahisseurs hostiles (quoiqu'un peu bêtes) venus d'une autre planète, qui apportent aux méchants communistes des armes surpuissantes devant leur procurer la victoire. Mais de gentils extraterrestres préviennent les Sud-Coréens du danger qui les menace. Les vilains extraterrestres apprendront aussi, à leurs dépens, qu'il ne fallait pas avoir confiance dans les fourbes communistes. Le film s'achève par la victoire finale du camp du Bien qui bénéficie de sa supériorité morale et technologique.

Les films d'animation japonais des années 1970 et 1980 ne brillaient pas forcément plus par la subtilité du scénario, basé sur une dichotomie simpliste entre les bons et les méchants, avec force robots et monstres venus de l'espace intersidéral - et d'ailleurs les spectateurs amateurs du genre trouveront des réminiscences des film d'animation de l'époque dans Les aventuriers du système solaire (à 10'10'', la même musique est utilisée dans Les Chevaliers du Zodiaque !) - mais le dessin animé pour enfants n'avait pas de visée politique, ou du moins pas explicitement de visée politique (car d'aucuns nous rétorqueront, non sans de bonnes raisons, que tout est politique). Sans doute Les aventuriers du système solaire avait-il alors un public d'amateurs (enfants, et peut-être adultes ?), en Corée du Sud et à l'international. Aujourd'hui, l'écart culturel est tel que film prête facilement à l'hilarité du public. Mais, au-delà du rire, c'est aussi tout le reflet d'une époque que donne à voir ce film d'animation sud-coréen. La propagande n'a certes aujourd'hui pas disparu, mais ses voies sont moins pénétrables.

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16 décembre 2022 5 16 /12 /décembre /2022 00:14

Il y a 11 ans, le 17 décembre 2011, disparaissait Kim Jong-il, le deuxième dirigeant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). A cette occasion, nous avons souhaité revenir sur son implication tout d'abord, à partir de 1964, dans la création culturelle et artistique, qui s'est manifestée par un intérêt plus particulièrement pour le cinéma sur lequel il a personnellement beaucoup écrit. Tout en jugeant nécessaire d'élever la qualité de la production (ce qu'il appelle "la régularisation de la production et/ou de la création"), Kim Jong-il a souligné l'importance selon lui d'un travail collectif et de stimuler la créativité - conformément à la conception des idées du Juche insistant sur l'autonomie créatrice des masses, tout en mettant également en exergue le message que doivent délivrer les oeuvres de l'esprit. Ce dernier principe, qu'on retrouve aussi dans le sud de la péninsule (le créateur a un rôle d'éducateur), est qualifié au nord de qualité idéologique de l'oeuvre. Nous reproduisons ci-après des extraits de son adresse aux cadres du secteur cinématographique, prononcée le 28 avril 1971, et intitulée "Pour mettre sur pied un système original de production cinématographique révolutionnaire".

"La jeune bouquetière", de Pak Hak et Choe Ik-Kyu (1972)

"La jeune bouquetière", de Pak Hak et Choe Ik-Kyu (1972)

"Un film n'est pas produit par une seule personne mais grâce à l'effort de tous les membres d'une équipe. La mise à contribution de l'intelligence de la collectivité garantit la qualité du film.

Dans cette perspective, il importe de multiplier les discussions entre les réalisateurs et les autres créateurs. Comme le dit le proverbe, un général à lui seul ne peut rien faire. Un réalisateur, aussi intelligent soit-il, n'est pas capable de créer un film à lui seul. Il peut concevoir un projet original de création, mais une fois soumis à la discussion de la collectivité, ce projet peut être encore perfectionné. C'est pourquoi les réalisateurs ne doivent pas être entêtés et entiers dans leurs idées. Ils doivent au contraire s'appuyer sur la collectivité et apprendre humblement auprès d'elle. Tel doit être leur style de travail.

Seul un réalisateur qui sait s'appuyer sur la collectivité et conduire la création grâce à la canalisation de son intelligence peut réussir.

Pour stimuler l'intelligence de la collectivité, il faut resserrer les liens entre tous les secteurs et tous les centres de création cinématographique et organiser leur coopération (...).

Il ne faudrait pas prendre prétexte de mon insistance sur la régularisation de la production cinématographique pour sous-estimer la personnalité des acteurs et des artistes, leur ardeur ou leur imagination. Une oeuvre est le produit d'une passion. L'enthousiasme et l'énergie sont la source de l'imagination d'un réalisateur. S'il est enthousiaste et s'il réfléchit, il peut découvrir en plein tournage ou au moment du mixage un moyen de représentation qu'il ne pouvait imaginer lors de la rédaction du texte de mise en scène. Il y a plus encore : il peut découvrir, au cours du tournage, une lacune qu'il n'a pu apercevoir lors de la rédaction de son texte. Quelle serait la conséquence si on le cachait ou si on passait à l'étape suivante sous prétexte de respecter l'ordre de priorité ? L'ordre serait observé, mais la valeur idéologique et la qualité esthétique de l'oeuvre diminueraient.

Quand à la régularisation de la création, elle vise à produire des films de meilleure qualité aussi bien au point de vue idéologique qu'esthétique, mais pas du tout à contrarier l'originalité des créateurs. Evidemment, un créateur doit se garder d'appliquer hâtivement la nouvelle méthode de représentation découverte. Il est tenu de réfléchir à ce qu'elle peut apporter et à son adoption, puis, sa résolution prise, il la soumettra à une discussion collective et se soumettre aux formalités nécessaires pour la faire adopter (...)
"

Source : Kim Djeung Il, Pour achever l'oeuvre révolutionnaire juchéenne, Editions en langue étrangères de Pyongyang, Corée, 1990. Extraits cités p. 332 et pp. 336-337. 

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22 octobre 2022 6 22 /10 /octobre /2022 23:10

Cela fait partie de ces clips vidéos qui interpellent : la chanson de 2004 "I Want More" du groupe de musique électronique britannique Faithless est illustrée par des images de Corée du Nord. Mais ce sont bien de "vraies" images qui illustrent l'un des deux clips de ce titre musical. Explications.

La synchronisation entre le rythme électro, rapide, saccadé, et celui des spectacles du vidéo clip laisse de prime abord penser à un habile montage. Mais, de fait, il n'y a pas eu de montage - ou si peu. Les images du clip sont tirées du film documentaire de Daniel Gordon, A State of Mind, qui suit la préparation de deux jeunes gymnastes de Corée du Nord à une compétition - sur fond d'images des jeux de gymnastique de masse organisés à Pyongyang. Daniel Gordon est britannique, comme Faithless, et le film date de 2004 - à l'instar de la chanson "I Want More". Si mise en scène il y a, c'est dans la (seule) sélection des extraits du film - pour en retenir une version extrêmement dynamique, qui fait penser à un trailer... qui serait celui de A State of Mind

La plupart des commentaires laissés sur les sites web d'hébergement de vidéos, comme YouTube, traduisent une certaine admiration devant le tour de force ayant consisté à associer habilement les images et la musique - qui n'est pas si étrangère aux évolutions musicale au nord de la péninsule, où les rythmes électroniques ont été intégrés dans les compositions plus récentes, comme l'illustre par exemple le morceau "Mon Pays est le Meilleur" du girls band Moranbong, formé en 2012. 

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17 juillet 2018 2 17 /07 /juillet /2018 12:39

Le 16 juillet 2018, la Filmothèque du Quartier Latin - qui avait déjà proposé en novembre 2008 une des plus importantes rétrospectives du cinéma (sud-)coréen en France - a organisé une projection-débat de JSA de Park Chan-wook, suivie d'un débat animé par Benoît Quennedey, président de l'Association d'amitié franco-coréenne. Le premier long métrage qui a véritablement fait connaître Park Chan-wook - sorti en salles en Corée en 2000 - a dû attendre juin 2018 pour être projeté en salle dans notre pays (hormis des projections plus ponctuelles dans le cadre de festivals). Un chef d'oeuvre à découvrir ou à redécouvrir.

"Joint security area" : un récit de fraternisation par delà la frontière

En réalisant JSA - récit d'une improbable fraternisation entre soldats sud et nord-coréens le long de la zone démilitarisée (mais qui se terminera par un affrontement mortel, qui servira de trame au thriller qui caractérise toute la première partie du film) - Park Chan-wook a opéré un tournant dans la représentation des Nord-Coréens dans le cinéma sud-coréen : ayant fait le choix de s'intéresser aux hommes et non aux systèmes politiques, il a humanisé les traits des Nord-Coréens, qui se démarquent (enfin) des brutes épaisses, assommées par l'idéologie, que l'on retrouve dans tant d'autres films sud-coréens de l'époque (ou antérieurs) consacrés aux relations Nord-Sud. Il est vrai également que l'élection du Sud-Coréen Kim Dae-jung à la présidence de la République en Corée du Sud, en 1998, a permis d'engager un rapprochement Nord-Sud qui a desserré l'étau de la censure, héritée de l'époque de la junte militaire. Park Chan-wook reconnaît lui-même qu'il n'aurait pas pu tourner ce film, qui a connu un immense succès en salles en Corée du Sud, dix ans plus tôt.

Les héritages de Quentin Taratino et du film noir américain sont très prégnants dans ce long métrage palpitant, qui brosse avec subtilité les portraits de personnages complexes, loin des héros positifs qui peuplent la création artistique - commune à l'ensemble de la Corée - où l'artiste se doit avant tout d'être pédagogue et éducateur. Non que le film soit exempt d'un message que l'on considèrera comme politique (d'ailleurs, les seuls véritables héros, si l'on veut en trouver, sont un sergent nord-coréen et une Suissesse d'origine coréenne qui découvre qu'elle est la fille d'un général nord-coréen, ce qui est en soi une révolution conceptuelle), mais Park Chan-wook s'est intéressé à la beauté de la fraternisation entre Coréens du Nord et du Sud, dans une ode à la réconciliation et à la réunification qui résonnait fortement, après le premier sommet intercoréen du 15 juin 2000, et qui a - à ce titre - marqué des générations de Sud-Coréens dans leurs représentations des "frères ennemis" du Nord. A cet égard, le réalisme est servi par une série de références historiques exactes.

Le débat qui a suivi la projection a aussi mis en avant d'autres traits originaux du film : une représentation de la femme émancipée sous les traits de l'inspectrice suisse, un message homosexuel peu évident à nos yeux mais qui a soulevé l'intérêt de la critique française en 2018, et plus nettement une critique de l'institution militaire sud-coréenne au moment où la fin annoncée de la criminalisation des objecteurs de conscience en Corée du Sud rappelle que le service militaire reste un instrument privilégié du bourrage de crâne anti-Corée du Nord dans la très conservatrice société sud-coréenne.

"Joint security area" : un récit de fraternisation par delà la frontière
"Joint security area" : un récit de fraternisation par delà la frontière
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10 juillet 2018 2 10 /07 /juillet /2018 20:53

Le 10 juillet 2018, les organisateurs du Festival international du film fantastique de Bucheon (BiFan) - créé en 1997 et dont la programmation s'est élargie à d'autres genres (film d'horreur, thriller, film d'animation...) - ont annoncé que la prochaine édition du festival, à partir du 12 juillet et jusqu'au 22 juillet, comporterait la projection de neuf films nord-coréens, dont trois longs métrages et six courts métrages. Un choix de programmation exceptionnel et courageux, alors que la simple détention et a fortiori la diffusion de créations culturelles de la République populaire démocratique de Corée (RPD de Corée) reste interdite et punie en République de Corée (du Sud), sauf autorisation, en application de la loi de sécurité nationale

Neuf films nord-coréens à l'affiche au Festival international du film fantastique de Bucheon

Les organisateurs du festival ont entendu s'inscrire dans le climat de détente des relations Nord-Sud depuis les deux sommets intercoréens du printemps 2018 (le 27 avril et le 26 mai), et qui se traduisent également par l'organisation en commun d'événements sportifs

Le Festival international du film fantastique de Bucheon va organiser une projection spéciale de films nord-coréens pour refléter l'atmosphère de paix grandissante sur la péninsule coréenne et a récemment obtenu l'autorisation du gouvernement pour les projeter.

Les films nord-coréens projetés, qui datent de 1980 à 2016, comportent notamment The Story of Our Home, comédie primée au Festival international du film de Pyongyang (PIFF) lors de sa sortie en 2016, et Comrade Kim Goes Flying, comédie romantique retraçant le récit d'une trapéziste de la troupe de cirque de Pyongyang, et co-production du Belge Anja Daelemans, du Coréen Kim Gwang-hun et du Britannique Nicholas Bonner, diffusé notamment - lors de sa sortie en 2012 - au Festival international du film de Toronto et au Festival international du film de Busan. 

Image de "The Story of our Home"

Image de "The Story of our Home"

Sources : StraitsTimes, Yonhap

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5 juillet 2018 4 05 /07 /juillet /2018 17:27

Journaliste, écrivain et réalisateur, ancien résistant et directeur de la revue Les Temps Modernes de 1986 jusqu'à sa mort, Claude Lanzmann s'est éteint à Paris le 5 juillet 2018, à l'âge de 92 ans. L'auteur de Shoah et de Tsahal avait eu d'autres engagements, moins médiatisés : son avant-dernier film, Napalm, sorti en 2017, revenait sur son séjour en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) près de six décennies plus tôt, en 1958.

Disparition de Claude Lanzmann : l'AAFC salue la mémoire du réalisateur de "Napalm"

Il ne fait pas bon ne pas se mettre au diapason de l'opinion dominante : Claude Lanzmann en avait fait l'expérience, en voyant son film Napalm être l'objet de critiques souvent agressives, fondées non pas sur ses qualités cinématographiques mais sur une mise en cause du point de vue qu'il aurait dû - forcément - adopter : celui de la dénonciation d'une Corée du Nord (nécessairement) inhumaine.

Pourtant, pas plus dans son film de 2017 que lors de sa première visite dans le pays en 1958 Claude Lanzmann n'avait fait l'apologie de la République populaire démocratique de Corée - bien au contraire, les critiques nombreuses qu'il formulait en 1958 avaient le don d'agacer ses autres compagnons de voyage, qui en ont tiré d'autres témoignages : Moranbong de Jean-Claude Bonnardot (sur un scénario d'Armand Gatti), ou Coréennes de Chris Marker. 

Esprit indépendant, Claude Lanzmann était sans doute mal à l'aise entre une critique fleurant bon l'anticommunisme le plus primaire et un plaidoyer pro domo qui n'était pas dans son caractère. Et de fait, il lui aura fallu plus d'un demi-siècle pour qu'il en parle ouvertement et librement, déjà dans son livre autobiographique Le lièvre de Patagonie (Gallimard, 2009), puis dans le film Napalm qui rappelait la destruction systématique de la Corée par les troupes des Nations unies sous commandement américain pendant la guerre de Corée (1950-1953), et l'usage d'armes de destruction massives, biologiques et chimiques. Indéniablement, Claude Lanzmann avait de l'admiration pour la résistance héroïque du peuple coréen, lui, l'ancien résistant de la Seconde guerre mondiale - tout en mêlant le souvenir d'une courte idylle, fortement romancée, avec une infirmière nord-coréenne, qui a fait grincer des dents ses détracteurs mais tellement en accord avec l'hypersensibilité romantique propre aux Coréens - à tous les Coréens.

Car en 1958, déjà, Claude Lanzmann s'engageait dans un des autres grands combats de sa vie militante : le rejet du colonialisme et de l'impérialisme, sous toutes leurs formes, de Pyongyang à Alger. Il reviendra dans la péninsule coréenne en 2004, et à nouveau plus de dix ans plus tard, pour y tourner les images du fascinant film Napalm.

L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) salue la mémoire d'un homme de combats et d'engagements, en présentant ses condoléances à sa famille, ses amis et ses proches. 

Lire aussi : 

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18 octobre 2017 3 18 /10 /octobre /2017 21:36

Le 23 mai 2009, l'ancien Président de la République de Corée Roh Moo-hyun (2003-2008) se donnait la mort, poursuivi par des accusations calomnieuses de corruption. Sa disparition tragique soulevait une immense vague d'émotion, en Corée et au-delà. Huit ans après, un film documentaire, dont le titre peut se traduire par Notre Président Roh Moo-hyun, lui rend hommage et atteint les 2 millions d'entrées au box office sud-coréen. Le réalisateur, Lee Chang-jae, n'est pourtant pas connu pour son engagement progressiste. Le succès de son film tient certes à un contexte spécifique (la révolution des bougies a chassé de la Maison Bleue la très autoritaire Park Geun-hye, avant qu'une élection présidentielle anticipée ne mène au pouvoir le démocrate Moon Jae-in, ancien proche collaborateur du Président Roh Moo-hyun). Mais plus encore, Lee Chang-jae a su montrer la profonde humanité de l'ancien avocat des droits de l'homme devenu chef de l'Etat, à travers des dizaines de témoignages qui font ressortir la communion entre un dirigeant et son peuple. 

Affiche du film

Affiche du film

Si le documentaire est en France un genre cinématographique à l'audience relativement limitée, tel n'est pas le cas en Corée du Sud :  le succès époustouflant remporté par Notre Président Roh Moo-hyun (titre anglais : Our President) fait écho à l'audience qu'obtiennent plus largement les productions cinématographiques ayant un contenu historique. A cet égard, le drame The Attorney (en français, Le Défenseur) de Yang Woo-seok, sorti en Corée fin 2013, était déjà consacré à l'ancien Président, tandis que le drama  biographique coréen Anarchist from Colony, de Lee Joon-ik, également sorti cette année, met en lumière le militant anarchiste Park Yeol et a été en tête du box office la semaine de sa sortie, en dépassant alors les 800 000 entrées. Des choix non sans risques dans une société où la férule des conservateurs (au pouvoir à Séoul entre 2008 et 2017) a conduit à multiplier les entraves à la liberté de création, notamment pour les cinéastes : la sortie de The Attorney avait donné lieu à des pressions de la présidence sud-coréenne sur le conglomérat CJ, dont la filiale CGV avait eu le malheur de produire avec The Attorney un film inspiré du combat pour les droits démocratiques...

Il y a quinze ans, l'élection de Roh Moo-hyun avait été une surprise pour tous les observateurs (les premiers sondages ne le créditaient que de 2 % des intentions de vote) : le candidat démocrate avait bâti son succès sur une campagne relayée par Internet qui lui avait valu une incroyable popularité auprès des électeurs les plus jeunes, devenus ses relais les plus fervents, alors même qu'ils étaient enfants ou n'étaient pas nés pendant les années de plomb du régime militaire qu'avait combattu sans relâche Roh Moo-hyun. Si ses choix politiques avaient ensuite entraîné une désillusion dans l'électorat progressiste, les circonstances tragiques de sa disparition ont contribué à élever au rang de mythe celui qui a indiscutablement été le chef de l'Etat sud-coréen le plus attaché aux valeurs démocratiques. 

Dans un très bon article consacré au film documentaire de Lee Chang-jae, Philippe Mesmer souligne le charisme exercé par l'ancien Président : 

Trente-neuf personnes interviennent. Comme Lee Hwa-choon, un membre des services secrets chargé de le surveiller, et qui deviendra son ami. "Sa voix claire et sonnante, ses jurons, ses blagues, je n'oublierai jamais tout cela", raconte-t-il.

Impressionnée par la lutte victorieuse du peuple coréen au Sud de la péninsule qui a abattu le régime autoritaire et corrompu de Mme Park Geun-hye (combat que, dans notre pays, nous avons soutenu sans réserve et seuls parmi les Français, au prix pour certains des nôtres d'être désormais interdits de séjour en Corée du Sud), l'Association d'amitié franco-coréenne voit, dans le succès de Notre Président Roh Moo-hyun, le signe de l'esprit toujours vivant du combat qui doit être mené à son terme pour la démocratie, la paix et les droits de l'homme. 

Source principale : 

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4 août 2017 5 04 /08 /août /2017 20:36

Huit jours après sa sortie, le film du Sud-Coréen Ryoo Seung-wan The Battleship Island a dépassé les 5 millions d'entrées : témoignant du travail forcé des Coréens et des Chinois dans l'île japonaise de Hashima pendant la Seconde guerre mondiale, ce film très largement diffusé en salles témoigne de la popularité des longs métrages historiques en Corée du Sud - puisque le jour où il dépassait les 5 millions d'entrées le film de Jang Hoon A Taxi Driver, consacré à un journaliste allemand témoin de la Commune de Gwangju en 1980, faisait une entrée fracassante au box office.  

"The Battleship Island", un film de Ryoo Seung-wan sur le travail forcé des Coréens et des Chinois à Hashima

Etroite (elle ne mesure que 160 mètres de large sur 450 mètres de long, soit une superficie de seulement 6,3 hectares), l'île de Hashima, située à 19 kilomètres des côtes de Nagasaki a connu un destin exceptionnel lié à l'exploitation des mines sous-marines de charbon situées aux alentours, après son achat par Mitsubishi en 1890. Le groupe japonais met en valeur l'île, construit des immeubles et des infrastructures pour les ouvriers : abritant 5 229 habitants en 1959, Hashima est alors l'endroit comptant la plus forte concentration de population au monde - avec une densité de population de 83 500 habitants au kilomètre carré. Mais le déclin de l'industrie houillère entraîne le recul de l'exploitation minière : les derniers habitants quittent Hashima en 1974, qui devient une île fantôme ayant accueilli des décors de film - notamment pour Skyfall de Sam Mendes et Inception de Christopher Noland. L'île, en tant que site de la révolution industrielle de l'ère Meiji, est inscrite depuis juillet 2015 au patrimoine mondial de l'UNESCO.

"The Battleship Island", un film de Ryoo Seung-wan sur le travail forcé des Coréens et des Chinois à Hashima
"The Battleship Island", un film de Ryoo Seung-wan sur le travail forcé des Coréens et des Chinois à Hashima
"The Battleship Island", un film de Ryoo Seung-wan sur le travail forcé des Coréens et des Chinois à Hashima

Le sang et les larmes des mineurs de Hashima sont aussi mêlés à l'histoire tragique de la colonisation japonaise, notamment le travail forcé des Coréens et des Chinois : derrière les murailles ceignant l'île navire de guerre (selon la traduction en français de son nom japonais) ont été déportés 800 travailleurs forcés coréens pendant la Seconde guerre mondiale. 134 d'entre eux y sont morts, et ceux qui tentaient de fuir étaient torturés.

Le film de Ryoo Seung-hwan The Battleship Island, sorti en salles fin juillet 2017, nous raconte la vie et le récit de l'évasion de Coréens déportés dans l'île - avec l'acteur Hwang Jung-min dans le rôle principal de Lee Kang-ok. Ryoo Seung-hwan a souligné que le film, tourné à Chuncheon où ont été reproduits les décors de Hashima, est une fiction - alors que certains médias japonais ont dénoncé le long métrage décrivant Hashima comme un enfer, négligeant de ce fait que le taux de mortalité (17 % des travailleurs forcés coréens y sont morts) suffit à rendre compte de leurs conditions terribles d'existence, encore largement méconnues en Occident.

"The Battleship Island", un film de Ryoo Seung-wan sur le travail forcé des Coréens et des Chinois à Hashima
"The Battleship Island", un film de Ryoo Seung-wan sur le travail forcé des Coréens et des Chinois à Hashima

Des survivants interrogés par Yonhap ont rendu compte des conditions de travail forcé extrêmement dures dans l'île de Hashima.

Choi Chang-seop y est arrivé en 1943 à l'âge de 15 ans, et y est resté jusqu'à la capitulation japonaise en août 1945 :

J’ai vécu une vie de prisonnier pendant trois ans sur l’île de Hashima, totalement entourée par la mer (...) ça m’étouffe de me souvenir de l’époque où j’ai travaillé pendant 12 heures par jour en petite tenue au fond de cette mine de charbon

Mal nourri, Choi Chang-seop, comme les autres Coréens, était affecté aux tâches les plus dangereuses - non seulement  à extraire  du charbon mais aussi boucher les trous de la mine :

Lorsque j’ai eu cette mission, les Japonais responsables m’ont dit, ‘‘pauvre toi, jeune, faut faire attention à ta tête, on se blesse souvent la tête avec les pierres qui tombent’’. J’ai été plusieurs fois hospitalisé à cause de blessures à la tête.

Choi Chang-seop

Choi Chang-seop

Egalement interrogé par Yonhap, un autre survivant aujourd'hui âgé de 92 ans, Lee In-woo, qui est resté huit mois dans la mine, s'est dit sauvé quand il a été incorporé dans l'armée japonaise. Il raconte aussi qu'une petite île à côté de Hashima était appelé le crématorium, car "c'était le lieu où les Japonais incinéraient les cadavres des travailleurs et fugitifs morts".  

Lee In-woo

Lee In-woo

Sources :

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28 mai 2017 7 28 /05 /mai /2017 15:08

En 1958, un groupe d'intellectuels français (dont faisait notamment partie Francis Lemarque, futur membre fondateur de l'AAFC), qui s'étaient opposés à la guerre de Corée, se rend en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) : plusieurs œuvres rendront compte de leur expérience, notamment Coréennes de Chris Marker et le film franco-nord-coréen Moranbong de Jean-Claude Bonnardot, sur un scénario d'Armand Gatti. Dans le groupe, le réalisateur Claude Lanzmann, auteur de Shoah, avait déjà raconté une brève d'histoire d'amour, platonique, avec une infirmière nord-coréenne, Kim Kum-sun, dans son livre Le lièvre de Patagonie. Près de 60 ans plus tard, il en a fait un film de cent quarante minutes, Napalm, présenté en sélection officielle au festival de Cannes.

Quand on parle de la Corée du Nord il y a des figures imposées (le triptyque « famine – dictature – armées nucléaires »). Pour avoir refusé de s'y soumettre dans son film Napalm, Claude Lanzmann s'est naturellement attiré les foudres d'une bonne partie de la critique qui, au mieux, a décrit comme un OVNI ce que le réalisateur refuse de classer dans la catégorie des documentaires. Pourtant, la confession intime qu'il livre est passionnante à plus d'un titre. Elle émane d'un homme qui, pas plus en 1958 qu'aujourd'hui (ses remarques sur les guides ou la nourriture suffisent amplement à le prouver), n'idéalise ni même ne défend la RPD de Corée - les compagnons de voyage de Claude Lanzmann lui ont fortement reproché, en 1958, d'adopter un regard systématiquement critique, mais il pouvait en tout cas faire valoir une activité de résistant qui a forcément résonné pour les Nord-Coréens, la RPDC tirant sa légitimité de la résistance à l'occupation japonaise). Ainsi elle permet de comprendre les évolutions dans la relation que la Corée du Nord a entretenue avec l'Occident et surtout d'offrir un témoignage dépouillé de toute considération lourdement politique.

 

Pourtant, le premier voyage de Claude Lanzmann en 1958 était éminemment politique. À cette date, le Parti communiste français est la plus grande force politique française - le général de Gaulle, qui allait instaurer peu après la Cinquième République, ayant d'ailleurs estimé a posteriori que, sans les événements du printemps 1958, les communistes auraient probablement pris la tête du gouvernement français. Avec le Mouvement de la paix, le Parti s'est engagé résolument dans les manifestations (interdites) contre la guerre de Corée, qui ont fait deux morts à Paris, tombés près de la place de Stalingrad. La délégation d'intellectuels dont fait partie Claude Lanzmann est reçue avec honneurs à Pyongyang – où elle rencontrera à deux reprises le Président Kim Il-sung – et ses membres sont loin d'être tous, loin s'en faut, des membres du Parti communiste français (Claude Lanzmann n'avait d'ailleurs pas sa carte au PCF). Au-delà de leurs sensibilités politiques diverses, ils sont animés par le même refus de la guerre, une guerre civile internationalisée qui, pendant trois ans, a causé des millions de morts. Le titre du film Napalm est d'ailleurs hautement significatif : avant la guerre du Vietnam, la Corée a été le premier théâtre d'opérations militaires où l'armée américaine a fait un usage intensif du napalm.

 

En 1958, les visiteurs occidentaux qui se rendent à Pyongyang sont déjà invités à témoigner de la volonté du peuple nord-coréen de bâtir le socialisme et de reconstruire leur pays dévasté au rythme de Cheollima, le cheval ailé des légendes coréennes qui parcourt 1.000 ri par jour. Claude Lanzmann le reconnaît : lorsqu'il revient en Corée du Nord en 2004, à l'occasion d'une extension dans le cadre d'un séjour en Chine où il présentait Shoah, le visage de la capitale s'est radicalement modifié.

 

Après cette visite fortuite - c'est seulement après son arrivée à Pékin en 2004 que Claude Lanzmann apprend qu'il peut visiter pendant quatre jours la RPDC, en compagnie d'Anglo-Saxons qu'il décrit comme des adeptes de Noam Chomski enchantés de « découvrir le communisme pur et dur » - Claude Lanzmann envisagera de revenir en Corée du Nord y tourner un film, de manière tout à fait officielle – nous l'avons d'ailleurs croisé à plusieurs reprises aux réceptions de la délégation générale nord-coréenne en France, à l'instar d'autres artistes ou de journalistes ayant des projets de visite en Corée du Nord. Cette troisième visite au Nord de la Corée interviendra finalement en 2015.

 

Il venait y retrouver les souvenirs d'une brève idylle – ce qui aurait été, selon lui, impossible à expliquer aux Nord-Coréens, si bien qu'il leur a parlé d'un film documentaire sur le Taekwon-do, le sport national de combat coréen pour justifier son déplacement de 2015.

 

Victime d'un coup de fatigue lors de son séjour en 1958, il lui est fait une piqûre de vitamines « dans le gras de la fesse » par une jeune infirmière, Kim Kum-sun, sous le regard de militaires. Un baiser sera échangé en cachette, des messages échangés sous forme de dessins... et une lettre reçue d'elle, six mois après son retour en France. Revenant sur son histoire d'amour, Claude Lanzmann l'avoue : « Ça marque, une histoire comme ça ! Elle n'a jamais cessé de me hanter. »

 

Quelque romancée qu'elle puisse être, c'est une histoire humaine, profondément humaine – qui en rappelle d'autres (comme celle entre une Est-Allemande et un Nord-Coréen qui étudiait à Berlin après la guerre de Corée, mariés puis séparés après son retour en Corée et qui se sont revus un demi-siècle plus tard) – et s'inscrit dans la continuité des leçons d'humanité que nous a prodiguées Claude Lanzmann dans ses documentaires sur la Seconde guerre mondiale et le génocide des Juifs, qui représentaient jusqu'ici la totalité de sa filmographie.

 

Le réalisateur n'a pas souhaité revoir Kim Kum-sun. Elle était plus jeune que lui, né en novembre 1925 et alors âgé de 32 ans. Mais à quoi bon ? C'est le souvenir de la Kim Kum-sun de 1958 qui a ému et hanté Claude Lanzmann pendant toutes ces années, et c'est cette seule image qu'il faut garder.

 

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28 février 2017 2 28 /02 /février /2017 14:15

L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) soutient la diffusion du film documentaire de Jero Yun Madame B., histoire d'une Nord-Coréenne - qui raconte la vie d'une réfugiée nord-coréenne et de sa famille, sorti en salles le 22 février 2017 en France. Le film a donné lieu à des avant-premières, à l'initiative notamment de membres de l'AAFC, à Tousson et à Pithiviers le 18 février 2017, en présence du réalisateur Jero Yun. Le cinéma d'art et d'essai "Les 3 Luxembourg", à Paris, a projeté deux séances suivies de rencontres-débats : le 22 février avec Jero Yun, et le 27 février avec Benoît Quennedey, vice-président de l'AAFC chargé des actions de coopération. Nous revenons sur la séance-débat du 27 février. 

"Madame B. histoire d'une Nord-Coréenne" : projection-débat avec l'AAFC au cinéma "Les 3 Luxembourg"

Madame B. histoire d'une Nord-Coréenne est un film d'accès apparemment difficile : filmé dans un style dépouillé, parfois brut, à mille lieues des clichés sur les réfugiés nord-coréens véhiculés par des stars (ou supposées telles) ayant des besoins de reconnaissance et/ou financiers, le long métrage invite les spectateurs à se forger leur propre opinion et ne délivre pas d'autre message que celle de l'humanité d'une femme, Mme B., qui, comme des dizaines de milliers de Nord-Coréens, a quitté son pays à la recherche d'une vie économique meilleure. Son récit devient, par extension, celui de nombreux réfugiés de par le monde. Comme l'observe Isabelle Regnier du quotidien Le Monde,

La force du film tient à la tension qu’il instaure entre le tableau cataclysmique des conditions de vie de ces migrants d’Asie extrême et la personnalité fascinante de son personnage, bloc de volonté qui oppose aux coups de massue du destin un désir de vivre dévorant, et une capacité de résilience qui laisse pantois.

http://www.lemonde.fr/cinema/article/2017/02/21/madame-b-le-periple-d-une-battante-entre-les-deux-corees_5082797_3476.html#g45ZObYMiz8lUArg.99

Animé par Benoît Quennedey, vice-président de l'AAFC, le très riche débat qui a suivi la projection, en présence de Coréens et de spécialistes de la Corée, a permis d'aborder de multiples autres questions qui touchent à la société coréenne dans son ensemble, Nord comme Sud : les représentations réciproques entre Coréens du Nord et du Sud ; l'intégration (ou non) des Nord-Coréens en Corée du Sud, confrontés à l'anticommunisme viscéral d'une société où ils souffrent de l'absence de réseaux, essentiels pour réussir au Pays du Matin Calme ; la question des femmes dans la société coréenne, marquée par une culture patriarcale d'origine néo-confucéenne... Car Mme B. traduit aussi l'émancipation de millions de femmes (nord-)coréennes, à la faveur de l'ouverture économique du pays, à la mesure des positions privilégiées qu'elles occupent souvent dans les activités commerciales privées, légales ou non, qui permettent aujourd'hui à la RPD de Corée de poursuivre son développement économique et social.

Jero Yun a réussi le tour de force d'accepter que parle, sous l'oeil de sa caméra, toute une famille de réfugiés nord-coréens - alors que les réfugiés coréens, qu'ils soient du Nord ou du Sud, sont le plus souvent réservés à témoigner. Par la force de sa volonté, Mme B. a d'ailleurs aujourd'hui réussi à ouvrir un café en Corée du Sud, tandis que son fils aîné enchaîne tous les travaux, ne rechignant pas devant les tâches les plus difficiles, et que son fils cadet est engagé dans des études pour devenir acteur - ce qui répond en partie aux interrogations qui se font jour à la fin du film.

A travers un récit individuel, c'est aussi une certaine histoire de la Corée que nous raconte la vie de Mme B. - et qui fait plus que jamais ressortir la nécessité de réunifier un pays divisé depuis sept décennies. Quant à lui, Jero Yun a pour sa part exprimé sa reconnaissance envers les réfugiés nord-coréens qui l'ont soutenu, lorsqu'il les accompagnait lors de leur périple express (cinq jours !) de la Chine du Nord-Est jusqu'en Thaïlande, lui qui était blessé, découragé parfois, mais avait promis à Mme B. de transcrire dans un film l'histoire d'une vie peu banale. 

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