Le scandale du bacille actif de la maladie du charbon envoyé par un laboratoire de l'armée américaine dans divers endroits du monde s'étend puisque ce sont désormais quatre pays étrangers (l'Australie, le Canada, la Corée du Sud et la Grande-Bretagne), et non trois comme annoncé initialement, et 19 Etats américains, et non 17, qui ont reçu « par erreur » des échantillons de cet agent pathogène extrêmement dangereux au cours du mois de mai 2015. Le 5 juin, le représentant permanent de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) auprès de l'Organisation des Nations Unies a adressé une lettre au secrétaire général des Nations Unies et au président de son Conseil de sécurité, demandant que ce dernier se saisisse de cette affaire. La requête nord-coréenne s'inscrit dans le cadre du point 103 de l'ordre du jour de la 69e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, portant sur la Convention sur l'interdiction de la mise au point de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques (biologiques) ou à toxine et sur leur destruction. L'Association d'amitié franco-coréenne présente ci-après la traduction française officielle de cette lettre, telle qu'elle figure sur le site des Nations Unies.
Voici le texte des lettres, datées du 4 juin 2015, adressées en des termes identiques au secrétaire général et au président du Conseil du sécurité des Nations Unies par le Représentant permanent de la RPD de Corée auprès des Nations Unies :
J’ai l’honneur de vous faire tenir ci-joint une déclaration faite le 3 juin 2015 par un porte-parole de la Commission de défense nationale de la République populaire démocratique de Corée au sujet du péril que représentent les projets de guerre biologique contre le pays échafaudés par les États-Unis d’Amérique (voir annexe).
Il a été révélé récemment que des bacilles mortels actifs de la maladie du charbon avaient été expédiés clandestinement depuis une installation militaire située à Dugway (Utah), placée sous le contrôle du Département de la défense des États-Unis, aux bases militaires américaines situées en Corée du Sud et dans d’autres pays.
Cela montre clairement que non seulement les États-Unis possèdent des armes de destruction massive meurtrières qui sont formellement interdites en vertu de la Convention sur les armes biologiques, mais également qu’ils tentent de les utiliser à des fins guerrières contre la République populaire démocratique de Corée sur le territoire de la péninsule coréenne.
La République populaire démocratique de Corée condamne dans les termes les plus énergiques les États-Unis pour leurs actes génocidaires contre l’humanité, et prie instamment le Conseil de sécurité de se pencher sur la question de l’envoi de bacilles du charbon, en vue de mener une enquête approfondie sur les projets de guerre biologique des États-Unis.
Je vous serais reconnaissant de bien vouloir faire distribuer au plus vite le texte de la présente lettre et de son annexe comme document de l’Assemblée générale, au titre du point 103 de l’ordre du jour, et du Conseil de sécurité.
L’Ambassadeur,
Représentant permanent
(Signé) Ja Song Nam
En annexe des lettres adressées au secrétaire général et au président du Conseil du sécurité des Nations Unies par le Représentant permanent de la RPD de Corée auprès des Nations Unies, figure une déclaration faite le 3 juin 2015 par un porte parole de la Commission de la défense nationale de la RPDC, telle que rapportée par l'agence officielle nord-coréenne KCNA :
Pyongyang, le 3 juin – Un porte-parole de la Commission de défense nationale de la République populaire démocratique de Corée a publié aujourd’hui une déclaration dévoilant au grand jour le sinistre dessein des impérialistes américains, qui cherchent à plonger la nation coréenne dans une terrible guerre biologique.
Dans cette déclaration, il est indiqué que la récente révélation de l’introduction de bacilles du charbon en Corée du Sud par les États-Unis prouve que ces derniers ne sont qu’une bande d’escrocs menaçant l’existence de l’humanité, des barbares qui s’abaissent à toutes les infamies pour faire de la Corée du Sud un enfer et un terrain d’essais pour armes biochimiques, et de cruels meurtriers qui défient jusqu’au droit international.
Compte tenu de la situation actuelle, cette déclaration est venue préciser la position de principe de la République populaire démocratique de Corée, qui est la suivante :
1. Les États-Unis doivent avouer le crime trois fois maudit qu’ils ont commis à l’encontre de la nation coréenne et du monde, et se retirer sans délai de la Corée du Sud, en emportant avec eux tout l’arsenal nucléaire et biologique qu’ils y ont dissimulé, y compris dans leur base aérienne située à Osan.
La moitié sud de la Corée n’est pas une terre où les assassins américains peuvent régner en maîtres, en ourdissant leur complot visant à déclencher une horrible guerre nucléaire et biologique ayant pour but d’exterminer la nation coréenne par tous les moyens.
2. Les Sud-Coréens de toutes les sphères de la société devraient s’allier à l’échelle nationale pour déjouer les plans de guerre nucléaire et biologique des impérialistes américains.
Ils devraient défendre leur terre et leur avenir en menant des efforts concertés au sein de la nation coréenne en vue de lutter contre les sophismes dont usent les États-Unis, ce démon meurtrier sans égal contre lequel la nation doit mener un combat acharné, et en s’attaquant sans merci à Park Geun–Hye, qui s’aplatit devant lui.
3. Le monde devrait reconnaître le projet des États-Unis, qui refusent même d’admettre qu’ils préparent une guerre biologique, pourtant strictement interdite au niveau international, pour ce qu’il est, à savoir la plus grande menace qui soit pour la paix et un crime odieux au caractère génocidaire, et le punir sans pitié.
La Cour pénale internationale doit traduire en justice le Président des États-Unis, son Secrétaire d’État à la défense et le chef des forces de l’agresseur impérialiste présentes en Corée du Sud, qui sont les instigateurs de ce crime, ainsi que les autorités fantoches de la Corée du Sud et leurs complices, afin que tous soient sévèrement punis aux yeux du monde entier.
Il était souligné dans la déclaration que le sinistre dessein de l’empire des démons de faire de la péninsule coréenne une terre désolée et le théâtre d’une guerre biologique, en plus de l’exposer aux dangers de la radioactivité, ne devait jamais devenir réalité.
Il y a néanmoins peu de chance que le Conseil de sécurité condamne, même timidement, les pratiques d'un de ses membres permanents en matière de manipulation d'armes de destruction massive hors de ses frontières. En effet, le département d'Etat américain a jugé que les demandes nord-coréennes sont « ridicules » et « ne méritent pas de réponses ». Compte tenu du passif des Etats-Unis en Corée, on n'espérait pas davantage de la part de l'administration américaine.
Sources :
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