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8 juin 2013 6 08 /06 /juin /2013 11:09

Le 8 juin 2013, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) et la République de Corée (du Sud) ont convenu de renouer le dialogue : le 9 juin, une réunion préparatoire de travail se tiendra dans la zone démilitarisée, à Panmunjom, en vue de préparer une rencontre à un plus haut niveau - ministériel - le 12 juin à Séoul. La veille, Pyongyang avait rétabli les liaisons téléphoniques intercoréennes, suspendues lors des graves tensions en mars et avril dernier, et c'est d'ailleurs par ce canal que Séoul a répondu. L'interruption des liaisons était intervenue après le troisième essai nucléaire nord-coréen, en février, dans un contexte d'escalade militaire - dont on sait aujourd'hui que celle-ci s'inscrivait dans un plan délibéré du commandement américain. Si l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) se réjouit que Séoul ait répondu favorablement à la proposition de Pyongyang de réouvrir le dialogue intercoréen, elle observe qu'il faut maintenant rétablir des relations de confiance. De ce point de vue, la nouvelle direction sud-coréenne est confrontée à une responsabilité historique, pour permettre - ou non - qu'advienne une nouvelle ère de dialogue et de coopération dans la péninsule.

 

Kim-jong-un_Congress_Korean-Childrens--Union.jpgUne fois encore, c'est la République populaire démocratique de Corée qui a pris l'initiative de relancer le dialogue Nord-Sud. La ligne diplomatique nord-coréenne obéit à des constantes, la RPDC ayant été à l'origine des avancées sur la voie des échanges et des coopérations intercoréennes sans hésiter, en cas de blocage des autorités sud-coréennes, à adopter des positions d'extrême fermeté. Ainsi, le cours fluctuant des relations Nord-Sud a toujours reflété les changements de direction à Séoul, la période la plus récente ayant été marquée par une intensification sans précédent des échanges intercoréens sous les présidences démocrates de Kim Dae-jung (1998-2003) et Roh Moo-hyun (2003-2008), avant une profonde détérioration sous l'administration conservatrice du Président Lee Myung-bak (2008-2013). Après la suspension des activités de la zone intercoréenne de Kaesong - où quelque 120 PME sud-coréennes employaient 53.000 ouvriers nord-coréens, ce qui en faisait la mesure la plus emblématique du dialogue et de la réconciliation entre le Nord et le Sud - la balle est donc désormais dans le camp de la nouvelle chef d'Etat, Mme Park Geun-hye, entrée en fonctions en février dernier : va-t-elle rompre avec la politique d'intransigeance de son prédécesseur Lee Myung-bak, afin de permettre au dialogue intercoréen de repartir de l'avant ? En janvier, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un (à gauche, au 7ème congrès de l'Union des enfants coréens, le 6 juin 2013) avait déjà tendu la main au Sud pour réengager les échanges, mais les autorités sud-coréennes n'avaient alors pas saisi cette opportunité.

 

Alors que les dirigeants des principales puissances de la planète ont les yeux rivés sur la péninsule coréenne - au même moment se tient une rencontre entre les présidents américain Barack Obama et chinois Xi Jinping, et la question coréenne figure au programme de leurs échanges - Séoul vient de répondre positivement à une proposition de Pyongyang de renouer le dialogue intercoréen. La RPD de Corée a été très souple sur les conditions de la reprise des discussions, acceptant les demandes sud-coréennes tant en ce qui concerne le calendrier (le 12 juin) et le lieu (Séoul) que le niveau de la rencontre (interministériel). La seule demande nord-coréenne était de tenir une réunion technique préparatoire, qui aura lieu le 9 juin à Panmunjom, pour préparer au mieux les échanges prévus le 12 juin. Pour des raisons d'organisation et de délais, c'est le village de Panmunjom - où a été signé l'accord d'armistice de 1953, et où se tiennent régulièrement des rencontres intercoréennes - qui a été retenu.

 

Les sujets à l'ordre du jour ne sont pas limitativement énumérés : ils pourraint porter non seulement sur l'avenir de la zone de Kaesong, mais aussi sur une possible reprise du tourisme intercoréen dans les monts Kumgang, suspendu en juillet 2008, et de nouvelles réunions de familles séparées - alors que cette année marque le soixantième anniversaire de la fin de la guerre de Corée qui a entériné la division de la péninsule, sans se conclure par un traité de paix qui permettrait de prévenir de nouveaux affrontements intercoréens.

 

Par ailleurs, l'accélération du calendrier sur la reprise du dialogue intercoréen laisse à penser que Séoul pourrait également donner une suite favorable à la proposition de Pyongyang de célébrer en commun la déclaration intercoréenne du 15 juin 2000, cosignée dans le cadre de la première rencontre au sommet entre les dirigeants du Nord et du Sud de la péninsule. En outre, des initiatives conjointes pourraient être prises à l'occasion du 41ème anniversaire de la déclaration du 4 juillet 1972, premier accord intercoréen de haut niveau - et dont l'un des protagonistes était le général Park Chung-hee, alors Président de la République et père de l'actuel chef de l'Etat au pouvoir à Séoul, Mme Park Geun-hye, soucieuse de réhabiliter la mémoire de son père.

 

En tout état de cause, le moment actuel est crucial pour les relations intercoréennes : la nouvelle direction sud-coréenne, elle-même traversée par des différences de générations et d'intérêts, saura-t-elle tisser des relations de confiance avec les autorités nord-coréennes, qui apprécieront la sincérité de leurs nouveaux interlocuteurs ? A défaut, c'est l'ensemble du processus d'échanges intercoréens qui risque d'être durablement interrompu.

 

Sources : AAFC, iafrica.com (dont photo).

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