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4 août 2010 3 04 /08 /août /2010 12:32

Alors que la politique intercoréenne du gouvernement Lee Myung-bak conduit à remettre en cause, l'un après l'autre, les acquis du dialogue Nord-Sud, l'avenir de la zone industrielle de Kaesong, au Nord, où sont implantées 120 usines sud-coréennes, apparaît menacé. Jusqu'à présent, la bonne volonté du gouvernement de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) et des entreprises sud-coréennes a toutefois réussi à faire pièce aux tentatives des autorités sud-coréennes d'asphyxier le développement de la zone, symbole de la réconciliation intercoréenne.

 

kaesong_kbs.jpgFin juillet, les entreprises sud-coréennes implantées à Kaesong, au Nord de la péninsule, auraient donné leur accord de principe, selon le groupe de média sud-coréen KBS, pour augmenter de 5 % les salaires de leurs ouvriers nord-coréens. Sous réserve des discussions restant à venir, les rémunérations pourraient ainsi s'élever à 60 dollars par mois (au lieu de 57 dollars aujourd'hui). Après de longs mois de négociations sur l'ampleur de la revalorisation des salaires, les autorités nord-coréennes ont revu à la baisse leurs demandes, dans un geste d'ouverture pour poursuivre le développement de la zone commune intercoréenne, devenue un des derniers symboles des échanges Nord-Sud après la profonde détérioration des relations intercoréennes. L'accord salarial fait suite à la constitution d'un comité permanent, inauguré le 29 juillet 2010, auquel ont adhéré 142 entreprises sud-coréennes implantées ou envisageant de s'implanter dans le complexe de Kaesong. Dirigé par le PDG d’une entreprise spécialisée dans le domaine des carburants, M. Yoo Dong-wook, le comité permanent négociera avec les autorités nord-coréennes pour les questions touchant, notamment, aux passages de la DMZ, au dédouanement et aux moyens de communication.

 

La poursuite du développement du complexe commun de Kaesong relève aujourd'hui des seules initiatives conjointes de la RPD de Corée et des entreprises sud-coréennes engagées dans les échanges commerciaux avec le Nord, comme l'avait déjà manifesté la visite à Pyongyang, en août 2009, de Mme Hyun Jeong-eun, présidente du groupe Hyundai, qui avait rencontré Kim Jong-il, président de la Commission de la Défense nationale de RPDC. Hyundai Asan, filiale de Hyundai, gère le complexe intercoréen de Kaesong.

 

Car, pour leur part, les autorités sud-coréennes multiplient les obstacles à la poursuite des échanges intercoréens à Kaesong. Le gouvernement Lee Myung-bak avait interdit, en mai dernier, l'envoi de produits ou de matières premières par les entreprises sud-coréennes pour être utilisés dans leurs unités à Kaesong. Cette mesure, prise en rétorsion au naufrage du navire sud-coréen Cheonan attribué par Séoul à la Corée du Nord malgré le manque de preuves convaincantes, avait ensuite été levée partiellement et temporairement, face aux protestations des entreprises sud-coréennes implantées à Kaesong confrontées à de lourdes pertes. Le (mal nommé) ministère sud-coréen de la Réunification a annoncé qu'il ne recevrait les demandes d'autorisation d'envoi de produits et de matières premières au Nord que jusqu'au 10 août, laissant planer la menace d'une nouvelle interdiction.

 

Toujours à la suite du naufrage du Cheonan, les autorités sud-coréennes avaient également diminué de 1.000 à 500 le nombre de cadres sud-coréens autorisés à travailler dans la zone de Kaesong, avant de décider de relever ce plafond de 500 à 600 face aux difficultés rencontrées par les entreprises sud-coréennes pour poursuivre le processus de production dans des conditions satisfaisantes. Le nombre de 600 travailleurs reste toutefois en-deçà du plafond antérieur de 1.000 personnes, ne représentant, en moyenne, qu'une personne supplémentaire par entreprise sud-coréenne implantée au Nord. Il s'agirait principalement de petites et moyennes entreprises, qui ne constituent pas le coeur des priorités de Lee Myung-bak qui appuie principalement les grands groupes internationaux sud-coréens. 

 

Face aux manoeuvres de Lee Myung-bak et des autorités sud-coréennes pour torpiller la réconciliation intercoréenne à Kaesong, la bonne volonté des Coréens eux-mêmes, au Nord comme au Sud de la péninsule, apparaît comme la meilleure garantie de continuer à faire avancer la cause de la réunification.

 

Sources :

- "Gaesong : les salaires des ouvriers vont augmenter de 5 %", KBS World, 31 juillet 2010.

- "Les entreprises sud-coréennes à Gaesong inaugurent un comité permanent", KBS World, 30 juillet 2010.

- "Séoul pourrait interdire de nouveau l'envoi de produits aux entreprises qui sous-traitent en Corée du Nord", KBS World, 28 juillet 2010.

- "Séoul augmente de 100 le nombre de travailleurs sud-coréens au parc industriel de Gaesong", KBS World, 16 juillet 2010.

- "Séoul veut faire revenir à la normale le nombre de travailleurs sud-coréens à Gaesong", KBS World, 12 juillet 2010 (dont photo).

 

 

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