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30 décembre 2016 5 30 /12 /décembre /2016 17:25

Dans le système politique sud-coréen, le Président sortant ne peut pas être immédiatement candidat à sa réélection. Alors que le mandat de la Présidente élue en 2012, Mme Park Geun-hye, devait normalement venir à échéance en février 2018 après une élection en décembre 2017, le vote de sa destitution par le Parlement devrait accélérer le calendrier électoral - dans l'attente toutefois de la confirmation par la Cour constitutionnelle de la procédure de destitution, ou d'une démission de la chef de l'Etat en titre. En tout état de cause, les événements politiques des derniers mois, marqués par des manifestations de masse contre la Présidente Park, ont fortement modifié le contexte politique. L'AAFC présente les principaux prétendants possibles, à ce jour, à la magistrature suprême.

Quel(le) prochain(e) Président(e) pour la Corée du Sud ?

L'opposition démocrate a tiré le principal bénéfice des manifestations anti-Park Geun hye, et en premier lieu Moon Jae-in, qui appartient au principal parti d'opposition (Parti Minjoo), première formation politique au Parlement. Candidat malheureux contre Mme Park Geun-hye à l'élection présidentielle de 2012 (en ayant obtenu 48,02 % des voix contre 51,55 % à sa rivale), il a remis en cause les choix les plus contestés de l'actuelle administration conservatrice au pouvoir à Séoul - de la politique de tensions délibérée avec la Corée du Nord, en passant par l'accord nippo - sud-coréen sur les "femmes de réconfort" et au déploiement dans la péninsule du dispositif de missiles américain THAAD, dont il exige qu'il soit différé.

Pour être élu encore Moon Jae-in doit-il rassembler son propre camp, alors que le système électoral à un tour est taillé sur mesure pour favoriser le camp conservateur, qui se réunit plus facilement derrière un seul candidat, comme en 1987 où l'opposition démocrate a été battue après avoir réuni plus de 55 % des suffrages. A cet égard, si Moon Jae-in est crédité de 22,8 % des voix par l'institut de sondages indépendant Real Meter, le créneau du centre-gauche est également occupé par Ahn Cheol-soo (7,4 %), principale figure du second parti d'opposition en nombre de voix, le Parti du peuple, qui avait renoncé à concourir en 2012 en se ralliant (tardivement) à Moon Jae-in après avoir été un temps le favori des sondages, et surtout Lee Jae-myung (10,9 %) : le populaire maire de Seongnam est un électron libre de l'opposition démocrate, comparé à Bernie Sanders ou à Donald Trump pour sa critique des élites (il a d'ailleurs déclaré qu'il serait prêt à travailler avec Donald Trump), qui a été au premier rang des manifestations anti-Park Geun-hye et exige que la lutte contre la corruption remette en cause les pouvoirs acquis par les conglomérats - les chaebols - depuis des décennies et surtout que les conservateurs au pouvoir soient poursuivis. Partisan d'un dialogue avec la Corée du Nord, dans le cadre duquel il s'est dit prêt à rencontrer le Président Kim Jong-un, Lee Jae-myung a aussi mis en place d'importantes politiques sociales à Seongnam - et a engagé une grève de la faim dans le cadre d'un bras-de-fer financier avec le pouvoir central menaçant la pérennité de ses politiques locales. Les autres figures du camp démocrate, notamment le maire de Séoul Park Won-soon, n'atteignent pas 5 % dans les sondages. Pour sa part, la gauche - représentée au Parlement par le Parti de la justice (social-démocrate) - obtient traditionnellement des scores inférieurs à 4% lors de l'élection présidentielle.

Face aux démocrates, les conservateurs se sont divisés lors des manifestations contre Mme Park Geun-hye : la moitié des députés du parti Saenuri (au pouvoir) ont voté la destitution de la Présidente Park. Vingt-neuf députés de la fraction anti-Park du parti Saenuri ont d'ores et déjà fondé une nouvelle formation politique, le Nouveau parti conservateur réformiste. Dans les simulations électorales en cas d'élections législatives, le Nouveau parti conservateur réformiste est crédité d'un score supérieur (17,4 %) au parti Saenuri (15,8 %).

L'absence de figure prééminente au sein du camp conservateur a conduit à ce qu'un "indépendant" (membre en tout cas d'aucun parti), le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, dont le mandat prendra fin le 31 décembre 2016, devienne de fait le candidat des électeurs conservateurs : Real Meter le crédite de 24,5 % des intentions de vote. Ancien ministre des Affaires étrangères d'un Président démocrate, Ban Ki-moon est surnommé "l'anguille" pour sa capacité à changer de bord politique. Conscient qu'être le candidat des conservateurs (mais tous le rallieront-ils ?) le desservirait, il cherche toutefois à élargir son assise politique en ralliant des démocrates opportunistes. Un récent scandale de corruption l'a affaibli, sans abattre sa candidature attendue.

A moins d'un an de l'échéance, alors que traditionnellement les candidats à l'élection présidentielle sont désignés dans le cadre d'élections primaires, le jeu politique, bien que penchant en faveur des démocrates, reste ouvert.

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