Pour sa première bénédiction urbi et orbi à l'occasion de la fête de Pâques, le pape François a mis l'accent sur la paix dans le monde, en évoquant plus particulièrement la nécessaire "réconciliation" dans la péninsule coréenne. Ce message a d'autant plus de portée que, dans le Sud de la Corée, les catholiques forment 10,3% de la population et ont été historiquement impliqués dans les combats politiques, hier pour la démocratisation de la Corée du Sud et aujourd'hui pour la réunification de leur pays divisé.
Alors que les tensions augmentent dans la péninsule coréenne, le pape François a mentionné la situation du pays, divisé depuis plus de soixante ans, dans sa première bénédiction urbi et orbi prononcée sur la place Saint-Pierre à l'occasion de la fête de Pâques, le 31 mars 2013, devant plus de 200.000 fidèles : "Paix en Asie, surtout dans la péninsule coréenne, pour que soient surmontées les divergences et que mûrisse un esprit renouvelé de réconciliation."
Par le passé, les Eglises coréennes - notamment bouddhistes et chrétiennes - ont exaucé le même voeu de réconciliation. En juillet 2008, le Conseil oecuménique des Eglises avait lancé un appel aux autorités sud-coréennes pour une reprise du dialogue intercoréen sans conditions préalables. Les bouddhistes de l'ordre Jogye se sont fortement engagés ; en mars 2010, ils avaient dû batailler avec le gouvernement sud-coréen de Lee Myung-bak pour avoir la possibilité de se rendre au Nord afin de promouvoir le dialogue religieux intercoréen.
Après l'élection du pape François, des messages de félicitations lui avaient été adressés, non seulement du Sud de la péninsule (où les catholiques comptaient fin 2011 5,3 millions de fidèles, soit 10,3% de la population, répartis dans 15 diocèses, dont les archevêchés de Séoul, Taegu et Gwangju), mais aussi de République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord).
En Corée du Sud, si les protestants - proches des Eglises américaines - sont en général proches des conservateurs, les catholiques se sont impliqués et continuent de s'investir dans la vie publique pour la démocratie et la réunification de la péninsule. Aujourd'hui très actifs dans le refus d'installation d'une base navale à Jeju, ils ont payé un lourd tribut dans la lutte contre le régime militaire en Corée du Sud, avec le soutien de Stephen Kim Sou-hwan (1922-2009), archevêque de Séoul de 1968 à 1998, qui avait été élevé au rang de cardinal par le pape Paul VI en 1969. La cathédrale Myeongdong, à Séoul, avait alors hébergé les militants pour la démocratisation en Corée du Sud, pour échapper à la répression de l'armée responsable de la mort de milliers d'opposants durant les mandats des généraux Park Chung-hee (1961-1979) et Chun Doo-hwan (1979-1988).
Sources : AAFC, TF1