Après avoir initialement refusé à des bouddhistes de l'ordre Jogye de se rendre au Nord de la péninsule, dans le cadre du dialogue religieux intercoréen, le ministère sud-coréen de la Réunification, dirigé par le très controversé Hyun In-taek, a finalement accepté qu'une délégation de l'ordre se rende en Corée du Nord. L'AAFC se félicite de ce revirement de position, en espérant qu'il soit le signal d'une acceptation, par le gouvernement Lee Myung-bak, de la reprise du dialogue intercoréen, mené aussi par des canaux non-gouvernementaux.
Premier ordre bouddhique de Corée, l'ordre Jogye (ci-contre, à gauche, Kyong Ho Seong-wu, 75ème patriarche) avait annoncé, le 3 février 2010, que 4.000 de ses membres souhaitaient visiter les monts Kumgang, au Nord de la péninsule. Cette visite était de nature à approfondir le dialogue religieux intercoréen, en permettant notamment aux fidèles de l'ordre Jogye de se rendre au temple Shingye, qui a réouvert ses portes en 2007 à l'issue de travaux de rénovation menés, notamment, avec le soutien de l’ordre bouddhiste. Mais le ministère sud-coréen de la réunification avait rejeté cette demande, en estimant le moment choisi inopportun au regard de l'état actuel des relations intercoréennes.
Cependant, le 11 mars 2010 le ministère sud-coréen de la Réunification a finalement donné son accord à cette demande, en estimant qu'elle visait à encourager les échanges religieux intercoréens, et non à reprendre le tourisme sud-coréen dans les monts Kumgang, suspendus depuis la mort d'une touriste le 11 juillet 2008. Le gouvernement sud-coréen a ainsi autorisé une délégation de l'ordre Jogye à se rendre à Kaesong, au Nord de la DMZ, afin de préparer le voyage de ses membres.
Si l'AAFC se félicite de ce revirement de position du ministère de la Réunification, des interrogations demeurent : est-ce le résultat d'une action discrète, mais efficace, de l'ordre Jogye, ou un signal envoyé par Séoul aux autorités nord-coréennes, alors que la presse fait état d'une possible reprise des pourparlers à six en avril prochain ? Cette hypothèse serait d'autant plus crédible que le motif allégué pour le refus initial était l'état des relations intercoréennes, dont l'amélioration est subordonnée par Séoul à des progrès sur la question nucléaire.
En tout état de cause, le gouvernement sud-coréen semble éprouver des difficultés à définir une ligne claire quant à la poursuite des échanges intercoréens menés en dehors du cadre gouvernemental : si le président Lee Myung-bak désapprouve la "politique du rayon de soleil" de ses prédécesseurs démocrates Kim Dae-jung et Roh Moo-hyun, les déclarations Nord-Sud du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007 n'ont pas, pour autant, été déclarées caduques, et elles fondent toujours les échanges intercoréens, dans les domaines économique, culturel ou religieux.
Sources : AAFC, KBS World Radio
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