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5 juin 2018 2 05 /06 /juin /2018 19:16

Dans un contexte de revirements de l'administration américaine sur la tenue ou non sur le sommet du 12 juin 2018 à Singapour entre Donald Trump et Kim Jong-un - qui sera une première entre un président américain en exercice et le dirigeant suprême nord-coréen - Benoît Quennedey, président de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC), est intervenu à ce titre dans plusieurs médias : RT France le 31 mai 2018 puis France 24 (canal francophone et canal anglophone) le 1er juin 2018. Nous rendons compte ci-après de ses interventions sur RT France et sur le canal francophone de France 24. 

La Corée du Nord au centre de tractations diplomatiques. RT France invite le président de l'AAFC dans son journal télévisé du jeudi 31 mai 2018 à 19h. 

Stéphanie de Muru, (SdM) journaliste à RT France après avoir travaillé sur FR3, I-Télé et BFM TV, a posé trois questions à Benoît Quennedey (BQ).

SdM : Ce sommet a été annoncé puis annulé et enfin réannoncé à moitié. Aura-t-il lieu ?

BQ : Je suis un sempiternel optimiste et je pense qu’il aura lieu. Dans cette séquence il y a un temps record pour régler un certain nombre de questions. Des deux côtés on n’entend pas arriver à un accord défavorable. L’agacement nord-coréen suivi de l’épisode de l’annulation du sommet par les Américains a permis le retour dans le jeu de la Corée du Sud avec le deuxième sommet intercoréen tenu à la demande des Nord-Coréens. D’ailleurs le président sud-coréen Moon Jae-in n’a pas exclu un sommet tripartite si l’on devait, en particulier, discuter d’un traité de paix.

SdM : Qu’est ce qui peut sortir de ce sommet qui a un peu mal commencé ?

BQ : On peut arriver soit à un accord global prévoyant la dénucléarisation de la Corée et en contrepartie des garanties de sécurité pour la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) avec différentes étapes de mise en oeuvre, soit rester dans un cadre plus général avec tout un nuancier possible d'accords. Nous assistons actuellement à une multiplication des rencontres diplomatiques marquée dernièrement par la rencontre du ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie Sergueï Lavrov et du Président Kim Jong-un. La dénucléarisation de la RPDC que demande Washington doit être complète, vérifiable et irréversible mais les garanties de sécurité qu'apportera Washington doivent elles aussi être complètes, vérifiables et irréversibles - vérifiables par des parties tiers comme la Chine et la Russie. Sergueï Lavrov a mentionné également à Pyongyang la levée des sanctions au cours de ce processus, et pas in fine  comme le veulent certains faucons américains. L'accord sera global ou pas : il s’agit d’assurer non seulement la dénucléarisation mais aussi la paix dans cette région du monde.

SdM : Cette rencontre de Kim Jong-un et de Lavrov est aussi un évènement historique. En quoi peut-elle peser sur ce sommet ?

BQ : Lors des discussions des sanctions au Conseil de sécurité de l’ONU on a pu voir que progressivement la Russie a fait davantage valoir son point de vue. La Russie faisait partie des pourparlers à six. La Russie en dehors de son intérêt politique ne peut pas laisser passer l’occasion d’accords économiques dans les domaines des réseaux gaziers et ferroviaires. La Russie a d'ailleurs été l’une des principales victimes des sanctions sud-coréennes avec la suspension des projets de rétablissement des liaisons ferroviaires intercoréennes en mars 2016.

 

Message de Kim Jong-un à Donald Trump. Le vendredi 1er juin 2018, la chaîne de télévision France 24 (en français) dans son journal de 23h apporte un éclairage sur l'actualité en invitant Benoît Quennedey, président de l'AAFC

Sommet Kim Jong-un - Donald Trump : l'AAFC sur RT France et France 24

Après avoir montré les images de Donald Trump qui, après sa rencontre avec Kim Yong-chol, annonce que le sommet est en bonne voie, la première question a porté sur le sommet à venir entre Washington et Pyongyang.

France 24 : Le sommet est un début. Comment avez-vous réagi à l’annonce de Donald Trump ?

BQ : C’est un grand soulagement, car après des semaines de confrontation le sommet était réellement en danger. L’élément très important est le rôle de la Corée du Sud. Elle a fait tout ce qui était possible pour que ce sommet ait lieu. Kim Yong-chol reçu au Bureau Ovale, c’est déjà tout un symbole. Rappelons qu’il est personnellement sous le coup de sanctions américaines. Il y a 18 ans le processus engagé par l’administration Clinton n’avait pas été mené jusqu’au bout par souci, à la demande des républicains, de ne pas lier les mains de son successeur, à la veille d'une élection présidentielle. Les Nord-Coréens ont su se positionner par rapport à la politique extérieure atypique de Donald Trump et ont compris qu’il y avait une opportunité. Nous avons donc une configuration extrêmement favorable, mais comme l’a dit Donald Trump lui-même, « c’est le début d’un long processus ».

France 24 : Quel est l’intérêt des Coréens du Nord à cette rencontre ? La lettre de Donald Trump à Kim Jong-un était assez dure.

BQ : Le président américain nous avait habitué à un style encore moins diplomatique... Sinon, on ne connaît pas le contenu de la lettre de Kim Jong-un à Donald Trump. Ce qui apparaît actuellement en Corée du Nord est un regard différent par rapport aux étrangers, une réelle volonté d’ouverture, avec un intérêt pour les modèles chinois et plus encore vietnamien. Il y a une réelle volonté de développer le pays. Si des garanties de sécurité sont obtenues dans le cadre d’un processus de sécurité collective dont les contours restent à définir, et où la Chine et la Russie auront leur place, si les sanctions sont levées, alors Pyongyang n'aura aucune raison de refuser un processus qui garantirait son développement économique. Pour les Nord-Coréens cela vaut le coup d’essayer.

France 24 : Votre association est parfois jugée un peu trop complaisante à l’égard de la Corée du Nord. Est-ce que pour vous c’est une démocratie ? Est-ce qu’il faut négocier avec elle ?

BQ : C’est un régime né d’une guérilla militaire, avec une grande concentration des pouvoirs qui rappelle celui de la Chine. Il faut aussi tenir compte de l’influence du confucianisme. Le régime politique n’a rien à voir avec une démocratie de type occidental au sens où nous l’entendons ici.

La diplomatie relève d'un autre domaine, l'intérêt des Etats et le réalisme. Quand la France négocie avec l’Arabie Saoudite qui a des principes très éloignés des nôtres on ne pose pas cette question…

La paix en Corée est possible car les deux parties ont des intérêts qui convergent. Kim Jong-un représente une nouvelle génération et la Corée du Nord n’est pas un pays statique.

Les choses évoluent, et si le processus en cours aboutit peut-être verra-t-on un jour à Pyongyang, après des décennies de confrontation, les enfants d'expatriés américains jouer avec les enfants nord-coréens.

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