Le 23 février 2018, le comité jeunes et étudiants de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a organisé une réunion publique dans les locaux de l'UL-CGT du 16e arrondissement de Paris pour discuter de la question de la paix dans la péninsule coréenne, en présence de participants sud-coréens (qui constituaient la moitié de l'assistance), ce qui a permis un large échange entre Français et Coréens. Au moment où les Jeux olympiques de Pyeongchang ont favorisé un spectaculaire rapprochement intercoréen, tous les participants ont convenu de la nécessité de promouvoir la paix et la dialogue, en repoussant les manoeuvres à contre-courant des néo-conservateurs américains qui exacerbent les tensions dans la péninsule coréenne.
Les tentatives pour ruiner la paix et le dialogue sont à la mesure des espoirs soulevés par le rapprochement intercoréen en cours, lors des Jeux olympiques et paralympiques de Pyeongchang, comme en atteste la dénonciation par les néoconservateurs américains et sud-coréens (complaisamment relayés par la presse occidentale) du général Kim Yong-chol, qui dirigera la délégation nord-coréenne lors de la cérémonie de clôture des Jeux olympiques : alors qu'en raison des fonctions qu'il occupe pour les relations Nord-Sud il a vocation à diriger la délégation nord-coréenne lors de cette cérémonie, les quelque 70 députés sud-coréens de droite qui protestent contre sa venue font deux raccourcis généralement omis par les médias occidentaux. D'une part, incriminer la RPDC dans le dramatique naufrage de la corvette "Cheonan" qui a causé la mort de 46 marins sud-coréens au printemps 2010, c'est faire fi de toutes les lacunes de l'enquête officielle, ce qui a conduit à ce que les conclusions de l'enquête officielle américano-sud-coréenne soient remises en question, entre autres, par un ancien membre du groupe d'enquête (le 26 mai 2010), par des chercheurs indépendants d'universités américaines (le 12 juillet 2010), et par les experts de la marine russe (juillet 2010) invités par Séoul à examiner les « preuves » de la culpabilité de la Corée du Nord. D'autre part, l'implication du général Kim Yong-chol est plus que douteuse, comme l'a rappelé le gouvernement sud-coréen.
Et dans le même temps, ne faut-il pas rappeler aux députés conservateurs sud-coréens qui manifestent contre la venue du général Kim Yong-chol que l'homme à l'origine de la mort de plus de 300 Sud-Coréens dans le naufrage d'un autre navire, le "Sewol", était notoirement proche d'eux, et que le gouvernement qu'ils dirigeaient alors a été incapable de sauver des centaines de vies humaines ? Comment oublier que les conservateurs, eux, étaient aussi au pouvoir lorsqu'a été tué le manifestant paysan Baek Nam-gi, un parti politique interdit à l'issue d'un procès truqué par les services de renseignement et qu'ont été commises des atteintes systématiques aux libertés publiques et aux droits de l'homme ? Les participants à la conférence ont alors témoigné des emprisonnements d'opposants (le dirigeant syndical Han Sang-gyun étant toujours derrière les barreaux) et de la pratique des "listes noires" visant à empêcher que les artistes et intellectuels jugés proches de l'opposition bénéficient de subventions et de commandes publiques.
Lors des débats animés par Loïc Ramirez, président du comité jeunes de l'AAFC, les participants ont souligné la nécessité de permettre le dialogue entre Coréens du Nord et du Sud, pour que la réunification de la Corée s'opère sans ingérence extérieure - à commencer par celle des Etats-Unis, le vice-président américain Mike Pence ayant cherché, à Pyeongchang, à torpiller tous les efforts de dialogue qui permettent aujourd'hui de sortir du cycle des tensions qui ont atteint un point paroxysmique fin 2017 - et qui servent les intérêts américains : l'annonce ce même 23 février de nouvelles sanctions américaines à l'encontre de 27 entreprises, 28 navires et 1 personnes physique, basés ou enregistrés en Corée du Nord ou dans d'autres pays (Chine, Singapour, Taïwan, Hong Kong, îles Marshall, Tanzanie, Panama, Comores), s'inscrit bien dans une politique d'asphyxie économique de la Corée du Nord, pour contrecarrer les appels au dialogue et à la paix qui constituent des perspectives inacceptables pour les Etats-Unis de Donald Trump. Des comparaisons ont été faites avec l'attitude de l'administration américaine dans d'autres régions du monde - notamment la Syrie et le Venezuela, alors que la reprise annoncée des manoeuvres militaires américano-sud-coréennes constitue un mauvais signal pour le dialogue.
Le comité jeunes de l'AAFC a appelé à le rejoindre toutes celles et tous ceux qui sont attachés au combat pour la paix et les libertés publiques dans la péninsule coréenne.
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