Les Français qui s'intéressent un peu à la généalogie savent que, en l'absence d'obligations de tenir des registres d'état civil dans notre pays jusqu'au XVIe siècle, disposer de données pour les périodes antérieures implique généralement de compter un ancêtre appartenant à la noblesse. L'ancienne Corée royale ne fait pas exception : ce sont les nobles (yangban) qui étaient les plus attachés à tenir des documents prouvant leur ascendance. Cette fonction était assurée par les registres généalogiques, appelés en coréen jokbo.
Chaque famille se devait de tenir un jokbo, qui était transmis de génération en génération en étant reçu et conservé par le fils aîné. Dans la société coréenne traditionnelle, il servait notamment de preuve à une ascendance yangban - ce qui explique qu'il pouvait être falsifié et amène à recourir à toutes les précautions d'usage quand le jokbo est utilisé comme source historique. Idéalement, il doit en effet pouvoir être recoupé avec d'autres sources.
Dans la société de classes qu'était la Corée du Choseon, les clans familiaux jouaient par ailleurs un rôle primordial. Manifestement inspiré des registres établis par la Chine impériale (le premier jokbo coréen serait celui du philosophe et poète Choe Chiwon, mort au Xe siècle, à la fin de la dynastie Silla), le jokbo attestait ainsi de l'appartenance à un même clan tout en permettant d'identifier les différentes générations. Il servait aussi - et sert toujours - de base pour pratiquer le culte des ancêtres, sa tenue étant associée à l'entretien des tombes et plus largement des lieux liés à l'histoire de la famille, notamment les demeures familiales.
Le film éponyme Jokbo (en français : Généalogie), réalisé par Im Kwon-taek et sorti en 1979, combine le thème de la résistance antijaponaise (impliquant l'obligation pour les Coréens d'adopter un patronyme japonais) et le récit d'une famille qui s'organise autour de la figure de son patriarche.
Alors que beaucoup de Coréens portent un même patronyme, le jokbo permet d'identifier ceux qui appartiennent à une même famille. Kim Il-sung, fondateur de la République populaire démocratique de Corée, appartient pour sa part à une lignée de gardiens de tombes de yangban. En 1992, Kim Il-sung a indiqué que sa famille appartenait aux Kim de Jeonju (aujourd'hui la capitale de la province du Jeolla du Nord, en République de Corée), où le tombeau du fondateur est conservé dans les monts Moak, situés dans la zone de montagne entre Jeonju et Wanju. Les ancêtres de Kim Il-sung auraient déménagé à Mangyongdae, près de Pyongyang, entre 1810 et 1820, en restant des gardiens de tombes.
Sources :
- Kim Hakjoon, Dynasty, université Stanford, 2015, p. 25 sq.
Darcy's Korean Film Page - 1970s
This page is a collection of still photos and information about Korean films released in the 1970s
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