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13 février 2023 1 13 /02 /février /2023 23:09

Le pansori (littéralement, chant du lieu public), est l'art coréen du récit chanté, accompagné d'un tambour (le janggu), inscrit au patrimoine immatériel de l'Unesco. Il trouve son expression la plus aboutie dans Le chant de Chunhyang (appelé aussi Chunhyangga). Cette œuvre, dont les origines sont difficiles à établir - remontant au moins au XVIIe siècle, sous la dynastie Choseon (1392-1910), conjugue les arts de la littérature, du chant et de la scène. Les artistes itinérants du pansori accompagnaient à l'origine les chamans, ce qui a marqué leur style, imprégné de mystère. Le chant de Chunhyang a inspiré nombre de créations postérieures dans l'ensemble de la péninsule coréenne, jusqu'à l'époque contemporaine. 

Peinture de la période Choseon, illustrant l'histoire de Chunhyang

Peinture de la période Choseon, illustrant l'histoire de Chunhyang

Par son intrigue, l'histoire de Chunhyang a une portée universelle - mais elle trouve une résonance toute particulière dans une culture coréenne ancrée dans le néo-confucianisme, en illustrant les valeurs traditionnelles de loyauté, de fidélité et de justice. 

A Namwon (dans le Jeolla) vit Chunhyang, qui est la fille d'une kisaeng - du nom des courtisanes de l'ancienne société coréenne apparues sous la dynastie Koryo (918-1392). Chunhyang et Yi Mongryong, fils d'un magistrat, tombent amoureux. C'est, hélas, un amour impossible à cause des barrières sociales. Après le départ de Yi Mongryong parti étudier à Séoul, Byeon, un magistrat tyrannique de Namwon, décide de faire de la belle Chunhyang sa concubine. Mais fidèle à Mongryong, la jeune fille refuse ses avances et Byeon l'emprisonne et la fait condamner à mort. Ayant remporté la première place à l'examen d'Etat, Mongryong revient comme inspecteur royal secret. Il punit Byeon, et libère et épouse Chunhyang. 

Si la légende de Chunhyang est attestée dans plusieurs ouvrages de la dynastie Choseon, Le chant de Chunhyang est composé, dans sa forme actuelle, par Shin Jae-yo dans les années 1870 - en France, il a été traduit par Choi Mikyung et Jean-Noël Juttet et publié aux éditions Zulma en 2008. Dès le XIXe siècle, le pansori constituait un genre qui avait gagné ses lettres de noblesse parmi les lettrés, avant de décliner pendant la colonisation japonaise. Nombre de ses artistes gagnent le nord de la péninsule après 1945, notamment Pak Tong-sil (1897-1968) qui l'adapte à des thèmes patriotiques et révolutionnaires. Un des classiques du cinéma nord-coréen, La légende de Chunhyang, de Yun Ryong-gu et Yu Won-jun (1980), s'inscrit dans la tradition du pansori en alternant les scènes jouées et chantées. 

Au sud, si Pak Tong-jin (1916-2003) réalise dès 1969 une interprétation de l'histoire de Chunhyang pendant huit heures (enrichissant ainsi le scénario de base), le récit connaît un important renouveau avec Le chant de la fidèle Chunhyang d'Im Kwon-taek en 2000, où le rôle de Chunhyang est interprété par Yi Hyo-jeong et celui de Yi Mongryong par Cho Seung-woo, alors révélé. Comme Yun Ryong-gu et Yu Won-jun, il situe également l'histoire au XVIIIe siècle. Son film a valu à Im Kwon-taek la palme d'or au festival de Cannes en 2000. Les dramas coréens ont ensuite repris et adapté Le chant de Chunhyang.

La popularité du récit a même gagné le Japon, où un manga de CLAMP, Shin Sunkaden,  publié en 1992, reprend la légende de Chunhyang. 

Namwon, où les faits sont censés s'être déroulés, organise chaque printemps un festival consacré à Chunhyang. 

Sources : 

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