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8 octobre 2009 4 08 /10 /octobre /2009 16:08
La visite du Premier ministre chinois, Wen Jiabao, en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), du 4 au 6 octobre 2009, a été l'occasion de réaffirmer la solidarité entre la République populaire de Chine (RPC) et la RPDC, forgée notamment pendant la Guerre de Corée (1950-1953). Désolidariser ces deux alliés traditionnels fait d'ailleurs partie de la stratégie des partisans d'un étouffement de la Corée du Nord qui aboutirait à son effondrement. Suite à l'essai nucléaire nord-coréen du 25 mai, l'adoption d'un nouveau train de sanctions à l'encontre de la RPDC par le Conseil de sécurité des Nations Unies, dont la Chine est un des membres permanents, avait pu laisser croire que la Chine "lâcherait" la RPDC. La visite du Premier ministre Wen démontre qu'il n'en est rien, au grand dam des Etats-Unis et de leurs alliés. Mieux, l'approche chinoise semble à même de  faire avancer de manière décisive la résolution de la crise nucléaire dans la péninsule coréenne. Les Etats-Unis, l'autre principal protagoniste de cette crise, sont ainsi poussés à enfin accepter des discussion bilatérales avec une Corée du Nord qui peut compter sur un soutien de la Chine. Signe supplémentaire d'une stabilisation de la situation en Asie du Nord-Est, la France vient d'entamer un processus historique de rapprochement avec la RPDC.
 
A l'occasion du 60eme anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la République populaire de Chine et la République populaire démocratique de Corée, le 6 octobre 1949, le Premier ministre chinois Wen Jiabao a effectué une visite en RPDC du 4 au 6 octobre 2009. La dernière visite d'un Premier ministre de la République populaire de Chine en RPDC remontait à 1991.

Les dirigeants des deux pays avaient auparavant échangé des messages dans lesquels ils s'engageaient à renforcer leur relations pour le bien de la paix et de la stabilité en Asie du Nord-Est. "L'histoire démontre que le développement des relations entre la Chine et la RPDC répond aux intérêts fondamentaux et aux voeux partagés des peuples de nos deux pays", était-il écrit dans le message adressé conjointement par les dirigeants chinois, le président de la RPC, Hu Jintao, le président du Comité permanent de l’Assemblée populaire nationale, Wu Bangguo, et le Premier ministre, Wen Jiabao. "Cela contribue aussi à préserver la paix et la stabilité de la région."

Dans ce message, la Chine se déclarait également prête à travailler main dans la main avec la RPDC pour faire davantage avancer les relations de bon voisinage, d'amitié et de coopération, Pékin étant déjà le premier partenaire commercial de Pyongyang.

De son côté, le dirigeant Kim Jong-il, président de la Commission de la Défense nationale de la RPDC, a qualifié d'événement mémorable l'établissement des relations entre la RPDC et la République populaire de Chine, affirmant que la RPDC était bien déterminée à consolider et à développer l'amitié avec la Chine et à travailler avec elle pour promouvoir les relations d'amitié et de coopération.

Pendant sa visite en Corée, Wen Jiabao a notamment visité un cimetière dans le district de Hoechang de la province de Phyongan, à 100 km à l'est de Pyongyang, où reposent 134 soldats de l'Armée des volontaires du peuple chinois tombés pendant la Guerre de Corée, dont le propre fils du président Mao Zedong. Entre 1950 et 1953, 2,4 millions soldats chinois se sont battus aux côtés de l'Armée populaire de Corée.

En plus de souligner l'amitié entre la Chine et la RPDC, proches comme "les lèvres et les dents" selon la vieille expression, la visite du Premier ministre chinois a permis d'exposer les positions chinoise et nord-coréenne quant à la dénucléarisation de la péninsule coréenne. Le dirigeant coréen Kim Jong-il a ainsi rappelé que la dénucléarisation de la péninsule coréenne était une volonté du président Kim Il-sung. Pour y parvenir, il est nécessaire de pacifier les relations hostiles entre la RPDC et les Etats-Unis grâce à des discussions bilatérales. En fonction du résultat de ces discussions, la RPDC est prête à participer à des négociations multilatérales, y compris aux pourparler à six. "Nos efforts pour atteindre l'objectif d'une péninsule dénucléarisée restent inchangés", a conclu le dirigeant coréen.

De 2003 à 2008, les pourparlers à six sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne ont réuni les deux Corée, les Etats-Unis, la Chine, la Russie et le Japon. En avril 2009, après sa condamnation par le Conseil de sécurité des Nations Unies pour avoir lancé un satellite de télécommunications, la RPDC s'est retirée de ces pourparlers devenus, selon elle, une simple "tribune servant à porter atteinte à sa souveraineté à la forcer à désarmer." Il est à noter que l'envoyé chinois aux pourparlers à six, le vice-ministre des Affaires étrangères Wu Dawei, faisait partie de la délégation emmenée par Wen Jiabao en RPDC.

A l'issue de leurs entretiens, Kim Jong-il et Wen Jiabao "sont parvenus à un consensus fondamental" sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne, a rapporté l'agence officielle Xinhua (Chine nouvelle).

Du côté des autres parties aux pourparlers, la Russie, par la voix de son vice-ministre des Affaires étrangères, Alexandre Borodavkine, a salué l'intention de la RPDC d'avoir un dialogue bilatéral avec les Etats-Unis en prélude à la reprise du processus des négociations à six.

Selon plusieurs experts russes, malgré le retrait de la RPDC des pourparlers à six - annoncé comme définitif - la position nord-coréenne sur ces pourparlers reste inchangée. Tout dépend désormais de l'attitude adoptée par les Etats-Unis qui n'ont jusqu'à présent manié que l'intimidation et les sanctions vis-à-vis de la Corée du Nord. Sans résultats. Selon Evgueni Kim, du Centre d'études coréennes à l'Institut russe de l'Extrême-Orient, "Washington ne sait que trop bien que Pyongyang ne se décidera jamais au démantèlement unilatéral de son programme nucléaire tant qu'il n'aura pas de garanties solides. Le durcissement des sanctions n'effraie pas outre mesure la Corée du Nord."

Pour sa part, le Japon, où le nouveau Premier ministre, Yukio Hatoyama, prône le dialogue et la coopération, a salué la volonté de la Corée du Nord de reprendre, sous condition, les pourparlers à six. "Des discussions bilatérales sont attendues entre les Etats-Unis et la Corée du Nord", a noté avec satisfaction le ministre japonais des Affaires étrangères Katsuya Okada. Il a toutefois ajouté que celles-ci "doivent avoir lieu dans le cadre strict des négociations à six." Quoi qu'il en soit, ce discours marque une rupture avec l'intransigeance du gouvernement japonais précédent, lequel a soulevé le problème de la disparition de plusieurs de ses ressortissants - sans rapport avec la question du nucléaire nord-coréen - pour ne pas respecter les accords signés en février et octobre 2007 lors des pourparlers. [1]

Face à la bonne volonté manifestée par la RPDC à l'issue de la visite du Premier ministre chinois, la satisfaction affichée par la Russie et, dans une moindre mesure, par le Japon tranche avec la méfiance des Etats-Unis et de la Corée du Sud.

Traditionnellement opposés à des discussions directes avec Pyongyang, les Etats-Unis ont fini par accepter le principe de discussions bilatérales avec la RPDC mais seulement dans le cadre multilatéral des pourparlers à six. Ainsi, l'administration américaine hésite toujours à envoyer à Pyongyang son émissaire pour la Corée du Nord, Stephen Bosworth. "Aucune décision n'a été prise à ce sujet", déclarait encore le 5 octobre le porte-parole du département d'Etat américain cité par l'agence sud-coréenne Yonhap.

Le gouvernement américain soutient le "grand marchandage" proposé par le président sud-coréen Lee Myung-bak, des incitations économiques et politiques pour la Corée du Nord, notamment des garanties de sécurité, en échange du démantèlement de son programme nucléaire en une seule phase au lieu de plusieurs étapes. La RPDC a qualifié la proposition sud-coréenne de "bêtise" et "ridicule", accusant Lee Myung-bak de chercher à "s'interposer dans la question nucléaire" qui concerne au premier chef Pyongyang et Washington, comme rappelé le 28 septembre par Pak Gil-yon, vice-ministre des Affaires étrangères de RPDC. S'exprimant devant la 64eme Assemblée générale de l'Organisation des Nations Unies, le vice-ministre nord-coréen a une nouvelle fois exposé la doctrine de son pays qui entend être une puissance nucléaire "responsable". Il a ainsi déclaré que tant que les Etats-Unis ne changeront pas leur politique nucléaire, la RPDC n'aura "pas d'autre option que de s'appuyer sur [des] moyens nucléaires fiables pour assurer l'équilibre nucléaire dans la région [de l'Asie du Nord-Est]." Pour la partie nord-coréenne, la question nucléaire est à régler avec les Etats-Unis qui doivent d'abord renoncer à leur attitude de confrontation. "Nous ne participons pas à une course aux armements nucléaires", a encore déclaré Pak Gil-yon. "Notre arsenal nucléaire a pour mission d'empêcher une guerre."

Mais le plus irrité par la visite de Wen Jiabao en RPDC a été le gouvernement sud-coréen. Séoul est très agacé d’être mis à l’écart des négociations sur le nucléaire nord-coréen. Le gouvernement conservateur du président Lee Myung-bak est ainsi pris à son propre piège puisqu'il a décidé, depuis son arrivée au pouvoir en février 2008, de ne plus respecter la lettre et l'esprit des déclarations Nord-Sud du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007, réduisant au maximum les contacts avec le Nord, supprimant notamment la coopération  humanitaire et économique avec la RPDC tant que celle-ci n’aura pas renoncé à ses programmes nucléaires. Or, la question du nucléaire n'est pas évoquée dans les déclarations Nord-Sud de 2000 et 2007.

Le gouvernement sud-coréen s'indigne aussi des accords de coopération signés pendant la visite du Premier ministre chinois. Les accords sino-coréens rendus publics portent sur plus de 200 millions de dollars. Ils concernent  l'assistance économique, le soutien aux secteurs de l'éducation et des technologies, des accords touristiques ou encore la construction d'un nouveau pont sur le fleuve Amnok (en chinois, Yalu) séparant la Chine et la Corée. Des experts chinois estiment que Pékin fournira du pétrole brut et des produits alimentaires pour une valeur d'au moins 50 millions de dollars. Proposée par la Chine, la construction d'un nouveau pont sur le fleuve Amnok/Yalu permettra de développer une zone économique spéciale autour de la ville frontalière nord-coréenne de Sinuiju et facilitera les échanges entre la RPDC et la Chine, lesquels s'élèvent à 2,7 milliards de dollars par an.

La Chine a aussi promis une assistance militaire à la RPDC avec laquelle la lie déjà un accord de défense mutuel depuis 1961. La visite du Premier ministre Wen dans le cimetière de Hoechang, en rappelant l'engagement de 2,4 millions soldats chinois aux côtés des Coréens du Nord entre 1950 et 1953, pourrait signifier la volonté de la Chine d'assister militairement la RPDC en cas de crise dans la péninsule coréenne. 

Pour le gouvernement sud-coréen, de tels accords prennent le contre-pied des sanctions votées en juin par le Conseil de sécurité de l’ONU à l’encontre de la Corée du Nord. Néanmoins, tournant résolument le dos à la stratégie d'étouffement de la Corée du Nord, prônée par les Etats-Unis et leur alliés et sans grands effets sur le développement du programme nucléaire nord-coréen, la solidarité entre la République populaire de Chine et la République populaire démocratique de Corée, réaffirmée pendant la visite du Premier ministre Wen, semble parvenir à de meilleurs résultats. Les nouvelles perspectives de résolution de la crise nucléaire coréenne, les discussions bilatérales entre les deux principaux protagonistes, la RPDC et les Etats-Unis, qui pourraient précéder une reprise des pourparlers à six, ont même des effets induits inattendus puisque ce moment a été choisi par la France pour, enfin, étudier sérieusement les conditions de l'établissement de relations diplomatiques avec la RPDC.
 


[1] Le 13 février 2007, aux termes de l'accord intervenu à Pékin à l'issue des négociations à six (Corée du Nord, Corée du Sud, Etats-Unis, Chine, Russie, Japon) sur le programme nucléaire nord-coréen, la Corée du Nord s'est engagée à désactiver son programme nucléaire en échange d'une aide énergétique et alimentaire et de garanties de sécurité par les Etats-Unis. Le 3 octobre 2007, un nouvel accord a été signé par les gouvernements des six pays, concernant le processus de démantèlement des installations nucléaires nord-coréennes : la Corée du Nord acceptait de démanteler ses trois principales installations nucléaires à Yongbyon avant le 31 décembre 2007, sous la supervision d'un groupe d'experts. Elle s'engageait dans le même temps à donner la liste complète de ses programmes nucléaires en échange d'une aide énergétique équivalente à un million de tonnes de fioul lourd.



Sources :
AFP, China Daily, Choson Ilbo, ITAR-TASS, KCNA, Kyodo News, ONU, Radio France Internationale, RIA-Novosti
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28 septembre 2009 1 28 /09 /septembre /2009 11:03

L'agence officielle KCNA de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a annoncé, le lundi 28 septembre 2009, la visite officielle en RPDC de Wen Jiabao les 4 et 5 octobre prochains. La venue du Premier ministre de la République populaire de Chine, qui s'inscrit par ailleurs dans le cadre de l'année de l'amitié sino-coréenne après la visite du Premier ministre nord-coréen en Chine plus tôt cette année, a relancé les spéculations sur une possible reprise des pourparlers sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne.

Est-ce le signal d'une reprise des pourparlers bilatéraux (RPDC - Etats-Unis), voire multilatéraux (les deux Corée, les Etats-Unis, la Chine, la Russie et le Japon) concernant la dénucléarisation de la péninsule coréenne ? En tout état de cause, l'annonce de la visite officielle en RPD de Corée, du 4 au 6 octobre, du Premier ministre chinois Wen Jiabao clôt une période d'intenses consultations diplomatiques, officielles ou officieuses, depuis le début du mois de septembre, ayant conduit le gouvernement américain à déclarer qu'il n'était pas hostile à des pourparlers bilatéraux directs avec Pyongyang, en vue de la reprise du dialogue à six. Plus tôt en septembre, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il aurait dit à un envoyé du gouvernement chinois qu'il était prêt à des discussions multilatérales sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne.

Dans le contexte de ces échanges diplomatiques de haut niveau, une rencontre a eu lieu, à New York, entre Pak Gil-yon, vice-ministre des affaires étrangères de la RPD de Corée, et le secrétaire général des Nations-Unies, le Sud-Coréen Ban Ki-moon. Le communiqué diffusé par les Nations-Unies à l'issue de cette réunion a fait état des discussions sur des sujets d'intérêt commun, "les relations entre les Etats-Unis et la RPDC, et les questions nucléaires, humanitaires et des droits de l'homme", M. Ban ayant plaidé pour une reprise des pourparlers à six.

Si la visite officielle à Pyongyang du Premier ministre chinois fait suite à celle de son homologue nord-coréen Kim Yong-il en Chine, en mars, dans le cadre de l'année de l'amitié sino-coréenne, elle a ainsi relancé les spéculations sur l'annonce d'une possible reprise des pourparlers lors de la visite de Wen Jiabao, alors que Pékin est l'hôte des discussions à six.

Mais si Pyongyang a multiplié les gestes d'ouverture et de dialogue depuis la visite de l'ancien président américain Bill Clinton à Pyongyang en août, rien n'indique que les Etats-Unis, les autres membres du Conseil de sécurité des Nations-Unies, la Corée du Sud et le Japon soient prêts, en contrepartie, à alléger les
sanctions contre la RPDC. Si cette ligne de fermeté devait être maintenue, le risque serait grand d'un nouvel échec diplomatique, imputable à l'intransigeance de Washington, Tokyo et Séoul.


Sources : AAFC, AFPAl Jazeera

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21 mai 2009 4 21 /05 /mai /2009 11:02

L'Union européenne a évoqué la question de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), lors du sommet annuel avec la Chine, le 20 mai 2009. De fait, ce sommet attendu comme celui de la réconciliation a surtout montré l'état des divergences entre les deux pays, alors que la Chine a mis en garde contre toute ingérence dans ses affaires intérieures.

"Je veux souligner que pour mener une coopération stratégique (entre la Chine et l'Union européenne), la chose la plus importante est de bien s'en tenir aux principes du respect mutuel et de ne pas interférer dans nos affaires intérieures réciproques" : la déclaration du Premier ministre chinois Wen Jiabao à l'issue du sommet entre l'Union européenne et la Chine, le 20 mai 2009 à Prague, ne pouvait être plus claire.

Le sommet annuel devait initialement se tenir à Lyon le 1er décembre 2008, pendant la présidence française de l'Union européenne, mais il avait été reporté après une rencontre entre le président Nicolas Sarkozy et le dalaï-lama. La déclaration du Premier ministre chinois  le 20 mai dernier apparaît comme une nouvelle mise en garde qui montre que les relations sino-européennes ont été durablement affectées par les choix du président Nicolas Sarkozy pendant la présidence française, alors que le dirigeant religieux tibétain est à nouveau attendu prochainement en France, au Pays-Bas et au Danemark.

Ce sommet, présenté comme celui de la "réconciliation", a surtout réaffirmé les divergences sur les sujets économiques et diplomatiques, alors que la méthode priviligiée par les Européens - consistant à amener les dirigeants chinois sur leurs positions - ne répond pas vraiment au principe du "respect mutuel", évoqué par Wen Jiabao, ni à la recherche du compromis. Dans le domaine économique, la Chine voulait obtenir un assouplissement des conditions d'exportation de ses produits de haute technologie vers l'Europe, et un appui à ses démarches pour obtenir le statut d'économie de marché, dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce. Ces questions n'ont pas obtenu de réponse à Prague, dans l'attente du prochain sommet annuel qui aura lieu au deuxième semestre de cette année en Chine.

L'Union européenne a échoué à obtenir de la Chine tant qu'elle fasse pression sur les dirigeants de la Birmanie (Myanmar) pour engager un dialogue avec l'opposition, que sur la question de la Corée du Nord.

Sur ce dernier dossier, les Européens voulaient une condamnation du
lancement de la fusée Unha-2 par les Nord-Coréens le 5 avril dernier, et que la Chine fasse pression pour la reprise des pourparlers à six. L'échec des dirigeants européens tend à montrer que la Corée du Nord ne peut pas faire avancer la mise en place d'une diplomatie européenne autonome, si la position des Européens consiste simplement à relayer la position américaine.

Sans doute y a-t-il eu une mauvaise évaluation des relations entre la Chine et la RPD de Corée, alors que l'année 2009 est celle de l'amitié sino-coréenne. La plupart des diplomates européens estiment en effet que
l'adoption d'une déclaration "non contraignante" (sic) du président du Conseil de sécurité des Nations-Unies aurait fait l'objet d'une concertation préalable entre Pékin et Pyongyang. Or Pékin ne s'attendait pas à une réaction aussi ferme de Pyongyang, tandis que les sanctions prises contre plusieurs entreprises nord-coréennes, sur la base de cette déclaration, montre qu'elle n'était pas "non contraignante".

La Chine, soucieuse de bonne relations avec Washington, a-t-elle été le jouet des Américains et des Européens sur la Corée du Nord ? Une de ses priorités de Pékin est maintenant le rétablissement de la relation bilatérale avec Pyongyang. Par ailleurs, les déclarations bruyantes des Etats-Unis sur le prétendu consensus international à propos de Pyongyang ne correspondent pas à la réalité, que les diplomates européens ont bien maladroitement rappelée en mettant eux-mêmes le dossier nord-coréen sur la table des négociations du sommet UE-Chine. (Sources :
AFP, y compris photo, et EarthTimes

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1 février 2009 7 01 /02 /février /2009 00:47

Le 23 janvier 2009, le dirigeant Kim Jong-il, secrétaire général du Parti du travail de Corée, a reçu une délégation du Parti communiste chinois. Cette visite, qui s'inscrit dans le cadre de l'année de l'amitié entre la Chine et la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord),  permet de resserrer encore les liens étroits qui unissent les deux pays socialistes.

Selon l'agence officielle nord-coréenne KCNA, le dirigeant Kim Jong-il, secrétaire général du Parti du travail de Corée, a reçu le 23 janvier 2009 une délégation du Comité central  (CC) du Parti communiste chinois (PCC)  conduite par M. Wang Jiarui, chef du département aux relations internationales. Ce dernier était porteur d'un message du Président Hu Jintao, secrétaire général du CC du PCC, à l'occasion du nouvel an lunaire, le 26 janvier, et de l'année de l'amitié entre la République populaire démocratique de Corée et la République populaire de Chine (photo : KCNA).

De fait, les deux pays socialistes nourrissent des liens d'amitié et de coopération de longue date, depuis l'intervention des volontaires chinois - dont le fils du président Mao Zedong, mort au combat - aux côtés des Nord-Coréens pendant la guerre de Corée (1950-1953). Les 2 millions de Coréens de Chine ont joué un rôle actif dans la victoire sur le Kuomintang puis la fondation de la République populaire de Chine, en 1949, et leur représentation au 17ème Congrès du PCC, en octobre 2007, témoigne toujours de la reconnaissance pde ce rôle historique.

Après la guerre de Corée, le Premier ministre chinois Zhou Enlai, en visite à Pyongyang du 14 au 21 février 1958, a déclaré que "la Corée et la Chine sont des Etats amis unis par le sang. Vous nous avez aidés quand nous avons eu besoin de vous. Nous sommes venus vous secourir quand vous avez été envahis par les impérialistes américains" (source : New Korea, n° 3, supplément, 1958). Lors de ses visites en Chine du 21 au 28 novembre 1958 et du 2 au 10 décembre 1958, le président Kim Il-sung a déclaré que "le peuple coréen conservera comme un trésor son amitié avec le peuple chinois et fera tout son possible pour renforcer et développer cette amitié". La Chine a  ainsi aidé à la reconstruction de la Corée après la guerre civile et internationale de 1950-1953. (source : Peking Review, 25 novembre 1958).

Pendant la guerre froide, Pyongyang a renforcé son indépendance en conduisant une  politique d'équilibre vis-à-vis des deux principales puissances socialistes, la Chine et l'Union Soviétique, tout en prenant en compte les évolutions de ses grands deux voisins. Si la crise de Cuba, en 1962, a convaincu la RPDC de la nécessité d'assurer sa propre défense en renforçant son potentiel militaire, tout en déplorant  alors la politique soviétique, les critiques de certains gardes rouges contre le président Kim Il-sung pendant la Révolution culturelle ont entraîné, un temps, un net refroidissement des relations sino- nord-coréennes.

Les relations actuelles entre la Chine et la RPDC ont pour base le traité d'amitié, de coopération et d'assistance mutuelle entre la République populaire démocratique de Corée et la République populaire de Chine, signé en 1961 :  en cas d'attaque militaire, la RPDC serait soutenue par la Chine. Sur le dossier du
Tibet, la RPDC soutient le gouvernement chinois, en ayant dénoncé les incidents ayant émaillé le passage de la flamme des Jeux olympiques de Pékin.

Hôte des pourparlers multilatéraux à six sur le nucléaire coréen, la Chine est favorable à une péninsule coréenne dénucléarisée.


La Chine est le premier partenaire économique de la Corée du Nord : les échanges commerciaux ont dépassé 2 milliards de dollars en 2008 (soit plus du tiers du commerce extérieur de la RPDC), selon les douanes chinoises. Les investissements chinois en RPDC, qui ont atteint 14 millions de dollars en 2005, se concentrent notamment dans les mines et l'énergie (fer, cuivre, molybdène, charbon, outre le projet d'exploitation commune de réserves de pétrole offshore, situées sur la frontière maritime des deux Etats), ainsi que dans la production d'acier. L'usine de bicyclettes de Pyongyang (photo : Alain Noguès). est gérée par les Chinois et les Nord-Coréens Plusieurs visites du dirigeant Kim Jong-il en Chine ont témoigné de son intérêt pour le modèle de développement chinois, tandis que Pékin encourage Pyongyang à la suivre sur la voie des réformes économiques.

La Chine et la Corée du Nord se soutiennent mutuellement dans le domaine humanitaire : alors que la RPDC serait le premier récipiendiaire de l'aide publique au développement chinoise,
la Corée du Nord a secouru les vicitimes du séisme survenu dans la province du Sichuan en mai 2008. La solidarité est également interindividuelle : si de nombreux Coréens ont été aidés par la minorité coréenne de Chine pendant la "Dure Marche "des années 1990, ce sont au contraire les Nord-Coréens qui ont accueilli les Chinois pendant les difficultés alimentaires apparues lors du "Grand Bond en Avant".

Bien qu'alliées, la Chine et la Corée du Nord ont des points de friction, s'agissant du tracé de la frontière sino-coréenne, et dans le domaine historique : depuis 1996, la Chine veut accréditer la thèse selon laquelle le plus ancien royaume coréen, le Koguryo (37 avant JC - 668 après JC) aurait été un Etat chinois. Il en est résulté le classement au Patrimoine mondial de l'Humanité de l'UNESCO non seulement des tombes du Koguryo situées en territoire coréen, mais également de celles se trouvant dans les actuelles provinces du Nord-Est de la Chine.



Sources :
- AAFC,
-
KCNA,
dépêche du 23 janvier 2009,
Lee Jong-heon, correspondant de l'United Press International, "China Taps North Korea Resources", 4 mai 2007;
- Samuel S. Kim, "Sino - North Korean Relations in the Post-Cold War World, in
Young Whan-kihl et Hong Nack-nim (sous la direction de), North Korea. The Politics of Regime Survival, East Gate Book, New York, 2006, pp. 183-202,
- Wikipédia.

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28 mai 2008 3 28 /05 /mai /2008 12:05

En visite officielle en Chine, le président sud-coréen Lee Myung-bak a convenu avec son homologue chinois Hu Jintao, le mardi 27 mai 2008, de porter les relations bilatérales au niveau d'un "partenariat de coopération stratégique". Si les discussions sur le nucléaire nord-coréen ont occupé une place importante lors de la visite, elles ne doivent pas occulter le rôle essentiel des échanges commerciaux dans les relations entre la Chine et la Corée du Sud.

Lors de sa visite de quatre jours en Chine, le président sud-coréen Lee Myung-bak a mis l'accent sur les questions politiques. Il
a ainsi convenu avec son homologue chinois Hu Jintao, le mardi 27 mai 2008, de porter les relations bilatérales au niveau d'un "partenariat de coopération stratégique". De fait, la présence dans la délégation sud-coréenne du négociateur dans les pourparlers à six sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne attestait de la volonté de Lee Myung-bak de resserrer les liens avec la Chine sur ce dossier, alors que la reprise des discussions multilatérales à Pékin est attendue au début du mois de juin.

Après son investiture en février dernier
Lee Myung-bak avait choisi de se rendre d'abord à Washington, avant de visiter Pékin pour la première fois. le président Hu Jintao a été invité en Corée du Sud pour le second semestre de l'année 2008.

Hu Jintao a remercié la Corée du Sud pour l'aide matérielle et financière apportée aux victimes du séisme dans le Sichuan, dont le bilan est estimé à au moins 67.000 victimes, comme une marque de la "profonde amitié entre [les] deux pays". Malgré ses difficultés, la Corée du Nord avait également apporté une aide à son voisin chinois après cette catastrophe.

La Chine et la Corée du Sud ont signé des accords dans les domaines de la science et de la technologie, de la justice et de l'éducation, tandis que le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, M. Qin Gang, a considéré l'alliance militaire entre les Etats-Unis et la Corée du Sud comme un "produit de la guerre froide".

De fait, si la Chine est intervenue auprès de la Corée du Nord lors de la guerre de Corée, il ne stationne plus de troupes étrangères sur le territoire nord-coréen depuis plus d'un demi-siècle, alors que des soldats américains sont toujours présents en Corée du Sud, où le commandement miltaire des troupes sud-coréennes est américain en cas de conflit.

La Chine et la Corée du Sud ont établi des relations diplomatiques le 24 août 1992. Des divergences politiques demeurent, en particulier sur l'interprétation de l'histoire du Koguryo, le plus ancien royaume coréen, qui s'étendait sur une partie du Nord-Est de l'actuel territoire chinois, et que Pékin tend à considérer comme partie intégrante de l'histoire de la Chine. La délimitation de la frontière sino-coréenne, qui concerne toutefois en premier lieu la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) et la République populaire de Chine, a été contestée par des parlementaires sud-coréens de tous bords politiques, ayant mis en cause la validité de la convention de Gando par laquelle le Japon, en 1909, reconnaissait comme chinoise une partie du territoire coréen. L'impérialisme japonais dominait alors la péninsule coréenne, mais la Corée restait un Etat indépendant.

Les échanges économiques entre les deux pays sont une donnée essentielle de leurs relations bilatérales. La Corée du Sud a ainsi annoncé qu'elle était devenue, en 2005, le deuxième fournisseur de la Chine : ses exportations à destination de la Chine avaient alors atteint 76,8 milliards d'euros (en hausse de 23,5 %), dépassant pour la première fois celles de Taïwan (74,6 milliards d'euros) et de l'Union européenne (73,6 milliards d'euros), derrière le Japon (100,5 milliards d'euros). En 2004, la Chine était devenue la première destination des exportations sud-coréennes, devançant les Etats-Unis.

Les échanges humains sont également un point de friction entre les deux pays. Bien que culturellement et politiquement plus proche de la Corée du Nord, l
a minorité coréenne de Chine, soit deux millions de personnes, avait choisi, pour partie, d'immigrer en Corée du Sud après l'établissement de relations diplomatiques, mais a été en proie à des mesures de discrimination. La Corée du Sud a sévèrement restreint l'immigration légale des Chinois en Corée du Sud, que ceux-ci soient ou non d'origine coréenne. Il est estimé que plusieurs centaines de milliers de Chinois vivraient en Corée du Sud, dans une situation de précarité due à leur statut d'immigré illégal. (Sources : Monster and Critics.com, Asia Times, wikipédia, AAFC)

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