Si la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) est aujourd'hui un récipiendaire net d'aide publique au développement (APD), la Corée du Nord a pendant longtemps apporté une aide publique au développement à des pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine, après avoir été un des premiers Etats du Tiers Monde à accéder à l'indépendance après la Seconde guerre mondiale. Pour les dirigeants nord-coréens, au premier rang desquels le Président Kim Il-sung, fondateur de la RPDC, il était du devoir de solidarité internationale des Nord-Coréens de contribuer non seulement à soutenir politiquement et militairement les luttes de libération nationale, mais aussi de favoriser le développement économique des pays du Tiers Monde, comme l'a rappelé une dépêche en anglais de l'agence nord-coréenne KCNA, publiée le 9 juillet 2013, intitulée "Kim Il Sung pays deep attention to developing nations' economic development" ("Kim Il-sung a accordé une attention particulière au développement économique des pays en développement"), que nous analysons ci-après.
En 1964, un groupe de 200 techniciens nord-coréens s'est rendu à Cuba, et en janvier 1969 d'autres techniciens de la RPD de Corée se sont rendus dans la grande île des Caraïbes, à la demande des autorités cubaines, pour apporter une aide au développement. Après la révolution, Cuba, dont l'économie était dominée par les pays étrangers, s'intéressait en effet fortement à l'exemple de la RPDC qui affichait des taux de croissance économique de plus de 10 % par an pour mettre en place une économie nationale indépendante, au-delà de la proximité politique avec la Corée du Nord et d'une solidarité qui s'est poursuivie jusqu'à nos jours. Durant l'hiver 1964-1965, Che Guevara en visite à Pyongyang avait ainsi rendu un vibrant hommage à la Corée du Nord (à gauche, Kim Il-sung et Che Guevara en 1960, source : site Internet Sons of Macolm).
Le Sri Lanka a fourni un autre exemple d'assistance technique. Au début des années 1970, le gouvernement sri lankais souhaitait en effet développer la production agricole, et s'était tourné vers les ingénieurs nord-coréens qui avaient réussi le tour de force de faire de leur pays, peu favorisé au plan agricole (seules un sixième des terres sont arables), un exportateur net de produits agricoles jusqu'à la fin des années 1980. Le Président Kim Il-sung s'était ainsi directement impliqué par l'envoi non seulement de plus de 100 tracteurs, mais aussi de pompes à eau et de tuyaux en plastique dans la grande île du Nord de l'Océan indien.
Le père du socialisme tanzanien, Julius Nyerere, s'était pour sa part rendu à Pyongyang pour solliciter une aide technique de la RPD de Corée, qui lui a été largement accordée.
En janvier 1984, la Corée du Nord avait ainsi aidé à la construction de 30 usines dans 22 pays, à la mise en place de systèmes d'irrigation dans plus de 20 pays et à l'envoi de techniciens dans quelque 50 pays en développement.
Lorsque la RPDC a subi le contrecoup de la disparition de l'URSS et des démocraties populaires d'Europe de l'Est, puis de catastrophes naturelles à répétition, sa propre situation économique l'a conduit à réviser nettement à la baisse ses programmes d'aide publique au développement. Toutefois, les liens ainsi créés ont permis d'établir des réseaux de solidarité, qui se sont notamment exprimés lors de la disparition du dirigeant Kim Jong-il, en décembre 2011. La volonté aujourd'hui renouée de développer les coopérations économiques Sud-Sud participe de la diversification des partenariats techniques et commerciaux, en évitant un face à face avec la Chine.
Sources : AAFC, KCNA.
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