L'ensemble des Coréens - qu'ils soient du Nord ou du Sud de la péninsule - accordent une importance primordiale à l'éducation, et les deux pays partagent ainsi des taux d'alphabétisation proches de 100%. Dans ce contexte, entrer à l'université et disposer d'un diplôme universitaire confère un prestige social et constitue un sésame pour l'accès à un emploi qualifié - y compris de par les réseaux de sociabilité qui s'établissent entre diplômés d'une même université. Toutefois, les deux pays qui se partagent la péninsule coréenne diffèrent quant à la sélection effective d'entrée à l'université - même si l'un et l'autre ont mis en place un dispositif d'examen d'entrée ouvert aux titulaires de l'équivalent du baccalauréat.
Des étudiants sud-coréens révisent jusqu'à la dernière minute pour le suneung, l'examen d'entrée à l'université.
Chaque année, pendant l'examen d'entrée à l'université, la République de Corée (Corée du Sud) retient son souffle : décalage à 10 heures de l'ouverture des administrations ou encore de la Bourse de Séoul, interdiction aux avions de décoller ou d'atterrir en début d'après-midi, pendant une demi heure, au moment où se déroule la principale épreuve d'écoute linguistique... Pourtant, si en France l'objectif est de faire parvenir 80 % d'une classe d'âge au baccalauréat, en Corée du Sud c'est 80 % d'une classe d'âge qui accède quant à elle à l'université, soit un taux record parmi les pays industrialisés, comme le soulignait l'OCDE :
En 2010 [la République de Corée] avait la plus forte proportion de 25-34 ans disposant au moins d'un niveau d'éducation secondaire parmi les pays membres de l'OCDE. Les jeunes Coréens de 15 ans ont aussi un niveau élevé. L'étudiant moyen atteint le score de 542 en lecture, en mathématiques et en sciences dans le programme PISA de l'OCDE (Programme for International Student Assessment), au-dessus de la moyenne de l'OCDE (497) et aux plus hauts niveaux du classement.
Sauf que l'accès à l'université n'est pas identique selon les résultats à l'examen - en une journée peuvent ainsi se fermer les portes d'accès aux universités les plus prestigieuses. Et il ne faut pas non plus négliger le revers de la médaille d'une très forte proportion de diplômés : des conditions stressantes d'études qui conduisent à un taux anormalement élevé de suicide parmi les étudiants, un mépris social vis-à-vis des non-diplômés et des métiers manuels, un phénomène important de déclassement des diplômés dans une société où le chômage frappe plus fortement les plus jeunes... En outre, le système éducatif sud-coréen est l'un des plus chers au monde, le principe des cours privés étant généralisé pour les enfants des familles aisées : habituellement, une famille sud-coréenne consacre 10 % de ses revenus à l'éducation de ses enfants. Parmi les facteurs amenant des Sud-Coréens à s'établir à l'étranger figure ainsi souvent la volonté de faire échapper leurs enfants à l'enfer des examens.
La République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) est pour sa part beaucoup plus sélective dans l'entrée à l'université : déjà ancien, le recensement de la population conduit en 2008 indiquait que seulement un Nord-Coréen sur huit disposait alors d'un diplôme universitaire - la proportion étant toutefois plus élevée aujourd'hui parmi les représentants des jeunes générations, qui ont décroché l'équivalent du baccalauréat.
Etudiants de l'Université de science et de technologie de Pyongyang, principale université privée en Corée du Nord.
La concurrence est très forte, avec des résultats très disparates suivant les lycées où s'est déjà opéré une importante sélection à l'entrée : l'école secondaire n° 1 de Pyongyang, la plus prestigieuse de la capitale, affiche des taux de réussite supérieurs à 80 %.
Pour les garçons nord-coréens qui échouent à l'examen d'entrée à l'université, le parcours habituel est alors d'accomplir le (long) service militaire (quitte à reprendre des études après le service national) - dont les diplômés sont en revanche exemptés, s'ils le souhaitent. Alors qu'en Corée du Sud, tous les jeunes hommes doivent accomplir le service militaire (avec des possibilités plus importantes de report lorsqu'on étudie à l'étranger, la limite d'âge pour reporter l''incorporation étant sinon de 28 ans), diplômés comme non-diplômés, cette situation propre au Nord de la Corée tend à faire des envieux des envieux parmi les Sud-Coréens lorsqu'ils comparent leur situation avec celle de leurs compatriotes nord-coréens.