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23 janvier 2014 4 23 /01 /janvier /2014 19:10

Mgr-Andre-Yeom-Soo-jung.jpgLe dimanche 12 janvier 2014, le pape François a annoncé la tenue d’un consistoire où seront créés 19 cardinaux, parmi lesquels 16 pourront voter au prochain conclave. C'est ainsi que l'on apprend la création de Mgr André Yeom Soo-jung. C'est la troisième fois, dans l’histoire, qu'un archevêque de Séoul est créé cardinal par le pape.

La première fois, ce fut par Paul VI, en 1969, qui créa cardinal Mgr Stéphane Kim Sou-hwan, archevêque de Séoul depuis 1968 et dont l’épiscopat dura trente ans. La deuxième fois, Mgr Nicolas Cheong Jin-suk, qui succéda au cardinal Stéphane Kim Sou-hwan sur le siège de Séoul en 1998, fut créé cardinal par le pape Benoit XVI en 2006. Le 10 mai 2012, il fut remplacé par l’actuel archevêque de Séoul, Mgr André Yeom Soo-jung, également nommé par Benoît XVI.

On peut dire que tous les archevêques de Séoul sont créés cardinaux ; l’attribution de la pourpre cardinalice est systématique depuis 1969. Séoul est donc un siège dont le titulaire est traditionnellement créé cardinal au même titre que celui de Londres, de Milan, de Paris ou de Prague. Mais au-delà, il s’agit aussi pour le Saint-Siège de tenir compte de la vitalité de l’Église sud-coréenne, dont le dynamisme est significatif depuis plusieurs décennies. Elle constitue l’un des piliers de la société sud-coréenne.

L’Église sud-coréenne joue un grand rôle sur la scène publique. Jusque dans les années 1960, les catholiques, encore peu nombreux, étaient assez discrets. Mais la proximité des communautés protestantes avec le pouvoir et son embarrassant allié américain ont conduit les catholiques à jouer un rôle de conscience critique face à un système politique verrouillant la souveraineté de la Corée du Sud. L’Église n’a pas hésité à s’opposer aux autorités. À titre d’exemple, dans les années 1970 et 1980, la cathédrale Myeong-dong, cathédrale de l’archidiocèse de Séoul, est ainsi devenue un lieu de convergence pour le mouvement démocratique et la défense des libertés publiques en Corée du Sud. La relative libéralisation du régime de Séoul à la fin des années 1980 est à attribuer en partie à l’Église catholique.

Par ailleurs, l’Église catholique est favorable au dialogue avec la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). À cet égard, Mgr André Yeom Soo-jung a toujours été un fervent partisan du dialogue de paix entre Séoul et Pyongyang. Son prédécesseur, le cardinal Nicolas Cheong Jin-suk avait clairement affirmé, en 2006, que l’une de ses priorités était de « travailler par tous les moyens à la réconciliation des deux Corée » (entretien à 30 jours, mars 2006). Pour les catholiques de Corée du Sud, les citoyens de la RPDC sont avant tout des frères.

Enfin, dernier détail qui rappelle la sollicitude de l’Église sud-coréenne pour les frères du Nord : l’archevêque de Séoul est aussi administrateur apostolique de Pyongyang, même si ce diocèse n’a été déclaré vacant que le 1er juillet 2013 (Pyongyang a été érigé en diocèse le 10 mars 1962). Ainsi, l’archevêque de Séoul et ses auxiliaires pourvoient aux besoins de la communauté catholique de Pyongyang.

Alors que l’actuel pouvoir sud-coréen joue la carte de la fermeture et de la force dans les discussions avec les frères de la RPDC, on pourra compter sur le poids de l’archevêque de Séoul pour défendre une ligne éclairée et certainement moins crispée.

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