Malgré l'appel lancé le 16 janvier 2014 par la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) à sa voisine du Sud, les exercices militaires conjoints américano-sud-coréens ont débuté le 24 février, au risque de provoquer un nouveau cycle de tensions en Corée. Le lendemain du début de ces exercices, un parlementaire français, Jean-Jacques Candelier, a posé une question écrite au ministre des Affaires étrangères quant aux initiatives que la France, membre éminent de la communauté internationale, entend prendre pour favoriser la détente dans la péninsule coréenne, faisant ainsi écho à des préoccupations déjà exprimées par l'Association d'amitié franco-coréenne.
Le 24 février 2014, les armées américaine et sud-coréenne ont entamé leurs exercices conjoints annuels Key Resolve et Foal Eagle qui se déroulent, respectivement, jusqu'au 6 mars et jusqu'au 18 avril. Cette année, Key Resolve, exercice de commandement, mobilise 5 200 soldats américains, soit 1 700 de plus qu'en 2013. L'exercice Foal Eagle, mené sur le terrain, implique 7 500 soldats des Etats-Unis. Le nombre de soldats sud-coréens prenant part à ces exercices est annoncé en diminution par rapport à l'an dernier.
En particulier, l'exercice Key Resolve de cette année permettra aux Etats-Unis et à la Corée du Sud d'appliquer le plan d'opération conjoint signé en mars 2013 par les chefs d'état-major des armées des deux pays. Ce plan est censé contenir les moyens de faire face à 30 types d'attaques localisées que la Corée du Nord pourrait lancer.
Présentés comme « défensifs par nature » par les autorités américaines et sud-coréennes, les exercices Key Resolve et Foal Eagle sont considérés par la RPD de Corée comme le prélude à une attaque contre elle. En 2013, ces exercices avaient mobilisé des moyens plus importants que cette année, dont des bombardiers stratégiques furtifs, accroissant les tensions dans la péninsule coréenne.
Pour prévenir la résurgence d'une telle crise, la Commission de la défense nationale de la RPDC a fait plusieurs propositions aux autorités sud-coréennes le 16 janvier. Elle a notamment demandé l'annulation des exercices Key Resolve et Foal Eagle, suggérant même, « si la 'coordination' et la 'coopération' avec les Etats-Unis sont si précieuses [pour la Corée du Sud] », que « ces exercices devraient prendre place dans une zone reculée ou aux Etats-Unis, loin de l'espace terrestre, maritime et aérien de la péninsule coréenne ».
Conscient que les propositions émises en début d'année par la RPDC constituent une chance d'apaiser les tensions dans cette partie du monde, le député français Jean-Jacques Candelier, vice-président de la commission de la défense nationale et des forces armées de l'Assemblée nationale, a posé une question écrite au ministre des Affaires étrangères le 25 février 2014 :
« M. Jean-Jacques Candelier attire l'attention de M. le ministre des Affaires étrangères sur des propositions émises par la République populaire démocratique de Corée. Dans les vœux de nouvel an de son dirigeant, puis dans une déclaration de sa plus haute instance, la République populaire démocratique de Corée a exprimé sa volonté d'améliorer les relations intercoréennes. C'est une opportunité à saisir. La plus haute instance nord-coréenne, la Commission de la défense nationale, a proposé en janvier à la Corée du sud l'arrêt de tous les actes de provocation et de diffamation contre la partie adverse, la prise de mesures pratiques pour stopper tous les actes militaires hostiles et la mise en œuvre de mesures réciproques de désarmement nucléaire permettant d'aboutir à la dénucléarisation de toute la péninsule. Il faut saisir cette main tendue. Il lui demande si la France entend appuyer cette proposition par des initiatives, notamment au Conseil de sécurité des Nations-Unies, pour favoriser la paix et le désarmement dans l'ensemble de la péninsule coréenne. Il lui demande par ailleurs si notre pays entend participer aux exercices militaires annuels conjoints américano-sud-coréens prévus à partir de fin février 2014 qui, au printemps 2013, avaient provoqué de vives tensions. »
La question posée par le député Candelier rejoint plusieurs préoccupations de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC), exprimées notamment dans la déclaration adoptée le 14 février par son comité national. L'AAFC sera très attentive à la réponse du ministère des Affaires étrangères, en espérant qu'elle évitera les formules convenues, trop fréquentes lorsqu'il s'agit de la Corée du Nord.
Sources : Yonhap, Assemblée nationale
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