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16 septembre 2009 3 16 /09 /septembre /2009 23:12

Les locaux de l'Université de science et de technologie de Pyongyang (acronyme anglais : PUST) ont été inaugurés le mercredi 16 septembre 2009, en présence de James Kim, un Coréen américain qui a permis l'ouverture de cette première université nord-coréenne financée par des fonds privés étrangers. Le nouvel établissement marque la volonté des autorités de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) d'opter pour les nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) afin d'accélérer la modernisation du pays. Cet événement intervient alors que s'achève la "campagne des 150 jours", destinée à imprimer un nouvel élan dans l'objectif de bâtir un pays "puissant et prospère" à l'horizon 2012.

La taille de la délégation est à la hauteur de l'événement : accompagné de 200 personnes, le Coréen américain James Kim (de son nom coréen Kim Chin-kyung ou Kim Jin-kyong) a inauguré, ce mercredi 16 septembre 2009, l'ouverture de la première université nord-coréenne financée sur fonds privés. L'Université de science et de technologie de Pyongyang (Pyongyang University of Science and Technology, PUST) devrait compter jusqu'à 2.000 étudiants et 500 doctorants, sur un campus de 80.000 hectares. L'accord signé avec Pyongyang prévoit l'accueil d'étudiants coréens du Nord et du Sud de la péninsule, ainsi que de la diaspora - notamment aux Etats-Unis et en Chine. Un des six départements sera consacré au management industriel. A l'issue d'une formation qui inclura des cours en anglais, le nouvel établissement délivrera, notamment, des formations équivalentes au MBA.

Cet investissement privé, pour un coût de 150 millions de dollars américains, sur un terrain fourni par la République populaire démocratique de Corée, n'est pas la première initiative menée par James Kim en direction des Coréens d'Extrême-Orient. En 1992, il avait déjà financé la création de l'Université de science et de technologie de Yanbian, qui compte 1.750 étudiants, dans la préfecture autonome de Yeonbyeon, en Chine, où réside une
minorité de 2 millions de Coréens chinois.

Pour la création du PUST, James Kim a notamment su convaincre Ben Rosen, co-fondateur du groupe Compaq en 1982, qu'il a rencontré en Pyongyang en février 2008, lors du
concert donné en Corée du Nord par l'Orchestre philharmonique de New York. Il a également activé ses réseaux auprès des églises coréennes protestantes, d'ordinaire plus versées dans le prosélystime en direction des Nord-Coréens en Chine.  

L'histoire personnelle de James Kim retrace celle, tumultueuse, de la péninsule coréenne : né en septembre 1935, l'enfant a suivi son père, enseignant, qui s'est réfugié en Chine en 1939 pour fuir la colonisation japonaise de la Corée. Revenu en Corée en 1945, il s'engage volontairement, encore mineur, dans les troupes sud-coréennes : alors que 98 % des membres de son unité mourront au combat, il formule le voeu, s'il survit à la guerre, de consacrer le reste de sa vie à aider ses ennemis d'alors, les Nord-Coréens et les Chinois. James Kim a ensuite quitté la Corée du Sud des généraux pour s'établir aux Etats-Unis en 1976. Il a créé en Floride une PME spécialisée dans les perruques, avant de faire fortune dans le commerce de vêtements et de chaussures. Lors d'un de ses nombreux voyages en Corée du Nord, il a été emprisonné pendant 40 jours, en 1998 : ses activités humanitaires en direction des Nord-Coréens avaient alors conduit les services secrets de Pyongyang à le soupçonner s'espionnage pour les Etats-Unis. De fait, certaines ONG occidentales en Corée du Nord informent les services de renseignement de puissances étrangères. Son absence de culpabilité semble avoir convaincu les Nord-Coréens d'accepter de coopérer avec un capitaliste américain qui avait déclaré vouloir offrir son corps à la recherche médicale en République populaire démocratique de Corée, s'il devait être condamné à mort. 

James Kim a lancé le projet du PUST lors d'une rencontre avec Kim Jong-il, président de la commission de la défense nationale de la République populaire démocratique de Corée, en 2001. Les travaux ont commencé en 2002.

L'inauguration du PUST, initialement prévue l'an dernier, avait dû être différée pour différentes raisons, notamment politiques. Manifestation de la volonté d'ouverture du gouvernement nord-coréen, l'Université de science et de technologie de Pyongyang s'inscrit également dans une démarche volontariste pour renforcer encore la position internationale de la RPD de Corée dans le domaine des nouvelles technologies : lancé en début d'année à Pyongyang, le réseau de téléphonie mobile de troisième génération compte déjà plusieurs dizaines de milliers d'abonnés, et doit être étendu à huit autres grandes villes d'ici la fin de l'année. D'ores et déjà, un réseau à fibre optique relie Pyongyang et les principales villes nord-coréennes. Le groupe égyptien Orascom qui prévoit d'investir dans les nouveaux médias en RPD de Corée à hauteur de 400 millions de dollars et dispose d'une exclusivité de quatre ans dans la téléphonie mobile en Corée du Nord, a mis en place le réseau Koryolink en décembre 2008. Alors que les Nord-Coréens disposent d'un Internet local (ou Intranet) depuis 2002, un accès à Internet a été ouvert en début d'année.

Au moment où s'achève la "campagne des 150 jours", les nouvelles technologies constituent un des vecteurs privilégiés de la modernisation du pays. Avec les nanotechnologies et les biotechnologies, il s'agit d'un des trois secteurs prioritaires dans le secteur des sciences et de la technologie, pour lequel le budget 2009 prévoit une hausse des dépenses publiques de 8 %.

L'Université polytechnique Kim Chaek accueille déjà 15.000 étudiants dans des locaux aujourd'hui équipés de 15 salles informatiques, et des accords de formation dans le domaine informatique ont été signés, notamment, avec l'Inde et
Singapour. L'Université de science et de technologie de Pyongyang complètera ainsi le réseau éducatif et de recherche du pays qui compterait 100.000 chercheurs et spécialistes en technologie de l'information, mais dont le développement économique reste entravé par le plus vieil embargo au monde.

Sources :
- Bill Powell, "The capitalist who loves North Korea", sur le site de Fortune
- Philippe Pons, "Pyongyang fait preuve de volontarisme sur l'essor des nouvelles technologies", in Le Monde, 3 septembre 2009, p. 15
- dépêche
AFP

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