Arrivée à Séoul le 20 février 2009, la nouvelle secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a donné de premières indications sur la politique de la nouvelle administration Obama vis-à-vis de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Si la plupart des médias ont interprété les déclarations de Hillary Clinton comme conjuguant fermeté et dialogue, la réaction belliciste de Séoul montre que le gouvernement Lee Myung-bak ne s'y trompe pas : Washington n'a pas mis de propositions nouvelles sur la table des négociations.
La tournée en Asie de la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Rodham Clinton, qui a conduit des entretiens e à Séoul le 20 février 2009, a-t-elle permis de clarifier la position de la nouvelle administration Obama vis-à-vis de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) ? Rien n'est moins sûr, car si, d'une part, la politique de confrontation de George W. Bush a conduit à un résultat inverse à celui espéré par les Etats-Unis (comme l'avait déclaré Mme Clinton avant son départ, "le résultat est que [la Corée du Nord] a des armes nucléaires qu'elle n'avait pas avant"), rien n'indique, d'autre part, que Washington soit prêt à une initiative pour relancer les négociations à six sur le nucléaire nord-coréen. En effet, l'annonce d'une possible normalisation des relations diplomatiques entre Washington et Pyongyang ne constitue en rien un élément nouveau, puisque cette question avait déjà été liée à celle de la dénucléarisation de la péninsule coréenne lors de la conclusion de l'accord de Pékin, le 13 février 2007.
Washington dispose pourtant de nombreuses cartes dans son jeu pour relancer le processus de négociations : procéder enfin à l'intégralité des livraisons de pétrole prévues dans la première phase de la mise en oeuvre de l'accord de Pékin, en contrepartie de la suspension par Pyongyang de ses activités nucléaires ; apporter des contreparties économiques et de sécurité substantielles, en levant le plus vieil embargo au monde ou en répondant à la proposition, contenue dans l'accord intercoréen du 4 octobre 2007, d'un régime de paix permanent qui se substituerait à l'armistice actuel.
En fustigeant la Corée du Nord qui, selon elle, "insulte le Sud" et "refuse le dialogue", Hillary Clinton omet par ailleurs quelques données élémentaires :
- entré en fonctions en février 2008, le président sud-coréen Lee Myung-bak a lui-même refusé d'honorer les accords intercoréens du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007, discréditant la parole de Séoul ;
- c'est le Sud qui a pris la première initiative dans la rupture des projets intercoréens, en utilisant l'émotion légitime suscitée par la mort d'une touriste pour suspendre sine die les échanges touristiques dans les monts Kumgang ;
- enfin, les exercices militaires conjoints américano - sud-coréens, prévus en mars, sont le plus mauvais signal qui puisse être donné à une proposition américaine de "dialogue".
Par ailleurs, faut-il rapprocher la nomination de Stephen Bosworth, ancien ambassadeur en Corée du Sud, comme nouveau négociateur américain dans les pourparlers à six, de l'enhardissement du régime Lee Myung-bak dans sa critique de la Corée du Nord ? En effet, Séoul a annoncé une possible attaque sur la Corée du Nord, qui pourrait alors frapper les "sites de lancement de missiles", en cas d'accrochages dans la zone maritime disputée entre les deux Corée, comme il en est survenu en 1999 et 2002, après l'annonce par Pyongyang qu'il était mis fin à tous les accords politiques et militaires intercoréens.
Dans ce contexte, la mise en garde de Mme Clinton contre un "tir de missile" nord-coréen méconnaît le droit à la légitime défense dont dispose tout Etat souverain dans le droit international. Au surplus, Pyongyang a rappelé qu'il pouvait opérer des lancements de satellites, suivant l'interprétation déjà donnée par la RPDC, en 1998, de ce qui avait alors été décrit par Washington comme un tir de missile. (Sources : Le Monde, Les Echos)
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