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1 décembre 2017 5 01 /12 /décembre /2017 00:29

Malgré les menaces - ou peut-être au contraire en raison de ces dernières - proférées par les Etats-Unis de "détruire complètement" la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) "en cas de guerre", selon les propos de S.E. Nikki Haley, ambassadrice américaine au Nations Unies, le Conseil de sécurité des Nations Unies est apparu plus que jamais divisé après le lancement par Pyongyang, le 29 novembre 2017, de son plus puissant missile balistique intercontinental à ce jour

Bras-de-fer Pyongyang / Washington : l'évidence d'une solution diplomatique

Les Etats-Unis ont beau menacer d'abattre sur Pyongyang les foudres d'une guerre impitoyable, ils ont échoué : la RPDC est bel et bien devenue une puissance nucléaire à part entière, en dépit des plus lourdes sanctions jamais imposées dans l'histoire des Nations unies. En outre, l'hypothèse de frappes américaines est désormais hautement improbable. Car tout d'abord, où frapper ? Les armes nucléaires nord-coréennes sont disséminées sur son territoire, enfouies et non localisées. Par ailleurs, une riposte nord-coréenne serait telle - notamment pour ses voisins sud-coréen et japonais - que le scénario d'une frappe en premier des Etats-Unis n'a le soutien de pratiquement aucun Etat, et ne reçoit pas davantage l'assentiment de l'appareil d'Etat américain conscient des conséquences qui en découlerait. Le Président Donald Trump a perdu son bras-de-fer avec le Maréchal Kim Jong-un.

Dans ce contexte les Etats-Unis espèrent encore utiliser la carte des sanctions, afin de provoquer l'effondrement de la RPD de Corée. Sauf que les dernières sanctions restant à appliquer consistent à ce que les partenaires de la Corée du Nord rompent tous leurs liens économiques, politiques et diplomatiques avec cette dernière, à commencer par son approvisionnement en pétrole. Cette hypothèse est cependant rejetée par la Chine, par laquelle transite plus des quatre cinquièmes des échanges économiques extérieurs de la Corée du Nord - tandis que la Russie, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, dénonce l'attitude américaine qui aurait selon elle provoqué les réactions nord-coréennes : 

Notre opinion est négative : nous avons à plusieurs reprises souligné que la pression des sanctions est épuisée et que toutes ces résolutions qui ont imposé des sanctions impliquaient nécessairement de reprendre un processus politique et de reprendre les négociations (...) Les récentes actions des Etats-Unis semblent avoir été dirigées délibérément pour provoquer des actions brusques de Pyongyang.

Le Soir

C'est la première fois qu'une initiative de Pyongyang que les Etats-Unis et leurs alliés qualifient de "provocation" suscite un tel renversement de l'imputation des responsabilités par un membre permanent du Conseil de sécurité, en l'occurrence la Russie.

Dans ce contexte, la sagesse consiste à reconnaître la situation actuelle et à prôner un dialogue sur des bases réalistes, comme le rappelle l'éditorialiste de RTL Alain Duhamel, pourtant d'ordinaire favorable à une ligne qu'on qualifierait d'euro-atlantiste : 

"La Corée du Nord est la neuvième puissance nucléaire du monde après les cinq membres du Conseil de sécurité des Nations-Unies, le Pakistan, l'Inde et Israël", constate avec gravité Alain Duhamel (...).

La voie diplomatique n'apparaît pas utopique pour Alain Duhamel : de nombreux pays ont un intérêt à l'emprunter. "La Corée du Sud en premier : si la Corée du Nord est détruite, la Corée du Sud le sera aussi. La Chine, limitrophe, le Japon, qui serait visé. La Corée du Nord a atteint son objectif en acquérant l'arme nucléaire pour garantir son indépendance."

Si demander aux Nord-Coréens de renoncer à l'arme nucléaire est utopique, un contrôle serait envisageable. "On peut imaginer un plafond nucléaire et un contrôle de ce plafond", espère l'éditorialiste.

Pour la paix en Corée et dans le monde, il est en effet temps de sortir des postures idéologiques pour reconnaître la réalité nouvelle des équilibres stratégiques et engager les négociations sur la base d'une limitation de la puissance nucléaire nord-coréenne - et non plus d'un utopique désarmement nucléaire unilatéral par la Corée du Nord dans lequel Pyongyang n'obtiendrait aucune contrepartie, tant en termes de sécurité nationale que d'arrêt de l'escalade militaire américaine dans la région Asie-Pacifique (et des menaces militaires étatsusiennes dans cette partie du monde). Oui, la feuille de route russo-chinoise est bien la seule voie de sortie crédible de l'impasse actuelle, où a conduit l'impéritie de l'administration Trump.

Principales sources : 

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