Du 4 au 12 avril 2017, les membres du bureau du comité Espéranto de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) ont visité la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), à l'invitation du Comité des relations culturelles avec les pays étrangers - avant de rencontrer les membres du club espérantiste de Dandong, à la frontière sino-coréenne. Après un premier compte rendu de leur déplacement au château de Grésillon, maison culturelle de l’Espéranto, le 16 avril 2017, deux des membres du comité Espéranto de l'AAFC - Nathalie Kesler et François Lo Jacomo - ont donné une conférence à Paris, devant les adhérents de l'AAFC, le 28 avril dernier. Ils ont montré que, dans le contexte actuel de graves tensions autour de la Corée, le message de paix de l'Espéranto doit plus que jamais se faire entendre dans cette région du monde, au-delà des différences de cultures et de systèmes politiques.
Cet été, le Congrès mondial d'Espéranto se tiendra à Séoul, capitale de la République de Corée (Corée du Sud). Il accueillera 1 000 à 2 000 espérantistes du monde entier, et la question de la nécessité de la paix et de la réunification de la Corée sera très certainement abordée. Dans cette perspective, les espérantistes de l'AAFC, membres du bureau de son comité Espéranto, ont souhaité visiter la Corée du Nord pour répondre à une question simple : qu'en est-il de l'Espéranto au Nord de la péninsule coréenne ? Dans quelle mesure l'Espéranto peut-il contribuer à la paix et à la réunification de la Corée ?
Leur quête a commencé avec un dictionnaire coréen-espéranto, édité en 1964 à Pyongyang : les participants au voyage de l'AAFC ont pu rencontrer à deux reprises un linguiste nord-coréen, Jong Sung-gi - qui participe par ailleurs à l'élaboration du dictionnaire coréen commun au Nord et au Sud, et a visité le Sud en 2005 - qui connaissait l'éditeur du dictionnaire de 1964, Kim Hyung-ro, et a pu leur donner de nombreuses informations sur l'Espéranto en RPD de Corée.
Jong Sung-gi se souvient de la diffusion d'affiches en Espéranto dès 1951, en pleine guerre de Corée. Les membres du club d'Espéranto de Pyongyang, polyglottes, ont maintenu leurs activités pendant de nombreuses années, jusqu'à ce que le départ de Pyongyang ou le décès de ses animateurs ne mette le club en sommeil. En tout cas, les membres du bureau du comité Espéranto de l'AAFC ont pu constater que la langue internationale était bien connue des linguistes rencontrés à Pyongyang, et estimée pour son système linguistique, dans les trois universités qu'ils ont eu l'occasion de visiter : l'Université Kim Il-sung, l'Université des langues étrangères de Pyongyang et l'Université des sciences et des technologies de Pyongyang - en anglais, Pyongyang University of Science and Technology, PUST - université privée fondée à l'initiative du Coréen américain James Kim, et ayant ouvert ses portes à Pyongyang en 2009.
Leurs interlocuteurs coréens ont indiqué qu'ils conduiraient une enquête sur la possibilité de réintroduire un enseignement en Espéranto dans leur pays. A cet égard, ils ont indiqué que la visite d'autres groupes espérantistes serait un encouragement à l'apprentissage de la langue internationale. Dans ce cadre, le Comité des relations culturelles avec les pays étrangers pourra les accueillir, et il a été évoqué la possibilité que les visiteurs bénéficient alors des services d'un(e) interprète espérantophone.
En conclusion, les conférenciers de l'AAFC - qui ont également assisté à un match de football féminin Nord-Sud pendant leur séjour - ont souligné l'intérêt de promouvoir, via l'Espéranto, les échanges culturels favorisant les contacts et la réunification entre les deux parties de la Corée divisée mais aussi avec le reste du monde, notamment en invitant des espérantistes nord-coréens : des objectifs entièrement partagés par l'AAFC, qui sont sa raison d'être première depuis sa fondation en 1969.