Dans la matinée du 6 mars 2017, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a procédé au tir de quatre missiles balistiques - apparemment de courte ou de moyenne portée, les travaux des experts américains et sud-coréens étant encore en cours à l'heure où nous publions ces lignes. Ces nouveaux tirs apparaissent comme une riposte à l'engagement des manoeuvres militaires conjointes américano - sud-coréennes qui, année après année, mobilisent un nombre croissant d'hommes en recourant à des équipements toujours plus sophistiqués, et sont ainsi dénoncés par Pyongyang comme des préparatifs d'invasion de la péninsule.
Le 1er mars 2017 a commencé l'exercice militaire annuel Foal Eagle, devant mobiliser 290 000 soldats sud-coréens et 10 000 soldats américains, ainsi que le porte-avions USS Carl Vinson. Ils doivent être suivis, à partir du 13 mars, de l'exercice militaire Key Resolve, basé sur une simulation informatique, pour une durée de deux semaines. Ces manoeuvres militaires - les plus grandes au monde, et de surcroît d'une ampleur sans précédent cette année de l'aveu même d'un responsable militaire sud-coréen à l'agence séoulite Yonhap - mobilisent notamment le dernier cri des bombardiers américains - qui sont l'une des armes favorites des Etats-Unis pour attaquer un pays. Ainsi, parmi l'équipement stratégique utilisé pour ces exercices, on retrouve l'avion de chasse furtif F-35B, déployé en janvier dernier sur la base aérienne américaine au Japon. Doivent aussi être mobilisés un bombardier stratégique B-1B et un bombardier nucléaire B-52, tous deux basés à Guam, ainsi qu'un avion de chasse furtif F-22 stationné au Japon.
La RPD de Corée avait promis de riposter fermement à ce qu'elle dénonce comme la répétition générale d'un plan d'invasion. De fait, les exercices participent à la mise en oeuvre du plan opérationnel OPLAN 5027, dont le but revendique est « l'élimination du régime nord-coréen » et l'anéantissement de l'armée nord-coréenne.
La réaction militaires des autorités nord-coréennes a consisté, ce 6 mars, dans le lancement de quatre missiles balistiques en direction de la mer de l'Est, qui ne constituent manifestement pas des missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) selon l'agence de presse sud-coréenne Yonhap, citant le Comité des chefs d’état-major interarmées (JCS) du ministère sud-coréen de la Défense :
Les quatre projectiles ont été tirés vers 7h34 depuis le site de lancement de Tongchang-ri, dans la province du Pyongan du Nord, et ont été détectés à 7h36, a précisé le JCS dans un communiqué. Tous les engins ont volé environ 1.000 km et atteint une altitude de 260 km avant de retomber dans la mer de l'Est.
«La Corée du Sud et les Etats-Unis sont en train d'effectuer une analyse minutieuse sur les informations supplémentaires. Il faudra un certain temps pour obtenir les résultats de l’analyse», a ajouté le JCS.
Vu le nombre de missiles et la distance de vol, il ne s’agirait pas de missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) capables d'atteindre la côte est du continent américain, a évalué le ministère de la Défense lors d'un point de presse.
Plus tôt dans la journée, des officiels ont noté que les projectiles pourraient être confondus avec des ICBM s'ils sont lancés avec un grand angle.
Des experts ont quant à eux estimé qu'il s'agirait de missiles de courte portée Scud (500-700 km) ou de missiles de portée moyenne Rodong (1.300-1.500 km).
Les Etats-Unis, le Japon et la République de Corée (Corée du Sud) ont vivement dénoncé une "provocation" contrevenant aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies. Pour leur part, la Russie et la Chine ont appelé l'ensemble des parties à faire preuve de retenue.
Les tirs de missiles balistiques nord-coréens, de même que les exercices de guerre américano - sud-coréens, s'inscrivent dans une escalade des tensions où chaque partie riposte en graduant sa réponse. Washington justifie l'intensification chaque année des manoeuvres militaires menées avec ses alliés par la poursuite des programmes nucléaire militaire et balistique nord-coréens, tandis que la RPD de Corée répond qu'elle n'a d'autre choix pour défendre sa souveraineté que de disposer d'une capacité de dissuasion nucléaire... et donc de répondre aux menaces américaines par de nouveaux essais nucléaires et/ou tirs de missiles.
Cette escalade des tensions traduit une impasse, dont seule une reprise du dialogue permettra de sortir. Malheureusement, à ce jour, Washington et Séoul entendent accélérer la course aux armements, en envisageant le déploiement en Corée du Sud d'armes nucléaires tactiques ainsi que l'accélération de la mise en place du système de missiles balistiques THAAD - vivement dénoncé comme une menace par la Russie et la Chine (laquelle a par ailleurs commencé à prendre des mesures de rétorsion économique vis-à-vis de la Corée du Sud suite au déploiement de THAAD) :
Washington a par ailleurs annoncé, le 5 mars, étudier la possibilité de déployer en Corée du Sud des armements nucléaires tactiques en guise de dissuasion. Séoul et Washington ont également décidé d’accélérer l’installation en Corée du Sud du Thaad (Terminal High Altitude Area Defense – système de missiles antibalistiques américain).
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