Le 30 août 2011, Hyun In-taek a été remplacé par Yu Woo-ik au poste de ministre de la Réunification à Séoul. La ligne intransigeante de Hyun In-taek vis-à-vis de la Corée du Nord avait été largement critiquée, y compris dans son propre camp par le président du parti au pouvoir, Hong Joon-pyo, qui avait demandé le remplacement de Hyun In-taek. Les positions de ce dernier, qui resterait conseiller du chef de l'Etat pour les relations intercoréennes, ont été un des facteurs de détérioration des relations intercoréennes tout au long de ses deux ans et demi de mandat. Le remplacement de Hyun In-taek par un des bras droits de Lee Myung-bak lève un obstacle à un possible changement de cap des relations Nord-Sud, si le président sud-coréen, qui devra quitter son poste en février 2013, décide de s'engager en ce sens. Non rééligible, le président Lee Myung-bak a maintenant rendez-vous avec l'histoire : quel héritage des relations intercoréennes entend-il laisser à son successeur ?
Homme pragmatique, le nouveau ministre sud-coréen de la Réunification Yu Woo-ik a fait preuve de prudence lors son premier entretien avec des journalistes suite à sa désignation, lors d'un entretien à Samcheongdong. Ces derniers lui demandaient si sa nomination augurait d'une volonté d'infléchissement de Séoul vis-à-vis de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord).
En tout état de cause, les médias sud-coréens pro-gouvernementaux mettent en avant une volonté d'ouverture, alors que Yu Woo-ik a officiellement déclaré qu'il n'y a pas de changement de cap - probablement par souci de ne pas mobiliser la fraction la plus anticommuniste de l'électorat conservateur, à un an et demi d'une élection présidentielle où l'émergence d'une candidature à droite du Grand parti national (GPN, conservateur, au pouvoir) handicaperait lourdement les chances du GPN. L'agence de presse officielle sud-coréenne Yonhap a ainsi publié successivement, le 31 août 2011, deux dépêches au contenu très proche mais dont les titres avaient une tonalité radicalement différente : la première dépêche citait une déclaration du nouveau ministre déclarant "Nous maintiendrons notre ligne politique vis-à-vis du Nord", tandis que la seconde dépêche rectifiait le tir en citant une autre phrase de Yu Woo-ik : "Une souplesse est à envisager dans les relations intercoréennes". Ces différents propos réflètent la position exprimée par Yu Woo-ik.
Sur le projet de gazoduc entre la Russie et les deux Corée, qui a été un des sujets au coeur du récent sommet entre le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il et le président russe Dmitri Medvedev, Yu Woo-ik a été prudent, tout en observant que ce projet bénéficierait aux différentes parties : "les infrastructures, qui peuvent relier les deux Corées et qui peuvent profiter aux deux, seront certainement nécessaires, mais tant que je n’ai pas d’éléments concrets, il faudra que je réfléchisse à ce que je peux faire".
Dans une rencontre avec la presse le 29 décembre 2009, au lendemain de sa nomination comme ambassadeur en Chine, Yu Woo-ik avait déclaré qu'il s'efforcerait "d’assumer le rôle visant à faire avancer les relations intercoréennes". Yu Woo-ik n'avait pas reçu d'autre affectation après avoir quitté ce poste au printemps dernier, ce qui avait alimenté les rumeurs sur sa possible nomination au poste de ministre de la Réunification - alors qu'était confirmé l'échec des discussions sur la tenue d'un possible sommet intercoréen, à plusieurs reprises évoqué par le président Lee Myung-bak. La ligne dure adoptée sous la houlette de Hyun In-taek avait ainsi fait la preuve de son échec, en entraînant une profonde détérioration des relations intercoréennes et des pertes pour chacune des deux parties
Cet été, des contacts ont été renoués publiquement à un haut niveau, entre les deux Corée et entre la RPDC et les Etats-Unis.
Homme politique pragmatique ayant la confiance du président Lee Myung-bak, Yu Woo-ik a été présenté par la presse sud-coréenne comme l'une des canaux informels du dialogue intercoréen au sein du Grand parti national, au pouvoir à Séoul.
Sources : AAFC, Yonhap (dont photo).
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