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17 octobre 2013 4 17 /10 /octobre /2013 12:58
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Le mercredi 16 octobre 2013, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) et la Gangjeong Village International Team, cofondée par Benjamin Monnet, ont organisé une réunion à Paris, à l'Espace international des arts sans frontières, pour soutenir les opposants au projet de construction d'une base navale dans l'île de Jeju. Kang Dong-kyun, le charimastique maire de Gangjeong, était présent. L'AAFC est pleinement partie prenante à ce combat, ayant relayé à de multiples reprises le combat des habitants de Jeju sur son site Internet, pour la paix en Asie du Nord-Est et dans le monde.

 Le combat contre la base navale de Jeju n'est pas une lutte régionale ou locale : la construction de la base aéronavale, à laquelle s'opposent massivement les habitants de l'île située à l'extrême Sud de la Corée, s'inscrit dans la stratégie militaire des Etats-Unis visant à constituer un "pivot" en Asie-Pacifique, comme l'a officiellement déclaré l'administration américaine en 2011, notamment pour y étendre leur système antimissile. Alors que l'objectif des Etats-Unis est de redéployer 60 % de leurs forces dans la zone Asie-Pacifique pour, de manière à peine voilée, contrer la montée en puissance de la Chine, la base de Jeju deviendrait l'épicentre d'une nouvelle confrontation mondiale à laquelle les Coréens seraient une nouvelle fois mêlés contre leur gré. Une fois achevée, la base deviendrait un "parking" pour l'armement nucléaire des Etats-Unis, à seulement 500 km de Shanghai et à 900 km de Pékin. Comme l'observe Mgr Kang U-il, évêque de Jeju : "Le port a été conçu pour accueillir un porte-avions que la marine sud-coréenne ne possède pas ! La base va provoquer d’importantes tensions entre la Chine, les Etats-Unis, le Japon et la Corée. Elle ne fait qu’aggraver les conflits. Il est de notre devoir de mettre fin à ce projet."

 La paix du monde implique de s'opposer à la construction de la base, qui apparaît de surcroît comme une provocation au regard de l'histoire de Jeju et de ses habitants, et fait peser une grave menace sur l'environnement de l'île. En effet, en 1948 puis pendant la guerre de Corée (1950-1953), l'île de Jeju avait déjà subi un massacre de sa population, qui aurait fait officiellement 30 000 morts (mais jusqu'à 80 000 victimes selon d'autres estimations), soit plus du quart de la population de l'île. En mémoire de ces événements, Jeju fut plus tard désignée comme "île de la paix mondiale". Jeju a aussi été classée par l'UNESCO comme réserve de biosphère, parc géologique et patrimoine naturel mondial, et désignée comme une des sept merveilles mondiales de la nature. La paix et l'écosystème exceptionnel de Jeju sont aujourd'hui menacés par la base militaire qui y est construite.

La réunion, coorganisée à Paris le 16 octobre 2013 par l'AAFC et la Gangjeong Village International Team, cofondée par Benjamin Monnet (de nationalité française), se tenait en présence de Kang Dong-kyun, maire du village de Gangjeong, qui accueillerait la future base et où plus de 700 personnes ont d'ores et déjà été arrêtées. Des personnalités du monde entier, comme Robert Redford, Noam Chomsky et, en août dernier, Oliver Stone, sont venues soutenir les habitants de Jeju. Le critique de cinéma Yang Yoon-mo est emprisonné depuis le 1er février 2013 pour son opposition à la base. D'autres artistes coréens, comme Koh Gilchun, se sont également engagés. En septembre 2012, une motion contre le projet de base américaine a été présentée dans le cadre de la réunion de l'Union internationale pour la conservation de la nature, qui se tenait à Jeju, mais non adoptée, ne faisant pas reculer les autorités sud-coréennes soutenues discrètement par les Etats-Unis.

La troisième Grande marche pour la paix et la vie de Gangjeong, pendant 6 jours, en août 2013, a réuni jusqu'à près de 1 000 personnes lors de la chaîne humaine qui s'est formée le 4 août.

La venue à Paris du maire de Gangjeong s'inscrivait dans une internationalisation du mouvement de solidarité, sa visite dans la capitale française clôturant la tournée qu'il a effectuée à Dublin, Liverpool, Leeds, Menwith et Londres. Plus tôt dans la journée, les opposants à la base s'étaient réunis devant l'arc de triomphe. A ses côtés se trouvaient Benjamin Monnet et plusieurs autres membres de l'équipe internationale de soutien à Gangjeong. Pour s'être opposé à la construction de la base de Jeju avec les habitants de l'île, Benjamin Monnet a été emprisonné à quatre reprises puis déporté, c'est-à-dire expulsé de l'île de Jeju, par les autorités sud-coréennes le 15 mars 2012 au motif d'"interaction avec les affaires du Gouvernement". Par l'intermédiaire de l'AAFC, il a accordé un entretien à la radio associative marseillais
e Radio Galère, diffusé le 15 octobre 2013 (disponible sur Internet).

En ouverture de la manifestation, les participants ont vu le film The Ghosts of Jeju de Régis Tremblay et Cha Son-bong, toujours en attente de diffusion en France, et qui retrace l'histoire de l'île depuis les massacres de 1948 jusqu'au mouvement de résistance actuel.

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La parole a ensuite été donnée à Kang Dong-kyun qui a exposé les enjeux de la lutte contre la construction de la base et dont il est l'un des fers de lance, ses implications géopolitiques et le mouvement de solidarité engagé en Corée et dans le monde. La violente répression des manifestations pacifistes à Jeju, devenue monnaie commune, est à la mesure de la volonté des autorités sud-coréennes de faire aboutir le projet coûte que coûte. A cet égard, il a été rappelé que la présidente Mme Park Geun-hye avait interpellé le Vatican pour faire cesser l'implication de militants catholiques qui, aux côtés notamment de bouddhistes, sont pleinement engagés depuis septembre 2011 dans ce combat. pour la paix et la justice. Les débats ont également porté sur le rôle que devrait jouer l'UNESCO, aujourd'hui soumise aux influences des groupes privés qui assurent une partie de son financement.

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Opérant des amalgames, les autorités sud-coréennes ont accusé les opposants au Jeju, comme les opposants au projet d'aménagement des quatre fleuves, d'être "pro-Corée du Nord" afin d'appliquer à leur encontre les dispositions antidémocratiques de la Loi de sécurité nationale, en vigueur en Corée du Sud depuis 1948 pour réprimer tout mouvement d'opposition.

L'histoire des luttes montre que les mobilisations peuvent faire reculer les gouvernements dans leurs projets d'implantation de bases militaires, comme hier au Larzac et dans les Philippines. Pour la paix du monde, la préservation de l'île de Jeju et le respect de ses habitants, l'Association d'amitié franco-coréenne appelle chacune et chacun à soutenir le mouvement international de résistance.

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 Photos : Alain Noguès  


Comment agir en solidarité avec les habitants de Jeju ?

En faisant des donations, en écrivant des lettres aux prisonniers de conscience détenus à Jeju, en rejoignant les pages Facebook "No naval base on Jeju !" (www.facebook.com/groups/nonavalbase, en anglais) et "Save Jeju !" (www.facebook.com/SaveJeju, en anglais et en coréen), en protestant auprès des ambassades sud-coréennes dans le monde, en envoyant des courriers au gouverneur de Jeju Woo Keun-min pour faire cesser la construction de la base (lmw2828@jeju.go.kr ou jejumaster@jeju.go.kr) ou en organisant des manifestations de solidarité (concerts, projections de films, débats, manifestations sur la voie publique).

Pour toute information, contacter la Gangjeong Village International Team : gangjeongintl@gmail.com
 
Sites Internet : www.savejejunow.org (anglais, chinois, japonais) et twitter.com/SaveJejuNow (anglais)

 
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