Dans le cadre de la manifestation "Visages de la Corée" organisée par le comité régional Ile-de-France de l'AAFC à la Maison des associations du 16ème arrondissement de Paris, la dernière des trois conférences a été consacrée, le jeudi 28 janvier 2010, au football coréen à l'heure de la Coupe du monde 2010. En l'absence du conférencier initialement prévu, Simon Besse, empêché, un public privilégié a écouté la conférence donnée par Benoît Quennedey, co-rédacteur des articles consacrés au football coréen sur le site de l'AAFC, avant un débat avec la salle ayant permis de souligner les implications politiques et sociologiques du football dans une péninsule coréenne toujours divisée.
Le 17 juin 2009, le match nul de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) contre l'Arabie Saoudite a marqué une date historique pour le football coréen : pour la première fois, les deux équipes coréennes du Nord et du Sud de la péninsule se sont qualifiées simultanément à une coupe du monde.
Ce résultat n'est toutefois pas le fruit du hasard : comme il l'a été montré lors de la conférence organisée par l'AAFC le jeudi 28 janvier 2010 à la Maison des associations du 16ème arrondissement, la montée en puissance du football dans les deux parties de la péninsule divisée l'a consacré comme un des sports les plus populaires. Les Coréens du Nord, du Sud et de la diaspora partagent un même amour du ballon rond, qui a fait de la Corée l'une des grandes nations du football asiatique.
Plusieurs dates ont ponctué l'avènement du football coréen sur la scène mondiale, jusqu'à la qualification conjointe des deux Corée à la coupe du monde 2010 en Afrique du Sud. Le 19 juillet 1966, les joueurs - amateurs - de l'équipe nord-coréenne, le Cheollima, défraient la chronique en accédant aux quarts de finale de la Coupe du monde de football, en éliminant l'Italie (1-0) sur un but de Pak Du-ik, après un match nul decroché in extremis contre le Chili, grâce à un but à la 89ème minute de Pak Seung-jin ayant permis l'égalisation (1-1). L'épopée nord-coréenne a été retracée dans un film documentaire du Britannique Daniel Gordon, Le match de leur vie.
Durant les décennies suivantes, et malgré les performances de l'équipe féminine nord-coréenne qui s'est hissée aux tout premiers rangs mondiaux, c'est la Corée du Sud qui a occupé le devant de la scène, après avoir déjà remporté la Coupe d'Asie des Nations en 1956 et 1960. Ayant achevé son parcours en coupe du monde au premier tour en 1954, puis en 1986, 1990, 1994 et 1998, la consécration vient en 2002, année où la Corée du Sud co-organise la coupe du monde avec le Japon : au premier tour, les Sud-Coréens entraînés par Guus Hiddink battent la Pologne (2-0) et le Portugal (1-0) et font match nul avec les Etats-Unis (1-1) ; en huitièmes de finales, ils battent les Italiens (2-1 après prolongations), décidément malchanceux contre les Coréens du Nord comme du Sud, puis les Espagnols en quarts (0-0, victoire aux tirs aux buts). Après s'être inclinés contre l'Allemagne (0-1), le match pour la troisième place se termine par une courte défaite contre la Turquie (3-2). Plusieurs joueurs sud-coréens comptent parmi les plus talentueux au monde, comme le meilleur buteur, Cha Bum-kun (55 buts).
Le football coréen s'est internationalisé : aux joueurs sud-coréens évoluant à l'étranger, comme Park Jin-sung (Manchester United), Kim Dong-jin (Zenith Saint-Pétersbourg), Park Chu-young (AS Monaco) ou Nam Tae-hee (Valenciennes FC), se sont ajoutés les premiers internationaux nord-coréens, qu'ils soient originaires du Japon, tel Jong Tae-se, joueur aujourd'hui le plus en vue de sélection nord-coréenne, ou de la péninsule coréenne, comme Kim Kuk-jin et Pak Chol-ryong, qui évoluent au sein du FC Concordia Bâle. Le club russe de Samara illustre le destin croisé des deux Corée dans le monde du football : pour la première fois, un même club réunit, en dehors du Japon, deux joueurs coréens venant respectivement du Nord (Choe Myong-ho) et du Sud (Oh Beom-seok) de la péninsule.
La double qualification à la coupe du monde de 2010 marque ainsi le point d'aboutissement de la montée en force de deux équipes nationales initialement modestes, mais qui se sont l'une et l'autre structurées, y compris au plan national : à la K-League en Corée du Sud répond ainsi le championnat national de République populaire démocratique de Corée, créé en 1972, dont quelques-unes des équipes les plus célèbres sont celles du 25-Avril (basée à Nampo), de la ville de Pyongyang, l'Amrogank du ministère de l'Intérieur et le Locomotive de Sinuiju.
Le fabuleux destin d'une équipe coréenne unifiée n'a cependant été qu'entraperçu, avec la qualification pour le Mondial des moins de 20 ans, en 1991, d'une seule équipe Nord-Sud, à l'heure de la négociation de l'accord de base intercoréen qui a ouvert la voie à l'entrée conjointe des deux Etats coréens à l'Organisation des Nations-Unies. C'est ainsi le pari de surmonter la division qu'entendent relever les Coréens du Forum de politique internationale, venus à la conférence de l'AAFC du 28 janvier 2010, en organisant une équipe commune de supporters des deux sélections nationales coréennes pour la coupe du monde 2010 en Afrique du Sud. Le rôle des supporters, comme la popularité du football en Corée de part et d'autre du 38ème parallèle, ont été quelques-uns des sujets abordés lors du débat qui a suivi la conférence.
Tout en remerciant la Maison des associations du 16ème arrondissement pour son soutien matériel, au moment où s'achève la manifestation "Visages de la Corée", l'AAFC se tient à la disposition de toutes celles et de tous ceux qui souhaiteraient organiser d'autres événements pour mieux faire connaître l'histoire et la culture coréennes, y compris dans le cadre des futurs matchs des deux Corée en Afrique du Sud.