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28 octobre 2011 5 28 /10 /octobre /2011 20:19

Rajin-Khasan 13102011Le 13 octobre 2011, après trois ans de travaux, un train a parcouru les 54 kilomètres de la nouvelle ligne de chemin de fer reliant la ville de Rajin, en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) et la ville de Khasan, en Fédération de Russie. Ce voyage de démonstration est une nouvelle avancée vers le raccordement des réseaux ferroviaires d'Asie et d'Europe pour le transport des marchandises. Dans le contexte actuel, ce « pont terrestre eurasiatique » (ou « Route ferroviaire de la soie » pour reprendre l'expression de l'ancien président sud-coréen Kim Dae-jung) pourrait constituer une opportunité et un levier de croissance pour les pays européens vivant dans la crainte d'une récession économique.

 

A l'occasion du voyage d'essai d'un train entre la ville nord-coréenne de Rajin et la ville russe de Khasan, une cérémonie s'est tenue le 13 octobre 2011 à la « Maison de l'amitié RPDC-Fédération de Russie » près de la gare frontalière de Tumangang, en Corée du Nord. Y ont pris part Valery Reshetnikov, vice-président de la compagnie des chemins de fer russes RZD, Mikhail Zaichenko, directeur des Chemins de fer russes d'Extrême-Orient, Ju Jae-dok, vice-ministre des Chemins de fer de la RPDC et d'autres responsables russes et coréens.

 

Valery Reshetnikov a rappelé que la liaison Rajin-Khasan fait partie d'un projet de restauration de l'ensemble de la principale ligne du chemin de fer transcoréen en vue de son intégration au chemin de fer transsibérien, ce projet incluant le développement d'un centre de transit majeur dans le port de Rajin.

 

Ju Jae-dok a souligné que le transport de marchandises entre Rajin et Khasan contribuera non seulement aux échanges économiques entre la RPDC et la Russie mais aussi aux échanges entre l'Asie du Nord-Est et l'Europe.

 

Reconnections.jpgAu cours des trois années qui ont précédé le voyage de démonstration du 13 octobre, les ouvriers et les experts des chemins de fer russes et coréens ont travaillé ensemble pour que la nouvelle voie ferrée de 32 km reliant le port de Rajin et la ville frontalière de Tumangang puisse à la fois accueillir les trains russes et coréens, grâce à un double écartement des rails (1 520 mm et 1 435 mm). Du côté russe, la ligne de chemin de fer a aussi été réparée. Des travaux ont notamment été effectués sur les infrastructures telles que les tunnels, aiguillages, gares, lignes électriques et de communication, équipements de drainage.

 

La prochaine étape sera la construction d'un terminal de fret dans le port de Rajin. Situé au nord-est de la péninsule coréenne, sur la mer de l'Est (mer du Japon), le port de Rajin présente l'avantage d'être un port en eau profonde qui ne gèle pas en hiver. Le charbon russe destiné à l'exportation devrait être la première marchandise à emprunter la nouvelle ligne de chemin de fer. Une étude est en cours pour évaluer si les nouvelles infrastructures pourront servir au transport combiné des conteneurs arrivant de Corée du Sud et d'autres pays de la région Asie-Pacifique. L'idée est que les marchandises arrivant au port de Rajin soient ensuite chargées sur des trains pour être acheminées grâce au réseau ferroviaire russe.

 

Mikhail Zaichenko a souligné que, pour acheminer les volumes de marchandises prévus, il sera nécessaire d'améliorer les infrastructures entre les gares de Baranovskiy et de Khasan, distantes de 240 km, reliant le chemin de fer transcoréen au transsibérien.

 

Pour la compagnie des chemins de fer russes RZD, il faudra construire des voies de garage, réouvrir des lignes qui avaient été fermées, reconstruire des gares, étendre les voies d'accueil et de départ et installer de nouveaux équipements électriques. Tous ces travaux permettront de porter la capacité de transport du tronçon Rajin-Khasan à 17 millions de tonnes par an.

 

Le coût total du projet de reconstruction des 54 kilomètres de la ligne de chemin de fer entre Rajin et Khasan et de construction d'un terminal pour conteneurs dans le port de Rajin est estimé à 8,3 milliards de roubles (environ 200 millions d'euros).

 

Ce projet remonte à avril 2008, quand la compagnie des chemins de fer russes RZD et le ministère nord-coréen des Chemins de fer ont signé un accord de coopération prévoyant la création d'une entreprise conjointe, RasonKonTrans, au capital détenu à 70% par RZD et à 30% par le port de Rajin. En août 2008, RasonKonTrans a signé un bail de location de 49 ans avec la société Tonkha, propriété du ministère des Chemins de fer de la RPDC, pour l'exploitation de la ligne Tumangang-Rajin.

 

Le 4 octobre 2008, le projet a officiellement été présenté lors d'une cérémonie qui s'est tenue à Tumangang, avant d'entrer dans sa phase de réalisation concrète en 2009. Aujourd'hui RasonKonTrans est aussi bien en charge du projet que de la coordination des travaux de construction. Le financement de ces travaux est assuré par le capital constitutif de la société RasonKonTrans et par les emprunts qu'elle contracte sur la base de son projet.

 

Au même titre que le projet de gazoduc entre les gisements gaziers russes et la Corée du Sud, en passant par la Corée du Nord, la connexion des réseaux ferroviaires transcoréen et transsibérien est un projet stratégique pour la Fédération de Russie qui entend saisir toutes les opportunités que lui offre sa géographie pour trouver de nouveaux débouchés en Extrême-Orient.

Transsiberien.JPG

A terme, le transsibérien étant connecté au réseau ferroviaire européen, les marchandises circuleront aussi entre l'Europe et l'Asie plus rapidement, à un coût moindre et dans de meilleures conditions de sécurité (en évitant notamment le danger posé par la piraterie) grâce à des installations comme celles du port nord-coréen de Rajin, appelé à devenir un centre logistique majeur pour toute la région Pacifique. On estime que le transport de marchandises par train devrait entraîner une économie de 20 à 30% sur les délais et les coûts logistiques par rapport au transport maritime. Déjà, en janvier 2008, un train de 49 wagons porte-conteneurs était parti de Pékin avant de traverser la Chine, la Mongolie, la Russie, la Biélorussie, la Pologne et l’Allemagne. Après avoir parcouru près de 10 000 km en seulement 15 jours ce train était arrivé au port de Hambourg, en Allemagne. 


Ainsi prend un peu plus corps la vision de l'ancien président sud-coréen Kim Dae-jung, exposée le 8 novembre 2006 devant la conférence ministérielle sur les transports organisée par la Commission économique et sociale pour l'Asie et le Pacifique de l'Organisation des Nations Unies (UNESCAP) : « La glorieuse Route de la soie du passé renaîtra sous la forme d'une 'Route ferroviaire de la soie', faisant entrer l'Eurasie dans une ère de prospérité. L'histoire se répétera. »

 

Sources principales : KCNA, RZD, UNESCAP

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