Le 9 septembre 1948, les députés de l'Assemblée populaire suprême, originaires de toute la péninsule coréenne, proclament à Pyongyang la République populaire démocratique de Corée (RPDC). Les nouvelles institutions veillent à assurer une représentation de tous les Coréens, tant au sein de l'assemblée nationale que dans le gouvernement, alors que les élections séparées qui se sont tenues au Sud quelques mois plus tôt ont ouvert le processus de division du pays.
Kim Il-sung, Premier ministre, annonce le programme politique de la RPD de Corée
à la première session de l'Assemblée populaire suprême le 10 septembre 1948.
Le 10 mai 1948 se tiennent, sous la supervision des Nations Unies, des élections dans la seule moitié du Sud de la péninsule coréenne. Tant les représentants des institutions qui se sont mises en place au Nord qu'une majorité des organisations politiques du Sud refusent ces élections séparées, tendant à entériner la division de la péninsule, libérée de l'occupation japonaise en 1945, et où les troupes soviétiques et américaines ont pris place, respectivement, au Nord et au Sud du 38ème parallèle. Syngman Rhee est ainsi élu président par l'Assemblée nationale à l'issue d'élections s'étant tenues dans la seule moitié Sud, sauf dans l'île de Jeju, qui a lancé le 3 avril un mouvement de résistance dont la répression a conduit au massacre de 14.000 à 80.000 de ses habitants.
Au Nord, le Parti du travail de Corée réuni en Congrès en mars 1948 a proposé une réunification fondée sur la désignation d'un organe législatif élu dans toute la Corée.
En avril 1948, se tient à Pyongyang, à l'invitation de Kim Il-sung, une conférence réunissant 695 délégués représentant 56 partis et organisations sociales, originaires tant du Nord que du Sud de la péninsule coréenne.
Parmi les délégués figurent notamment des nationalistes anticommunistes comme Kim Ku et Kim Kyu-sik. La conférence adopte une résolution sur la situation politique en Corée et un appel à tous les Coréens, rejetant les élections séparées au Sud et appelant à l'organisation d'un gouvernement unique de la Corée.
Le 25 août, des élections se tiennent ouvertement au Nord et clandestinement au Sud. Les délégués du Sud se réunissent en congrès à Haeju pour élire les députés à l'Assemblée populaire suprême (APS), formée de 212 députés du Nord et de 360 députés du Sud, conformément à la répartition démographique de la population.
Les députés élus à l'APS sont des indépendants et des représentants des diverses organisations politiques et sociales du Nord et du Sud, selon la répartition suivante telle qu'indiquée par l'APS à l'ouverture de sa session : Parti du travail de Corée du Nord (gauche, à majorité communiste) 17,9 %, Parti démocrate de Corée du Nord (centre) 6,2 % ; Parti Chondogyo 6,2 % ; Alliance syndicale 4,7 % ; Alliance paysanne 4,7 %; Parti du travail de Corée du Sud 9,6 % ; Parti du peuple travailleur (Sud) 3,5 % ; Parti social-démocrate (Sud) 3,5 % ; Parti de l'indépendance de la Corée (conservateur, Sud) 1,2 %.
Réunie du 3 au 10 septembre 1948, l'Assemblée populaire suprême proclame la nouvelle constitution de la République populaire démocratique de Corée le 9 septembre. La constitution confirme la réforme agraire, la nationalisation des ressources naturelles et l'égalité entre les hommes et les femmes, principales réformes démocratiques adoptées au Nord de la péninsule en 1946. Elle affirme également le droit des petits et moyens entrepreneurs à engager des activités commerciales ou industrielles, ainsi que les libertés d'expression, de la presse et de religion. La constitution consacre enfin les droit au repos et à la retraite, ainsi que le principe d'un salaire égal à travail égal.
L'Assemblée populaire suprême élit Kim Il-sung au poste de Premier ministre et investit, le 10 septembre, le nouveau gouvernement, formé d'un Premier ministre, de 3 vice-Premiers ministres et de douze ministres, parmi lesquels huit Sud-Coréens (dont Pak Heun-yong, vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Hong Myung-hi, de sensibilité plutôt centriste, et Kim Won-bong) et quatre Nord-Coréens. La même volonté de répartition des postes entre le Nord et le Sud se retrouve pour les plus hautes fonctions à l'APS : la présidence de l'APS échoit à Kim Tu-bong, président du Comité central du Parti du travail de Corée du Nord, issu de la fusion du Nouveau parti populaire (qu'il dirigeait) avec le Parti communiste du Président Kim Il-sung ; la présidence du praesidium de l'APS est exercée par Huh Heun, dirigeant du Parti du travail de Corée du Sud.
Sources :
- La Corée du XXe siècle en 100 points, éditions en langues étrangères de Pyongyang, RPD de Corée, 2002, p. 92-96.
- Choi Bong-hyun, Korea. A History, Charles E. Tuttle, Japon, 2ème édition, 1982, p. 373-375 (se référant largement à Kin Shyo-mei (en coréen : Kim Chong-ho), Chosen Shin-minshu-shugi Kakumei-shi (Nouvelle histoire démocratique révolutionnaire de la Corée), Japon, 1953.
- Kang Mang-il, A history of contemporary Korea, Global Oriental, United Kingdom, 2005 (édition originale coréenne 1994), p. 185-186.